jeudi 30 novembre 2006

Rencontre du troisième type ?

À un moment un gars avec une guitare sur le dos entre dans le nouveau bar. Direct il sa fait brancher par le Relou de service :

Ah t'es musicien ? tu joues de quoi ?

Ben, du piano...

Ah bon ? tu joues du piano ? (Relou j'te dis)

Ben non, regarde

Ah...et tu joues quoi comme musique ?

Ben du Mozart...

Du Mozart ?

Ben non, pas du Mozart

Non mais tu te fous de ma gueule là

Mais non pas du tout

Ben si, tu me prends pour un con, j'te d'mande de quoi tu joues, tu m'dis du piano...

Non mais c'était de l'humour, j'essayais de te faire RIRE

J'envoie un sourire compatissant au nouvel arrivant tandis que le charmant trinque avec lui, histoire de dire t'inquiète il est Relou, fais pas gaffe. Relou s'éloigne et raconte à son pote : "J'ui dis tu joues quoi, i'm dit du Mozart, faut pas m'prend pour un con quand même" (ad libitum). Ah les ivrognes, tout un poème...

Le guitariste va acheter des clopes, la moitié du bar prend commande, dont moi. Quand il me les ramène, et tandis que le charmant est consacré sur un échiquier, on fait connaissance, jusqu'à la fermeture, à base de jeu sur les prénoms (je ne lui ai pas dit le mien), d'écologie, de pays asiatique, de relatif dans l'absolu, le tout parsemé de discussions téléphoniques, lui en terrasse, moi au comptoir, histoire d'éclater son forfait...ainsi que de fausses entrées et sorties, avec ma copine la serveuse qui fait le clap. On s'amuse comme des petits fous.

1h57 (je prends une douche), message vocal : j'espère que tu es bien rentrée (ben franchement la route était pas longue, mais c'est gentil de s'en préoccuper). SMS : bien rentrée, bonne nuit !

2h. SMS : nous ne sommes pas très loin l'un de l'autre...(ai-je précisé qu'il habite dans le quartier ?).

2h20 : ??? (bon nous avons trop bu, c'est sûr).

2h30 : bon, alé, répon mwa (DJEUN'S)...(mais pour te dire quoi exactement ? Je confirme, nous sommes voisins ?) Réponse : JE DORS, bonne nuit Wilfried !

Le lendemain. 17h53, SMS : comment vas-tu ? (ah je m'attendais pas à avoir des nouvelles si tôt). 18h37 : fatiguée comme une mouette mazoutée (ça, avec le décodeur, ça signifie : faut pas trop me déranger, je suis pas en état) Et toi Aristide ? (mais courtoise néanmoins).

18h40 : moi ? super-méga-top forme ! (et ça, toujours avec le décodeur, ça signifie : je suis tout à fait dispo) j'ai envie d'un ciné (la preuve) kess t'en dis Noémie ? (ça rime). 19h15 : ben écoute Eugène, je suis pas contre l'idée mais je peux pas ce soir (eh non, c'est comme ça).

19h31 : bon (id est : j'en prends note, pas de problème) dis moi quand même si t'as envie de me revoir...(besoin d'être rassuré) (mais rassuré sur quoi ? je me suis engagée à rien que je sache) (et pas que pour aller au cinoche) (nous y voilà...).

19h50 : ben oui, mis à part le fait que ma vie est assez agitée côté cour et côté jardin, non pardon, côté coeur et côté cul (je suis pas célibataire, enfin pas vraiment, et en plus j'ai du mal à savoir qui est mon mec et qui est mon amant) je te reverrai avec plaisir (sans précision sur le type d'activité, parce que bon, j'en sais rien moi) Mais tu fais pas forcément une affaire, te voilà prévenu ! (moi si j'étais toi, je partirais en courant).

19h53 : ouais...(air dubitatif à double sens) mais tout ça me dit pas quand je dois changer les draps (l'objectif n'est pas perdu de vue malgré tout) (un minimum d'effort d'hostellerie quoi) (humour, histoire de désamorcer et d'affecter un "minimum", justement, de détachement).

22h43 : tu dors ? (répondre : oui ?). 23h30 : je dînais mais maintenant oui je vais dormir !

23h31 : à demain ? (bon, je crois qu'il insiste là). 23h33 : demain a priori je peux pas non plus (moi aussi je peux être têtue quand je veux). 23h36 : bon ben flûte (je dirais même plus : flûte brute) bonne nuit, fais de jolis songes

Le lendemain. 17h56 : halut ! koi de 9, Bérengère ? 18h49 : ça suit son cours, Vladimir (on calme l'affaire, ok ?).

19h21 : impatience décourageante, désagrègement d'espoir ? (pas très patient le gars hein, 48 heures c'est pourtant pas si long) naaannnn (ne peut pas, ne veut pas y croire), allez, aide moi, Natacha ? (ça rime encore).

19h35 : disons que je me lance un défi : boire un verre avec toi d'ici la fin de la semaine (là je fais un grand pas tu noteras) Quand exactement, c'est plus difficile à dire (arrête de me dire à demain tous les jours, JE te contacterai quand je pourrai) À bientôt ! (oui parce que la fin de semaine c'est tout proche, quel que soit le jour d'où tu parles).

19h40, message vocal : bon ben les textos...les textos c'est bien...mais la vive voix c'est bien aussi des fois...(tout à fait juste, mais que veux-tu que je te dise moi ? tout est dans les textos).

20h43, SMS : puis-je me permettre de te convier au restaurant demain (arrête avec demain maintenant, par pitié) Désirée ? (mon dieu, le choix du prénom...)

J'ai pas (encore) (?) répondu au dernier, parce que moi au départ, je me disais bon, voilà un gars bien cool qui me fait rire et que je fais rire, un voisin que je vais recroiser dans les parages, au hasard des déplacements et on verra bien. C'est vrai que le courant est bien passé, ça pourrait même être une sorte de troisième voie très convenable pour sortir du marasme actuel.

Mais lui - après cette soirée si agréablement légère et dont je garde un excellent souvenir - je trouve qu'il a tendance à s'alourdir, dans son insistance à décrocher absolument vite fait à tout prix un rencard...je me sens limite harcelée là...Non mais c'est vrai, une telle urgence, qu'est-ce qui va pas chez lui ? quelle sorte de misère - sexuelle, affective, sociale...- suis-je priée de combler ? Alors que je suis pas en phase là. Un peu de temps, c'est pas trop demander quand même ? Et franchement ça me donne plus envie d'éteindre la flamme que d'attiser un quelconque départ de feu.

mercredi 29 novembre 2006

Les limbes du Pacifique

Vendredi (ou La vie sauvage n'est pas là où on l'attend).

2 heures au téléphone avec ex-monamour. 2 jours sans donner signe de vie au charmant charmeur chilien. Apéro avec mon pote. Il attend avec impatience un SMS de sa belle. Au diable la fierté mal placée, il lui en envoie un, elle répond, ils ont rencard. De mon côté j'ai fini par en envoyer un au charmant, lui disant que bon, y a de l'éloignement dans l'air de part et d'autre, qu'il s'étonne pas que je me fasse discrète. Je rentre chez moi.

Le charmant me propose de le rejoindre au nouveau bar. J'y vais en révisant mes positions (pas au sens de changer hein, non, au sens de réviser ses leçons). Je prends conscience un peu tard d'une évidence pourtant flagrante : c'est pas au nouveau bar qu'on peut avoir ce genre de discussion, on connaît trop de monde. Concert, tout ça. Je danse une valse avec un des Latinos, le charmant joue aux échecs. Soirée on ne peut plus classique. Une nana m'accoste, il s'avère qu'on travaille au même endroit (je me disais aussi...). Son pote se lance dans un festival de blagues de mauvais goût. Tu ris ou pas (dans la famille Dutroux je demande la fille...Pioche). Le charmant m'attend dehors et dit : je me prends la tête sur nous (ah oui ? qui l'eût cru ?).

Alors que toujours aussi classiquement, je suis attablée chez le Turc devant quelques frites, on pourrait se dire que voilà, on y est, on va causer. Eh bien non, car mon pote appelle, des sanglots dans la voix : sa belle a mis un terme à l'histoire. À ce point c'est plus des coïncidences, ça devient cosmique là non ? Cosmique mais pas drôle. Je l'enjoins de venir boire un verre avec nous, on est juste à côté (oui, parce que sa chérie, enfin son ex, est une voisine du charmant...Merci qui ? Merci Ada. Enfin...). Il refuse. À demain alors hein ? Puis prise de remords je me précipite dans la rue où je le vois s'éloigner sur son scooter, je cours un peu derrière en criant son nom mais c'est trop tard. Alors on va se coucher. Comme si de rien n'était.

Samedi (pas trop).

Je taffe et je suis pas contente. Je merde un peu dans mon planning, étant persuadée qu'on a 3 heures de pause entre la plage du matin et celle de l'après-midi. Eh ben non, y en a que 2. Conséquemment je me pointe 1 heure à la bourre : je les trouve en totale panique (ils sont perdus sans moi) (je les comprends, moi c'est pareil), mais tellement soulagés de me voir réapparaître que personne ne songe à me reprocher quoi que ce soit.

Ensuite activation du plan d'urgence : je consacre toute ma soirée à mon pote, qui tient pas trop mal le coup, brave petit soldat. À peine arrivée chez moi, vers 3h du mat, SMS du charmant : Jvien drentré ! Si tu ve me rejoindre té la bienvenue ! J'y vais, et tu t'en doutes, c'est pas ce moment qu'on choisit pour discuter.

Dimanche (toujours pas).

Réveil tardif. Le charmant a un déjeuner familial (enfin vu l'heure, ça devait plutôt être un goûter). Je décline l'invitation. Je veux dire, si je prends du recul, c'est pas pour me fader la belle-famille...charmante au demeurant (les chats sont pas issus de chiens, cochon qui s'en dédit, chouette alors).

J'opte pour une balade le long du canal, au soleil, avec ex-monamour. J'en suis sûre : ce mec c'est l'homme de ma vie ; moi je suis la femme de sa vie ; et nous le savons. Le problème c'est qu'on peut jamais être sûr de rien. Alors qu'on se met en route pour dîner, SMS du charmant : Jtinvite a mangé ! ça tdi ? auquel je réponds : Avec plaisir mais pas ce soir, une autre fois ! Et je passe la nuit chez ex-monamour.

Lundi (non plus).

Impossible d'ouvrir ma porte sur laquelle est placardée : Madame, Monsieur, vous avez été victime d'une effraction. Votre dépanneur a effectué une fermeture provisoire des lieux sur appel du commissariat de Police. Restant à votre disposition, vous pouvez nous contacter 7 jours/7 et 24H/24. Merci ! Ah bon. Très bien (en fait à ce moment-là je dis des gros mots dans ma tête, mais j'ai pensé que : Ah bon, très bien, ça faisait autrement classieux).

Je trouve également une convocation policière : Madame Ada est priée de bien vouloir se présenter à l'adresse suivante pour dégradation de porte. He ho, j'y suis pour rien moi, je suis la victime, faudrait pas oublier, et tant qu'à faire, s'ils pouvaient reformuler leur lettre-type, je sais bien que l'écriture c'est pas leur métier, mais bon, histoire de lever toute ambiguïté quoi.

Le serrurier répare tout ça. Je me rends (non mais je répète, je suis la victime) à l'adresse suivante où on me dit : ah désolé, c'est pas ici, c'est là-bas, les collègues se sont trompés. L'erreur est humaine. Oui oui oui. Ben des fois j'aimerais mieux avoir affaire à des machines. Enfin bref. Entre l'instit qui s'est fait insulter par un parent d'élève et la mère inquiète de sa progéniture en garde à vue, je dépose plainte. Ma chaîne hi-fi s'est envolée (m'en fous, elle était hantée) et c'est à peu près tout. Le plus chiant c'est qu'ils ont mis les placards en vrac et je dois me retaper une laverie pour la peine, j'ai pas trop envie de porter des fringues où ils ont fourré leurs pattes. Le soir je retrouve le charmant au nouveau bar, tout compatissant, mais du coup, encore raté ! on ne parle pas de nous.

Si tu veux mon avis, j'ai dans l'idée que, bien qu'il nous reste encore quelques bons moments au lit, cette histoire va paisiblement se déliter...

vendredi 24 novembre 2006

♫ En moi se vautrent des divans ♫

Je te préviens c'est le bordel. Au point qu'on s'entend plus penser. Moi qui suis pourtant pas spécialement ordonnée, j'ai du mal à m'y retrouver.

D'abord j'ai revu ex-monamour et c'était coooool...D'un certain point de vue on fonctionne vraiment bien. Mais bon, histoire impossible, tout ça, je te la refais pas.

Puis je m'allonge sur le divan. Et là c'est censé être une analyse hein (ouais, tout est relatif). Alors ça donne un truc du style :

J'ai vraiment eu envie d'appeler ex-monamour (déjà c'est chaud, quand je me cantonne à l'actualité brûlante - chaud, brûlant...t'es dans un beau champ lexical...eh bien moi je suis dans de beaux draps), mais il était 1h du mat, c'était trop tard. Ce matin aussi je voulais l'appeler, mais cette fois il était trop tôt...Trop tôt, trop tard, voilà, c'est bien ce que je lui disais, on n'arrête pas de se rater. On n'est jamais au même endroit au même moment (métaphore camarade, ne t'y trompe pas).

Et au départ je pensais que si j'ai tendance à aller vers lui en ce moment, c'est parce que je sens que le charmant charmeur chilien s'éloigne. Puis je me suis dit que non, ça vient de moi, c'est moi qui m'éloigne. Et maintenant je crois que c'est à la fois le charmant ET moi qui nous éloignons l'un de l'autre (attention, ponctuation de l'analyste, tu vas pas être déçu : Probable. Merci pour votre contribution, l'essentiel c'est de participer, merci encore) (non mais bon, j'ai l'air comme ça, mais j'ai l'habitude, le travail c'est moi qui le fais, je sais je sais).

Alors je suis en train de me paramétrer, de me conditionner pour prendre des distances (Oui. Ouh là, il se donne à fond ce soir).

De toute façon je n'ai pas de projet avec le charmant. Lui il m'a bien proposé une vie commune et des enfants, mais j'y crois pas, je rentre pas dedans, ce ne sont pas mes projets, ce sont les siens, je n'imagine pas un futur avec lui.

D'ailleurs je disais à une amie : le jour où je suis plus avec le charmant, je déménage, vu qu'on habite le même quartier...(Vous avez dit : le jour où je ne suis plus avec le charmant...Ben oui, c'est ce que je viens de dire, bravo, rien ne vous échappe...C'est donc que vous envisagez de ne plus être avec lui...?...Ok je vois où vous voulez en venir)

Oui. Oui. Je l'envisage...

(Long silence...Continuez. Ouais ben faudrait savoir hein)

mercredi 22 novembre 2006

Entre nous soit dit...gestif

Chez moi c'est une tradition (du latin tradere, transmettre). Le jour où je dois rencontrer mon bien-aimé chef de service pour un entretien annuel tout aussi traditionnel, on peut observer un phénomène physiologique plutôt désagréable. Et ce en dépit de toute variation. Je veux dire, ça peut se passer un mardi, un vendredi, un lundi (tu comprends le principe ?), ça peut être avec monsieur X ou avec madame Y, y a rien à faire, je n'y échappe pas.

Mais non c'est pas le trac. Le trac...on aura tout vu. Tu sais ce que c'est un entretien annuel ? Le synonyme le plus satisfaisant, ça doit être mascarade. Alors tu vois, trop la teuf au bal masqué ! Non, ce qui se répète comme une erreur qu'on doit bien l'aimer finalement si elle se répète (oui bon alors viens pas étaler ta névrose merci) (je me parle à moi-même, ne te sens pas spécialement visé), pile poil ce jour crucial entre tous pour ma carrière brillantissime...c'est une bonne vieille gueule de bois des familles.

Mon premier chef était un bonhomme paternaliste qui posait des questions perso. Moi j'esquivais mais il avait pas peur d'être lourd, il y allait franco le gaillard, genre je m'intéresse. Et vous venez d'où ? Bon d'accord, ça c'est pas hyper perso. En même temps ça le regarde pas d'où je viens. J'arrive de mon bureau, là, t'es content ? Et vos parents ? Quoi mes parents ? comment tu parles de ma mère toi ? Sûr, il est important, d'un strict point de vue professionnel, de savoir de combien d'éléments se compose ma fratrie, non je comprends tout à fait, vraiment. En plus j'ai que ça à foutre de passer deux heures (ouais il faisait traîner, un truc de malade) ici alors que je pourrais tranquillement finir ma nuit, la tête bien calée dans ma main, les yeux baissés sur une quelconque paperasse, l'air concentré (ça sent le vécu ? Ah non je t'assure, je dois bien raconter alors parce que c'est que des ouï-dire, pas du tout mon genre).

Après j'ai eu une cheftaine. Non, pas les scouts. Une chefesse, ouais, si tu veux...Alors elle je l'aimais pas. Et elle me le rendait bien. C'était la guerre froide. Deux blocs s'affrontent dans une course à l'armement aussi vaine qu'obstinée.

La veille de l'entretien, je me retourne la tête avec une amie. Nous étions synchro question célibat et on en profitait bien. Pour te dire, j'avais presque l'impression qu'on vivait ensemble. On rentre à quatre pattes, normal, on fauche une petite plaque de rue, ni vu ni connu...

Oui bon, toi aussi t'as eu une folle jeunesse non ? Non ? Ben il est temps de s'y mettre...Sinon un jour tu le regretteras, je dis ça pour toi...Écoute mémé un peu, sois gentil...Et...oui voilà, c'était l'époque où on sortait jamais sans un bon tournevis...et donc on rentre dormir chez elle...Je crois même que c'est ce jour-là qu'on a ramené, tu sais, les trucs là, sur roulettes, où ils mettent les journaux gratuits pleins de petites annonces. Oui c'était pas discret. Pas du tout encombrant. Et du plus bel effet dans son salon...Quand j'y pense, on devait être belle tiens...On donnait également dans le panneau de signalisation...Mais des fois on restituait, une fois retrouvée un semblant de lucidité, parce que bon, c'est sympa ce triangle jaune mais on en a déjà trois...

Le lendemain je m'extirpe du pieu, à peine le temps de passer sous la douche, je renfile mes fringues un peu crado de la veille, genre le jean grisâtre, tu vois, trop mimi hein (et puis on fait pas la même taille, elle pouvait pas me prêter) et je vais à ce putain d'entretien avec l'autre mégère psycho-rigide. La torture. Même pas parce qu'on s'est foutu sur la gueule, non. Enfin je sais plus trop, ça remonte...Mais ce dont je me souviens bien, c'est que ma seule préoccupation, tout du long, c'était de maîtriser ma nausée et de pas gerber sur son bureau. Remarque, c'eût été plus honnête niveau sentiment à son égard.

Puis un autre chef de sexe féminin. Gentille et tout. La nana que tu peux pas dater. Encore jeune mais qui fait vieille mais qui vieillit plus. C'est dur à expliquer. Fascinant. Bon ce jour-là j'y prête pas tellement attention parce que je sors d'une nuit totalement blanche, pas une once de sommeil, que de la danse et de la picole. Je tremblote de fatigue. Et surtout je ne parviens pas à me concentrer sur les mots qui sortent de sa bouche, je capte rien. Heureusement c'est un entretien détourné vu que je débarque dans le service (et c'est pour ça que je suis présente, c'est quasiment mon premier jour. Sinon tu penses bien, je me serais mise au lit), elle me fait plutôt une présentation, et tant mieux, il me suffit d'acquiescer de temps en temps, pas trop la peine de participer. Sauf qu'elle a pleins de trucs à dire, ça n'en finit plus, et moi, bercée par son monologue lénifiant, je commence à piquer du nez, les yeux qui se ferment malgré toi, tu sais, comme en voiture, quand tu te dis Ouh je suis fatigué moi et en fait tu dors deux secondes toutes les cinq secondes...Et là elle me dit Tu veux un caramel ?

Bon ben aujourd'hui c'était le jour J. Et si t'as suivi, tu sais que hier je suis allée au pot de l'Écrivain. Au départ je voulais juste boire un verre, et puis tu sais comment c'est, tu te laisses entraîner et tu t'estimes encore heureux de choper le dernier métro. Ouais mais après y a le nouveau bar qui me tend les bras. Et le gars sympa de la dernière fois qui écrit dans mon carnet Grand-père disait : j'aime la lune qui domine, qui me regarde et qui espionne les rêves de mes nuits. Rayons de bonheur. Bref. Consumé. J'aime les fleurs et celles qui aiment les fleurs. Y a le charmant charmeur chilien aussi, qui revient d'une soirée un peu merdique. Bref quand je rentre dans le bureau de mon chef actuel (une migraine mon vieux, j'ai dû boire de la bière frelatée, c'est pas possible), je me dis que la vie est pas simple pour ceux qui se la compliquent.

Le plus étonnant dans cette affaire (et s'il te plaît ne viens pas me dire que t'as comme l'impression que je suis souvent en gueule de bois. C'est faux tu entends ? Je te parle d'entretien annuel. Pas d'entretien hebdomadaire, ni quotidien. Alors t'en déduis quoi ? Exactement, j'ai une gueule de bois une fois par an, merci d'y croire), c'est que non seulement ils n'ont pas l'air de se rendre compte qu'ils ont devant un une alcoolique mondaine au dernier degré (non mais n'appelle pas la SPA tout de suite, je survivrai) mais qu'en plus, quand ils rédigent leur appréciation, ils mettent n'importe quoi (mascarade je te dis), à croire qu'ils tirent au sort (ou le plus bourré des deux n'est pas celui qu'on croit), exemple véridique (j'aurais pas pu l'inventer) : Ada est ponctuelle.

mardi 21 novembre 2006

"C'était hier l'été ; voici l'automne ! Ce bruit mystérieux sonne comme un départ"

Hum. Mmm. Ouais ouais ouais...Ah t'es là toi ? je t'ai pas vu arriver. Bon ben puisque t'es venu...On y va, on y va, t'impatiente pas. Allez c'est parti (je te préviens : ça va être chiant).

Samedi soir je me fais une longue soirée en tête à tête avec mon pote. Ça faisait longtemps. On chante comme des malades sur les Bérus ♫ tu cherches le dragon perdu, oh petite Vietnamienne je suis eurasien de coeur...Viêt Nam, Laos, Cambodge ! Nhan quyen oh nhan quyen ! ♫, on tise, on se marre, comme d'hab quoi.

À un moment on en arrive à parler d'ex-monamour qui dernièrement a littéralement harcelé quelques amis qu'on a en commun à propos d'une question qui le taraude : que s'est-il passé avec l'Écrivain ? et comment ? et pourquoi ? et où ? Pour synthétiser : Ada l'a-t-elle ou ne l'a-t-elle pas trompé avec l'Écrivain ?

T'en dis quoi toi ? à ton avis ?

Oui. T'es content ? Oui je l'ai trompé avec l'Écrivain, évidemment que je l'ai trompé avec l'Écrivain, tu me prends pour qui ? pour la Fidélité incarnée ? Poh poh poh...

Y a ceux qui savent et ceux qui savent pas. Ceux qui savent pas ils ferment leur gueule. Et ceux qui savent, ils ferment leur gueule aussi et ils lui disent que le mieux c'est de me demander à moi hein, après tout je suis la mieux informée. Mais lui il insiste (qu'est-ce qu'il les a soulés les pauvres), ils peuvent bien lui dire, ça n'a plus tellement d'importance maintenant, c'est passé.

Ouais, j'étais au courant de cette soirée règlement de compte par procuration. Alors qu'est-ce que j'en pense moi ? D'une part ex-monamour se garde bien de m'interroger, car il a déjà la réponse en son for intérieur et/ou il a trop peur que je confirme. D'autre part, si réellement ça ne lui faisait ni chaud ni froid, il ne poserait pas la question. Ça lui passera le jour où il rencontrera une nana, c'est tout ce que je lui souhaite, dis-je, magnanime.

Ah mais, réplique mon pote, ça c'est déjà fait.

Comment ça ? il a une copine ? et personne me dit rien ? pourquoi je suis la dernière au courant hein ? Et pourquoi en fait ça me remplit pas de bonheur pour mon prochain ? pourquoi, même, ça me fait un petit pincement au coeur ? est-ce de l'amour-propre ou de l'amour ?

Hier je sors de mon cours de chorale-langue vivante. Rendez-vous avec ex-monamour (un rendez-vous qu'on ne cesse de repousser à tour de rôle et puis hier, hop, on arrive à être synchro) (et tu crois au hasard toi ?). Raison officielle : restitution du dernier objet m'appartenant et traînant jusqu'alors chez lui. Raison officieuse : se voir, parler...

On atterrit dans un bar qu'on a beaucoup fréquenté ensemble. On papote, il me raconte que c'est plus ou moins déjà fini avec sa copine, que c'était pas sérieux ni constructif, on se remémore les bons souvenirs, etc...

Commence une soirée slam. Ah bon ? Ok. L'animateur fait un petit speech de présentation, il chauffe un peu la salle (pas très garnie) et, en nous désignant, ex-monamour et moi, il finit par : ah ! y a des amoureux ! on les applaudit bien fort ! Et le public de taper dans ses mains et moi de me dire : l'ironie de la vie, putain, c'est à n'y pas croire, mais crois-y, crois-y, t'y es en plein là, t'es soi-disant en train de mettre des points finaux et c'est à ce moment qu'on vous prend pour un couple, truc de ouf, attends je ris.

Après on se laisse aller à pas le faire mentir...On se bizoute comme au bon vieux temps, en écoutant les poètes. Puis ex-monamour me dit qu'il a bloqué sur la serveuse pendant deux semaines. Ah. Je comprends mieux la raison de notre présence ici. Mais non, pas du tout, justement s'il m'en parle c'est que c'est plus d'actualité. Pff tu parles. Franchement j'étais pas loin de basculer mais là je me remets d'équerre et je lui conseille de pas courir deux lièvres à la fois s'il veut parvenir à en pécho un. Mais je cours pas Ada. C'est une expression, ex-monamour, tu sais ? une locution imagée, comme quand on dit, je sais moi, tiens, au hasard, bâtir des châteaux en espagne, tu comprends ?...Bon laisse tomber (en vrai c'est pas une andouillen va pas croire quand même).

Je sais pas s'il court deux lièvres à la fois, toujours est-il qu'il fait d'une pierre deux coups. Ben ouais. Vis-à-vis de la serveuse, à laquelle il envoie un message du style : m'en fous de ton rateau, regarde, des meufs je peux en avoir. Et vis-à-vis de moi sur l'air du Si tu crois que tu es la seule, l'unique, t'as rêvé ma pauvre fille (en plus gentil mais bon). Je suis victime des apparences, se défend ex-monamour, cette soirée c'est avec toi Ada que je veux la passer, et je la vis à 200 %. Et mon fessier, c'est de la volaille ? (Non je dis pas ça, t'es con). Eh ben passons-la cette soirée, passons-la, mais on va ni chez lui ni chez moi, que ce soit bien clair, on la passe ici.

Je rentre chez le charmant charmeur chilien, tard il est vrai, mais sans rouge au front vu que, oui ex-monamour m'a embrassée et caressée mais il ne met de rouge ni à lèvres ni à ongles...alors ça compte pas vraiment...

Bien. Je ne te cache pas que tout ça m'a troublée. Et l'analyste ajoute qu'ex-monamour ne manque pas de finesse...Ouais faut savoir que l'analyste est très pro-ex-monamour. Très. Ou alors je projette ? je confonds ? ce serait moi qui serait très pro-...Oh je t'en prie, arrête, tu me prends la tête là.

Et alors si la vie c'est pas complètement n'importe quoi...figure-toi que ce soir, maintenant même, là, tout de suite, je suis conviée à un pot organisé par l'Écrivain. Je te jure (non mais j'y vais peut-être avec le charmant, commence pas à t'exciter).

vendredi 17 novembre 2006

"La banalité du mal"...

Je sais pas si c'est le delirium tremens qui me guette...

ouais parce qu'il paraît qu'il se manifeste en période de sevrage et autant te dire que j'y suis en plein ♫ faut se préserver si on veut durer ♫ Pour l'instant je m'hydrate avec de l'eau, c'est ce qui se fait de mieux m'a-t-on dit. J'aurais aimé t'annoncer que, pour me remettre de la dernière cuite en date, je m'en suis jeté quelques uns derrière la cravate, option traiter le mal par le mal, c'eût été plus rock n'roll...mais bon, déjà je porte pas de cravate, et puis je sais parfois être sage, que veux-tu, tant pis si t'es déçu

ou si je vois le mal là où il n'y a que malentendu et incompréhension

(j'en doute fortement)

...toujours est-il que j'ai comme l'impression qu'ils sont partout. Écoute plutôt.

Ça se passe dans un bureau. Machine me parle d'une collègue kabyle, très chaleureuse bavarde et démonstrative d'une part, et qui, d'autre part, a pas mal de problème d'ordre psychologique (violée dans son enfance, maniaco-dépressive, alcoolique...que du bonheur). Machine n'a rien contre elle (quand ça démarre de cette façon, c'est mauvais signe non ?), d'autant qu'elle est sympa.

Mais (toi aussi tu l'attendais le Mais hein) faudrait pas qu'elle s'abrite derrière sa fragilité pour tirer au flanc. Bon. Jusque là, pourquoi pas ? c'est son opinion, elle la partage. Moi je pense plutôt que la collègue kabyle assure, en dépit de toutes les casseroles qu'elle traîne. Là encore ce n'est que mon avis.

Attention on passe la vitesse supérieure. Machine renchérit : non parce que tu sais, je les connais ces gens-là. Forcément je tique. Quels gens-là ? Ben la collègue kabyle, ils sont capables (tu notes le passage sans transition du singulier au pluriel ?) ils sont capables de jouer une sacrée comédie, à se rouler par terre s'il le faut, pour faire pitié, et ils arrivent à embobiner tout le monde, ils sont forts pour ça ! Je me braque pas tout de suite, j'essaye de dialoguer. Oui c'est vrai, y a des gens experts en manipulation et dissimulation, ça existe, le fait est indéniable...la collègue kabyle en l'occurrence, je ne pense pas, pour telle et telle raison...

Machine se lâche : ah les Méditerranéens (ça fait du monde hein ? Mais c'est ainsi qu'elle a dit, je retranscris fidèlement) je peux t'en parler, j'en ai dans ma famille (alibi classique) et crois que j'en ai souffert (voix qui se brise sur les bords) je les connais va, je supporte pas cette engeance ! Je crois que je blémis. Engeance, sur le moment, j'ai pas la définition exacte en tête mais il me semble bien que ça relève quasiment de l'insulte. Alors je finis par dire que je ne connais pas l'histoire de Machine, certainement difficile, je ne mets pas sa parole en doute...Néanmoins est-il utile de projeter sur autrui - quand bien même il lui rappelle peu ou prou certaines méchantes personnes - des conflits non résolus ?

Ça se passe à la cantine. Chose me fait part de son ras-le-bol. Y en a marre. De quoi ? Elle doit répondre à un courrier qui la soule grave. Ah oui ? mais encore ? Oh là là, il croit vraiment que je suis à son service (ben t'y es un peu ma vieille), j'ai pas que ça à faire moi, il me demande de faire des vérifications à n'en plus finir...et ça m'étonne pas, y a qu'eux pour être aussi chiants et se croire tout permis...évidemment c'est un juif ! Ah. Mais comment tu sais qu'il est juif ? Il te l'a dit ? Non mais il travaille sur des documents en yiddish. Et alors ? ça prouve quoi ?

Ça se passe à la fin d'une pause-clope. Bidule me raconte ses séjours en Afrique, comme quoi c'est des grands enfants là-bas. Ouais enfin, y a aussi des grands hommes, me semble-t-il, un peu comme partout, et même, soyons fous, des grandes femmes, et des petits, des moyens, des gros, tout ça quoi. Arrive le chauffeur d'une des huiles de la maison. On se salue. Bidule me glisse : il est beau pour un Noir hein ? Ben écoute c'est pas trop mon style de gars...mais dis-moi, et moi, pour une Jaune, tu me trouves comment ?

Je sais pas ce qui va se passer en mai 2007. En tout cas rien ne m'étonnera.

mercredi 15 novembre 2006

Buvez...ah vous êtes éliminé

Pourquoi il ne faut pas boire d'alcool quand on taffe pas le lendemain ? Tu te le demandes sans doute pas mais tu vas le savoir quand même.

19h30. D'abord tu prends l'apéro avec tes amis dans un des nombreux bars où les cacahuètes et les amandes s'achètent au distributeur, non mais on se fout de la gueule de qui ? C'est vendredi, faut relâcher. ► 3 pressions.

21h30. Puis tu vas dîner dans un resto du coin avec ces mêmes amis. Le fond sonore années 80 fait la joie de tout un chacun. ♫ everytime you go...away, you take a piece of me...with you ♫ Tu joues au jeu de l'île déserte comme quoi toi si t'emportais qu'un seul aliment, ce serait la patate. ► disons 3 verres de vin rouge.

23h30. Pour digérer tu dégotes un petit bar à l'écart tendance anar (les rimes en [ar] ça compte pas pour de l'art car ce n'est pas rare), l'intégrale de Clash en écoute et une variété de rhums arrangés très alléchants. Qui est le président du Sénat ? Personne ne s'en souvient, y en a pas un pour rattraper l'autre, j'te jure...► 2 rhums gingembre.

1h. Tu rentres dans ton quartier à pied, plus de métro, il fait doux ou t'es déjà bien chaud, va savoir. Tu passes devant le nouveau bar, y a du monde que tu connais, forcément tu t'arrêtes (par pure politesse bien sûr). Tu papotes avec la serveuse qui a tendance à devenir une amie. On t'offre un verre ? Ok. ► 1 whisky.

Jusqu'ici tout va bien, ça ressemble à une soirée bien arrosée mais tout est encore sous contrôle. Au moment de la fermeture, t'as dans l'idée d'aller te pieuter...on te propose un dernier verre un peu plus loin.

2h. Tu montes dans la voiture et voilà, ça bascule. T'es avec deux gars du quartier, très sympas et pas lourdauds, qui connaissent un peu le charmant charmeur chilien. Ça parle banlieue, que ça peut être super et tout mais toi ton expérience à Vitry-sur-Seine, merci c'est bon. ► 1 mojito (tu vois, tu commences à trop varier les plaisirs)

SMS du charmant pour que tu le rejoignes là où il mixe. Tu demandes aux gars de te déposer.

3h. Le bar est fermé au public mais le pote de ton pote...

Bon, ça va être long à expliquer. Ton pote, il a un pote. Et ce pote il est serveur. Ton pote, il a un anniversaire. Et cet anniversaire il le fête dans le bar où son pote est serveur. Ton pote te demande si le charmant voudrait pas être aux platines pour l'occasion. Les patrons du bar kiffent le charmant. Bon ça c'était y a quelques temps. Depuis le charmant mixe par ci par là dans le bar, tu comprends ? et en plus il est payé, alors tu vois c'est cool les amis.

Le pote de ton pote t'offre un coup, normal. ► 1 vodka (oui mais t'as pas eu le choix, c'était imposé).

3h45. Le pote de ton pote, le charmant et toi, vous partez en boîte (en vrille aussi tu peux le dire...Te connaissant tu devrais savoir que ça va mal finir, mais ta lucidité est loin d'ici). Tu marches t'as aucune idée de combien de temps, t'arrives t'as aucune idée de la rue, tu entres t'as aucune idée de la boîte. Juste t'as le réflexe de sourire au videur, vu que vous grillez un peu la queue et qu'en plus vous payez pas (le pote de ton pote a visiblement ses entrées). Tu atteins le bar. ► 1 whisky (tu es en recherche de repère n'est-ce pas).

Tu discutes avec un délégué de la Croix Rouge actuellement en mission à Haïti. Tu trouveras sa carte de visite plus tard dans une de tes poches. Non parce que sur le moment c'est juste un gars un peu flou qui te crie dans les oreilles. Le pote de ton pote te colle d'autorité une paille dans la bouche, tu aspires, mmm...tu veux la même. ► 1 champagne-jus de fraises fraîchement pressées et d'autres trucs encore mais oh c'est pas un blog de cuisine ici.

Tu danses (un peu trop lascivement, paraît-il) avec un mec avant d'en boire ► 1 second, et allez !

6h ? 7h ? Franchement tu t'en fous. T'as passé le trajet la tête à la fenêtre, le taxi s'arrête, tu glisses un billet dans la main du charmant qui te dit Tu vas pas gerber quand même ?, t'as juste le temps d'entendre Ah si, elle va gerber et tu vomis au pied d'un arbre, qu'il veuille bien pardonner ton offense, c'était lui ou le taxi et la nature est bien plus accueillante que l'homme.

Tu gravis les escaliers, tu te brosses les dents. Ici s'arrêtent tes souvenirs conscients.

8h53. Tu te réveilles sur le futon du salon. La baignoire eut été plus logique...tu cherches pas à comprendre (et quand bien même tu chercherais, tu crois vraiment que t'es en état ?). Tu te lèves, encore complètement bourré, pauvre de toi. Douche. Tu rejoins le charmant sous la couette. Justement il n'attendait plus que toi pour une partie de jambes en l'air. Pas de problème.

14h. Aaaaaaaaaaaaaaaaaaargh...ta tête.

15h. Idem.

16h. Le charmant se lève. Toi non.

16h30. Il sort. Toi non.

17h30. Il revient. Tu n'as pas bougé. Il se recouche (ah ben oui, il fait son malin mais c'est pas si facile hein).

19h. Il va acheter de la soupe et du Coca (tu croirais un tableau de Warhol).

20h. Allez, lève-toi, la soupe est chaude. Tu te traînes péniblement jusqu'au salon, tu as la tête qui tournent et les jambes qui tremblent. Goûte-moi ça comme c'est bon. Il te tend la grosse cuillère en bois que tu embrasses du bout des lèvres. Je vais vomir, dis-tu (c'est vrai, c'est pas exactement la réaction qu'on attend quand on prépare un remontant pour sa bien-aimée. Soit. Mais je te rappelle que t'es une vieille loque moisie, alors bon). Mais non tu vas pas vomir. Tiens je te sers un verre de Coca, c'est un anti-vomitif tu sais ? Oui tu sais, mais tu peux pas répondre, on parle pas la bouche pleine (eh oui c'est crado, c'est comme ça). Tu t'isoles un moment dans la salle de bain. Le mystère c'est qu'est-ce qu'il peut bien te rester dans le bide, vu que t'as déjà vachement donné hein ? Oh t'en fais pas, quand y en a plus, y en a encore (bon ça va, on arrête, petite nature va).

20h30. Tu te recouches.

23h. Tu vas prendre une douche. Épuisant. Puis tu dors jusqu'au lendemain dimanche, jour travaillé pour toi, pas de chance.

Donc récapitulons :

3 bières + 3 verres de vin + 2 rhums gingembre + 2 whisky + 2 champagnes-fraises-bidules + 1 mojito + 1 vodka =

1 cuite comme t'en as pas pris depuis l'adolescence (et à l'époque tu te mettais minable avec dix fois moins...c'est là que tu vois que t'as vieilli, qu'est-ce que t'encaisses espèce d'alcoolo).

24 heures de coma migraineux nauséeux

et par là même 1 jour chômé gâché.

Si encore t'avais dû bosser, t'aurais au moins eu la satisfaction de faire l'école buissonnière. Eh ben même pas.

Tu filerais pas un mauvais coton toi des fois ?

jeudi 9 novembre 2006

Inspirez, expirez...ah non vous n'êtes pas tout à fait mort

Pourquoi il ne faut pas prendre les chemins de fer quand on taffe le lendemain ? te demandes-tu dans ta petite cervelle rongée par le doute (et non pas les dangers de la route, c'est pas la sécurité routière ici, ça parle de train on t'a dit).

Déjà parce qu'il y a un préavis de grève, t'es prévenu, viens pas te plaindre. Y a toujours de bonnes raisons pour se mettre en grève, crois-moi ils font pas ça pour rigoler, un peu de respect (on commence par tromper l'ennemi et après on discute, t'inquiète).

Le sommeil. au début t'as pas du tout envie ni besoin de dormir, t'es en pleine forme alors que deux minutes avant t'aurais juré le contraire, sur la Bible et en gros mots (pas en gros caractères parce que t'as vu le pavé ? c'est peut-être pas la peine d'en rajouter, posons des limites et prends une loupe si t'es malvoyant) (bon à ce stade j'ai déjà même plus besoin de répondre à la question qui nous occupe, tu vois bien par toi-même) (sauf si t'es malvoyant, auquel cas tu sais maintenant, cf ci-dessus, ce qu'il te reste à faire). D'un coup d'un seul (à réitérer si nécessaire) t'as une patate mon vieux...Si tu es un homme, tu peux aussi avoir une magnifique érection, pour le plus grand plaisir de ton/ta partenaire. Jusqu'ici ça donne envie hein.

Puis c'est le petit matin, tu finis par sombrer. Forcément quand tu émerges, t'as une demi-journée de retard et t'es épuisé, laminé, presque déprimé...

Le service public. Tu es fier quand même car tu arrives pile poil au moment où c'est ton tour, à 13h. Tu prends donc le relais, après le soin de t'être muni d'une bouteille de soda caféinée, celle-là même que tu considères un peu comme la panacée des défoncés (ami poète, admire ces rimes de classe moyenne), sauf que le Taureau Rouge c'est mieux mais moins facile d'accès, alors tu fais avec ce que t'as et tu dis merci comme on t'as appris, voilà, c'est bien.

Tu as aussi un pauvre sandwich acheté en coup de vent à la boulangerie du coin, mais tu te retrouves comme un con à pas pouvoir le manger puisque t'es en service public bon sang t'avais oublié...Pas longtemps...une harpie vient vite te rappeler que t'es pas là pour prendre du bon temps en sirotant ton breuvage accroupi sous le comptoir, total camoufalge (ouais ben je voudrais t'y voir), t'es là pour te faire gueuler dessus comme quoi y a rien qui marche ici...Oh ma p'tite dame, je suis bien placée pour savoir que c'est un vrai merdier, lui réponds-tu. Eh ouais t'y es tous les jours toi...Bon là tu te désolidarises un peu, voire tu craches dans la soupe, mais tu fais l'économie de la langue de bois vu que tu te tapes déjà une espèce de gueule du même matériau, tu t'épargnes un minimum, instinct de survie.

Dans ton bureau tu renifles, t'as le nez qui coule, tu te mouches plus ou moins discrètement. Les filles te disent Oh tu t'es bien enrhumé toi. Oui oui, c'est cela oui. Vers 16h tu parviens enfin à te sustenter, c'est le moment que choisit ton chef de service pour faire une incursion, c'est l'homme qui tombe à pic ce gars. Bon ben il te souhaite bon appétit, il est poli, toi tu passes encore pour une personne un peu particulière et tu les emmerdes ceux qui sont pas contents.

Pour finir tu partages ton expérience avec tes fidèles lecteurs, histoire de leur prouver que, malgré tout, t'es encore capable de pondre quelques lignes dignes d'intérêt. Puis tu te relis et tu réalises qu'en fait non.

mardi 7 novembre 2006

♫ Dansons joue contre joue ♫

Oui ben eh, ça va bien, je suis pas non plus forcément à ta disposition tout le temps, j'ai aussi une vie et si tu veux que je te la raconte, faut me permettre de la vivre.

C'est vrai, hier c'était lundi et je t'ai pas raconté mon week-end, je le reconnais, c'est indéniable. Et puis ? on va pas non plus se laisser bouffer par la routine sous prétexte que lâcher la proie pour l'ombre c'est vachement risqué...Principe de précaution tout ça, ouh y en a marre. On peut bien se distraire quand même non ? Là on est mardi, je te fais un compte-rendu de mon samedi. Et ben la Terre tourne encore, tu peux vérifier...vas-y je t'attends...

Alors t'as vu ?

Samedi donc la soirée se déroule en trois temps, telle celle qui s'offre encore le temps de s'offrir des détours du côté de l'amour (comme c'est charmant). Ouais ben c'est pas vraiment ce que tu crois.

Premier temps. Le charmant charmeur chilien mixe à l'occasion d'un vernissage photo. Je fais un petit tour, je bois un petit coup et je m'esquive car c'est pas qu'on s'emmerde mais presque. Juste avant je reçois un appel de Canada Dry, y a trop de bruit, il me dit qu'il rappelle plus tard, ce qu'il ne fera pas (par contre il réitère lundi soir et je ne comprends pas où il veut en venir dans la mesure où il ne propose pas qu'on se voie, et bien lui en prend car il s'exposerait à un refus frustrant, il a raison de se préserver, mais alors pourquoi il appelle ?). Sur la route je croise un camarade du quartier, on décide de se retrouver au bar en bas (celui où je vais plus).

Deuxième temps. Mon pote le serveur est derrière le comptoir, ça tombe bien. Je te passe les méandres de la discussion pour aller droit au but. Autour de minuit mon pote annonce aux deux clampins qui restent qu'il va fermer (et ouais, c'est pour ça que ça va pas, ils ferment jamais à la même heure, comment tu veux que les clients s'y retrouvent) (et viens pas me ressortir mon laïus sur la routine que t'auras pompé ci-dessus. Je me contredis, ça fait partie du concept d'imprévisibilité, tout cela est très cohérent au final).

Puis on se retrouve lui et moi, il tire le rideau, il passe la serpillère. Je reçois un SMS du charmant me proposant qu'on se rejoigne au nouveau bar. On sort par la cuisine. Échange de bise d'au revoir. Je crois t'avoir déjà dit que ces derniers temps mon pote le serveur a tendance à être fort chaleureux et fort pressant dans ses bisous, au point que très souvent il m'embrasse plus sur la bouche que sur les joues. Perso ça me dérange pas. Là il met carrément la langue, ciel ! Mais qu'est-ce que tu fais !? m'exclamè-je, et bon d'accord c'est pas la question la plus pertinente que j'ai posée dans ma vie...Écoute, répond-il, t'as un copain, j'ai une copine, on n'est pas là pour se faire du mal. Je le coupe avant qu'il me ponde un syllogisme du style : donc on est là pour se faire du bien. On se quitte en bons termes malgré tout.

Seulement moi, avec l'esprit machiavélique qui me caractérise et que j'applique volontiers à autrui, je me demande si, étant donné qu'il y a un conflit latent entre eux (tu sais qu'un jour il a tenté de me démontrer à quel point le charmant c'est pas un mec bien), cette tentative de séduction n'est pas, avant la quête de satisfaction d'un désir purement sexuel, une manoeuvre sournoise et perverse, n'ayons pas peur des mots, pour cocufier, par mon intermédiaire, quelqu'un qu'il n'aime pas ? Je me le demande et ce n'est pas pour me plaire. Autant je peux comprendre (j'ai pas dit accepter) les pulsions primaires qui parfois s'expriment par nos corps...autant les stratégies à caractère manipulatoire, je dis non. Mais ce ne sont que des présomptions intuitives, tu vas encore me dire que ça n'a aucune valeur juridique, je sais bien, je fais pas son procès non plus, t'emballe pas.

Troisième temps. (Ça se dégrade, t'étonne pas). Je traverse le boulevard pour rejoindre le charmant. À peine entrée, dans une atmosphère enfumée et une salle blindée de monde, le patron me saute dessus Hé t'as vu qui est là ? Ben euh non...? Ah là là j'en peux plus, ils foutent un de ces bordels...Au début ils étaient en terrasse mais je les ai obligés à rentrer, ils faisaient trop de bruit. Le champagne coule à flots, c'est bon pour le moral du chiffre d'affaire.

N'insiste pas, je ne dévoilerai pas l'identité de cette personnalité (disons juste que c'est un comédien donnant dans le genre comique et plutôt bon) (mais délirant) qui, va savoir pourquoi, a décidé ce soir-là d'emmener sa petite clique dans un bistrot de quartier, histoire de s'encanailler en toute décadence. Par contre la décence, pas trop non. Tu le retrouves accroupi près des chiottes en train de consciencieusement lécher le visage de sa compagne. À sa table chacun roule des pelles à sa chacune, à croire que ça fait longtemps que ça leur est pas arrivé.

Et je ne te parle pas de cet autre comédien qui a fini ivre mort dans le caniveau, non je ne t'en dis rien, parce que je ne l'ai pas vu de mes yeux. Il a, dit-on, atteint le coma éthylique avant que je n'arrive et tu me connais, je voudrais pas calomnier.

Puis on rentre se coucher. Et pour se retrouver tout à fait, après cette soirée où on s'est peu vu, le charmant et moi, devine ? on valse, oui, mais pas musette, de Cythère...

jeudi 2 novembre 2006

La route est longue de Madison à je sais pas où

Tout est question de volonté, trop simple la vie.

Tu vas finir par croire que je radote (et pourquoi pas ? j'ai 83 ans, c'est de mon âge) mais c'est juste pour contextualiser. Y a eu une inondation sur mon lieu de travail, les ascenseurs sont hors service, c'est le bordel. Néanmoins, comme il faut toujours extraire (en première pression à froid c'est mieux mais tu fais comme tu le sens) le positif des pires situations, ça n'a pas que des inconvénients. Par exemple on a tous des cuisses en béton et le fessier bien ajusté. Moi qui pratique peu ce qu'on appelle le sport, je trouve ça pas mal.

D'autant que, autre exemple bien plus intéressant de mon point de vue, les circonstances font que nos amis les pompiers qui résident sur le site et qu'on rencontre rarement, si ce n'est à la cantine, tu sais la grande tablée de gaillards ? ceux qui garnissent leurs plateaux comme la bonne ménagère son caddie le samedi histoire de contenter sa gloutonne et nombreuse famille...

Nos amis les pompiers donc. Oui nos amis. Faisons preuve de bienveillance envers ceux qui peut-être un jour nous sauverons la vie, c'est la leçon que je reçus un matin, avant de gravir une montagne, de la part d'un sage antillais qui me parla ainsi : dis bien bonjour à tout le monde sur la route, on sait jamais, tu peux avoir besoin de quelqu'un...Sauf qu'il le disait à moitié en créole...

Nos très chers amis les pompiers circulent à droite à gauche en rondes permanentes et vérifications de précaution, notamment à mon étage. C'est pas désagréable. L'attrait de l'uniforme, t'oublies, je suis pas comme ça. Mais bon, les exigences du métier étant ce qu'elles sont, faut bien reconnaître qu'ils sont bien foutus d'un peu tous les côtés. Et encore on voit pas tout. Tout ça pour dire que je résiste pour ne pas aller faire un tour, disons avec le blond aux yeux verts, celui qui déroule sous mes yeux un énorme tuyau en me susurrant je vous arrose ? Bon je t'accorde que c'est pas très fin mais ça a le mérite d'être explicite...un petit tour vite fait bien fait, hop hop, dans le QG VIP (si t'as ce tirage au scrabble, tu pleures et je compatis) où y a de la moquette épaisse et tout le confort moderne.

Mais c'est pas tout. L'autre soir je prends le RER avec le charmant charmeur chilien occupé à envoyer une flopée de SMS. Mon regard erre dans le wagon et je note 1) que le jeune homme en face est fort joli, 2) qu'il me regarde. Bon. Je baisse les yeux, comme tout le monde. J'observe ailleurs. Mais irrésistiblement mes yeux reviennent à lui, qui n'a pas dévié. Son regard se fait plus expressif, tu sais comme quand tu souris sans bouger les lèvres. Il me détaille sans vergogne. Bizarre de se sentir objet. Mais oh, objet de convoitise quand même, toujours flatteur. Et puis nos attraits sont réciproques, c'est pas pareil, on est deux à se rincer l'oeil...

Le charmant s'interroge : je lui dis Réaumur ou les Halles ? Dis-lui les deux, il verra ce qui est le mieux pour lui. Le charmant replonge dans son portable. Le jeune homme en face a toujours les yeux plantés sur moi. Station les Halles. On arrive devant les portes au même moment. Je fixe le bouton. Il appuie dessus de deux doigts longs et souples. Je lève la tête et pour clore cet instant partagé je lui dis bonsoir en souriant. Dans la cohue de la sortie, le charmant emprunte un escalier, je mets deux secondes à me rendre compte que je pars dans l'autre sens (ah l'inconscient, l'inconscient...), le temps de voir le jeune homme se retourner une dernière fois.

Un monde, celui des possibles, se ferme. Si j'avais été "célibataire", je te prie de croire que ça se serait pas terminé comme ça, enfin je crois. Je ne succombe pas à la tentation (qui a dit jusqu'à quand ? parce que j'ai rien entendu là). Je résiste oui. Et je m'en félicite. Sous vos applaudissements.