jeudi 3 janvier 2008

♫ Give me your eyes that I might see the blind man kissing my hands ♫

Oui oh je sais bien, ça devient n'importe quoi, moi-même par moment je me dis à quoi bon ? Sérieux hein, déjà que c'est pas facile facile de fidéliser la clientèle, si en plus je fais ça par-dessus la jambe...Et toi t'es encore là, prêt à foutre le souk et tout ça...Non mais bon tu m'épates quand même à pas lâcher l'affaire comme ça, franchement chapeau. Alors bonne année va, tu l'as bien mérité. Et puis à l'année prochaine hein, allez, salut.

Mais non oh ça va attends, maintenant qu'on est là comme deux cons à se regarder dans le blanc des yeux, ben je vais te parler des miens tiens, que tu sois pas venu pour rien. D'abord, une fois n'est pas coutume, on commence par le chiant. Mais pas n'importe quel chiant : le chiant vu de mes yeux vu (mais pas le film sur Watteau et les femmes là, que oui je l'ai vu mais c'est pas spécialement chiant même si pas spécialement réussi non plus) (mais Testud oui, là je dis oui, toujours). Le chiant de mes yeux lu en fait, car ouais hein, tu sais que soi-disant je prépare un concours.

Alors pour la mise en bouche, deux grands classiques de la chiantitude, j'ai nommé Méthodologie de la dissertation : culture générale, droit public, économie, questions internationales, de Bruno Bachini et Jean Gonié (que l'on peut grossièrement résumer à un mot : ar-ti-cu-le gros malin, sinon on comprend rien)...et La note des synthèse : principes de base, démontage du dossier, montage de la note, dossiers commentés, de Michel Deyra (ne dirait-on pas un manuel pour changer ta roue sur les chemins vicinaux ?). L'Europe de la culture : histoire(s) et enjeux, d'Anne-Marie Autissier, ma foi pas désagréable au cours des cinq premières minutes, reconnaissons-lui une chiantitude légèrement différée, contrairement à La déclinaison et la conjugaison latines où là, pas de doute, tu plonges direct au coeur de la chiantitude extrême, même le Cujus-cujus-cujus (à prononcer couillousse évidemment) (non mais bon tout le monde n'a pas la chance d'être latiniste), même le cujus-cujus-cujus donc, qui a fait les beaux jours de tes années-collège te laisse aujourd'hui de marbre...Mais console-toi, c'est gravé dedans faut croire, vu la vitesse à laquelle reviennent les automatismes. Pour équilibrer, faut lire le Times et son supplément. Ouais parce que si à l'écrit j'ai pris latin, à l'oral (l'espoir fait vivre), j'ai pris anglais. Une histoire de la physique et de la chimie : de Thalès à Einstein, de Jean Rosmorduc, faut bien se cultiver que veux-tu. Pour finir : Le siècle des intellectuels de Michel Winock, alors ça pour le coup c'est plutôt sympatoche tu vois, comparé au reste je veux dire.

Et tout ça sans lunettes mon ami. Et oui parce que normalement je porte des lunettes, à 84 ans c'est normal hein. Voilà pourquoi c'est si chiant ces lectures, t'as tout compris, j'y vois que dalle ah aha ha...Ouais bon. Figure-toi que depuis peu je me suis mise aux lentilles. Oh la la comme ça change tout. Au début c'est la lutte, parce que va essayer de te mettre le doigt dans l'oeil sans le fermer et on en reparle. Mais après, une fois que t'as atteint le temps optimal de 15 secondes par oeil, j'écarquille, je pose, hop au suivant, à partir de ce moment-là disais-je, ta vie elle est belle et sans angle mort au niveau de la vision latérale...Cela dit, je me suis aussi offert une nouvelle paire de lunettes, que je porte très très rarement du coup, et je trouve qu'avec ça sur le nez je ressemble à l'intello dans Scoubidou (pas celle du film, celle du dessin animé) mais monamour dit que non, ça fait plutôt présentatrice télé. Bref on s'en fout vu que maintenant c'est lentilles. L'appréhension que j'avais, au départ, c'était de perdre mon sex-appeal...t'imagines la catastrophe ? Hors de question. Mais ça va au final, les lentilles ça reste comestible et digeste, je continue à me faire draguer dans la rue...et ça vois-tu c'est primordial, en dehors du bronzage évidemment...j'ai songé un moment à te faire une chute hyper relou, hyper hyper relou, une chute qui fout la honte à son auteur, à moi donc oui, une chute qui dirait en substance : fini le temps de la femme à lunettes, place à la femme à lentilles mais rassure-toi, à lentilles et saucisses. Mais non quand même, on a sa dignité.