mercredi 25 mars 2009

♫ If you got bad news, you wanna kick them blues...She don't lie, she don't lie, she don't lie ♫

C'est le piège classique tu me diras. Quand le moral est moyen, t'as tendance à avoir des idées moyennement bonnes. Là c'était le printemps, Bashung venait d'être enterré et un ami du charmant charmeur chilien aussi. Ça faisait trois prétextes pour faire une incursion dans mon ancien quartier. Grosso modo de 20h à 5h, avec point trop d'alcool mais beaucoup de chemins de fer. Dans le taxi je piquais du nez et une fois sous la couette j'ai trouvé le sommeil sans problème. Le lendemain, hormis une fatigue somme toute normale, rien à signaler. Enfin si, bien sûr, le nez qui coule, les lèvres gercées et les cheveux brillants (la coke me rend le poil soyeux qu'est-ce que j'y peux). Mais tout allait bien. Pas de gros bad, pas de déprime, non rien de tout ça.

Ah ben dis donc, elle devait être bonne pour que la descente se fasse aussi discrète. Ouais peut-être. Peut-être qu'elle était bonne, je sais pas, j'y connais rien. Certes elle ne m'a pas empêchée de dormir, elle ne m'a pas soumis à des problèmes digestifs d'ordres divers, elle ne m'a pas coupé l'appétit trop longtemps, elle n'a pas glacé mes sens, elle ne m'a pas fait serrer les mâchoires, j'ai kiffé. On peut donc en déduire qu'elle était bonne je suppose. Mais alors quand elle est bonne, ça veut dire aussi que la descente se fait à retardement. Et là ça rigole moins. Parce que telle que tu ne me vois pas, ça fait cinq jours que je descends. Ah ben oui, carrément. Cinq jours. Cinq jours que je me mouche (toujours de la même narine, avec un peu de sang en bonus mais pas toujours). Cinq jours que je me traîne sans pour autant atteindre le stade de la loque vautrée dans un semi-coma . Comme si j'évoluais dans un environnement gluant sans que ça m'empêche de bosser, juste ça rend la moindre activité pénible et laborieuse.

Le pire c'est que j'oublie les raisons d'un tel état. Hier dans le lit, alors que défilait sous mes yeux, dans sa quasi-intégralité, une émission de toute beauté, encore inédite pour moi. Les chapitres m'ont fascinée : de Ma femme m'insupporte (bon, pas très original) à Mon mec me néglige, il préfère ses tortues (attends, ton mec m'intéresse), en passant par Ma mère veut s'exhiber dans un bain de lait d'ânesse (une relation incestueuse magistralement interprétée par les protagonistes). Et donc de fil en aiguille je m'interroge : comment se fait-il que je tombe si bas, ça me rappelle certains moments de mon adolescence où le joint tournait du matin au soir, où la démotivation et l'inaction régnaient en maîtres. Et là par association d'idée, ça me revient : mais c'est bien sûr, tu t'en es mis plein les narines vendredi (ceci est la suite du morceau qui commence par "Hier dans le lit" et qui finit par un point mais qui n'est pas une phrase) (c'est bien de se relire mais ça sert pas à grand chose quand comme moi t'as la flemme de corriger et que tu préfères alourdir un style déjà en surpoids par des précisions dont tout le monde se fout) (cette façon d'écrire est toutefois, me semble-t-il, un bon plaidoyer contre la drogue).

mercredi 18 mars 2009

♫ Une rose de Picardie ♫

- Par la porte entrebâillée je te vois rêver...tu l'auras toujours ta belle gueule, dis-je à Monamour qui se pomponne dans la salle de bain, tu l'auras ta superbe...T'aimes tant qu'on t'aime, que tous les autochtones sortent leur totem.
- J'veux pas qu'on m'aime mais je veux quand même, répond-il.
- T'as mis des diams sur ta veste Hillbilly ?
- Ouais, j'suis comme un pape au volant de sa caisse (le garçon que j'aime fait peur à mes voisins). Je suis le roi des scélérats, à qui sourit la vie. Mais s'il suffisait de se faire une beauté pour retrouver grâce à tes yeux, ça se saurait hein.
- Aujourd'hui nos regards sont suspendus. Dans quoi tu te mires, dans quel étang ? je repars.
- Ben quoi ? Mes yeux sont dans le miroir où j'les ai laissés. Prends-moi dans tes bras.
Et mes doigts de palper, palper là cet épiderme. Comme de bien entendu, nous sommes interrompus par la sonnette :
- J'ai les mains prises, chérie va ouvrir, qu'il dit (mais c'est pas grave parce que tout au long de la soirée, nos corps ont joué, tellement joué à se toucher, à s'effleurer, personne n'a rien vu).

Ben oui, je t'ai pas dit mais c'est son anniversaire, donc on fait la teuf. Pour une occase, c'est une occase. À la centrale y a carnaval. Alors on convie les amis, on les invite à venir prendre un verre, ils disent d'accord. Rendez-vous sur la lande, à l'endroit où l'on s'est épris (dans l'appart de ses parents quoi, parce que c'est plus grand).

Moi, les anniversaires j'ai l'air dans la lune. Au self les elfes me sollicitent (buffet libanais (cuisine-moi kitsch et net, il avait dit Monamour) c'est fourré à quoi ces petits machins appétissants ? eh ben goûte tu verras bien) (ça se voit pas trop que j'en sais rien ?). Des érudits m'abreuvent de leurs fioles. Comment tu trouves mon calva ? Tu sais ce que c'est, on se noie dans des murmures. La fermer, se taire, l'ouvrir, ça va sans dire : est-ce que vous en avez ? du réseau, des rougeurs, des nerfs d'acier ? Si c'est pas malheureux notre monde qui part en brioche ouh la. Et puis les pluies acides décharnent les sapins. Sans aucun doute, l'homme de demain sera hors norme. Mais je me tue à te dire qu'on ne va pas mourir. Qu'en dit le héron ? Il en sait long. Et toi sais-tu qu'en Écosse des gosses écossent des chimères en chair et en os ? Et les mouettes se délectent de nos anecdotes (tous nos échanges coulaient de source).

Allez, tous à l'assaut de l'euphorie. Les fruits à portée de main, et les délices divers. Pommes d'or, pêches de diamant (ah zut, j'ai encore un bout d'paille dans l'nez)

Attends, remets l'champ' dans la glace, j'ai une question à te poser. Oui vas-y, je t'écoute. Hein quoi ? ah ok, fond du couloir troisième porte à droite (on aurait dû flécher).

À un moment c'est l'heure du gâteau...(alors c'est pas compliqué, pour la tarte aux pommes, deux ou trois goldens, un p'tit verre de rhum, un bâton de cannelle). L'heure du speech de monamour aussi : Les années immaculées circulent dans mes veines, mais sait-on où passent-elles ? Je veux quand même me souvenir de tout (pauvre caribou) (le blues il sent bon dans ta voix, je lui dirai en aparté).

Et puis alors que paisiblement j'plantais mes olives dans une pizza chaude, vlà que le musicien s'approche.
- Tu sais, j'ai des doutes sur la notion de longévité, ah la la, où l'acheter le courage...la vie d'artiste n'est pas rose, n'est pas sans tache...mais y a pas d'quoi faire un drame, sur l'prospectus ça disait provisoire.
C'est quoi cette histoire, ça cache quekchose, que je me dis, perspicace. Il se passe quoi, dis-moi.
- Tonamour m'a demandé de t'annoncer ça avec précaution alors voilà, sais-tu qu'la musique s'est tue ? finit-il par accoucher.
- Mais comment t'es au courant toi ? que je réponds, un peu sous le choc.
- Ah il sait tout mon petit doigt.
- Attends, y a oune dé ké pipé là...
Mais bon qu'est-ce que tu veux, l'heure c'est l'heure, on n'est pas d'humeur à verser des pleurs. Qu'on me presse une orange.

C'est pas tout ça mais
j'ai des faims de loop de loop, de shalala chaloupés, on va dans[er] sous des pluies diluviennes, même si les danses d'ici se différencient des danses du ventre. C'est fou c'que j'ai la banane, j'fais la noce avec Yasmina, à découvert le ventre à l'air, ça sent le cramé sous les projos. Y en a même qui en viennent aux choses sérieuses, genre Je veux te dominer aux dominos, je te veux nue sur l'avenue à chaud (la nuit draguait un vieux parfum de furie). Et mon corps de se vouer à des lunes surdouées. C'est l'heure où je glisse dans les interstices, où il vaut mieux balanc[er] les jumelles pour ne garder que le flou. Des heures, des heures de voltige à plusieurs, des kilomètres de vie en rose.

Après cinq babies, c'est l'heure de me zoner, mes circuits sont niqués, puis y a un truc qui fait masse. Où veux-tu qu'j'te dépose ? se demandent-ils mutuellement. Heureusement qu'on rentre à pied parce qu'à l'analyse il ressortirait que j'suis pas d'équerre, yé n'en pé plou. Dans les faubourgs je décante. En moi gronde une ville, grouille la foule dessaoulée. Oh tu sais, les capitales sont toutes les mêmes devenues (voyez-vous ces êtres vivants ?)

Après la colline j'y suis (chez moi). Éteins une à une les lumières que je dis à Monamour, j'ai fait un songe, une hypothèse, un projet de baise. Mais avant, glissé le carbone plus papier dans la machine et au travail, c'est ça oui c'est ça (j'écris un mot sur le blog quoi). Parce que quand même, j'sens comme un vide, remets-moi Johnny Kid. Alors bien sûr ses congénères crient au génie, évidemment. Putain les grands voyageurs laissent dans le coeur des ardoises.

Tout est redevenu étrangement calme, les fakirs traversent dans les clous (pour te dire). Oui, tout est si calme ce soir, puis-je être ému ?

[Il va de soi que seuls les textes en italiques sont de moi]

dimanche 15 mars 2009

Bashung est mort, les enfants (qui tombent du balcon). Je suis touchée