jeudi 24 septembre 2009

♫ Bleu bleu le ciel de Provence, blanc blanc blanc le goéland, le bateau blanc qui danse ♫

Je sais, Marcel Amont c'est pas de ton temps. Ça tombe bien, je vais pas non plus te parler de la Provence.

Le truc sympa avec Héphaïstos, c'est ses bons plans. Déjà la maison cubique blanchie à la chaux
elle te rend quasi fou de joie et tu veux plus la quitter. J'ai envie de dire ♫ Que la montagne est belle ♫. Tu te prends pour un botaniste à force de reconnaître les figuiers, le jasmin et la vigne du premier coup d'oeil (ouais ben eh). Tu croises pas grand monde, à part au bar-restaurant, coeur et unique organe social du village, et quand un soir, de retour d'ici ou là, te prend l'envie d'immortaliser ce paysage, tu luttes longtemps pour ouvrir la portière de la voiture à cause d'un vent violent. Au péril de ta vie tu te perches au bord du ravin et tu prends de misérables photos en bougeant au rythme des rafales, tandis que tout le monde (à savoir personne + tonamour) voit ta petite culotte.

(Sauras-tu retrouver la maison cubique parmi les maisons cubiques ?)

Mais Héphaïstos, ce n'est pas que la montagne. Héphaïstos, c'est aussi l'hôpital. Le matin où monamour se réveille avec les boules là, et qu'il lui demande l'adresse d'un médecin, Héphaïstos le prend par l'épaule et nous emmène à l'hôpital. Attends gars, qu'il lui dit monamour, moi je veux juste un rencard chez le médecin, j'ai pas de temps à perdre hein. Rien à faire, on va à l'hôpital. Et là c'est miraculeux : tu arrives aux urgences, tu dis que tu as mal à la gorge, personne ne rit de toi, personne ne te conseille de te jeter d'abord du troisième étage pour que le physio à l'entrée te prenne en considération. Non, on inscrit ton prénom sur un bout de papier (on ne te demande ni ton nom, ni ton adresse, ni ton matricule), tu attends, allez, 10 minutes dans un couloir, on t'ausculte, tu payes pas et tu vas acheter des médocs pour la gorge. Tu rêves pas.

Héphaïstos, c'est encore la mer. Précisons que ce voyage n'était pas prévu de longue date (autrement dit organisation zéro, free style impro) et que lorsque le susnommé nous proposa un séjour mi-montagne, mi-mer, nous acceptâmes avec soulagement afin de s'éviter la galère du vrai routard. Ainsi donc la mer.

Une petite crique très peu, voire pas, fréquentée. Où j'ai lu des livres et bien bronzé. Où une crevette (ou était-ce un petit poisson ?) venait nous mordiller les parties charnues. Où il s'est avéré que monamour est bien meilleur que moi en ricochets (c'est nul t'façon les ricochets).

Héphaïstos enfin, c'est le bon pote. Celui qui t'amène à son QG à la tombée de la nuit, petite plage de sable fin, parasol et lumière tamisée. Qui te dit Tu es ici chez toi, on va passer du bon temps ensemble. Qui te présente ses potes qui viennent s'attabler aussi. Qui raconte sa vie et qui te fait marrer. Qui aligne les pintes en veux-tu en voilà, non non non you're my guests, à tel point que le lendemain, que crois-tu ? Ben oui, t'es obligé d'y retourner pour mettre la tienne.

mercredi 2 septembre 2009

♫ Mais y a pas d'soupe ! Rien n'est parfait ♫

La base du régime crétois, c'est l'huile d'olive, tu savais pas ? T'inquiète, Héphaïstos nous a tout bien expliqué.

La première partie du séjour, on habitait dans une maison cubique sur la montagne dans un village pittoresque, à savoir en ruines.

Pourquoi donc en ruines ? Bonne question. Ce village très ancien, au temps de sa prospérité, abritait de nombreux cultivateurs d'oliviers. Mais voilà que l'olive, de nos jours mon bon monsieur, ça rapporte plus des masses. Parce que bon déjà faut les abreuver les arbres. Eh oui mais dans ces contrées où l'eau pousse pas sous le sabot d'un cheval, c'est compliqué parce que t'es aussi obligé d'arroser le monsieur qui ouvre le robinet sinon il te donne ta ration, basta, et tes oliviers mon pauvre c'est pas demain qu'ils te donnent des olives (par exemple lui Héphaïstos, il a 180 oliviers, qu'il ne traite pas au pschitt-pschitt, autant dire bio, ce qui engendre un fort taux de perte. Eh ben avec ses 180 oliviers, il obtient 80 litres d'huile par an). Bon mais admettons que t'aies de quoi arroser le monsieur. Tu sais combien tu le vends ton litre d'huile aux grossistes italiens qui après te mélangent tout ça comme des barbares ? 80 centimes mon petit, au moins 100 fois moins que le prix de revente dans ton supermarché. Si c'est pas l'arnaque. Alors dans ce village à un moment ils se sont dit faut arrêter de nous prendre pour des cons, on descend vers la mer louer des maisons aux touristes, on leur fait à manger et puis ça va bien. D'où les ruines.

Cela dit on a bien mangé.

Des tomates.

Du poulpe.

Mais pas de poisson. Ah non, le poisson au mois d'août, cherche pas, y en a pas. Ou plutôt il est accaparé par les grandes chaînes d'hôtels et de restaurants de la côte nord (la côte nord c'est le Saint Trop' de la Crète, c'est pourquoi nous étions au sud-est), que même si tu t'appelles Héphaïstos, ton poissonnier il te dit Désolé gars, reviens dans un mois, là c'est mort. Ou alors ça coûte très cher.

Le régime crétois, non mais laisse-moi rire. Et si je te disais que les Crétois sont obèses hein, ça te calmerait ? T'as beau te nourrir de greek salad ultra-diététique comprenant tomates-concombre-poivron (jusqu'ici c'est comme si t'avais rien bouffé hein) plus de la féta que quand même va falloir survivre, tu crois vraiment que ça intéresserait quelqu'un si ça baignait pas dans l'huile d'olive ? Et la moussaka ? faudrait pas que ça accroche au fond hé dis. Quant aux aubergines (je veux encore des aubergines frites, je veux encore de la salade d'aubergines, encore encore encore), c'est bien connu, c'est très absorbant, et ça se fait pas cuire à l'eau dis donc. Alors hein bon tu m'as compris. En plus chaque fois que tu commandes un apéro, ils t'amènent trois petites assiettes de trucs bons qui comptent pas t'sais (putain on a l'air de quoi avec nos cacahuètes rassises et nos pop-corn écorcheurs de gencives ?). Pour finir, et c'est là qu'on voit qu'il fait bon vivre dans ce pays, la pinte de bière est à 2 euros et le paquet de clopes à 3.