lundi 22 novembre 2010

♫ Tout corps vivant branché sur le secteur étant appelé à s'émouvoir ♫

J'aurais presque pu battre un record personnel si la pharyngite ne s'était pas manifestée avant la fin de l'année. Elle est apparue discrètement, une légère gêne à la déglutition sur le côté gauche de la gorge, pas de fièvre. Le genre de truc qu'en temps normal je traite par le mépris. Seulement voilà, comme on dit dans les émissions télé à suspense, je suis enceinte et il s'agit d'être un peu responsable. J'ai donc tapé sur les pages jaunes le nom de ma rue dans la rubrique "Médecin généraliste". Un seul résultat s'est affiché. Bon ben comme ça hein au moins c'est facile. Quand à la fin de la consultation je lui ai tendu le formulaire Cerfa numéro 12485*01, elle s'est exclamée Mais vous n'êtes jamais malade alors ! Je ne te le fais pas dire. Et j'ajoute que cette histoire de médecin traitant c'est complètement injuste et absurde. Parce que regarde : moi, depuis qu'il faut avoir un médecin traitant, je n'ai pas eu besoin d'aller chez le médecin. Par conséquent je ne peux pas avoir rempli le formulaire. Mais quand je suis tombée enceinte, je suis allée chez le gynéco, normal. Sauf que j'ai été moins remboursée vu que je n'avais pas suivi le parcours de soin homologué, ce qui n'aurait pas été le cas si j'étais allée (sans symptôme aucun, juste pour le fun administratif) chez un généraliste que j'aurais choisi comme traitant avant de passer par la case gynéco. Note bien qu'on me fait payer plus parce que je coûte moins cher en dépenses de santé. Bravo. Enfin bon tout ça c'est du passé car maintenant j'en ai un moi aussi de traitant.

Monamour, ça ne l'étonnerait pas que ce soit ma lecture du moment qui m'ait rendue malade. Au début je me suis dit qu'il exagérait de me prendre pour un être si sensiblement fragile. C'est vrai que Les bienveillantes c'est assez particulier mais de là à en faire une maladie ? Pourquoi pas remarque, avec tous ses traitements spéciaux...Quoi qu'il en soit j'ai eu droit à ma dose d'antibiotiques et je n'ai pas l'impression qu'une solution finale se profile pour mettre un terme à ces angines chroniques.

Il a pourtant bien fallu passer ce week-end en Normandie prévu de longue date. Dans la belle-famille, qui est belle, c'est vrai, et sympa, et tout et tout. Mais qui a passé son temps à s'adresser à mon ventre. Cette jeune femme porte son ventre très avant, a dit la pédiatre. Je suppose que c'était une façon plus diplomate de dire qu'il est gros pour l'état d'avancement des travaux. Oui ben j'y peux rien si l'occupant à titre gratuit a un grand fémur, signe paraît-il d'une taille au-dessus de la moyenne, je t'assure que c'est pas de mes origines asiates qu'il le tient. Bref la star c'était mon ventre, on se l'arrachait, tout le monde voulait en palper les contours, apposer ses mains (on ne m'a jamais autant caressée que ces dernières quarante-huit heures) et même lui parler. Ce qui fait que je ne voyais que des gens penchés en avant, à quatre pattes contre ce ventre et...euh sinon, si ça vous intéresse, enfin sans vous déranger hein, moi je m'appelle Ada et comment dire, je suis la personne autour quoi. Mais penses-tu, vas-y que je te colle ma bouche dessus en hurlant C'EST TA GRAND-TATIE GEORGETTE, COUCOU ! TU ES EN NORMANDIE CHEZ TA GRAND-TATIE GEORGETTE !

mardi 2 novembre 2010

♫ I was looking for a job and then I found a job ♫

Dans mon nouveau boulot je suis chargée, entre autres, de recruter des gens. Pour faire des vacations, genre petit job d'étudiant. Mais aussi pour des durées un peu plus longues, genre contrats aidés de galériens. Alors c'est sûr, on n'est pas à la recherche de la nouvelle star. Encore que, avec Pôle Emploi ça ratisse large. T'as beau préciser que t'es situé dans le quartier latin, tu reçois des CV de la cité phocéenne (autant te dire que l'abonnement TGV Méditerranée outrepassera largement ton maigre salaire).

Évidemment c'est assez stressant de se retrouver de l'autre côté de la barrière, pour moi qui n'ai connu jusqu'à présent que les oraux de concours en guise d'entretien d'embauche. Ça a aussi son petit côté jouissif, tu sais, même s'il faut faire bien gaffe de pas déraper. Par exemple ne pas s'attacher au physique, vu que de toute façon tu seras son chef et qu'en guise de tabou de l'inceste tu dois t'interdire toute forme de harcèlement. Mais aussi ne pas être trop dur, comme tout débutant dans le métier bien arc-bouté sur des principes que l'expérience n'a pas assouplis. D'autant que c'est quand même plutôt un boulot de merde qu'on leur propose. Oh y a pire c'est sûr, ils sont pas sur un chantier soumis aux intempéries, y a même une ambiance plutôt culture-recherche tu vois, mais bon ça reste de la manutention grosso modo.

Au début, quand j'étais en formation et donc plus observatrice qu'actrice de l'entretien, je leur posais surtout des questions sur la dernière partie du CV tu sais, loisirs, intérêts personnels. Ça les détendait et je passais pour la gentille. Non parce qu'en fait je suis pas gentille du tout. Notamment avec les fautes d'orthographe. Je veux bien faire semblant de croire que ce sont de simples coquilles, mais la relecture c'est pas pour les chiens et si ça ne tenait qu'à moi, ça dégagerait direct. Je veux dire on reçoit tellement de CV que ça pourrait être un critère de pré-sélection non ? Mais il paraît qu'il faut faire preuve d'un peu plus d'ouverture d'esprit. Mouais. Cela dit, je leur fais remarquer pendant l'entretien, pas tellement pour les mortifier mais pour qu'ils corrigent, tout simplement.

Je suis pas gentille non plus avec les gens en retard. Le gars qu'on attend trois bons quarts d'heure et qui ne prévient même pas par téléphone, c'est niet. On aura beau dire, on aura beau faire : il croyait que c'était au numéro 2 au lieu du numéro 5 (il attend une heure juste en face de son objectif, sans réaction, sans chercher à comprendre, excuse-moi j'appelle ça un neuneu), il ne connaît pas bien Paris (mais tu te renseignes, gars, ça fait trois jours que t'as rencart), il n'est en France que depuis six mois ( et donc ? il a pas encore bien intégré cette drôle de coutume qu'on appelle la ponctualité ?), je reste intransigeante, merci d'avoir essayé, ciao.

Et puis parfois...Quand je vois que déjà t'as repassé ton plus beau pantalon, t'as ciré tes pompes de mariage, tu fais le mec hyper motivé pour un smic horaire à temps partiel, ça se trouve tu joues même pas, t'es réellement hyper motivé parce que t'as rien d'autre en vue et t'es prêt à te taper deux heures de transport quotidien pour ça...Ou au contraire t'as l'air de sortir du lit là, t'as encore la marque de l'oreiller tellement t'as rien d'autre à foutre de tes journées, et cet entretien fallait bien le passer pour justifier une recherche active d'emploi, mais au final tu t'en contrefous, oh si bien sûr tu veux bien un boulot mais tu vas pas non plus faire genre tu kiffes, y a des limites quand même...Dans un cas comme dans l'autre, parfois j'ai envie de dire allez tiens on arrête cette mascarade, on te le file le boulot et on en parle plus.

Il y a aussi les moments où l'occupant de mes entrailles à titre gratuit (qui est pourtant déjà un être cher) se met à faire du trampoline et me contraint à un exercice de dissociation-concentration très intéressant, d'autant que je ne peux pas, pour des raisons d'égalité de traitement, écourter l'entretien et m'extasier sur les miracles de la nature, y compris, et crois bien que je le regrette, lorsqu'il décide de me piétiner la vessie.