mardi 29 mars 2011

♫ Time may change me but I can't trace time ♫

On m'avait dit : Tu ne peux pas comprendre, tu n'as pas encore d'enfant. On m'avait dit : Tu verras, quand tu auras un enfant plus rien ne sera comme avant. Avoir un enfant serait donc une expérience unique, qu'on ne peut partager qu'avec ceux qui sont passés par là, ceux qui savent (sourire entendu), un peu comme les camps de concentration ou la psychanalyse. Moi tu me connais j'ai tendance à dire non mais oh et puis quoi encore (ce qui signifie approximativement : c'est quand même pas un gosse qui va faire la loi). En réalité y a quand même deux trois trucs qui ont changé.

Le sommeil. Quoique ce soit légèrement biaisé car j'ai commencé à mal dormir, par tranches de 3-4 heures, deux bons mois avant l'accouchement. Selon une théorie d'origine inconnue la femme en fin de grossesse se prépare à morceler son temps de sommeil en vue de l'arrivée du nourrisson qui réclamera sa pitance à intervalles rapprochés. Franchement j'en sais rien. Les théories c'est pas hyper pratique. Ce que je sais en revanche c'est que depuis l'arrivée de mademoiselle A, quand je dors 6 heures d'affilée j'ai l'impression d'avoir fait la grasse mat. Et quand elle se met à dormir de minuit à 7 heures sans interruption (elle ne renouvèle pas encore l'exploit tous les jours mais crois-moi que je l'y encourage de toutes mes forces), quand donc elle fait une vraie nuit, je suis réveillée avant elle.
Pour mémoire je suis la fille qui arrivait au taff aux alentours de midi hein...

L'alcool. Là encore c'est biaisé car durant 9 mois la seule boisson alcoolisée que je me suis autorisée c'est le champagne à doses homéopathiques. Maintenant deux bières et une coupette et tu le crois que le lendemain je suis limite en gueule de bois ?
Pour mémoire je suis la fille qui passait sa vie au bar hein...

Le parc. Pas un jour sans que mademoiselle A et moi-même ne sortions en promenade au parc, elle en pleine sieste ou au contraire yeux grands ouverts, découvrant la sensation du soleil sur la peau et le chant des oiseaux (et accessoirement le bruit du marteau piqueur) (Paris est une fête, Paris est une fête, Paris est un chantier oui), et moi poussant le landau dans les côtes en guise d'exercice physique (crois-moi que c'est du sport avec tout l'attirail qu'il faut déplacer en même temps que le bébé pour parer à toute éventualité).
Pour mémoire je suis la fille dont la préoccupation majeure consistait à parfaire son bronzage dans ledit parc hein...

La lecture. Depuis que mademoiselle A est née, je suis toujours sur le même livre. Il est gros certes mais ça fait quand même un bon mois que je l'ai entamé. Pire (ça me coûte d'avouer une horreur pareille mais je te dois la vérité) : je ne lis pas tous les jours.
Pour mémoire je suis la fille qui lisait un livre par jour hein...

HEUREUSEMENT, dans ce monde en mutation, j'ai UN repère stable auquel me référer, un point d'attache qui n'a pas été balayé par l'arrivée de cet enfant bordel et auquel je m'accroche comme un machin à sa machine : enceinte jusqu'aux yeux ou jeune maman (jeune oui jeune, un problème ?), mon gynéco, ce brave homme (ah ça il sait y faire) continue de m'appeler, le ciel le lui rendra, ma petite demoiselle.
Et le fait que j'aille le voir pour des séances de rééducation périnéale n'a pas à être signalé hein.

mardi 22 mars 2011

♫ And I find it kind of funny, I find it kind of sad ♫

Lorsque l'enfant paraît, tout un tas de gens que tu apprécies plus ou moins trouve tout naturel de taper l'incrust. Bien sûr c'est réjouissant, le champagne coule à flots et tu es fier de présenter ta dernière création. Mais à la fin il faut passer l'aspirateur et faire la vaisselle. Sans compter les réflexions agréables qui, oui on sait, partent toujours de bonnes intentions (de celles dont l'enfer est pavé). Tous les exemples ci-après, positifs comme négatifs, sont tirés d'une expérience vécue, toute ressemblance avec la réalité n'est donc pas fortuite du tout.

J + 1 (à la maternité donc), tu as accouché il y a moins de 24 heures et tu n'as pas dormi depuis plus de 48 (tu as cru impressionner la sage-femme avec ce score mais, complètement blasée, elle s'est contenté de te signaler que toutes les parturientes enchaînent les heures de veille, ça n'a rien d'exceptionnel, tu peux remballer le Guinness World Records) : Eh bien maintenant il ne te reste plus qu'à retrouver la ligne. Car il faut savoir qu'une fois que tu as mis bas, tu as toujours l'air enceinte, merci de le souligner, on n'avait pas remarqué...A cette réflexion fort peu appropriée (à ce stade, ton corps tu t'en fous, tu n'as d'yeux que pour la merveille que tu as engendrée), on préfèrera le réconfortant : Tiens, je t'ai amené un demi-kilo de Jeff de Bruges, profite bien de ces douceurs chocolatées (pour une fois que c'est pas un cadeau pour le bébé, crois-moi que j'en profite oh que oui).

J + 3, retour à la maison, tu as l'enfant dans les bras et tu le couvres de baiser. Ah ben tu vas avoir du mal à reprendre le travail toi. Ici tu as le choix entre te laisser complètement aller (genre : mais pauvre conne je t'emmerde toi et ton travail, espèce de vieille dégénérée puante) (bon in petto ok) et te maîtriser complètement (genre faire comme si tu n'avais pas entendu). On préfèrera cent fois le débrouillard : Tu sais que tu as droit à un congé maladie post-natal qui peut durer jusqu'à un mois, tu devrais te renseigner, d'autant que tu n'as pas eu un accouchement facile.

J + je sais plus. L'enfant pleure fort, il vient d'être nourri, il est langé de frais, tu ne sais donc pas trop ce qu'il veut exprimer mais tu essayes tant bien que mal de le consoler. Il faut les laisser pleurer les bébés, ils en ont besoin, ça leur fait du bien (j'ai envie de dire : il faut les euthanasier les imbéciles comme toi, ça NOUS ferait du bien). On préfèrera mille fois le psychologue : Surtout n'écoute pas les conseils que chacun va s'empresser de te donner (oui parce que sous prétexte qu'ils se sont reproduits une ou plusieurs fois (y compris, et peut-être surtout, lorsque ça date de plus d'un quart de siècle), les gens se croient compétents et pensent que ça les autorise à te polluer avec leurs méthodes éducatives de pointe), la meilleure façon de faire c'est comme tu le sens toi.

Et très récemment : Mais c'est quoi ces couteaux, c'est des couteaux pour la viande ça, c'est pas adapté là (oui alors bon, déjà qu'on te nourrit, que si ça tenait qu'à moi, comment te dire, tu viendrais pas si souvent, parce que mine de rien ça fait déjà deux fois qu'on te voit cette semaine) (et puisque tu te manifestes hein, t'auras qu'à mettre le couvert la prochaine fois) (attends, j'ai dit prochaine fois moi ? non parce que c'est une erreur, entendons-nous bien) (connasse). On préfèrera ô combien le flatteur : Elles sont délicieuses ces lasagnes maison (t'entends connasse : maison, prends-en de la graine avec tes surgelés), je me resservirais volontiers.

vendredi 11 mars 2011

♫ A découvert le ventre à l'air, ancré dans la baie du bonheur ♫

Ariane la Belle du seigneur veille à ce qu'elle-même et son Solal jouissent de salles de bain et de toilettes séparées afin que chacun ignore la circulation des fluides corporels de l'autre et que soit préservée la magie du couple. On ne saurait mieux nier la réalité des corps. Point de cela chez nous. Depuis l'arrivée de mademoiselle A, monamour et moi on a de ces discussions :

Lui : Alors ?
Moi : Non rien.
(...)
Lui : Et là, toujours pas ?
Moi : Si, ça y est, elle a fait caca.
Lui : Ah nous voilà rassurés.

Sinon quand elle est couchée et donc hors de vue, nous passons notre temps à regarder (oui bon d'accord : à s'extasier sur) les photos prises pendant les périodes d'éveil. Le corps de mademoiselle A est partout depuis qu'il n'est plus dans le mien. C'est la vie...


Découvrez la playlist Ode à la vie avec Alain Bashung