jeudi 22 novembre 2012

Insère ici un impromptu de Schubert

La veille de l’anniversaire de S., E. m’invitait à boire un verre en vitesse à la sortie du travail et comme lui précédemment, j’exprimais le regret de devoir décliner, par obligation maternelle.

Le lendemain je le précédais de quelques minutes dans le bar où S. réunissait ses nombreux amis. À son arrivée, E. s’asseyait près de moi pour s’enquérir de ma journée et discuter d’un documentaire que nous avions vu séparément et aimé unanimement. Les commandes tardaient, je voulais fumer une cigarette, il disait Si tu permets je vais t’accompagner (il ne fume pas). Au cours de la soirée, nous nous éloignions très peu l’un de l’autre, je discutais beaucoup avec un ami commun à E. et S. déjà rencontré à l’occasion d’une sortie foot en bar. S. proposait de poursuivre en plus petit comité jusqu’au bout de la nuit, E. m’interrogeait du regard, nous décidions de rentrer chez lui. Nous restions sous sa couette une bonne partie du dimanche, l’un sur l’autre et vice-versa. Il murmurait T’as un cul diabolique.

Le mercredi suivant nous nous retrouvions dans une baignoire de théâtre à beaucoup rire, puis au comptoir d’un bar, puis à nouveau dans son lit. Cette fois nous ne nous touchions pas mais parlions parlions parlions, à tour de rôle, en écho l’un de l’autre, de nos vies amoureuses passées et d’autres choses que j’ai oubliées. Il restait 3 heures avant le lever pour aller travailler. Nous dormions très peu, il préparait un petit déjeuner, enfourchait son vélo tandis que je me dirigeais vers le métro.

Samedi dernier je lui proposais de le rejoindre chez lui après un dîner chez des amis habitant dans son quartier. Il voulait. J’arrivais vers 23h30, il avait regardé le match de rugby, avait l’air reposé et moi pour une fois pas trop soule. Nous nous mettions au lit pour de longues heures à faire l’amour entrecoupées de temps de sommeil récupérateur. Il travaillait longuement mon corps avant notre première sodomie (oh !) si douce, si tendre et si ardente ; sa main en coupe soutenant légèrement ma tête m’émouvait très fort. Il m’accompagnait à l’arrêt de bus en milieu d’après-midi, m’envoyait des SMS Je pense que mon chauffage s’est arrêté car une source de chaleur exogène a perturbé mon thermostat. Je répondais : je pense que tu étais partie prenante, tu activais les bonnes touches. Le soir même nous échangions encore quelques SMS pendant que j’assistais à un concert de punk hardcore, et notamment : J’ai en persistance rétinienne des scènes de ce dimanche matin. Tôt lundi matin mon téléphone affichait Ne cherche pas ta bague et plus tard par mail : J’ai dissimulé ta bague dans une anfractuosité de mon corps, seule ta langue pourra l’en déloger.

Hier soir nous buvions quelques bières au comptoir d’un bar proche de notre lieu de travail (il sortait avec moi chaque fois que je voulais fumer), avant d’aller dîner chez lui, s’endormir dans les bras l’un de l’autre, se réveiller sous nos caresses mutuelles, faire l’amour, dormir vraiment. Ce matin nous prenions ensemble : 1) un petit déjeuner 2) le métro 3) le bus, direction travail.

Ce week-end nous ne nous verrons pas je crois. Ce n’est pas un problème. Nous continuons à nous faire la bise comme deux amis. Ce n’est pas un problème. Nos bouches se rapprochent. Nos esprits aussi. Nous échangeons par mail des articles de journaux, des liens, qui nous font penser l’un à l’autre. Je ne sais toujours pas s’il est amoureux de moi mais ce n’est pas un problème. Il y a entre nous un lien qui nous fait du bien.

La semaine prochaine nous irons admirer les toiles lumineuses de Hopper.

mercredi 7 novembre 2012

♫ Skies above can't be stormy, since that moment of bliss, that thrilling kiss ♫

E. est arrivé alors que j’étais au téléphone avec le père de mademoiselle A. Il a mis les bières au frais, a posé la bouteille de vin sur la table de la cuisine (chaque fois que je viens chez toi j’amène une bouteille de vin et chaque fois j’oublie de la sortir de mon sac et je me la trimballe toute la journée qui suit, aujourd’hui je n’oublie pas), a retiré sa veste et son écharpe, a frappé à la porte des toilettes afin de s’assurer qu’elles étaient libres, en est ressorti peu après pour se servir une bière qu’il a ouvert avec le briquet traînant sur la table basse. Il s’est assis sur le canapé.

Je l’ai rejoint et comme d’habitude je ne sais plus comment nous avons entamé la conversation. Il s’est levé plusieurs fois pour se réapprovisionner en bière – j’étais au whisky. Il est retourné aux toilettes, son téléphone a sonné, il a fini la discussion dans le couloir de l’entrée, appuyant sur le mauvais interrupteur. J’ai dit Hey tu as éteint la lumière. Il a dit en souriant Non non je suis pas chez ma sœur…J’ai fumé à la fenêtre, je l’ai vu regarder ma jupe. Il devait être minuit passé quand nos mains se sont touchées. Il a de grandes mains douces, fines et soignées. Il est passé au whisky. À 4h22 il m’a demandé de l’appeler pour repérer son portable, il s’est déshabillé pour me rejoindre dans le lit.

Je ne sais plus ce que nous avons fait avant de nous endormir. Je me souviens parfaitement en revanche de la grasse matinée crapuleuse qui a suivi. C’est un peu notre spécialité les grasses matinées longues et crapuleuses. Il était derrière moi, les mains enserrant ma poitrine, il avait le souffle court, il a soupiré T’as les seins qui gonflent, puis Je veux pas jouir tout de suite. À 13h30 je me suis levée pour prendre une douche et préparer un petit déjeuner. Je ne savais pas exactement à quelle heure il me faudrait récupérer mademoiselle A. Il n’avait pas de programme défini et j’ai eu l’impression qu’il avait envie de rester mais qu’il craignait de déranger. Au moment de son départ je lui ai machinalement tendu la joue et j’ai eu l’impression qu’il aurait aimé un vrai baiser.

Je suis allée voir Amour, puis J’enrage de son absence. J’ai beaucoup pleuré (pendant et après).

Titus m’a retrouvée dans le bar à côté du cinéma, nous avons dîné tardivement en partageant un tournedos saignant et moelleux. Nous sommes allés dans le bar un peu plus loin, celui qui sert de préambule à la piste de danse. J’ai dansé, bu, acheté de la coke à l’homme qui sent bon.  Chez moi j’ai fait plein de blind tests à Titus qui à  aucun moment n’a perdu patience, j’ai accepté que l’on baise aux alentours de 8h30 en lui disant Ah ouais c’est pas mal comme descente, ça c’est un bon moment. Il a répondu Avec toi tous les moments sont bons. Et je me suis dit que ce serait tellement plus simple si j’étais amoureuse de lui. On a dormi trois heures, je me suis levée pour prendre une douche et préparer un petit déjeuner. J’ai été soulagée que Titus comprenne assez vite que je n’avais pas envie de passer l’après-midi avec lui.

J’ai proposé à E. qu’on se voie ce soir, il ne peut pas, tu t’en doutes, mais pour la première fois il exprime un ressenti dans sa réponse Ça aurait été avec joie (quelle joie que cette potentielle joie !) et il m’invite à dormir chez lui samedi après l’anniversaire de S.