mardi 31 juillet 2012

♫ I wanna love and treat, love and treat you right ♫

(Ouais ben mon chef est en congés et quand mon chef est en congés, c'est moi le chef)(et faire le boulot du chef en plus du mien, c'est très fatigant)(mais je suis quand même là pour le bilan d'étape, tu pourras pas dire que je suis pas sympa)

L'homme-au-nyme fait ramadan. Le reste de l'année il ne pratique que très peu, une prière le vendredi quand il y pense, quand il a le temps. Il fume, il boit, et cætera. C'est la première fois que j'ai une relation avec un homme croyant. Je pense que c'est un obstacle à une entente de longue durée dans la mesure où je crois au contraire qu'il n'y a pas de dieu. Je pense aussi que je ne pourrais pas former un couple avec une personne qui vote à droite ou qui est en faveur de la peine de mort (mais en fait je sais pas hein). L'homme-au-nyme se rachète pendant ramadan. Alors bien sûr parfois il me fait l'amour jusqu'à 5h du mat passées et c'est foutu pour la journée qui suit (très élégamment, à ceux de mes amis qui lui demandent pourquoi il ne jeûne pas, il répond Pour des raisons personnelles). L'homme-au-nyme va à la mosquée pour la prière de 14h et pour celle de 18h30. Ensuite il vient passer un moment avec moi et mademoiselle A. Il m'embrasse sur le front et ressort pour couper le jeûne, assister à la dernière prière et éventuellement veiller toute la nuit à base de lectures du Coran, méditation et bonne bouffe.

Fort bien. Sauf que je l'héberge. Et se faire réveiller toutes les nuits vers 5h, quand il te reste peu de temps de sommeil et que donc, forcément, tu te rendors pas, ça finit par te taper sur le système. Par ailleurs au bout de deux mois de dépannage, je souhaite aborder avec lui le sujet de ses projets pour la rentrée car je n'ai pas l'intention de l'héberger indéfiniment. Aussi je profite d'une veillée particulièrement tardive pour remettre les pendules à l'heure :
1) à partir d'une certaine heure, pour ne pas perturber mon sommeil, il ne rentre pas chez moi, il se débrouille
2) pendant mes vacances en août je ne vois aucun inconvénient à ce qu'il occupe mon appartement, mais à mon retour en septembre je souhaite qu'il ait trouvé une autre solution.

Il accueille le point 1 avec compréhension, il reste coi sur le point deux et je sens qu'il accuse le coup d'un dur retour au réel : même si nous nous entendons bien, même si nous nous aimons bien, cette situation ne peut durer qu'un temps, je n'ai pas envie de vivre avec lui (je ne sais même pas si j'ai envie d'une véritable histoire avec lui et, par dessus tout, j'ai envie de recevoir qui je veux chez moi, notamment des hommes).

Le lendemain il annonce qu'il va veiller et qu'il rentrera vers 7h du mat, heure à laquelle habituellement je me réveille et passe sous la douche.
Fort bien. Sauf qu'il arrive à 6h14...

Alors le soir ça clashe. Une fois de plus je lui signale qu'il ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre. Il vit chez moi, ce n'est pas à moi de m'adapter à son rythme. Explosion de colère : puisque c'est comme ça, je me casse ! Je trouve ça puéril et ridicule mais je ne le retiens pas, j'aurais préféré que le départ se fasse plus en douceur, mais l'objectif est atteint quoi qu'il en soit. Il met très longtemps à emballer des affaires qui le sont déjà. Je le lui fais remarquer, lui rappelle que j'étais prête à l'héberger jusqu'à la rentrée. Ton appart tu peux te le metttre au cul ! Je reste avec mademoiselle A dans sa chambre, porte fermée, pour la protéger de cette violence verbale. Mais il faut que je fasse accélérer le mouvement pour qu'enfin il soit sur le palier. Je claque la porte, je l'entends crier à plusieurs reprises dans le couloir Je comprends pourquoi le père de ta fille t'a quittée ! 

Je prends mademoiselle A dans mes bras, je lui dit On s'est disputé, elle penche sa tête contre la mienne en signe de compassion-réconciliation. Quand elle est au lit quelques minutes plus tard, je fume un gros spliff qui ne me fait ni chaud ni froid. Nous avons vécu une histoire en accéléré, fusion, lassitude progressive, vie décalée mais attachement réciproque, séparation de vieux couple. Je me dis qu'il va me manquer sexuellement putain.

Deux jours après, à savoir dimanche, le réveil sonne à 7h40.
À 7h52 j'avale les deux cachets.
Les premiers saignements arrivent à 12h02.
IVG médicamenteuse à domicile et en solo.

Le soir l'homme-au-nyme appelle pour prendre des nouvelles, les choses se passent comme indiquées par le gynéco, nous nous parlons avec douceur, nous devons nous voir ce soir.


Avec E. et S. nous sommes allés boire des coups le 14 juillet. Mais à 2h du mat chacun est rentré chez soi (et ce jour-là, j'étais bien contente de retrouver l'homme-au-nyme s'apprêtant à mater un film sur mon ordi (tu te doutes que je l'ai fait changer de programme)).

Mercredi dernier E. propose un pique-nique et un cinéma en plein air mais je préfère voir enfin, après tellement de rendez-vous reportés pour cause de logistique compliquée (on ne peut aller ni chez lui, ni chez moi), le charmant charmeur chilien exceptionnellement disponible à domicile.

E. tente pourtant de m'amadouer.

Mercredi 25 juillet
17h16 J'ai 4 tranches de rôti, 3 litres de smoothie, 12 canettes et 2 kg de prunes !!
20h51 J'attaque le rôti
20h54 Moi je suis au champagne...(le charmant charmeur chilien sait recevoir) mais j'avoue que je suis assez tentée par les prunes (je n'exclue pas à ce moment-là de les rejoindre à la Villette)
21h07 Allumeuse (il n'a pas tort car finalement je déclare forfait)

Jeudi 26 juillet
17h01 Hier soir je me suis dit "Les prunes comptent pas pour les brunes"
20h51 C'est sûr que les prunes c'est pas le dessert que sert l'abominable homme des neiges, mais ne crois pas que j'y sois indifférente, loin de là (saisit-il mes messages à double sens ?)

Demain soir, E. et S. viennent prendre l'apéro dans mon jardin.