mardi 22 septembre 2015

♫ Pass through the fire to the light ♫

Depuis que j'ai décidé de me séparer de E. en novembre dernier, ma vie sentimentale et sexuelle est égale à zéro (juste une nuit avec l'Écrivain et des petits câlins avec le charmant charmeur chilien). Il va me falloir du temps je crois. En attendant je lui écris des lettres que je ne lui envoie pas.

Printemps 2015. Sortie des classes, nous marchons et discutons de choses et d’autres quand soudain mademoiselle A. s’exclame, comme si elle redécouvrait la cachette d'un trésor : « Maman, tu te souviens de E. ?! Tu crois qu’il va venir dans la nouvelle maison ? ». Je ne sais plus quel était le sujet de la discussion qui précédait. J’aimerais connaître son cheminement, par quelle association d’idées elle en est venue à penser à toi, qu’elle n’a pas vu depuis plusieurs mois et dont je ne lui parle jamais.

Très souvent dans la rue, surtout dans le quartier latin, mais pas seulement, un peu partout, je crois te voir. Un grand mince coupé court, une silhouette qui pourrait être la tienne de loin. Mais non. Ce garçon avec un casque sur un Vélib, tendant d’abord son bras à droite pour tourner rue de la Sorbonne, puis à gauche pour indiquer qu’il va se garer, c’est toi ?

2 juillet 2015. Je n’ai pas pu m’empêcher de regarder autour de moi dans la fosse et en haut au balcon, même s’il était très peu probable que tu sois dans l’assistance. Je cherchais comment tourner le SMS que je t’enverrai après, je voulais te dire que Matthew E. White avait fait un cover du Velvet juste au moment où j’entrais dans la salle et qu’Andrew Bird était parfait. Je me suis sentie mal, j’ai dû sortir un peu avant la fin, j’ai raté le rappel que j’ai suivi depuis l’écran du bar. Après la deuxième bière j’ai oublié le SMS.

11 juillet 2015. J’ai vomi dans une voiture le 31 décembre et à une soirée d’anniversaire le 17 janvier (B. m’en parle encore). Depuis je fais très attention à ma consommation d’alcool. La soirée se passe bien, je commence au rosé-pamplemousse, j’enchaîne avec du vin rouge et je mange. Il y a ce garçon qui reste au fond près de la bibliothèque, il parle avec la maîtresse de maison, il semble ne connaître personne à part elle. Il ne danse pas vraiment, sauf au refrain où il se met à sautiller la main en l’air. Il est beau. Je sais qu’il me regarde de temps en temps. Il y a beaucoup de monde entre nous mais le rapprochement va avoir lieu sous peu. On se frôle, on s’emmêle, on s’excuse autour du buffet (il se sert du fromage, moi de la salade de fruit). Je sais qu’au prochain round on entamera la conversation. J’entrevois les possibles. Mais je m’enfuis comme une voleuse, tout me paraît trop compliqué, il est probablement un peu plus jeune que moi, probablement sans enfant, pourquoi je pense à ça, le simple fait de faire connaissance me paraît insurmontable. Je rentre seule par le dernier métro.
Évidemment je rêve de toi. Une sorte de compétition sportive, avec des épreuves successives. Il y a un contact physique entre nous, on se serre l’un contre l’autre, un moment très tendre, une douce chaleur qui persiste après le réveil. Le rêve s’achève sur l’image d’un train par lequel tu pars.

20 juillet 2015. J'ai pris quelques kilos depuis que j'ai arrêté de fumer en décembre dernier. Je décide de ne plus prendre le bus pour faire un minimum d’exercice. Comme chaque fois que j’emprunte la rue Adolphe Adam je me souviens de ce soir d'été où tu avais pissé à l’abri d’une des alvéoles.

Juillet 2015. Les premières pages de Standard de Nina Bouraoui me font penser à toi. Tu ne trouverais pas ça flatteur. Le personnage est handicapé avec les femmes et il n'aime pas leur odeur. Il ne te ressemble pas spécialement mais souvent il suffit d'un détail. Même les programmes télévisés peuvent me ramener à toi. Une diffusion de Paris Texas, un match de rugby. Il y a une émission sur les volcans samedi prochain sur Arte, je me demande si tu le sais et si ça t'a fait penser à moi.

28 juillet 2015. Rêve de fin de nuit transcrit au réveil. Tu es torse nu. Il y a un petit animal dans les parages, sans doute un chat : c'est pourquoi je te serre dans mes bras, je te dis « ne t'inquiète pas ». Tu me serres en retour pour me montrer que tu ne t'inquiètes pas et que tu t'excuses d'avoir pu paraître inquiet. Tu enfiles une chemise grise et pendant que tu ajustes le col, je peux lire sur un morceau de papier qui te sert de pense-bête « déposer chèque Espagne à son père ». Je comprends que cet été tu pars en vacances en Espagne, cela m'attriste.
Puis je te cherche, dans le noir, je ne parviens pas à allumer les lumières. Lorsque tu réapparais je te dis que je croyais qu'il n'y avait plus d'électricité. Je pensais qu'on déjeunerait à la maison mais, malgré le crustacé en train de cuire, on va au restaurant, probablement pour marquer le fait qu'on ne va pas se voir pendant longtemps. On se serre à nouveau. Beaucoup de monde au restaurant, on se dit que c'est l'heure de pointe.
Brève auto-analyse. Comme souvent dans mes rêves le chat représente mon désir, pas seulement sexuel. Mon inconscient me dit que ce que je voulais être et faire avec toi n'avait rien d'effrayant ni de monstrueux. Toujours cette interrogation : qu'est-ce que j'ai fait de mal. Réponse rassurante : rien. La symbolique « je vis dans les ténèbres lorsque tu n'es pas là » me fait rire autant qu'elle me désole, j'ai du mal avec ce qui a été interrompu, je ne trouve pas les interrupteurs, je veux rallumer la flamme...pff si j'en suis réellement là, la route est encore longue. Plusieurs éléments (chemise, pense-bête, restaurant) me font penser qu'il est aussi question de mon père dans ce rêve. Pour finir, quid de ce crustacé (beaucoup de pattes, une sorte d'araignée de mer) ?

4 août 2015. Un rêve dont il ne me reste qu'une impression un peu floue. Un sexe en érection qui pourrait être le tien. Jusqu'à quand vas-tu imprégner les personnages d'homme dont je rêve ?

Ma mère repart en Sicile en septembre. Elle aurait besoin du guide que tu avais prêté à ma sœur. Malaise quand elle se rend compte qu'il n'était pas à moi et que je n'y ai plus accès. Alors même qu'on n'a jamais vraiment parlé de toi, tu deviens un sujet tabou.

Août 2015. Je rêve de toi un jour sur deux en moyenne : tu me dis que tu m'aimes, nous avons un rapport sexuel, tu m'appelles ma puce (pour celui-là je pense que c'est lié au fait que mademoiselle A. a chopé des poux). Quand cesseras-tu de me hanter ? Je me pose cette question dans la caravane où je passe quelques jours. Et je me rends compte, en écrivant ces lignes à la rentrée, que je me la posais déjà avant de partir en vacances. On dirait bien que je stagne.

22 août 2015. Le message que tu m'as envoyé pour mon anniversaire à propos de ma nouvelle adresse : je te reconnais bien là, dans cette manie de stalker les gens. Je crois que si tu n'avais rien envoyé, j'aurais été déçue. Je prends un plaisir mauvais à ne pas te répondre. Je pleure longtemps avant de m'endormir.

9 septembre 2015. Je suis étonnée qu'il y ait autant de monde au concert de Sufjan Stevens, j'en oublie de penser à ta présence éventuelle. La nuit je rêve de ton sexe qui grossit dans ma main.

12 septembre 2015. Je pense beaucoup à ton anniversaire la semaine qui précède mais bizarrement, le jour même c'est Facebook qui me le rappelle puisque c'est aussi celui de G. Je ne t'envoie pas de message, ça ne me paraît pas avoir de sens. C'est aussi pour me prémunir contre l'espoir, plus ou moins inconscient, de renouer une quelconque forme de relation. Je sais que même un échange banal de SMS peut relancer ma machine qui a bien trop tourné à vide avant que je ne finisse par dire stop.
La nuit je rêve, pour changer, qu'on se retrouve. Je te demande : Alors quoi de neuf depuis le mois de...et on achève en cœur (en cœur ! Ah ah)...novembre. Tu réponds que tu as une voiture. Comme souvent dans ces rêves de retrouvailles, l'étreinte est douce et apaisante. Quel soulag ! Au réveil la sensation persiste et je mets un moment à prendre conscience que ce n'était qu'un rêve. Le soulag se transforme en déception jusqu'à ce que je me souvienne que l'histoire ne fonctionnait pas. Je trouve complètement dingue qu'il me faille, encore et encore, refaire ce cheminement, me convaincre, encore et encore, que ce n'était pas possible entre nous. Mais c'est dur parce que même si de façon rationnelle je pouvais voir tout ce qui n'allait pas et qui ne changerait probablement jamais, au fond de moi je n'avais tellement pas envie que ça s'arrête que j'ai dû me faire violence. Et d'une certaine façon je suis encore sous le choc. Merde alors.

22 septembre 2015. Je rêve de toi encore. Mais cette fois c'est différent, c'est un règlement de compte. J'énumère les faits, je veux comprendre, tu n'as pas été sincère et je finis par te traiter de connard. Au réveil je suis bien. Probablement parce que ce rêve m'a permis de te dire que je ne suis pas dupe, que tu m'as prise pour une conne mais que c'est toi le connard. Ah ah. On dit que la colère est une phase du deuil. J'espère.

lundi 5 janvier 2015

♫ Beautiful like diamonds in the sky ♫

Bonne année, comme on dit.

J'ai commencé 2015 dans une voiture qui me ramenait chez moi, ivre et en larmes. Pourquoi ? Je ne me le rappelle absolument pas...Enfin si, ivre, je sais : champagne, vin, whisky, truc mousseux qui n'est pas du champagne et qui fait mal à la tête...Bref, ivre, pas de problème. Mais en larmes ? Je me lamentais probablement sur mon sort, l'alcool ayant le pouvoir gênant de décupler l'auto-apitoiement tout en réduisant l'auto-dérision.

Puis j'ai vomi. Toujours dans la voiture, oui. Autant te dire que l'année commençait bien.
Aussi bien que l'année précédente s'était achevée, si tu veux bien prendre en considération que

- je me suis finalement séparée de E. début novembre. Plus de deux ans de "ça s'en va et ça revient", avec E. dans le rôle du meneur de danse et moi dans le rôle de la conne amoureuse qui se fait prendre, puis jeter, puis reprendre, puis rejeter, jusqu'à ce qu'elle dise STOP, la conne amoureuse, qui, à force, est plus tellement amoureuse (conne, ça, bon). Et moi quand je dis stop, c'est stop, je ne reviens pas trois mois après, la fleur au fusil. Ça n'a pas empêché monsieur de m'envoyer un beau cadeau de fin d'année avec ses pensées affectueuses. Ça m'énerve encore plus ! Tu crois pas qu'il pourrait être aigri que je le quitte ? (tu parles, il doit s'en réjouir). Non, monsieur n'est pas rancunier, il me souhaite sans doute de trouver l'amour et le bonheur dans les bras d'un autre, il m'en veut tellement pas qu'il me fait un cadeau ; mais merde ! y en a marre des gens altruistes !

- j'ai enchaîné les maladies, bénignes certes, mais affaiblissantes : angines (plusieurs oui), extinction de voix, rhume, suspicion de tendinite/canal carpien (au final aucun des deux mais quelle douleur putain), toux chronique alors même que j'ai arrêté de fumer. Ben ouais, 4 jours à 40 de fièvre et sans clope, je me suis dit que c'était con de replonger. Donc depuis le 3 décembre, je n'ai pas fumé (à la réflexion, il se peut que j'aie tiré une ou deux lattes le 31 décembre, ce qui pourrait expliquer pourquoi j'ai vomi) (tu noteras que pas une seconde je ne songe à mettre l'alcool en cause). Le manque ne se fait pas sentir. Je suis juste obsédée par le fait que je vais inévitablement prendre du poids et j'ai beau avoir éradiqué les frites à la cantine (aliment principal de mon alimentation jusqu'ici) et promu les fruits au rang de dessert (fruits que jusqu'alors je ne destinais qu'à mademoiselle A), j'ai beau essayé de faire gaffe, je sais que je vais grossir, tout le monde grossit après l'arrêt de la clope, y a pas de raison que j'y échappe putain de merde.

- j'ai passé Noël en famille et ça n'a pas été plein d'amour et de chaleur, au contraire. Celle qui était là (ma mère) s'est montrée d'une délicatesse rare (en gros elle préfère ma sœur et elle n'a pas peur de le dire haut et fort) (c'est marrant, je m'en doutais un peu) ; celui qui n'était pas là (mon père) n'a pas pris de nouvelles, ni de moi, ni de sa petite fille, depuis plus d'un an...(alors tu me diras : et toi ? pourquoi tu prends pas de ses nouvelles ? tu es sa fille après tout, tu lui dois le respect et toute la merde. Ouais eh ben moi je te dis que la dernière fois qu'il m'a parlé au téléphone, il y a déjà de longs mois, c'était pour me dire que oh pardon il s'était trompé de numéro, c'est pas moi qu'il voulait joindre. Alors qu'on me laisse tranquille avec mon père ok ?). La seule personne de ma famille que j'aime (mademoiselle A) était loin de moi avec son père puisque c'était son tour cette année.

- pendant les 2 semaines de congés de fin d'année, j'ai beaucoup regardé la télé, vautrée sur mon canapé, et j'ai pris conscience comme jamais de ma solitude. Le pire c'est que j'ai même pas envie de voir du monde.

Voilà le beau bilan. Pas de mec, santé défaillante, famille et amis aux abonnés absents.

Tu m'étonnes que je déprime. Et en plus je deviens insomniaque. On aura tout vu.

mercredi 11 juin 2014

♫ They can give me pills or let me drink my fill, the heart want to explode far away where nobody knows ♫

Bon allez viens, que je t'explique un peu.

Il se trouve qu'avec E. on s'est séparé. Encore. Ouais. J'avais eu l'outrecuidance de mettre sur la table les projets pour les vacances d'été. Après une longue stratégie d'évitement, où on se voyait un jour sur deux, chez moi le plus souvent mais aussi chez lui, sans que jamais il n'aborde le sujet, j'ai mis les pieds dans le plat (que j'avais mis sur la table) et on s'est séparé. Ça m'a soulagée. Au début. L'après-midi même, je suis allée voir Les chiens errants (au cinéma), 3 heures, 4 plans fixes (j'exagère à peine), exactement ce qu'il me fallait (j'exagère pas du tout, j'ai adoré).

Le soir même : Bonsoir Ada, comment vas-tu ? SMS de Titus, t'y crois à ça ? Pas de nouvelles depuis plus d'un an et bim, le jour où ça clashe avec E., il se manifeste. On se voit la semaine qui suit, il est célibataire. Bien bien bien. Sauf que j'ai pas envie. Car E. occupe toujours mes pensées. Titus me recontacte assez vite, je ne donne pas suite. C'est con, je me dis, cette fois, avec Titus, on est synchro, on est dispo, il est toujours aussi motivé...Mais je peux pas, je veux pas, j'y arrive pas. Ben ouais, c'est con.

Je pose une semaine de congés pour déconnecter de toute cette merde et profiter du soleil du sud. Je suis tout de même obligée de consulter ma messagerie professionnelle pour des raisons qui ne t'intéressent absolument pas et j'y trouve, notamment, un mail de E. qui dit : Désolé d'interférer ainsi dans ce qui semble être une semaine de vacances, mais il est urgent que tu reviennes mettre un peu de etc etc...Évidemment en bonne férue de psychanalyse sauvage et apprivoisée, seule me saute aux yeux la locution IL EST URGENT QUE TU REVIENNES (sauf que c'est plutôt lui qui m'a quittée, je précise).

Au cours de ces vacances, mademoiselle A. (mon enfant, tu te souviens ? 3 ans et toutes ses dents de lait) se surpasse en vocabulaire et autres trouvailles (maman, t'as oublié de mettre ta ceinturité avant de démarrer ; maman, est-ce que ça leur fait mal leurs bosses aux chameaux ? ; maman, moi aussi je voudrais avoir des poils ; maman, j'enlève ma culotte, je préfère rester en sexe).

Un soir tard, SMS de E. : Heureux et soulagé pour toi ! J'espère pouvoir trinquer bientôt en ta compagnie. C'est ainsi que j'apprends que j'ai obtenu ma mutation, ce que je vérifie dès le lendemain par des voies plus officielles. Lors de notre séparation, E. m'avait proposé qu'on fasse un break plus ou moins long avant de se retrouver dans une relation, je cite, désexualisée. J'avais dit non. Il avait compris, bien que trouvant ça complètement dingue (genre lui il reste ami avec ses ex, tu vois, quel homme fort et intelligent) (eh ben moi non), mais ça lui était déjà arrivé et il comprenait. Et voilà que j'ai ma mutation, que nous ne travaillerons bientôt plus ensemble, que le lien va définitivement se rompre et qu'il reprend contact ! Il comprend rien ou quoi ? Il fait exprès ? Il tente le passage en force ? Je zappe et tente d'oublier en dansant et en buvant du punch vanille dans la petite ville où je suis en villégiature.

De retour à Paris, un colis m'attend à la Poste, c'est un livre accompagné d'un mot de E. qui dit : Bla bla bla et REVIENS-NOUS souriante et bla bla bla. Le jour où je reprends le taff, E. se pointe opportunément au moment d'un départ groupé vers la cantine et on se retrouve à la même table, il rit à mes blagues, nos bras se frôlent, c'est électrique mais on prend l'air de rien, il annonce à la cantonade qu'il a fait un rêve, ouh là là, mais qu'il me racontera, à moi, juste à moi, non il n'en dira pas plus là tout de suite maintenant, pas la peine d'insister fait-il comprendre aux collègues intrigués. Le soir, mademoiselle A. étant chez son père, je me fais un ciné. Lorsque j'en sors, mon téléphone affiche une proposition d'apéro dont l'auteur n'est autre que...E. Je réponds juste : Je sors du ciné...histoire de justifier le délai de réponse. Qu'à cela ne tienne, il est encore dispo. Autant te dire que j'hésite, que je fume ma clope nerveusement, que je me dis que je ne sais pas quoi faire, avant de finalement accepter. Allez, d'accord, il a gagné, on va le boire ce verre en l'honneur de ma mutation, je peux même jouer la fille parfaitement détachée. Tu connais, je suis sûre, ce genre de situation : tu sais que c'est une connerie mais tu peux pas t'empêcher de la faire...(histoire de ma vie). Bref, on se retrouve au bar, on se raconte des choses très intimes sur nos fonctionnements personnels et on finit dans mon lit. Le lendemain je me dis que c'est un accident, on était soul.

Quelques jours plus tard, il me propose un concert, il devait y aller avec un pote mais finalement il est seul, il a une place, ça me dit ? Le concert, c'est une demoiselle que j'aime beaucoup, j'avais même hésiter à prendre une place mais je voulais pas croiser E. Et puis moi, ce soir-là j'ai rendez-vous avec le charmant charmeur chilien, qui me fait bien sentir son érection contre ma cuisse au comptoir et qui m'accompagne ensuite à pied, en cherchant tous les porches, tous les halls, tous les recoins qui nous permettent d'échanger des baisers et des caresses...le charmant charmeur chilien qui m'accompagne, donc, jusque dans le quartier où a lieu le concert (car à l'heure fatidique où je devais donner une réponse à E. avant qu'il ne propose la place à quelqu'un d'autre, j'ai dit : oui) (toutes les conneries elles sont pour moi, je te dis, j'en rate pas une). On finit chez E. et il propose qu'on organise un apéro avec les collègues la semaine d'après pour fêter nos mutations (oui, E. aussi va changer d'établissement). Et allez, je dis : oui.

L'apéro avec les collègues se passe bien, ils s'en vont, on se retrouve E. et moi, le patron paye son coup et on va se coucher (dans le même lit) (c'est plus vraiment un accident là, si ?) (remarque, on était soul). Le surlendemain, E. me propose un autre concert qui a lieu deux semaines après (genre on planifie, ta ta tan). Je dis : oui (y a plus de suspens).

Samedi dernier, je décide que j'ai plus l'âge de jouer la fille détachée et je lui demande s'il est dispo le soir. A priori non, il a un anniversaire l'après-midi, qui risque de durer, il m'en dit plus à 16h. À 16h, il confirme, c'est mort pour le soir. Je me retrouve sur la terrasse de la piste de danse, au soleil, avec Titus qui va a un concert vers 21h, il a deux places, ça me dirait de l'accompagner ? (mais qu'est-ce qu'ils ont tous, avec les concerts ?) Je réserve ma réponse, j'aviserai au dernier moment. 19h, SMS de E. qui est finalement libéré de ses obligations et qui m'invite chez lui. Je dis : OUI.

Je soupire, moi aussi, tu sais, je soupire...

Je passe sur le fait qu'un soir tard (au petit matin plus précisément) j'ai dormi sur le canapé-lit d'un pote, en compagnie de l'Écrivain (caresses très chastes, mais caresses...).

Tout cela ne mène à rien.

jeudi 1 mai 2014

Bilan d'étape

Sur la période janvier-avril 2014
32 livres lus
32 films vus
(égalité parfaite, dingue !)
2 partenaires sexuels


Si vous connaissez un homme intelligent, drôle, plutôt beau, pas trop pauvre, qui pourrait me plaire et tomber amoureux de moi...ne me le présentez pas, j'aimerais le rencontrer par hasard.


jeudi 16 janvier 2014

♫ Thought it was impossible to live and love like you ♫

Avec E. on s'est séparé. C'était en août, dans ces eaux-là. J'étais raisonnablement triste.

Un soir, je ne sais pas d'où je sortais, j'ai remis les pieds sur la piste de danse. C'était un soir de semaine, il n'y avait pas grand monde. J'ai offert des clopes à un jeune comédien, en échange il m'a payé des coups. On a parlé de théâtre, puis il est parti. J'étais au comptoir, à siroter le planteur du patron. Je me faisais dragouiller par un homme qui carburait au whisky. Le quatuor qui squattait la terrasse a fini par rentrer et a demandé s'ils pouvaient s'installer dans la salle du fond pour répéter quelques morceaux. Une guitare, un trombone, une trompette et une voix. La trompette était de dos, je voyais son chignon, je croyais que c'était une fille. Mais non. Nous avons poursuivi la soirée chez l'homme au whisky. La trompette m'a embrassée sur le canapé et je l'ai ramené chez moi. 15 ans de moins que moi, érection permanente, une bonne affaire.

Un autre soir, toujours sur la piste de danse. J'étais sur le point de partir quand un grand néo-zélandais londonien m'a interceptée. Il ne parlait qu'anglais. Il m'a pris dans ses bras et m'a fait tournoyer sur la piste. Je l'ai ramené chez moi. Le taximan a trouvé que je parlais bien anglais, c'est juste que j'étais soule. Le grand néo-zélandais londonien a acheté de la vodka mais nous n'avons pas eu le temps de la boire. J'ai aimé ses Oh yeah et nous entendre faire l'amour en anglais.

À plusieurs reprises, E. m'a sollicitée, pour qu'on parle. Je n'en voyais pas l'utilité. Un samedi il a insisté : Tu voudrais pas qu'on parle ? il ne pourrait en sortir que du bien. Je ne sais pas pourquoi, cette fois-là j'ai accepté. On s'est retrouvé dans le bar qui sert de prélude à la piste de danse. Persuadée qu'il voulait renouer des liens purement amicaux, je m'étais préparée à les lui refuser (il était trop tôt) (ou trop tard). Il a dit qu'il avait rarement eu ce genre de relation privilégiée avec une fille, ce genre de complicité, ce genre de jeu de séduction. Il a dit qu'il ne voulait pas me perdre. On a marché, j'ai pleuré, il m'a embrassée.

Avec E. on s'est réconcilié. C'était en octobre, dans ces eaux-là.

mardi 5 novembre 2013

♫ Here is my lover ♫

Je reviens...peut-être...bientôt....
Here is my lover
Though i haven't met her
I long for her arms
and i wish she was here;

a voice is my prayer
she says i'm not alone
i'm safe from all hard
and free from all fear

[we're holding a blessing
we're holding a monument
holding and kissing
feels like a million]


Here is my brother
from a different father
and a different mother
but my brother all the same

we're here on a journey
unlike any other
but when we're together
life goes as [?]
[chorus]


Your name sounds southern
but you like the north
i'm trying to be gentle
but i've way too much force (?)

you wish you had silver
and you wish you had gold
you wish you had someone
to have and to hold

[chorus]

vendredi 3 mai 2013

♫ And I wonder how many dreams have gone bad ♫

Alors oui, plus de deux mois de silence. Pas vraiment par manque de temps en plus. C'est plutôt la difficulté de raconter les choses sans prendre le risque de se faire démasquer par E. Sans être un fanatique de l'Internet en général et des blogs en particulier, il est tout de même habile de sa souris et je n'aimerais pas qu'il arrive ici en tapant "j'ai introduit un concombre dans l'intimité de ma copine" (et même une courgette. Et une banane aussi) (on baise écolo). Donc bon, à part choisir avec soin nos primeurs, en les soupesant du regard, en les tâtant tout du long et en pensant l'un à l'autre, on s'envoie en l'air et beaucoup de SMS ainsi que quelques MMS de nos parties charnues et/ou érectiles. L'inconvénient c'est qu'on travaille au même endroit, et même si la configuration du bâtiment fait qu'on n'est pas amené à se croiser très souvent (il fait cependant des incursions courtes mais régulières dans mon bureau), comme nous avons décidé d'un commun accord de ne pas afficher notre relation aux yeux de nos collègues, on tient une position un peu schizophrénique et délicate (par exemple, arriver vers 9h et avoir l'air de rien, comme si on n'était pas du tout en train de faire l'amour une heure avant, tenter de penser à autre chose, s'envoyer des messages de braise, du genre "enlève ta culotte", se retrouver dans le petit recoin du sous-sol pour qu'il vérifie qu'effectivement je suis nue sous ma jupe, en repartir très frustrés car il y a quand même du passage dans ce sous-sol, attendre le soir et se sauter dessus dès que possible). On ne se voit pas tous les jours, et ça nous convient très bien, mais nous sommes indéniablement liés (moi je pense à lui (presque) tout le temps). Parfois on va au cinéma, parfois on va boire des coups avec des potes, parfois on se fait un petit concert. Parfois il me fait des bons petits plats. Parfois je lis pendant qu'il regarde le match. Parfois on passe le dimanche au lit, on se lève pour manger un peu, et on y retourne et les draps s'en souviennent. Parfois j'ai l'impression qu'il est très amoureux de moi (moi n'en parlons pas). Enfin c'est cool tu vois. Je n'ai pas du tout envie d'autres hommes, même pas le charmant charmeur chilien avec qui j'ai dormi très chastement la dernière fois. Parfois je vois très loin avec E. (pour l'instant on a prévu des vacances d'été ensemble). Parfois j'ai peur parce que je ne voudrais pas que ça s'arrête (mais la peur n'élimine pas le danger, je sais), parce que je me dis qu'un jour il voudra peut-être un enfant et que je ne serai plus opérationnelle (et ma copine me dit que dans ce cas-là on fera autrement). Et là je me dis que ce blog c'est plus ce que c'était quand même.

mardi 19 février 2013

♫ Le ciel c'était l'horizon ♫

Mademoiselle A est partie une quinzaine de jours aux Antilles avec son père. Son absence et mes disponibilités plus souples ont contribué à beaucoup nous rapprocher E. et moi. Nous avons mis chacun un pied dans la sphère amicale de l'autre. Nous avons passés un week-end en province qui, j'ai l'impression, nous a fait basculer davantage. Nous étions chez un bon pote à moi, avec qui je faisais la fête du temps pas si lointain où je fréquentais une école nationale supérieure. Il nous a sortis dans tous les bons endroits de sa ville, nous a faits rencontrer toute une troupe de gens très chaleureux. E. et moi avons été perçus d'emblée comme un couple établi. La jeune femme qui nous a rejoints en terrasse le dimanche vers 14h, après avoir dit Oh ben ça fait bizarre de revoir les gens le lendemain alors que la veille tout le monde était mort bourré (et là tu te dis, oh oui putain, j'étais bien bien dans le cosmos, parce que moi je ne me rappelle même pas qu'on s'est déjà vu...) nous a présentés à son ami : Voilà Ada et son époux E., un couple magnifique bla bla bla. Nous en avons ri et E. n'a plus cessé de la journée de m'appeler Madame mon épouse. Déjà dans le train à l'aller, nous nous étions rapprochés physiquement (mais discrètement) comme jamais auparavant, nous qui d'ordinaire n'avons aucun contact tactile en public. Nous nous sommes dits des choses qui signifient qu'on tient l'un à l'autre. Nous nous manifestons une tendresse gestuelle et verbale tout en retenue, une bienveillance attentive. C'est très bon. Y a juste un truc que j'ai du mal à analyser : ma consommation de cigarettes ne cesse d'augmenter.

mardi 22 janvier 2013

♫ Someday we will foresee obstacles ♫

Très vite.

La partie carrée : tout cela me paraît si loin maintenant. Qu’en dire ? La petite japonaise était belle et très focalisée sur moi, ce qui n’était pas pour déplaire à Titus et à l’homme qui sent bon. Je ne revois plus cette clique (cela dit sans connotation péjorative) depuis plusieurs semaines.

L’agression : Huggy les bons tuyaux et Big Boss sont revenus chez moi. Je me suis refusée au Boss. Il n’a pas supporté la frustration. J’en ai récolté des bleus sur les bras et sur la fesse droite et quelques courbatures (Huggy s’est interposé un peu tardivement). Plus de peur que de mal mais beaucoup de peur suivie d’une bonne angine, une semaine d’arrêt de travail, petite déprime. E. a été très investi dans la mise en place d’une cellule post-traumatique. SMS drôles tout au long des journées où je ne travaillais pas, visites à domicile, préparation de petits plats, grasse matinée douce.

E. : Il m’a offert un cadeau de Noël au retour de ses vacances et il a pris les devants, merci à lui (je ne sais pas pourquoi, je n’ai jamais été aussi en retenue avec un homme qui me plaît. Peur d’aller trop vite, peur de l’échec, grosse claque de sortie de couple mal cicatrisée)
– Mais qu’est-ce que je suis pour toi exactement ? Moi au départ je me suis dit Ada, c’est une fille qui croque la vie à pleine dents, qui se prend pas la tête, qui papillonne…entre nous c’est une sorte d’amitié érotique mais elle ne souhaite rien de plus malheureusement.
– Alors je crois qu’il y a un énorme malentendu.
Je lui ai dit comment je m’étais rapprochée de S. pour l’atteindre, comment j’avais parfois organisé mon travail pour le croiser le plus possible. Il en a été très touché. Il m’a dit combien il pouvait être jaloux de ce qu’il imaginait, à tort ou à raison. Le lendemain pour la première fois, au moment de se quitter, on s’est embrassé sur la bouche, comme un pacte.
Nous faisons l’amour avec amour.
Guimauve, je me tais.

vendredi 14 décembre 2012

Teasing

Il s'est passé des trucs de folie, douce et furieuse.
Je sais pas par quoi commencer, aide-moi (je préviens, je ne reviens pas tant que tous les lecteurs du blog ne se sont pas manifestés (ça devrait être vite fait)).

Si tu veux d'abord la partie carrée featuring Titus, l'homme qui sent bon, une jeune Japonaise et moi-même, tape 1.

Si tu veux d'abord l'agression à domicile, tape-moi.

(Y a E. aussi mais c'est moi qui me le tape)

J'attends.

jeudi 22 novembre 2012

Insère ici un impromptu de Schubert

La veille de l’anniversaire de S., E. m’invitait à boire un verre en vitesse à la sortie du travail et comme lui précédemment, j’exprimais le regret de devoir décliner, par obligation maternelle.

Le lendemain je le précédais de quelques minutes dans le bar où S. réunissait ses nombreux amis. À son arrivée, E. s’asseyait près de moi pour s’enquérir de ma journée et discuter d’un documentaire que nous avions vu séparément et aimé unanimement. Les commandes tardaient, je voulais fumer une cigarette, il disait Si tu permets je vais t’accompagner (il ne fume pas). Au cours de la soirée, nous nous éloignions très peu l’un de l’autre, je discutais beaucoup avec un ami commun à E. et S. déjà rencontré à l’occasion d’une sortie foot en bar. S. proposait de poursuivre en plus petit comité jusqu’au bout de la nuit, E. m’interrogeait du regard, nous décidions de rentrer chez lui. Nous restions sous sa couette une bonne partie du dimanche, l’un sur l’autre et vice-versa. Il murmurait T’as un cul diabolique.

Le mercredi suivant nous nous retrouvions dans une baignoire de théâtre à beaucoup rire, puis au comptoir d’un bar, puis à nouveau dans son lit. Cette fois nous ne nous touchions pas mais parlions parlions parlions, à tour de rôle, en écho l’un de l’autre, de nos vies amoureuses passées et d’autres choses que j’ai oubliées. Il restait 3 heures avant le lever pour aller travailler. Nous dormions très peu, il préparait un petit déjeuner, enfourchait son vélo tandis que je me dirigeais vers le métro.

Samedi dernier je lui proposais de le rejoindre chez lui après un dîner chez des amis habitant dans son quartier. Il voulait. J’arrivais vers 23h30, il avait regardé le match de rugby, avait l’air reposé et moi pour une fois pas trop soule. Nous nous mettions au lit pour de longues heures à faire l’amour entrecoupées de temps de sommeil récupérateur. Il travaillait longuement mon corps avant notre première sodomie (oh !) si douce, si tendre et si ardente ; sa main en coupe soutenant légèrement ma tête m’émouvait très fort. Il m’accompagnait à l’arrêt de bus en milieu d’après-midi, m’envoyait des SMS Je pense que mon chauffage s’est arrêté car une source de chaleur exogène a perturbé mon thermostat. Je répondais : je pense que tu étais partie prenante, tu activais les bonnes touches. Le soir même nous échangions encore quelques SMS pendant que j’assistais à un concert de punk hardcore, et notamment : J’ai en persistance rétinienne des scènes de ce dimanche matin. Tôt lundi matin mon téléphone affichait Ne cherche pas ta bague et plus tard par mail : J’ai dissimulé ta bague dans une anfractuosité de mon corps, seule ta langue pourra l’en déloger.

Hier soir nous buvions quelques bières au comptoir d’un bar proche de notre lieu de travail (il sortait avec moi chaque fois que je voulais fumer), avant d’aller dîner chez lui, s’endormir dans les bras l’un de l’autre, se réveiller sous nos caresses mutuelles, faire l’amour, dormir vraiment. Ce matin nous prenions ensemble : 1) un petit déjeuner 2) le métro 3) le bus, direction travail.

Ce week-end nous ne nous verrons pas je crois. Ce n’est pas un problème. Nous continuons à nous faire la bise comme deux amis. Ce n’est pas un problème. Nos bouches se rapprochent. Nos esprits aussi. Nous échangeons par mail des articles de journaux, des liens, qui nous font penser l’un à l’autre. Je ne sais toujours pas s’il est amoureux de moi mais ce n’est pas un problème. Il y a entre nous un lien qui nous fait du bien.

La semaine prochaine nous irons admirer les toiles lumineuses de Hopper.

mercredi 7 novembre 2012

♫ Skies above can't be stormy, since that moment of bliss, that thrilling kiss ♫

E. est arrivé alors que j’étais au téléphone avec le père de mademoiselle A. Il a mis les bières au frais, a posé la bouteille de vin sur la table de la cuisine (chaque fois que je viens chez toi j’amène une bouteille de vin et chaque fois j’oublie de la sortir de mon sac et je me la trimballe toute la journée qui suit, aujourd’hui je n’oublie pas), a retiré sa veste et son écharpe, a frappé à la porte des toilettes afin de s’assurer qu’elles étaient libres, en est ressorti peu après pour se servir une bière qu’il a ouvert avec le briquet traînant sur la table basse. Il s’est assis sur le canapé.

Je l’ai rejoint et comme d’habitude je ne sais plus comment nous avons entamé la conversation. Il s’est levé plusieurs fois pour se réapprovisionner en bière – j’étais au whisky. Il est retourné aux toilettes, son téléphone a sonné, il a fini la discussion dans le couloir de l’entrée, appuyant sur le mauvais interrupteur. J’ai dit Hey tu as éteint la lumière. Il a dit en souriant Non non je suis pas chez ma sœur…J’ai fumé à la fenêtre, je l’ai vu regarder ma jupe. Il devait être minuit passé quand nos mains se sont touchées. Il a de grandes mains douces, fines et soignées. Il est passé au whisky. À 4h22 il m’a demandé de l’appeler pour repérer son portable, il s’est déshabillé pour me rejoindre dans le lit.

Je ne sais plus ce que nous avons fait avant de nous endormir. Je me souviens parfaitement en revanche de la grasse matinée crapuleuse qui a suivi. C’est un peu notre spécialité les grasses matinées longues et crapuleuses. Il était derrière moi, les mains enserrant ma poitrine, il avait le souffle court, il a soupiré T’as les seins qui gonflent, puis Je veux pas jouir tout de suite. À 13h30 je me suis levée pour prendre une douche et préparer un petit déjeuner. Je ne savais pas exactement à quelle heure il me faudrait récupérer mademoiselle A. Il n’avait pas de programme défini et j’ai eu l’impression qu’il avait envie de rester mais qu’il craignait de déranger. Au moment de son départ je lui ai machinalement tendu la joue et j’ai eu l’impression qu’il aurait aimé un vrai baiser.

Je suis allée voir Amour, puis J’enrage de son absence. J’ai beaucoup pleuré (pendant et après).

Titus m’a retrouvée dans le bar à côté du cinéma, nous avons dîné tardivement en partageant un tournedos saignant et moelleux. Nous sommes allés dans le bar un peu plus loin, celui qui sert de préambule à la piste de danse. J’ai dansé, bu, acheté de la coke à l’homme qui sent bon.  Chez moi j’ai fait plein de blind tests à Titus qui à  aucun moment n’a perdu patience, j’ai accepté que l’on baise aux alentours de 8h30 en lui disant Ah ouais c’est pas mal comme descente, ça c’est un bon moment. Il a répondu Avec toi tous les moments sont bons. Et je me suis dit que ce serait tellement plus simple si j’étais amoureuse de lui. On a dormi trois heures, je me suis levée pour prendre une douche et préparer un petit déjeuner. J’ai été soulagée que Titus comprenne assez vite que je n’avais pas envie de passer l’après-midi avec lui.

J’ai proposé à E. qu’on se voie ce soir, il ne peut pas, tu t’en doutes, mais pour la première fois il exprime un ressenti dans sa réponse Ça aurait été avec joie (quelle joie que cette potentielle joie !) et il m’invite à dormir chez lui samedi après l’anniversaire de S.

mardi 30 octobre 2012

♫ Soyons sérieux, disons le mot, c'est même plus un cerveau, c'est comme de la sauce blanche ♫

J’avais cru Titus découragé par mes réponses espacées et peu enthousiastes, c’était mal le connaître. Après quelques jours de pause, il était reparti de plus belle, me racontant les petites choses de son quotidien, m’envoyant des messages aux moments clés du mien – par exemple : Ton week-end commence vraiment, alors que je venais de déposer mademoiselle A chez son père – montrant avec empathie qu’il se souvenait parfaitement de tout ce qui me concernait.

Ce n’était pas facile d’être amoureuse de E. car il était doté d’un jet très puissant. Un jet de douche écossaise je veux dire. Passant de plusieurs mails par jour, au point que nos échanges relevaient plus du chat que de la messagerie électronique, à quelques mots laconiques. Soufflant le chaud, à base d’allusions sexuelles toujours drôles, et le froid, à base de J’ai piscine en réponse à des propositions de rendez-vous. Je croyais comprendre qu’en tant que célibataire amateur de musique, d’art et de sports, E. avait un agenda culturel bien rempli qui laissait peu de place à une vie, sans même parler de sentimentale, ne serait-ce que sexuelle. Une fois par semaine mais pas deux. Cela ne tombait pas si mal car j’avais moi-même peu de disponibilités. Et je trouvais que les moments d’attente et de montée étaient presque aussi bons que nos retrouvailles. Comme je lui proposai Samedi ? il reproposait Mercredi, en raison d’un tennis dominical, et je trouvais cette solution heureuse, car la perspective, même incertaine (qui savait ce qu’il pouvait bien prévoir de faire en cette Toussaint ?), de se réveiller ensemble et d’avoir un peu de temps, valait bien le report (d’autant que j’avais oublié que je devais avoir mes règles. Je préférais être en accessibilité universelle pour E.).

Ce week-end-là  je prévoyais de ne rien faire, un cinéma, du repos, des choses calmes et non alcoolisées. Mais Titus envoyait un SMS signifiant qu’il espérait vivement me voir très prochainement et je lui proposais de venir prendre un verre à la maison. J’avais mes règles, donc,  et pas envie de lui sexuellement et je pensais que ce serait l’occasion de donner à notre relation une tournure amicale. Après plusieurs verres et beaucoup de musique, il était l’heure d’aller danser, j’étais motivée, Titus suivrait quoi qu’il arrive.

Et puis ça bascule, évidemment.

Brusquement, vers 3h, 4h, je ne sais pas, un homme m’accoste alors que je quitte la piste de danse pour fumer une clope. Hey, tu tapes toi ? Comme je réponds positivement, il enchaîne Viens, on fait le tour du pâté de maison, mets ta main comme ça. Il en verse un peu dans le creux entre mon pouce et mon index, je renifle, c’est cool. En fait ils sont deux, l’espèce d’Huggy les bons tuyaux juvénile, sec et nerveux, qui rabat le gibier,  et son acolyte, plus baraque, plus grave, le boss, celui qui me veut. Ils proposent qu’on continue la soirée chez moi. Par la cocaïne alléchée, j’accepte, à condition que Titus vienne avec nous. Dans mon salon je prends fugacement conscience que c’est n’importe quoi, que j’ai pris des risques inconsidérés, que ça peut être des vrais méchants (Big Boss est en sursis, de combien, pourquoi, il ne développera pas) qui ne me veulent aucun bien, que je suis très conne décidément. Mais on tape, sauf Titus, elle est bonne, Big Boss a pris le contrôle de l’ordinateur à base de gros rap qui tache, il tente une prise de contrôle sur moi-même mais je l’ai déjà briefé, rien à espérer ce soir. J’ai de nouveau des visions sanglantes et comme des petits frissons intérieurs.

Et puis, de façon inattendue, ça rebascule.
Les gars sont passés à Boris Vian, et on danse en tourniquette pour faire la vinaigrette. S’ensuit une  session free style impro à base de Gainsbourg et Dalida…Une espèce de communion surréaliste. Il fait jour depuis longtemps, je dois gérer ma descente avant le retour de mademoiselle A. Big Boss, en descente de MD pour sa part, s’est endormi comme une souche sur le canapé. Je me mets au lit avec Titus pendant qu’Huggy l’insomniaque reste aux commandes. Vers midi Titus se lève pour aller bosser, il met tout le monde dehors selon mes indications, Big Boss prend mon numéro et mon écharpe en otage.