lundi 30 octobre 2006

Hiro S hi M a S mon amour

Samedi soir c'est l'anniversaire de mon pote, dans un bar chaleureux riche en divans moelleux, avec le charmant charmeur chilien aux platines et Ada au mojito. Dimanche on se lève pas trop tard selon la nouvelle heure. On se retrouve devant un steack-frites en guise de petit déj. Vient à passer Phénix, qui s'attable avec nous.

Cris de mouette : il reçoit un texto, de son ex, tu sais celle qui le fait souffrir le martyre, celle qui occupe ses pensées nuit et jour et jour et nuit. J'ai rêvé ou c'est toi que j'ai entendu jouer de la trompette ?

Il faut savoir que Phénix est un peu musicien, en plus d'être légèrement dépressif, mais comme tu vois, c'est compatible. Ce message provoque dans son crâne comme qui dirait une tempête (relis Hugo) tout en lui faisant grand plaisir. S'engage donc une séance de remue-méninges pour formuler une réponse digne de ce nom. Comme on dispose d'un charmant expert en SMS d'amour, d'une Ada représentante du sexe féminin et, à ce titre, coboye volontaire sur les effets bénéfiques ou pas de telle ou telle tournure...et d'un Phénix concerné mais un peu paumé, on y croit ! Attention ça fuse !

Première proposition : "Ouais t'as rêvé !" Variante : "Tu peux toujours rêver !" Sous-variante : "Dans tes rêves !" Ça nous fait rire parce que c'est con, c'est tellement nous, mais c'est pas très sérieux, et je te rappelle que la nana en question ne se manifeste pas si souvent que ça, faut pas se rater. Au bout de longtemps on se met d'accord, mais attends, trois point de suspension c'est bien ? ou c'est mieux un point tout court ? non non, pas de ponctuation, allez : Je joue pour toi tous les jours Si c'est pas un message d'amour tout en finesse...

Cris de mouette : Tu es chez le voisin du dessous ? (j'explique : le voisin du dessous est un partenaire musical de Phénix) Ouais ben elle donne pas vraiment dans le poétique la fille. Tu croyais que tu pouvais la faire planer un peu, vlan elle te ramène tout de suite sur terre. Cependant elle répond du tac au tac, elle...tandis que nous (oui je dis nous, s'agit de réponses collectives, même si elles sont validées en dernière instance par Phénix lui-même) on prend plus de temps. "Oui je suis chez le voisin", mauvais, en plus si elle appelle derrière, elle va entendre le bruit de la rue, trop grillé. Faut speeder avant qu'elle nous échappe. Tant pis si elle veut rester dans le cartésien pragmatique, on enchaîne : Je suis déçu...pas dessous Jeu sur les sonorités reflétant parfaitement l'état d'esprit présent de Phénix, du travail de pro...

Cris de mouette : Où es-tu ? Quand je te dis que c'est pas une marrante...Mais elle mord à l'hameçon puisqu'elle lâche pas l'affaire. Nous non plus. On s'active. Y a divergence. "Je suis celui qui suis", trop mégalo même si connoté "buisson ardent", presque de mauvais goût au final (on adooore) et hors sujet. "Dans ton coeur", ouais bof. "En toi", à double sens pas drôle, trop sexuel. "Je suis où tu veux que je sois", trop long, trop lourd. Allez zou : Où tu veux...Aussitôt suivi d'un : Quand tu veux...Léger, printanier et flatteur.

On respire, on attend. La tension monte. Cris de mouettes : J'ai vraiment cru t'entendre jouer en bas Ah putain c'est une coriace. Elle essaye de clore le truc l'air de rien. Spécialiste en douche froide. Qu'à cela ne tienne. On se laisse pas abattre. "J'ai vraiment cru que tu m'avais répondu", elle risque de pas comprendre étant donné son côté premier degré à toute épreuve. Se taire non, elle est visiblement en quête de communication avec Phénix, même si elle ne veut pas le reconnaître ni se l'avouer à elle-même. Il faut en profiter mais sans qu'il trahisse ses propres pensées et sentiments. "La vie est un rêve", trop impersonnel, trop sentencieux. J'ai vraiment cru que tu pensais à moi Subtilement profond...

Cris de mouettes : Bien sûr que je pense à toi, tu le sais Après quelques tergiversations, Phénix décide de couper là. Comme ça, éventuellement, elle reste en attente d'une réponse. Malgré les éclats de rire, ce brainstorming a été éprouvant pour lui. Il part faire quelques kilomètres de brasse à la piscine du coin. Nous on opte pour le sport en chambre, sieste crapuleuse, figures libres.

Quand on l'invite à nous rejoindre dans le nouveau bar pour l'apéro, il passe en coup de vent nous annoncer qu'il a rendez-vous avec elle pour discuter. On prendrait trop de risque à parier sur un rabibochage, d'autant qu'il n'y est peut-être pas prêt ; cependant, hein, ils vont poser des mots, ce qui vaut toujours mieux que le silence pour avancer, dans un sens ou dans un autre. Tu sais quoi ? On envisage d'ouvrir un bureau d'écrivain public...

vendredi 27 octobre 2006

"Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?"

Tu sais bien que les croyances en tous genres, c'est pas ma flûte de champ. Je suis pas du genre à consulter mon horoscope (bon là tu me crois pas. C'est ton problème), ni à guetter nos camarades de l'espace, ni même à adhérer à une quelconque religion (et si jamais je deviens bouddhiste, range pas ça dans la case Victime de la mode mais plutôt dans Quête des origines (pas du monde banane (et je ne parle pas non plus de Courbet), les miennes) et puis c'est pas tout à fait une religion). Cependant je m'interroge (non ! pas sur le bouddhisme), oui je m'interroge.

Tu n'es pas sans savoir que je squatte pas mal chez le charmant charmeur chilien. Mais quotidiennement je passe un peu de temps, aussi court soit-il, chez moi. Je relève le courrier. Je change de fringues. Je fais le ménage. J'arrose les plantes. Je discute avec les voisins. Je nourris le crocodile. Je sors les poubelles. Bon je n'ai pas dit que la vérité mais ce sont des exemples destinés à t'éclairer, c'est important que toi et moi on soit sur la même longueur d'ondes, j'en ai besoin.

Tu n'ignores pas non plus que j'aime écouter de la musique et que je fume. Et même, peut-être n'as-tu pas envisagé ce cas de figure, des fois je fais les deux simultanément...notamment chez moi, avant de me livrer aux diverses activités susmentionnées, pour m'y encourager...ou bien après, pour m'en reposer. Nonchalamment alanguie sur le sofa, je rêvasse à des choses qui te regardent pas tellement (encore que...il m'est arrivé d'esquisser mentalement une espèce de machin qui finit sous tes yeux), avec dans les oreilles des sons que j'aime.

Dernièrement, un live au Bataclan, Lou Reed-John Cale-Nico cuvée 1972. J'écoute ça avec grand plaisir, puis je me rends compte qu'il est tard, hop j'appuie directement sur Off, comme d'habitude, à la barbare, et je bouge de là.

Quand je reviens le lendemain, je m'empare d'un petit Daniel Darc, je veux éjecter le live de la veille : rien. Enfin rien, le truc s'ouvre et tout mais le CD n'est pas dedans. Je regarde dans le boîtier : rien non plus. Ben oui il me semblait bien que je l'avais pas rangé. Alors mmm ? voyons voyons, je regarde autour, histoire de vérifier que je l'aurais pas balancé à la volée (je fais jamais ça mais il faut envisager toutes les possibilités) : toujours rien. Avoue que c'est bizarre. Dernière option : bien que ce geste ne me soit pas du tout familier (quand je retire un CD, c'est pour en mettre un autre), bien que je ne m'en souvienne absolument pas, je l'ai rangé, mais pas dans le bon boîtier. Ouais ça doit être ça, je vais pas me les taper un par un maintenant mais obligé que c'est ça.

Allez j'envoie le psaume 23 récité par Darc, ousque ça cause bâton et berger, mais pas saucisson, comme quoi tout n'est pas si simple...♫ sur des prés d'herbe fraîche il me fait reposer ♫

Le jour suivant. Je fais Eject et qu'est-ce que je trouve ? Si t'as suivi tu dois répondre Darc. Eh bien pas du tout : le Bataclan 72 ! Non ? Si. Et dessous quand même, Daniel Darc. Alors là je comprends pas...Je n'ai pas d'explication rationnelle à ce phénomène autre que la suivante qui est trop trop flippante, mais au secours je n'en vois pas d'autre : quelqu'un s'est introduit chez moi, a subtilisé le live, s'est réintroduit et l'a remis là où il l'avait trouvé. Je passe en revue les gens susceptibles d'avoir un double de mes clés. Y en a pas (oui je sais, c'est très con de pas laisser des duplicata en lieu sûr, je sais). Mais il se passe quoi bordel ? Tu sais, cette sensation désagréable d'une absence présente...Brrr...Je me dis que c'est pas possible, mais en même temps je suis pas folle, alors ? Je remets le Bataclan 72, j'écoute un peu, l'esprit pas trop tranquille, puis je me barre.

Le jour d'après. Eject : rien. Ah non ! ça va pas recommencer ! Je respire. Je respire. Je respire encore. J'envoie les Smiths ♫ this charming man...♫ Je coupe. Je passe sous la douche. J'en sors. Je me dis que je vais coller un post-it du style : c'est quoi le délire ? genre c'est bon maintenant, les blagues les meilleures sont les plus courtes. Enfin tu vois je suis bien perturbée, paranoland youhou. J'envoie les Smiths à nouveau ♫ this night has opened my eyes and I will never sleep again ♫ Je coupe. Je me sèche les cheveux. Eject : hiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !!! le Bataclan 72...et dessous les Smiths...

S'il te plaît dis-moi que personne n'est entré pendant que j'étais sous le séchoir dans la salle de bain. C'est pas grand chez moi, j'aurais entendu du bruit. Dis-moi que ça s'est pas fait non plus par l'intermédiaire d'une entité invisible aux supers pouvoirs magiques. dis-moi que c'est ma chaîne qui déconne. Dis-moi que c'est possible qu'elle avale régulièrement le Bataclan 72, et uniquement celui-ci, parce que c'est le mieux et qu'elle fait preuve de bon goût...Dis-moi que c'est possible qu'elle le garde au chaud puis qu'elle le recrache quand ça lui chante. Je t'en supplie, dis-moi que ça se peut...

mercredi 25 octobre 2006

♫ Dis-leur merde...♫

Si t'as cinq minutes, je peux te raconter un plan galère. en fait, soyons juste, précis et exact, il ne s'agit pas tant de navigation que de chemins de fer.

Tu te souviens peut-être de cette connaissance du charmant charmeur chilien qui traîne ses guêtres dans le beau monde ? Sinon c'est pas grave, t'as juste une mémoire de poisson rouge amnésique. Mais non allez, je te dis que c'est pas important, c'que tu peux être susceptible quand tu t'y mets...

Toujours est-il que ce grand ami de Béa (celle du thermomètre donc) nous propose ses services, d'autant que ça vaut le coup vu que Béa elle-même s'abreuve à cette auge (attention, va pas croire non plus que ça t'autorise à la traiter de cochonne, un peu de respect je te prie, t'en sais rien d'abord). On devrait pas être déçu. Ouais. Ok. Quelques jours plus tard il textote que c'est bon. Le charmant et moi on termine ce qu'on était en train de commencer (du macramé chinois oui, comment t'as deviné ? on s'escrime sur le noeud du swastika inversé) et on oublie.

Le gars rappelle. A posteriori, tout est toujours plus clair, tu as raison, tu m'enlèves les mots de la bouche...a posteriori donc je me dis que déjà c'était mauvais signe cette insistance, parce que en la matière (pas première, bien raffinée de préférence hein), quand tu te trouves du côté de l'offre, t'as pas trop besoin de courir après la demande. Mais sur le coup tu penses bien que chez nous ça connecte pas, on est un peu con, faut pas se leurrer.

Tant qu'à faire tourner le manège, on embrigade Diego. Lui aussi il t'est sans doute sorti de l'esprit, hein mon gros poisson ? On va chez l'ami de Béa pour lui filer le blé (pas en herbe). Il esr censé nous rejoindre dans notre quartier deux heures après. On lui fait confiance, il nous a tellement bien fait l'article...On dîne, tout ça...Il annonce un retard de deux heures. Tout est normal, tu connais la chanson ♫ I'm waiting for my man...he's never early, he's always late ♫

Il arrive. Pesée des jockeys. Problème. Tout le monde y va de son reproche : mais comment ? t'as pas vérifié !? Il se justifie par le fait que ça s'est fait en speed et même il va jusqu'à sacrifier une partie de sa part pour qu'on soit pas lésé. Puis on examine la chose. Moi je suis loin d'être experte, je peux pas me prononcer. Par contre Diego et le charmant voit direct qu'au toucher, à l'odeur et au goût, c'est pas du label rouge...Bon, goûtons voir. Ça se confirme, c'est vraiment de la merde, mais que fait Jean-Pierre Coffe ? Difficile de dire ce qu'ils ont foutu dedans exactement (mais vu l'état dans lequel on est le lendemain, ça serait des trucs soporifiques que ça m'étonnerait pas.

L'ami de Béa est désolé. Déçu déçu déçu. Ben ouais, il s'est fait eu hein, on est tous logé à la même enseigne. Il promet de faire remonter le problème à qui de droit, que c'est scandaleux quand même. Il passe un peu pour un con, y en a dans la compagnie qui sont assez durs verbalement avec lui. Puis on lui dit qu'on lui en veut pas mais que bon, à l'avenir ça serait bien qu'il soit moins naïf. Règle numéro 1 : tu pèses, c'est la moindre des choses. Règle numéroo deux : si le poids est règlementaire, vérifie quand même le contenu, on sait jamais. Il s'esquive, pas fier.

Les questions que je me pose : est-il très très con ? joue-t-il un double jeu ? n'est-il pas un peu mythomane avec son ami Béa ?

Comment tu veux conclure après ça ? Ça nous a calmé c't'affaire et puis voilà. Pour rester dans le ton, je termine avec quelques mots de Mister Perché. Suite au dégâts des eaux et forêts sur mon lieu de travail, y a une espèce de polémique sur les désagréments consécutifs (plus d'ascenseurs). D'un côté les tenants de la thèse : pour ceux des étages supérieurs, c'est plus dur que pour ceux des sous-sols. De l'autre, l'opinion inverse : non, en fait c'est tout aussi dur, les escaliers sont les mêmes pour tous. Bataille rangée. Pour élever le débat, un mail collectif (grands chefs inclus, même pas peur) :

Objet : Les plaintes

Chers collègues, je suis beaucoup plus préoccupé par les projets gouvernementaux ayant pour objectif l'interdiction de fumer dans tous les endroits publics...La France (qui n'est pas une démocratie) serait-elle devenue une République totalitaire ? Bonne journée. Mister Perché (ou les ravages de l'acide) (c'est moi qui ajoute)

lundi 23 octobre 2006

♫ Faites monter l'aventure au-d'ssus de la ceinture ♫

C'est qu'on commençait presque à s'engluer dans la guimauve à force. Et vas-y que ça cajole (le geai), et ziva que ça roucoule (le pigeon). Mouais. Or (nithologue) ça n'est jamais si simple. Ben non. Je vais te faire un petit rétrospectif édifiant, histoire que tu mesures à quel point je suis éprise au piège. T'en veux ? T'en as.

Le début du début. Ada et le charmant charmeur chilien se rencontrent. En note liminaire ils s'accordent sur le fait que la fidélité, faut pas trop compter dessus. On est là pour s'amuser. Investissement minimal, c'est tout bénef.

Le milieu du début. Ada mène péniblement sa double barque entre le susnommé et ex-monamour qui attache encore un peu au fond quand elle y pense. En d'autres termes elle tient le cap tandis que le charmant esquisse un virement de bord sur l'air amoureux du j'te kiffe, viens on vit ensemble et on fait des petits Totoro. Ada se laisse légèrement fléchir mais oh, du calme, pas trop non plus.

Maintenant je te raconte samedi soir. On est au resto avec Phénix qui aborde un sujet totalement inédit, tu vas pas le croire : il nous cause de sa rupture. Ça faisait longtemps. On peut quand même pas lui en vouloir. Juste des fois on lui dit : maintenant ça suffit, peux-tu nous faire un compte-rendu de Barthes et ses fragment amoureux ? ah non trop connoté. Tiens, qu'est-ce que tu penses de l'interdiction de fumer dans les lieux publics ?

Autant te dire que ça marche pas trop, le pauvre, je voudrais bien t'y voir (non, en fait non). Alors on se fend de quelques conseils et fines analyses, le genre de trucs dont il se fout complètement (sauf quand on se surpasse en psychologie qui te touche là où tu t'attends pas) vu que tout ce qu'il veut, c'est parler d'elle, et de lui, et d'eux, et voilà. J'exagère mais bon, tu vois...Le charmant, pleine démonstration de délicatesse, coupe : de toute façon l'amour ça existe pas, y a que du cul.

Franchement moi ça m'a laissée sur le cul (excuse la répétition, elle est désolée). Oui figure-toi que cette phrase m'a profondément atteinte. Dans mon amour-propre, je le reconnais. Un peu de fierté là où il faut parce que quand même on n'est pas que des bêtes. Mais aussi dans mon amour tout court.

Ensuite le charmant regrette de dire de telles conneries et je lui pardonne bien sûr mais c'est trop tard, à l'intérieur le mal est fait et demain l'apocalypse. Le charmant, qui a bien senti qu'il y avait eu comme une faille et qui (attends je suis touchée mais encore lucide) en est secrètement flatté, est aux petits soins...

Plus tard, disons le lendemain pour bien faire, on regarde In the mood for love. Oh ben tu sais ce que c'est, des gens qui se croisent dans l'escalier et qui vont acheter des nouilles chez le rebeu du coin, pas de quoi en faire une soupe...Tu te mouches dans le PQ, même pas mal.

La fin du début (à moins que ce ne soit l'inverse, je me connais, j'aime bien tout foutre en l'air, je peux me paramétrer auto-destructrice si je veux). J'accorde beaucoup (vraiment beaucoup. Énormément si tu préfères) d'importance aux mots. Et je sais pas expérience (83 ans mon petit, prends-en de la graine) que le sens d'une phrase n'est pas égale à la somme des sens des mots qui la composent. Donc cette phrase malheureuse du charmant n'est peut-être pas à prendre au pied de la lettre. D'ailleurs il fait tout pour en effacer les effets. Et je me souviens d'un autre dit du même : il y a ce qu'on dit et il y a ce qu'on vit. Ouais ouais ouais.

vendredi 20 octobre 2006

♫ Ain't got no / I got life ♫

Après la distanciation façon c'est pas moi, réconcilions nous avec nous-mêmes, retour du jeu du je et de la parenthèse en folie. Allez on va pas se laisser abattre comme des arbres (tu dis quoi ? Parce que moi je dis des arbres à abattre. Alors tu dis quoi mmm ?).

Hier soir j'achète des lames de rasoir pour le charmant charmeur chilien parti en rendez-vous d'affaire. Je développe un peu pour que tu vois bien l'évolution : je fais des courses pour lui, je les dépose chez lui et j'y reste, en écoutant Nina Simone. Quand il rentre, il retire son costard genre je vais passer à une tenue plus décontractée, normal quoi...mais ça dérive en strip-tease le truc...eh oui, voilà, il me fait le coup du futon...

Ce matin, dixit le charmant, je mange du clown. Déjà "je mange" constitue en soi un événement (le matin, s'entend, tu m'as quand même pas pris pour un pur esprit ? Oh ben tu vas être déçu alors). Je sors même acheter les croissants. Bon j'oublie le jus d'oranges mais personne remarque alors si tu pouvais la fermer, viens pas me casser la baraque merci.

C'est un matin tranquille, bien que pas coréen du tout, un matin rare, pas un matin pour rien. Pour que tu situes mieux, quand le réveil sonne je suis même pas fatiguée (oui j'ai dormi 10 heures, et oui un peu dans la fuite, et alors ? c'est le résultat qui compte). Week-end exclus, c'est le genre de matin qui arrive une ou deux fois par an...En plus le charmant et moi on est synchro.

Parce qu'au début début, il lui taffait pas, donc quand on dormait ensemble, je m'arrachais du lit en pestant intérieurement contre ces feignasses de chômeurs tandis qu'il entamait une bonne grasse matinée.

Puis il s'est mis à bosser la nuit et là, ben on se voyait pas des masses et quand par le plus miraculeux des hasards on se retrouvait dans le même lit, t'imagines bien qu'on dormait pas.

En ce moment il a des horaires dits normaux, comme moi (si tu savais comme j'ai progressé, tu serais fier de moi) (bon j'ai un scrupule là, comme souvent, mais franchement j'ai la flemme de tout mettre au féminin en option. M'en veux pas trop. Si, en bonne chienne de garde, tu n'es ni pute ni soumise, sache que moi non plus).

Ce qui fait qu'on prend un petit déjeuner ensemble un jour de taff. On est tout ébaubi d'être en forme et pas speed. Et on se marre bien mais je te raconte pas, sur toi ça marcherait pas, c'est une question de pH de la peau, et dieu sait qu'on s'a dans la peau (ben t'as une meilleure façon de le dire peut-être ?)

Puis j'arrive au taff. Les ascenseurs sont en panne. Bien. Sachant que j'ai l'insigne avantage dans un immeuble de grande hauteur, tout de suite ça calme. Je vois les affichettes annonçant qu'à cause de l'inondation de la veille, va y avoir du sport. Ce que je t'ai pas dit, c'est que la veille j'ai pas taffé. Donc je sais pas trop bien ce qui se passe. Mais je m'exécute.

Et quand j'arrive dans mon bureau au milieu des nuages (j'exagère, t'emballe pas), j'apprends que j'ai échappé au pire. Ouais. On me raconte le sinistre, comme quoi y a eu mobilisation générale pour sauver les meubles et les apparences tant qu'on y est (Willy aussi, t'excite pas...sans oublier le soldat Ryan. Le vin et le pastis d'abord quand même, tu permets. Et l'amour bien sûr) et que ça saute ! Tout ça, je te le rappelle, SANS ascenseur, alors aujourd'hui tout le monde a des courbatures et y en a ras-le-bol, sans compter qu'on se retrouve maintenant avec des sans-bureau fixe qui viennent squatter, c'est quoi ce bordel merde ! Eh bien laisse-moi te dire que ça me fait rire à gorge déployée, oui parfaitement, j'en rajoute pas.Vois-tu, y a pas trente-six façons de faire fi de la mort. Tu peux faire l'amour. Et tu peux rire un bon coup (ben oui c'est lié).

vendredi 6 octobre 2006

♫ A long time ago we used to be friends but I haven't thought of you lately at all ♫

Un signe qui ne trompe pas chez moi, niveau loose bordélique : à un moment ça se répercute sur le physique. Ça y est j'ai la crève, tout va bien.

Sauf que c'est pas une angine et ça, c'est pas tout à fait normal. Mais je te rassure, si ça se manifestait au niveau de l'oreille, genre otite, je me poserais des questions, tandis que là ça ressemble à une trachéite, limite une pharyngite, donc tu vois, on sort pas du terrain balisé (comme dit l'analyste, y a quelque chose qui vous reste en travers de la gorge) (il est marrant l'analyste, tu trouves pas ? Si tu pouvais aussi trouver ce que j'ai en travers de la gorge, tu serais bien aimable)...alors je vais pas chez le médecin et je continue à fumer hein, faut pas déconner.

Et puis tant qu'on y est je vais taffer aussi. Avec de la fièvre c'est mieux. Pour te dire, hier j'étais en service public, aux prises avec une chieuse de première, une qui parle fort et qui dit des gros mots. Eh ben j'ai gardé le sourire et mon calme légendaire et à la fin je l'ai contaminée, elle s'est détendue. ♫ You give me fever...fever in the morning, fever all through the night ♫ C'est abrutissant la fièvre mais ça a le mérite de te faire prendre un peu de hauteur.

Donc t'imagines bien, le soir, c'est une soupe et au lit. Littéralement. Bon j'avoue, hier j'ai failli regardé Envoyé spécial, j'ai même enlevé la pile de fringues qui cachent l'écran et, encore plus fou, j'ai branché la télé. Mais en fait je me suis endormie. Puis j'ai été réveillée par une bonne vieille migraine, c'était cool (oui je me plains, j'ai le droit). Dans ce cas je m'autorise de l'aspirine, le psychosomatisme ça va cinq minutes, faut pas confondre avec le masochisme.

Et puis mon téléphone sonne. Numéro non répertorié. Je me méfie. Le mystérieux inconnu ami de Canada Dry a l'air d'avoir lâché l'affaire (si c'est lui, je raccroche direct). Mais y a un Charly qui m'appelle assez souvent ces derniers temps. Alors, avant que tu t'excites : avec Charly on s'est embrassé avec la langue, mais pas plus et c'était pour rire. Sauf qu'il aimerait passer aux choses sérieuses et j'ai eu beau lui expliquer que moi non, il insiste et à force je zappe. Cependant il est répertorié et il appelle toujours du même numéro. Donc je décroche.

Bonsoir, excusez-moi de vous déranger, je suis en train d'entrer mon agenda dans mon téléphone portable, je suis tombé sur ce numéro mais il n'y a pas de nom...

Oui ? c'est qui ?

Je m'appelle Mister Perché. Et toi, tu es qui ?

Mister Perché ? Moi c'est Ada !

Ada !

Mister Perché ou la passion foudroyante. Ah là là, les enfants, le truc de ouf.

Ça se passe au printemps, y a quelques années. Je viens de quitter mon cher et tendre. Mister Perché est muté dans mon taff et je suis chargée de le former. Premier jour : il est fort beau bien qu'un peu spécial. Il parle tout doucement, à la limite du chuchotement. Pour lui c'est un nouveau départ après plusieurs mois d'errance. Deuxième jour : il me dit qu'il a l'impression qu'on se connaît depuis longtemps et qu'on a été ami dans une autre vie, non ? Ah si. Si si. Absolument. Deuxième semaine : on va voir une expo ensemble. On achète une très bonne bouteille de whisky, il m'invite chez lui...j'y resterai jusqu'à ce qu'on se sépare quelques semaines après.

Avec Mister Perché c'est un peu l'amour fou, on peut rester enlacés à regarder le linge tourner dans le séchoir, on s'ennuie même pas. On mange des salades, à base de tomates, poulet les jours fastes, parce qu'on est grave en misère.

Bon évidemment on passe la majeure partie du temps à jouer au docteur. En général il commence par Oh mais qu'est-ce que vous avez là ? il faut que je vous examine. Et hop on grimpe sur sa mezzanine. Sinon : je vous prescris une séance d'aquathérapie. Et hop on file sous la douche. Et là, désolée d'alimenter un cliché, je dis la vérité crue, Mister Perché est issu d'un métissage breton-congolais et il a le plus énorme sexe que j'ai jamais vu...Impressionnant. À tel point que pour certaines pratiques, t'as tendance à hésiter, euh t'es sûr que...Mais l'élasticité du corps, qu'est-ce qu'on est bien foutu quand même. Voilà voilà.

Après, l'amour s'en va aussi vite qu'il est venu. Je t'épargne la séquence IVG (tous les préservatifs explosent). Je pars en vacances. Au retour il me fait la gueule, il ne veut plus me parler. Je ne comprends pas pourquoi mais comme j'ai d'autres chats à fouetter, qu'entretemps j'ai changé de service, que là où je bosse c'est un peu gigantesque, on ne se croise même plus et ainsi va la vie.

Mister Perché ? Mais tu as un téléphone portable ? Quelle évolution !

Oui ! Et demain j'ai une répèt à 10h30, mais avant il faut que j'aille à la piscine et après je dois aller bosser. (Mister Perché m'a tout l'air défoncé)

Ah c'est bien, tu fais de la zique alors ?

Oui. J'ai mon groupe. Tu as un stylo ?

Oui.

Tu as un papier ?

Oui.

Alors note : myspace.com...Le son est pas très bon mais y a des lyrics, tu iras voir ?

Oui bien sûr. Et comment tu vas ?

Ça va. Et puis tu sais, ça y est hein, c'est passé.

Ah ben tant mieux alors.

Il m'a fallu du temps...

T'inquiète pas, pas de problème.

Ok, alors je vais inscrire ton nom dans mon répertoire. Excuse-moi de t'avoir dérangée. À bientôt. Bonne nuit !

Renseignement pris, Mister Perché est dans une phase difficile. Il vient de quitter sa copine. Il s'est fait interner une journée à l'HP pour qu'on lui prescrive des médocs qui tuent, il se défonce, il vient au taff pas très souvent...mais on a signé la paix. Comme quoi patience et longueur de temps font que les choses finissent par s'apaiser, souvent à un moment où tu t'en fous, et alors ? c'est toujours ça de pris, je vais pas cracher dans la soupe, sinon qu'est-ce que je vais manger ce soir ?