mercredi 9 mai 2007

♫ Dess couloirs trop blancs...Bois ton médicaments ♫

Excuse hein, je m'absente sans préavis, ça se fait pas trop. Encore que...je t'avais quand même laissé entendre que quelque chose se préparait. Et je te prie de croire que j'ai pas été déçue.

Mercredi dernier donc, je poste péniblement l'article précédent, je sens bien que je suis patraque ; déjà pour rejoindre mon bureau depuis la cantine, c'est la lutte, j'ai même pas envie de fumer. Ouh, ça c'est signe de maladie gravissime. Alors j'attends que le temps passe, je bricole quoi, en prévoyant d'aller chez le médecin dès que possible. Deuxième mauvais présage, on passe en alerte rouge, je vais jamais chez le médecin tu m'entends ? jamais. Alors là c'est signe de mort imminente au moins. Non j'exagère pas, tu vas voir.

Vers 16h mon téléphone sonne. Je m'en fous. Tu peux pas savoir à quel point. Ils peuvent m'inventer n'importe quel taff trop passionnant, ça m'intéresse pas un brin, je veux aller au dodo moi. C'est la collègue kabyle : Ada, pardonne-moi pour tout, je t'aime. Ah ? Bon. C'est bizarre comme coup de fil non ? Si hein ? Oui ben je suis dans les vapes là je te rappelle. Bon ok je LA rappelle, ça vaut mieux. Eh oh elle me raccroche au nez. Je recommence. Tiens, là ça sonne longtemps, longtemps, longtemps...Enfin elle parle : Ada, ça sert à rien, ma décision est prise, je veux mourir, laisse-moi...Ah ça y est, j'ai percuté.

Dis-moi collègue kabyle, où es-tu présentement ? Chez moi. Avec tes enfants ? Non je suis seule, je me suis très bien organisée, je ne ferais pas ça devant mes enfants. Ok ok, c'est où chez toi ? À XXX. Oui mais où exactement ? où ? t'habites où bordel ? Hé tu me parles pas comme ça !!! t'as pas le droit !!! tu sais pas !!! Là elle hurle et elle pleure en même temps, je me dis que j'ai dû faire une erreur tactique. Bon excuse-moi, on reprend, tu peux me donner ton adresse s'il te plaît ? j'avais justement envie de t'envoyer une carte postale. Elle me la donne, t'y crois à ça ? elle me la donne ! Et c'est moi qui lui raccroche au nez.

Pendant que les pompiers y vont, je descends au secrétariat : je voudrais l'adresse exacte de la collègue kabyle. Non mais Ada, on ne divulgue pas ce genre d'information comme ça, qu'est-ce que tu crois, c'est confidentiel...Oh ta gueule la Serbo-Croate (en vrai elle est ni serbe ni croate, elle a juste un accent indéfinissable) ça urge là, tu vois pas que je suis en panique ? y a la collègue kabyle qui est en train de se suicider tranquille peinarde chez elle et si ça se trouve j'ai pas donné la bonne adresse aux pompiers, alors tu cherches dans tes dossiers suspendus là, tes hamacs je sais pas quoi et tu m'appelles le directeur en prime.

Le dirlo me rassure comme quoi j'ai tout bien fait comme il faut ; moi je suis plutôt rassurée par le fait que les adresses concordent. Puis je rappelle les pompiers : alors voilà, j'ai appelé tout à l'heure pour ma collègue tout ça tout ça. Oui et alors ? Ben alors, il est marrant lui, je voudrais avoir des nouvelles c'te blague. Ah mais madame on peut rien vous dire nous. Ah bon ? pas même un petit indice ? Il faut voir avec l'hôpital madame. Bon. D'accord monsieur. Merci. À l'hosto ils essayent de ma la jouer pareil mais attends, hors de question, elle est vivante ou ou merde ? Oui oui, elle est aux urgences là mais ça va.

Bon. Je préfère. Maintenant mon angine blanche peut se déclarer afin que je me paye plusieurs jours d'une fièvre certes élevée mais constante (39°5 le matin, 39°5 le midi, 39°5 le soir) (quine !) (ah carton plein ! Qui gagne un lavabo en porcelaine ?)

Pour décompresser avec monamour on se raconte des histoires.

Monamour : Tu crois que ça existe les chirurgiens frontistes ?

Ada : Spécialistes des opérations du front ? des guerriers quoi (ouais ben j'ai pas pu faire psychanalyse avec cette crève, ça me manque)

Monamour : Mais non t'es con, des chirurgiens lepénistes, des chirurgiens racistes je veux dire.

Ada : Oh ben sûrement, y a pas de raison.

Monamour : Ça doit être rare quand même, enfin j'espère, sinon c'est con pour moi.

Ada : Ouais t'imagines Ah non le grand noir on va le bacler.

Monamour : Désolé monsieur on s'est trompé de jambe.

Ada : Va falloir amputer.

Monamour : Ça va être plus long que prévu, vous nous en voulez pas ?

Ada : En même temps ça va être plus court, l'un dans l'autre vous devriez vous y retrouver.

Aucun commentaire: