dimanche 1 juin 2008

Des livres (du mâle) et moi

Je l'avais vu en salle au moment de sa sortie, il y a un an de ça je crois. Et j'avais bien aimé, surtout l'envoûtante Asia Argento. Mais l'idée ne m'était pas venue de lire le bouquin. Éternel débat : la vie est-elle dissociable de l'oeuvre ? ou pas ? En bonne khâgneuse nourrie au lait du Contre Sainte-Beuve, j'ai tendance à dire oui, oui oui, un scélérat peut parfaitement pondre un chef d'oeuvre, confer le voyage au bout de la nuit pour n'en citer qu'un. Bien.

Mais alors je n'aurais pas dû avoir de préventions particulières envers l'auteur qui avait inspiré le film de Catherine Breillat, surnommé le "connétable des lettres" certes, mais, car il y a un mais, aux forts penchants pour l'Ancien régime et, n'ayons pas peur des mots, carrément réactionnaire. Foin du biographisme hein. Mais voilà je ne le lus point.

Et puis, un soir, monamour l'a posé, ce bouquin que je n'avais pas lu, sur la table de nuit. Comme ça. Comme il fait si souvent. Par exemple le mercredi il dit Tiens je t'ai amené le Canard. Et moi j'y lis d'abord le journal de Carla B comme une midinette (eh ouais) avant de passer aux films qu'on peut voir, de rigoler sur les dessins, puis, quand même, je passe aux articles de fond, quand y en a, non parce que là je voudrais pas dire, le dernier en date de Canard, y avait pas grand chose à se mettre sous la dent. Mais bref.

Autre exemple : si on se retrouve à faire 50 bornes à vélo (j'exagère pas) un dimanche ensoleillé, paf, le lendemain il ramène un bouquin sur le canal de l'Ourcq.

Bon et alors ce jour-là, il pose le livre que je n'avais point lu hop. Et même pas parce qu'il était en cours de lecture. Non, lui il l'avait déjà lu. Mais peut-être, va savoir, il lui avait tenu compagnie le temps de quelques pages dans le métro...que sais-je...monamour aime relire par petits bouts, c'est un concept. Moi je dis juste Ah ben tiens j'ai vu le film. Et j'y pense plus.

Les semaines passent. Et le livre reste sur la table de nuit, avec ses camarades qui forment de hautes piles (oui on a une grande table de nuit) car sache pour ta gouverne que monamour aime à sortir de la bibliothèque toutes sortes de volumes qu'il entasse sur cette maintenant fameuse table de nuit, afin d'y picorer à son gré.

Ce jour où il posa le livre eut lieu peu de temps après que je me sois tapé l'intégralité des mémoires de Simone de Beauvoir, il est important de le préciser. Je ne sais pas pourquoi je m'étais lancée dans cette lecture de longue haleine, rien de spécial ne m'y avait poussé, si ce n'est un souvenir d'adolescence vague et plaisant autour des Mémoires d'une jeune fille rangée. Là pour le coup, la vie et l'oeuvre ne font qu'un, pas de souci, même s'il y a beaucoup à dire sur le pacte autobiographique. En tout cas quelle ne fut pas ma surprise d'apprendre juste après qu'on célébrait cette année le centenaire de cette même Simone ! Bon j'exagère évidemment mais je trouvais que pour une coïncidence hein bon...

Et là, y a trois jours, temporairement lassée de Civilization (je dis bien temporairement, j'ai quand même une guerre sur le feu, et pas à l'époque de la guerre du feu hein, bientôt je sors les missiles), je pioche dans la pile le bouquin vu au cinéma mais point lu et je feuillette la préface, où je tombe sur un extrait de la correspondance de l'auteur : Mon amour ressemblait à de l'ivrognerie, écrivait-il à je ne sais plus qui. Déjà c'est un alexandrin. Mais surtout ça me rappelle tellement de gens et tellement d'histoires, à moi arrivées ou à d'autres...comme la madeleine de l'auteur du Contre Sainte-Beuve si tu suis. Alors je me dis allez, je vais le lire.

Si tu n'as pas deviné, je te livre maintenant titre et auteur : Une vieille maîtresse de Jules Barbey d'Aurevilly. Oui c'est pas mal, j'arrive à la fin et je n'ai pas lâché, y a du bon et du très bon là dedans, même si parfois trop exalté à mon goût. Mais là où je suis à nouveau toute bouleversée de ces coïncidences de la vie (en d'autres termes, sur le cul), c'est que j'apprend aujourd'hui, depuis mon taff où je lis le journal, que cette année nous célébrons le bicentenaire de la naissance de Jules...Dingue ! Je sais pas quel grand écrivain nous a fait l'honneur de sa naissance en 1708 mais qu'il se tienne paré à toute éventualité.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Ah ben tu vois, moi si j'apprends que tel réalisateur à soutenu tel candidat à la présidentielle (même s'il ne s'agit ni du nain visqueux ni du borgne puant, hein, juste un candidat que je n'ai pas trop aimé) eh ben je ne vais pas du tout apprécier son film. Pareil pour un écrivain, un chanteur...

Je ne contrôle pas : quand j'ai un désaccord avec quelqu'un je n'ai pas envie de prêter attention à son œuvre et d'y trouver même une seule mini qualité.

Après, je me rends bien compte que ce n'est pas la solution la plus intelligente et mesurée, mais c'est mon côté punk, je crois.

Anonyme a dit…

J'ai bcp aimé ton titre Ada ;-) Tes jeux de mots sont souvent savoureux

Pr le reste tu m'as redonné envie de lire les "mémoires d'une jeune fille rangée", je me suis trjs dit que je le ferai mais voilà! le temps passe, on oublie, on lit autre chose... Une vieille maitresse, je ne l'ai pas vu, Breillat j'aime bien mais pas à tous les coups...

Rien a voir avec ton post mais je crois me souvenir que tu étais assez fan de Grands Corps Malade, as tu entendu (et surtout écouté!) "comme une évidence" de son dernier Cd?

Anonyme a dit…

Je veux pas passer pour le mec qui a pas lu la suite..mais foutrebleu, ça c'est un titre!

Ada a dit…

aurélia < oui je vois très bien de quoi tu parles et c'est naturel comme réaction je pense. Mais on peut aussi prendre le truc dans l'autre sens, à savoir aborder une oeuvre sans avoir la moindre idée de quelle a été la vie de l'artiste et apprécier cette oeuvre, et si ça se trouve le gars est un sale con mais c'est trop tard, on aime. Alors oui ça peut gâcher le plaisir d'en apprendre plus après, mais objectivement on a aimé.

maylis < merci pour le titre ! De Beauvoir, j'attaquerai un de ces quatre L'Amérique au jour le jour...Une grande voyageuse que cette dame.
Pas écouté le dernier Grand corps malade...À faire évidemment

badibuh < flûte brute ! mais tu as soit une ascendance extraterrestre, soit la semence radioactive ! et merci bien