jeudi 5 avril 2007

♫ Bigophone on s'entend bien, plus d'faux jeton, j'peux mettre le mien ♫

Je suis agacée, je t'en cause deux minutes, puis je te laisse tranquille.

Là où je bosse, y a une cantine. Non, je te prie de m'excuser, je voulais dire un restaurant du personnel, ça donne l'illusion que c'est meilleur (ça les empêche pas de servir des oeufs en tube. Et même de la perche du Nil j'suis sûre). De la même façon, on dit pas pointer, on dit badger, tu saisis la nuance ? Dans ce restaurant y a plein de gens (le personnel, oui, comme le nom l'indique) qu'on appelle collègues. Moi des fois j'y vais. Notamment quand j'ai faim, mais aussi parce que j'ai rendez-vous avec quelqu'un, voire quelques-uns, c'est tellement sympa la pause-déjeuner au taff hein. Bon.

Cependant il arrive que j'aie envie de manger seule. Pas souvent, mais ça arrive, un petit plaisir que je voudrais m'offrir. C'est pas du luxe. Eh ben si. C'est mon droit. Eh ben non. J'ai tout essayé : y aller super tôt, quand ils ont pas encore digéré le petit déj, y aller super tard, quand ils commencent à songer au goûter, me placer dans des endroits inédits où personne me repèrera - oui parce qu'ils ont leurs habitudes, alors naïvement je me dis tiens je vais m'asseoir au fond là-bas, ni vue ni connue...Tu parles.

Systématiquement y en a un qui débarque (ils se relayent, c'est pas possible) la mine désolée Oooooh Ada, t'es toute seule ? Alors je réponds oui, sur un ton qui est censé te faire comprendre, si t'es un peu fut fut, que j'en suis fort aise...Ooooh ben je vais te tenir compagnie. Et voilà, encore raté. Et encore un qui supporte pas sa propre solitude (je peux comprendre bien sûr, sauf qu'alors il faut assumer) qui cherche absolument un être humain pour le regarder avaler sa friture et qui camoufle le tout sous des dehors compatissants et apitoyés. Entre mon échec à déjeuner seule et les gens qui se mentent à eux-mêmes, je sais pas ce qui m'énerve le plus.

Sinon (je sais d'avance que cette réflexion est légèrement injuste mais je te la livre néanmoins) on va quand même pas me faire croire qu'on a besoin d'autant de publicité pour que les livres de Paul Auster se vendent hein ?

Merci de m'avoir permis d'évacuer ces petites contrariétés, tu es bien aimable.

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