jeudi 30 novembre 2006

Rencontre du troisième type ?

À un moment un gars avec une guitare sur le dos entre dans le nouveau bar. Direct il sa fait brancher par le Relou de service :

Ah t'es musicien ? tu joues de quoi ?

Ben, du piano...

Ah bon ? tu joues du piano ? (Relou j'te dis)

Ben non, regarde

Ah...et tu joues quoi comme musique ?

Ben du Mozart...

Du Mozart ?

Ben non, pas du Mozart

Non mais tu te fous de ma gueule là

Mais non pas du tout

Ben si, tu me prends pour un con, j'te d'mande de quoi tu joues, tu m'dis du piano...

Non mais c'était de l'humour, j'essayais de te faire RIRE

J'envoie un sourire compatissant au nouvel arrivant tandis que le charmant trinque avec lui, histoire de dire t'inquiète il est Relou, fais pas gaffe. Relou s'éloigne et raconte à son pote : "J'ui dis tu joues quoi, i'm dit du Mozart, faut pas m'prend pour un con quand même" (ad libitum). Ah les ivrognes, tout un poème...

Le guitariste va acheter des clopes, la moitié du bar prend commande, dont moi. Quand il me les ramène, et tandis que le charmant est consacré sur un échiquier, on fait connaissance, jusqu'à la fermeture, à base de jeu sur les prénoms (je ne lui ai pas dit le mien), d'écologie, de pays asiatique, de relatif dans l'absolu, le tout parsemé de discussions téléphoniques, lui en terrasse, moi au comptoir, histoire d'éclater son forfait...ainsi que de fausses entrées et sorties, avec ma copine la serveuse qui fait le clap. On s'amuse comme des petits fous.

1h57 (je prends une douche), message vocal : j'espère que tu es bien rentrée (ben franchement la route était pas longue, mais c'est gentil de s'en préoccuper). SMS : bien rentrée, bonne nuit !

2h. SMS : nous ne sommes pas très loin l'un de l'autre...(ai-je précisé qu'il habite dans le quartier ?).

2h20 : ??? (bon nous avons trop bu, c'est sûr).

2h30 : bon, alé, répon mwa (DJEUN'S)...(mais pour te dire quoi exactement ? Je confirme, nous sommes voisins ?) Réponse : JE DORS, bonne nuit Wilfried !

Le lendemain. 17h53, SMS : comment vas-tu ? (ah je m'attendais pas à avoir des nouvelles si tôt). 18h37 : fatiguée comme une mouette mazoutée (ça, avec le décodeur, ça signifie : faut pas trop me déranger, je suis pas en état) Et toi Aristide ? (mais courtoise néanmoins).

18h40 : moi ? super-méga-top forme ! (et ça, toujours avec le décodeur, ça signifie : je suis tout à fait dispo) j'ai envie d'un ciné (la preuve) kess t'en dis Noémie ? (ça rime). 19h15 : ben écoute Eugène, je suis pas contre l'idée mais je peux pas ce soir (eh non, c'est comme ça).

19h31 : bon (id est : j'en prends note, pas de problème) dis moi quand même si t'as envie de me revoir...(besoin d'être rassuré) (mais rassuré sur quoi ? je me suis engagée à rien que je sache) (et pas que pour aller au cinoche) (nous y voilà...).

19h50 : ben oui, mis à part le fait que ma vie est assez agitée côté cour et côté jardin, non pardon, côté coeur et côté cul (je suis pas célibataire, enfin pas vraiment, et en plus j'ai du mal à savoir qui est mon mec et qui est mon amant) je te reverrai avec plaisir (sans précision sur le type d'activité, parce que bon, j'en sais rien moi) Mais tu fais pas forcément une affaire, te voilà prévenu ! (moi si j'étais toi, je partirais en courant).

19h53 : ouais...(air dubitatif à double sens) mais tout ça me dit pas quand je dois changer les draps (l'objectif n'est pas perdu de vue malgré tout) (un minimum d'effort d'hostellerie quoi) (humour, histoire de désamorcer et d'affecter un "minimum", justement, de détachement).

22h43 : tu dors ? (répondre : oui ?). 23h30 : je dînais mais maintenant oui je vais dormir !

23h31 : à demain ? (bon, je crois qu'il insiste là). 23h33 : demain a priori je peux pas non plus (moi aussi je peux être têtue quand je veux). 23h36 : bon ben flûte (je dirais même plus : flûte brute) bonne nuit, fais de jolis songes

Le lendemain. 17h56 : halut ! koi de 9, Bérengère ? 18h49 : ça suit son cours, Vladimir (on calme l'affaire, ok ?).

19h21 : impatience décourageante, désagrègement d'espoir ? (pas très patient le gars hein, 48 heures c'est pourtant pas si long) naaannnn (ne peut pas, ne veut pas y croire), allez, aide moi, Natacha ? (ça rime encore).

19h35 : disons que je me lance un défi : boire un verre avec toi d'ici la fin de la semaine (là je fais un grand pas tu noteras) Quand exactement, c'est plus difficile à dire (arrête de me dire à demain tous les jours, JE te contacterai quand je pourrai) À bientôt ! (oui parce que la fin de semaine c'est tout proche, quel que soit le jour d'où tu parles).

19h40, message vocal : bon ben les textos...les textos c'est bien...mais la vive voix c'est bien aussi des fois...(tout à fait juste, mais que veux-tu que je te dise moi ? tout est dans les textos).

20h43, SMS : puis-je me permettre de te convier au restaurant demain (arrête avec demain maintenant, par pitié) Désirée ? (mon dieu, le choix du prénom...)

J'ai pas (encore) (?) répondu au dernier, parce que moi au départ, je me disais bon, voilà un gars bien cool qui me fait rire et que je fais rire, un voisin que je vais recroiser dans les parages, au hasard des déplacements et on verra bien. C'est vrai que le courant est bien passé, ça pourrait même être une sorte de troisième voie très convenable pour sortir du marasme actuel.

Mais lui - après cette soirée si agréablement légère et dont je garde un excellent souvenir - je trouve qu'il a tendance à s'alourdir, dans son insistance à décrocher absolument vite fait à tout prix un rencard...je me sens limite harcelée là...Non mais c'est vrai, une telle urgence, qu'est-ce qui va pas chez lui ? quelle sorte de misère - sexuelle, affective, sociale...- suis-je priée de combler ? Alors que je suis pas en phase là. Un peu de temps, c'est pas trop demander quand même ? Et franchement ça me donne plus envie d'éteindre la flamme que d'attiser un quelconque départ de feu.

Aucun commentaire: