À un moment un gars avec une guitare sur le dos entre dans le nouveau bar. Direct il sa fait brancher par le Relou de service :
Ben, du piano...
Ben non, regarde
Ben du Mozart...
Ben non, pas du Mozart
Mais non pas du tout
Non mais c'était de l'humour, j'essayais de te faire RIRE
Le guitariste va acheter des clopes, la moitié du bar prend commande, dont moi. Quand il me les ramène, et tandis que le charmant est consacré sur un échiquier, on fait connaissance, jusqu'à la fermeture, à base de jeu sur les prénoms (je ne lui ai pas dit le mien), d'écologie, de pays asiatique, de relatif dans l'absolu, le tout parsemé de discussions téléphoniques, lui en terrasse, moi au comptoir, histoire d'éclater son forfait...ainsi que de fausses entrées et sorties, avec ma copine la serveuse qui fait le clap. On s'amuse comme des petits fous.
2h. SMS : nous ne sommes pas très loin l'un de l'autre...(ai-je précisé qu'il habite dans le quartier ?).
2h30 : bon, alé, répon mwa (DJEUN'S)...(mais pour te dire quoi exactement ? Je confirme, nous sommes voisins ?) Réponse : JE DORS, bonne nuit Wilfried !
18h40 : moi ? super-méga-top forme ! (et ça, toujours avec le décodeur, ça signifie : je suis tout à fait dispo) j'ai envie d'un ciné (la preuve) kess t'en dis Noémie ? (ça rime). 19h15 : ben écoute Eugène, je suis pas contre l'idée mais je peux pas ce soir (eh non, c'est comme ça).
19h50 : ben oui, mis à part le fait que ma vie est assez agitée côté cour et côté jardin, non pardon, côté coeur et côté cul (je suis pas célibataire, enfin pas vraiment, et en plus j'ai du mal à savoir qui est mon mec et qui est mon amant) je te reverrai avec plaisir (sans précision sur le type d'activité, parce que bon, j'en sais rien moi) Mais tu fais pas forcément une affaire, te voilà prévenu ! (moi si j'étais toi, je partirais en courant).
22h43 : tu dors ? (répondre : oui ?). 23h30 : je dînais mais maintenant oui je vais dormir !
Le lendemain. 17h56 : halut ! koi de 9, Bérengère ? 18h49 : ça suit son cours, Vladimir (on calme l'affaire, ok ?).
19h35 : disons que je me lance un défi : boire un verre avec toi d'ici la fin de la semaine (là je fais un grand pas tu noteras) Quand exactement, c'est plus difficile à dire (arrête de me dire à demain tous les jours, JE te contacterai quand je pourrai) À bientôt ! (oui parce que la fin de semaine c'est tout proche, quel que soit le jour d'où tu parles).
20h43, SMS : puis-je me permettre de te convier au restaurant demain (arrête avec demain maintenant, par pitié) Désirée ? (mon dieu, le choix du prénom...)
Mais lui - après cette soirée si agréablement légère et dont je garde un excellent souvenir - je trouve qu'il a tendance à s'alourdir, dans son insistance à décrocher absolument vite fait à tout prix un rencard...je me sens limite harcelée là...Non mais c'est vrai, une telle urgence, qu'est-ce qui va pas chez lui ? quelle sorte de misère - sexuelle, affective, sociale...- suis-je priée de combler ? Alors que je suis pas en phase là. Un peu de temps, c'est pas trop demander quand même ? Et franchement ça me donne plus envie d'éteindre la flamme que d'attiser un quelconque départ de feu.
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