lundi 20 octobre 2008

♫ For sticking two together ♫


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Je poursuis avec le réparateur.

Le réparateur ça fait des années et des années que je le croise car nous travaillons au même endroit. Au début, quand je me trouvais encore tout en bas de l'échelle de l'ascension sociale, il arrivait souvent que je fasse appel à l'équipe des réparateurs, pour cause de matos assez capricieux (pour ne pas dire défectueux, complètement pourri et comment tu veux bosser dans ces conditions). En pratique ça donnait : Oui bonjour je suis à tel endroit de tel secteur et le machin il est tout bloqué. Et hop tu voyais débarquer un réparateur qui, en général, donnait un grand coup de pied dans le machin et ça repartait pour quelque temps (une à deux heures les jours de chance). Bon au bout d'un moment j'avais compris l'astuce et je n'appelais que quand mon teng kong ce chuai avait échoué. Et des fois c'était pas le réparateur dont je vais te causer. Mais parfois oui. Ça dépendait quoi.

Le réparateur, à cette époque, j'avais bien constaté qu'il me regardait pas comme il regardait les autres, tu vois très bien ce que je veux dire, toi même tu le fais, en partie inconsciemment. Mais ma communication non verbale ne l'encourageait nullement dans sa voie de douceur admirativement intéressée. À savoir : j'ai compris que tu trouves que je suis bonne mais je vais faire comme si que non parce que je ne suis pas disponible. Quant à la communication verbale, elle se limitait à Bonjour, merci, au revoir car vois-tu, moi j'étais à flux tendus et lui il avait plein de coups de pied à distribuer pour débloquer le bordel.

Depuis que j'ai grimpé les échelons (bon t'inquiète j'ai pas encore le vertige hein) je ne travaille plus avec ce matériel de merde et par conséquent je n'ai plus besoin des réparateurs. Si tu ajoutes à ça, outre les dimensions considérables de notre lieu de travail, le fait que mon bureau est à l'étage alors que sa zone d'intervention est en sous-sol, tu en arrives tout naturellement à la conclusion que nous ne nous croisons plus que rarement. Mais là dernièrement il s'est passé des trucs.

Ma perception de ce réparateur a changé, un beau jour, dans la file sandwiches de la cantine. Il passait sa commande, une ou deux personnes nous séparaient, il ne me voyait pas. Je l'entendais draguer gentiment la serveuse, tu sais, comme on fait pour la beauté du geste, sans que ça prête à conséquence mais si ça marche on dira pas non. Et j'ai bien aimé. Sa voix souriante, son entrain, ses plaisanteries. Bon. Et puis on s'est croisé, comme d'hab, à intervalles aléatoires ; il m'a fait, comme d'hab, des sourires appuyés ; j'ai, comme d'hab, eu l'air de rien.

Tout récemment les choses se sont accélérées. Et de battre mon coeur s'est arrêté. Mais non oh. Simplement nous nous croisons, il me sort le sourire numéro trois bis et je me surprend à y répondre spontanément et sans calcul, pas sur le même mode, n'exagérons rien, mais avec une amplitude et un regard plus accueillant que jamais. Autrement dit, quand par ses attitudes il émet (et il m'émeut, car évidemment que je suis flattée) : Oh vous ici, mais quelle joie ! j'en frétille !, alors que normalement je m'en tiens à une courtoisie de convenance du style : tiens je croise un être humain, je dis bonjour, voilà-ty pas qu'en la circonstance je donne plutôt à voir un : Hey salut, je te reconnais, je te dis bonjour plus chaleureusement, tu n'es pas un simple quidam (même si pour l'instant j'ignore toujours son prénom). Tu notes l'évolution.

Puis nouvelle scène à la cantine (qui est, comme chacun sait depuis la cafèt d'Hélène et ses potes, le lieu où ça se passe). Je passe donc, avec mon plateau chargé, devant lui qui est attablé avec ses collègues réparateurs. À nouveau bonjour chaleureux mais raisonnable. Je pose mon plateau et je repasse pour remplir le pichet d'eau. Tout le long du chemin je le sens qui me regarde et j'ai même l'intuition qu'il a mon fessier pour point de mire, alors que si ça se trouve il dit juste passe-moi le sel au gars à côté, mais oh ça va laisse-moi rêver deux minutes. Au retour connexion visuelle, lui un peu par en-dessous, n'oublions pas qu'il est assis et en train de manger, moi un peu par en-dessus, genre je cherche ma place mais je te vois quand même et je te regarde gentiment. Tu sens comme ici tout se concentre ?

Mais là où ça se précipite, là où on passe un cap, c'est un après-midi, alors que je regagne mon bureau après une pause-clope au fond du couloir. Il est là, à mon étage, devant la machine à café. Et il n'a rien à faire là, rien du tout. Des machines à café y en a à foison dans cette maison, pourquoi irait-il s'abreuver aussi loin de son territoire ? Pourquoi si ce n'est pour provoquer la rencontre ?

Seigneur délivrez-moi du mâle, une midinette s'est emparée de moi.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

la maison ne se dérange plus pour ce genre de requête. Ca a jamais fait de mal à personne de retomber à l'époque midinette, non ?

Ada a dit…

Non ça fait pas de mal, c'est vrai, mais ça fait pas de bien non plus. Egalité balle au centre quoi.

Cela dit, même si c'est pour indiquer que ma plainte n'est pas recevable, je suis très honorée que le seigneur me réponde.

Anonyme a dit…

Et finalement donc, c'est pas ton sandwich du jour ?