lundi 1 décembre 2008

♫ But I just keep on laughing ♫

Je viens de vivre un de mes plus beaux fous rire. Dans une réunion du genre table ronde mais avec pas beaucoup de chevaliers quand même. Disons qu'on était une douzaine. Que du passionnant, comme d'habitude.

Pour te donner une idée, des fois on parle de la mise en place d'un groupe de travail sur la gouvernance de la maison, du fait qu'on n'a pas trop la culture du séminaire par chez nous, ni de véritables instances de réflexion, et l'usage vertical de la messagerie électronique, c'est franchement critiquable. D'autres fois on rappelle que les fauteuils roulants ne peuvent pas accéder aux loges, que c'est Machin qui assure l'intérim pour les parasites et les champignons mais que par contre les mites et les souris on sait pas qui s'en occupe et t'avoueras que ça peut être préoccupant. Heureusement que le dîner des mécènes a rapporté pas loin de 300 000 euros, tu me rassures. Bref on s'éclate à Dallas.

À la fin le chef rituellement demande Vous avez d'autres points à voir ? et aujourd'hui la collègue hystérique, dont j'ai déjà dû te causer, pose une question con comme elle en pose à longueur de journée mais en général ça sort pas du bureau, ce qui fait qu'il y a encore des gens pour ignorer à quel point elle est conne mais c'est un autre débat. Le chef fronce les sourcils en signe de désarroi, je croise le regard de la collègue kabyle et là c'est parti.

Bon tu as sans doute remarqué que les fous rires n'ont pas forcément pour origine des choses drôlissimes, c'est pourquoi je ne te dirai rien de la question en question, car d'une part tu n'en connais pas la réponse et ça te ferait te sentir con et donc pas rire, et d'autre part ça n'a aucun intérêt. Tu as sans doute aussi remarqué que le fou rire, c'est communicatif et que moins t'as le droit, plus t'as envie. Par conséquent, de deux que nous étions, nous passons rapidement à quatre, qui en camouflant ses hoquets derrière une toux de saison, qui en regardant ses pieds, qui en se prenant la tête dans les mains dans l'attitude de l'intense concentration. Tout cela ne sert strictement à rien puisque les bides et les torses continuent à tressauter.

Au bout d'un moment je décide de focaliser sur le chef, qui a pris son ton le plus grave et sa gueule de méchant. Et là je me rends compte que lui aussi il est contaminé, il durcit encore ses traits mais je croise son oeil qui frise et pour moi ça repart de plus belle. Cette fois je ne regarde plus personne, trop dangereux. Et trop bon évidemment. À la sortie le chef dit qu'il va distribuer des mauvais points si ça continue, mais allez avoue, t'as kiffé petit coquin.

Ça ne vaut pas cette expo de peintres amateurs (attention, j'ai rien contre les peintres amateurs) (mais plutôt contre certaines de leurs oeuvres, ça j'ai quand même le droit) où j'étais face à un abîme de perplexité et à une toile qui, à mon sens, ne pouvait représenter qu'un trou noir...Une tâche noire étalée de façon concentrique dans un geste fougueux d'artiste inspiré, j'avais beau réfléchir, je ne voyais que le trou noir. Et la galeriste amateur, guidant quelques égarés, de dire : Oui ça lui vient comme ça, d'un coup, elle sort ça de sa tête. J'ai été obligée de sortir.

Je t'ai gardé le meilleur pour la fin. Autour de minuit, à l'époque où les communications nationales revenaient cher à certaines heures de la journée, le téléphone sonne, je sors du lit où je faisais la lecture à un cher et tendre et je décroche. Au bout du fil, un très bon ami. Fauché donc et je dirais même fauché comme...Bref tu verras. Le haut-parleur branché on s'engage dans une discussion à trois, jusqu'au moment où il demande ce que nous faisions avant qu'il appelle. Et là le cher et tendre s'écrie "Elle me lisait Quand germe le blé !" Celui-ci je peux encore en rire longtemps juste en y pensant.

Alors bon je suis d'accord, un fou rire ça ne se raconte pas, c'est visuel, ça se vit. Par contre sachant que je lisais André Gide, tu peux trouver le bon titre.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Y'a pas très longtemps en amphi, un travail que je devais présenter à toute la promo soit environ 83 personnes et bien entendu les formatrices.. Mon collègue sort un truc monumental, les larmes coulent sur mes joues rouges sang tellement que j'essaye de me retiendre... Raté, j'ai fait ma réputation au 2ème jour...

Mais qu'est-ce que c'était boooonn !!

Massinissa a dit…

Mon "beau-frère" (ouais genre même si je suis pas mariée, ni même pacsée ou fiancée...bref)qui se sent très mal, vraiment mal après avoir gobé 2 huitres lors d'un repas de noel.
Fou rire devant toute la famille de mon chéri et les regards de stupéfaits n'y ont rien fait!