dimanche 26 octobre 2008

Annule et remplace le précédent

T'avoueras que je suis dévouée comme fille. Ce que je ferais pas pour toi quand même. Toujours plus loin dans l'expérimentation de l'extrême et de ses conséquences sur l'ego.

Bon, maintenant que nous savons qu'il ne faut pas s'épancher quand on n'est pas étanche, car d'une part c'est pas très intéressant et d'autre part après tu regrettes, nous voilà bien avancés n'est-ce pas ?

En plus t'es mignon mais qu'est-ce que tu m'as fait, là, exactement ? Je croyais que tu venais pas trop le week-end...t'as eu un pressentiment ou quoi ? Je ne peux donc pas te le faire à l'envers, genre ni vu ni connu je t'embrouille : tout le monde l'a lu c'est malin (les stats sont formelles). Je suis bien obligée d'assumer du coup. Hum. Je l'efface pas. Et je te présente mes excuses pour le dérangement.

Par contre je ne développerai pas hein, tu comprendras aisément que je ne peux pas tout te dire. La maison ne recule devant aucun sacrifice, soit, mais faudrait voir à pas trop déconner non plus.

samedi 25 octobre 2008

"Et le Temps m'engloutit minute par minute "


Découvrez Alain Bashung!


En exclusivité pour toi, "hypocrite lecteur, - mon semblable, - mon frère !" (oh c'est bon j'en sais rien si t'es hypocrite en fait, à toi de voir), ma première note sous substance psychoactive. Ouais...ça va pas être bien brillant je présume. D'autant que j'ai rien à te dire de spécial si tu réfléchis bien. Bon vu mon état je pourrais me laisser aller à quelque confidence, de celles qu'on ne livre qu'en fin de soirée, quand on n'a plus rien à perdre. Eh ben justement tiens, puisqu'on parle de loose, crois-tu qu'on peut perdre ce qu'on n'a jamais eu ? Moi oui. En tout cas ce soir. Demain je dis pas. Difficile de se résigner, mais j'y travaille et ça me met au bord des larmes. Pas là tout de suite. En général.

Si j'assume cette note quand j'y verrai plus clair, je détaillerai. Sinon t'as qu'à te faire un film.

Mais à part ça, ça va hein.

lundi 20 octobre 2008

♫ For sticking two together ♫


Découvrez OutKast!


Je poursuis avec le réparateur.

Le réparateur ça fait des années et des années que je le croise car nous travaillons au même endroit. Au début, quand je me trouvais encore tout en bas de l'échelle de l'ascension sociale, il arrivait souvent que je fasse appel à l'équipe des réparateurs, pour cause de matos assez capricieux (pour ne pas dire défectueux, complètement pourri et comment tu veux bosser dans ces conditions). En pratique ça donnait : Oui bonjour je suis à tel endroit de tel secteur et le machin il est tout bloqué. Et hop tu voyais débarquer un réparateur qui, en général, donnait un grand coup de pied dans le machin et ça repartait pour quelque temps (une à deux heures les jours de chance). Bon au bout d'un moment j'avais compris l'astuce et je n'appelais que quand mon teng kong ce chuai avait échoué. Et des fois c'était pas le réparateur dont je vais te causer. Mais parfois oui. Ça dépendait quoi.

Le réparateur, à cette époque, j'avais bien constaté qu'il me regardait pas comme il regardait les autres, tu vois très bien ce que je veux dire, toi même tu le fais, en partie inconsciemment. Mais ma communication non verbale ne l'encourageait nullement dans sa voie de douceur admirativement intéressée. À savoir : j'ai compris que tu trouves que je suis bonne mais je vais faire comme si que non parce que je ne suis pas disponible. Quant à la communication verbale, elle se limitait à Bonjour, merci, au revoir car vois-tu, moi j'étais à flux tendus et lui il avait plein de coups de pied à distribuer pour débloquer le bordel.

Depuis que j'ai grimpé les échelons (bon t'inquiète j'ai pas encore le vertige hein) je ne travaille plus avec ce matériel de merde et par conséquent je n'ai plus besoin des réparateurs. Si tu ajoutes à ça, outre les dimensions considérables de notre lieu de travail, le fait que mon bureau est à l'étage alors que sa zone d'intervention est en sous-sol, tu en arrives tout naturellement à la conclusion que nous ne nous croisons plus que rarement. Mais là dernièrement il s'est passé des trucs.

Ma perception de ce réparateur a changé, un beau jour, dans la file sandwiches de la cantine. Il passait sa commande, une ou deux personnes nous séparaient, il ne me voyait pas. Je l'entendais draguer gentiment la serveuse, tu sais, comme on fait pour la beauté du geste, sans que ça prête à conséquence mais si ça marche on dira pas non. Et j'ai bien aimé. Sa voix souriante, son entrain, ses plaisanteries. Bon. Et puis on s'est croisé, comme d'hab, à intervalles aléatoires ; il m'a fait, comme d'hab, des sourires appuyés ; j'ai, comme d'hab, eu l'air de rien.

Tout récemment les choses se sont accélérées. Et de battre mon coeur s'est arrêté. Mais non oh. Simplement nous nous croisons, il me sort le sourire numéro trois bis et je me surprend à y répondre spontanément et sans calcul, pas sur le même mode, n'exagérons rien, mais avec une amplitude et un regard plus accueillant que jamais. Autrement dit, quand par ses attitudes il émet (et il m'émeut, car évidemment que je suis flattée) : Oh vous ici, mais quelle joie ! j'en frétille !, alors que normalement je m'en tiens à une courtoisie de convenance du style : tiens je croise un être humain, je dis bonjour, voilà-ty pas qu'en la circonstance je donne plutôt à voir un : Hey salut, je te reconnais, je te dis bonjour plus chaleureusement, tu n'es pas un simple quidam (même si pour l'instant j'ignore toujours son prénom). Tu notes l'évolution.

Puis nouvelle scène à la cantine (qui est, comme chacun sait depuis la cafèt d'Hélène et ses potes, le lieu où ça se passe). Je passe donc, avec mon plateau chargé, devant lui qui est attablé avec ses collègues réparateurs. À nouveau bonjour chaleureux mais raisonnable. Je pose mon plateau et je repasse pour remplir le pichet d'eau. Tout le long du chemin je le sens qui me regarde et j'ai même l'intuition qu'il a mon fessier pour point de mire, alors que si ça se trouve il dit juste passe-moi le sel au gars à côté, mais oh ça va laisse-moi rêver deux minutes. Au retour connexion visuelle, lui un peu par en-dessous, n'oublions pas qu'il est assis et en train de manger, moi un peu par en-dessus, genre je cherche ma place mais je te vois quand même et je te regarde gentiment. Tu sens comme ici tout se concentre ?

Mais là où ça se précipite, là où on passe un cap, c'est un après-midi, alors que je regagne mon bureau après une pause-clope au fond du couloir. Il est là, à mon étage, devant la machine à café. Et il n'a rien à faire là, rien du tout. Des machines à café y en a à foison dans cette maison, pourquoi irait-il s'abreuver aussi loin de son territoire ? Pourquoi si ce n'est pour provoquer la rencontre ?

Seigneur délivrez-moi du mâle, une midinette s'est emparée de moi.

vendredi 17 octobre 2008

♫ Ouh ouh ouh ouh ouh ouh ouh ah ha ♫


Découvrez Bryan Ferry!


(Ah oui essaye d'attendre la fin de la chanson sinon tu comprendras pas le titre)

Bon je commence par lequel ?

Disons le formateur allez.

Je me suis mise au premier rang, sans arrière-pensée à la base puisque t'avoueras quand même que je pouvais pas prévoir. Je regardais autour de moi les gens du groupe, ceux que je connaissais (tiens y a la femme de mon chef d'ailleurs), les autres...distraitement pour tout te dire. Le grand organisateur des formations nous faisait son discours introductif, rien de très intéressant. Et puis il est parti pour laisser les rênes et la parole au formateur.

Jusque là rien ne m'avait encore frappée. Je ne sais pas comment c'est venu d'ailleurs. Mais d'un seul coup je focalise sur la personne de ce formateur et je tombe sous le charme. De sa voix, de sa coupe de cheveux, de son costume, de sa cicatrice là, de son sourire et de son humour doucement ironique. Ah ben vlà aut' chose. J'ai même des pensées pas trop racontables. Direct. Ouh dis donc selon toute apparence je suis en rut moi, que je me dis, allez arrête de fixer là-dessus, concentre-toi ma fille.

Pas moyen.

Ça s'aggrave même quand je pars dans des spéculations frénétiques, genre de toute façon il est trop vieux, à vue de nez comme ça il doit bien avoir dix ans de plus que moi (un quasi centenaire quoi), mais remarque fut un temps ça te dérangeait pas trop la différence d'âge hein souviens-toi, ils avaient tous quinze ans de plus les gars, oui c'est vrai mais oh y a quand même le droit de résoudre son Oedipe à un moment si tu permets, et puis dix ans c'est pas énorme non plus, non mais arrête il doit être marié, obligé, tiens au fait est-ce qu'il a une alliance ? merde je vois pas sa main gauche, attends fais voir, oh mais on dirait qu'il a un système pileux juste comme j'aime, ni trop ni trop peu, pile poil aha, elle lui va bien cette chemise, c'est quoi comme matière ? ah attention la main gauche, la main gauche...PAS D'ALLIANCE (si, je t'assure, parfois (spéciale dédicace à quelqu'un qui croit que je porte des ponchos et je lui en veux même pas) parfois je pense en majuscule dans ma tête) putain pas d'alliance, ouais mais bon ça veut rien dire hein, on se marie plus de nos jours, enfin quoique, et si ça se trouve il est homosexuel, ouais c'est ça j'en suis sûre, voilà j'ai trouvé, il est gay, il aime les hommes et il doit avoir trop de succès en plus vu qu'il a toutes les caractéristiques de l'hétéro viril tendre...

Non mais t'imagines comme il est difficile de bosser dans ses conditions ?

À la fin il a dit Eh bien à bientôt pour la prochaine séance, ce sera avec grand plaisir et j'ai pas répondu Oh oui grand fou oui, j'ai juste dit au revoir.

mercredi 8 octobre 2008

"Tu écriras sur le bonheur"

J'ai peur de l'ennuyer l'analyste. Avec ma vie qui va bien, mes sublimations de bonne élève, mes dérapages contrôlés. Je vis avec un homme, "et que j'aime, et qui m'aime" ; mon métier m'intéresse et j'essaye d'évoluer encore ; je suis quasi fidèle, je me drogue avec modération. C'est chiant non ?

Pourtant, à entendre ses silences, j'ai aussi l'impression qu'il kiffe. Comme si ce travail qu'on fait ensemble (mais moi plus d'abord), ce travail d'analyse, c'était une bonne chose qu'il débouche là-dessus, la monogamie sans frustration, l'alcool sans gueule de bois, et là il en manque un pour rester dans le ternaire mais oh je fais ce que je veux ok ? je casse le rythme et puis c'est tout.

Mais je veux pas casser l'ambiance hein. Même si j'ai l'air de l'exprimer sur le mode du manque, du "sans", du quelque chose en moins...presque de la perte quoi, j'en sors gagnante. Et c'est probablement le lot de tous les analysants de réduire les passages à l'acte quand commence à grandir leur désir. Ben ouais, quand j'ai l'impression qu'il kiffe en se taisant c'est ma satisfaction que j'entends. Si j'en suis arrivée là, c'est bien que je l'ai voulu non ? Oui c'est vachement bien.

Mais attends je t'arrête tout de suite, on n'est pas au bout. Ni du jour, ni de la nuit, ni même de l'enfer. Et même, pourquoi pas, on a juste posé des bases un peu solides et on va pouvoir enfin commencer. Si ça se trouve.

"Tu pourras, dans tes livres, tuer, voler, convoiter la femme d'autrui, mépriser le jour du Seigneur ; en échange tu respecteras cet unique commandement : Tu écriras sur le bonheur." Oui donc là tout de suite ça se complique.