mardi 22 décembre 2009

♫ Et l'écho (et l'écho) de nos montagnes (de nos montagnes) redit ce chant mélodi-eux ♫

Un jour il y a longtemps je t'ai parlé de nos origines, antillaises pour monamour, vietnamiennes pour moi (combien on parie que tu ne t'en souvenais plus ?). Parfois c'est rigolo. Par exemple en Crète, où il semble qu'ils n'ont pas trop l'habitude de voir des noirs et des asiates. Alors les deux en même temps, t'imagines...Ou alors au boulot. J'étais là en tant qu'observatrice ; comme il ne se passait rien, je tapais la discute avec la dame à la peau noire et voilà qu'on se trouve des connaissances communes en Guadeloupe ! Non mais si c'est pas dingue la vie ! Et puis pas plus tard que ce week-end, quand Raoul sort les photos de sa petite fille, métisse antillaise-eurasienne (ce qui fait un sacré paquet de métissages au bout du bout), et qu'il me dit : Voilà ce qui t'attend (sous-entendu en cas de reproduction). En toute honnêteté, et nonobstant le cliché qui consiste à dire "les métis, c'est les plus beaux", (tiens Martin Winckler disait à ce propos que tous les enfants sont métis) je dois reconnaître qu'elle est pas mal la petite fille.

Cette longue introduction pour en venir à une tradition antillaise fort réjouissante, j'ai nomme le chanté Noël (je ne sais pas trop pour l'orthographe, mais si on part du principe que la locution est en créole, je penche pour le participe passé plutôt que pour l'infinitif. A vérifier).

Au départ ça m'a un peu soulée, que monamour mère me réveille en tout début de sieste pour cause de mon dieu je vais jamais y arriver, Ada viens m'aider. Bon déjà il est où ton fils indigne ? que c'est moi qui me tape la corvée rinçage des verres à l'eau froide (monamour mère, dis-moi tout, tu sors d'un bain de 4 heures, c'est ça ?). Mais bon, tu me connais, toujours prête à rendre service (et j'ai même pas fait scoute hein tu noteras). Le plateau de crudités avec alternance chamarrée (fenouil, tomate, concombre, radis), ça allait déjà mieux. Ce que j'ai kiffé trop mortel, c'est le découpage du jambon de Noël. Tu tournes autour du bestiau, tu sais pas trop par quel bout l'attaquer et puis tu te lances avec ton couteau de boucher et là c'est trop bien, d'autant que tu peux manger toutes les chutes pas présentables.

Plus tard, les invités arrivent par paquet de dix, avec les célébrités et tout et on fait la chaîne : ti punch pour les conservateurs, mojito pour les libéraux (perso je me situe pile poil au centre, les deux mon capitaine). Rhum à gogo donc, histoire de se chauffer la voix avant la distribution des livrets.

Hé oui, les livrets bien sûr, on est quand même là pour ça à la base. Raoul au clavier, Jamy à la guitare, nous autres au chant et à la danse. On chante Joseph ("mon cher fidèle"), Satan ("qu'il crève", cathartique en diable), Marie et toute la smala. Les plus aguerris partent en impro, se risquent à quelque solo. Et ça tape dans les mains, ça remue du popotin, ça reprend en latin Glo-o-o-o-o-o-o-o-o-o-ria in excelsis de-e-o (ma préférée tu te doutes). Tu sais, comme dans cette émission où les artistes chantent les chansons d'autres artistes, où on mélange les styles et les personnalités...Taratata, voilà. Mais en mieux car tu es au milieu.

lundi 21 décembre 2009

"Solution : produit liquide contenant une ou plusieurs substances dissoutes"

Je rends à Pascal Fioretto ce qui lui appartient :
- Christian Pignol, Les Engoulevents de la Grange-aux-Loups
- Katherine Plancol, La valse jaune des tortues-crocodiles
- Zig Larsen, Milliardium tome 4
- Patrick Modiamo, L'hôtel obscur des amnésies perdues
- Muriel Burbery, L'élégance du maigrichon
- Eric-Emmanuel Shmit, Louison Touletemp et le sumo rose
- Philippe Solers, Le divin moi doute
- Guillaume Muzo, Où seras-tu si je reviendrais sans toi ?
- Philippe Delerme, On aurait dû fermer les volets

dimanche 29 novembre 2009

"Perroquet : apéritif fait d'un mélange de pastis et de sirop de menthe"

Entre les cours dont je suis dispensée (eh ouais tu crois quoi, j'ai trop cartonné aux tests d'évaluation) et les cours que je sèche, j'ai pas mal de temps libre que je n'occupe pas seulement à tester les bars et la gastronomie locale. J'ai vu un bon paquet de films au cinéma et j'ai lu un bon paquet de bouquins. Dont un de pastiches fort réussis de neuf auteurs de best-sellers. Je t'en livre un extrait de chaque, sauras-tu les reconnaître ?

Ce 24 juillet, jour de la Saint-Tillinac, la foire aux pagnotons battait son plein dans la rue principale de Courtonac. Les hommes s'étaient lavés en l'honneur du saint patron du bourg et tous portaient un calot d'été à orfroi en plus du traditionnel tablier de beauseigne en gros lin bleu. Les femmes, toutes de paille tressée vêtues, avaient ordonné leurs cheveux en fiers chignons et riaient de bon coeur.

Un jeune homme robuste, aux cheveux noirs bouclés comme les seigles et au sourire franc comme une fontaine, tirait derrière lui un âne bâté. Tout en se frayant un passage entre les étals de marchandise, l'inconnu contemplait avec gourmandise les pains de froment luisant au grand soleil. Cela faisait plusieurs jours qu'il n'avait rien mangé et la tête lui tournait un peu.

Elle raya la ligne "fringues" sur le PostIt qu'elle avait collé dans un coin de sa mémoire et passa aux autres points stabilotés de sa job list. Régler chauffe-eau, lire horoscope, réclamer pension à l'autre con, décongeler saumon, drainer cuisses, changer photo Meetic, épiler maillot, réserver Megève, parfumer rideaux, composer bouquet, étirer lombaires, infuser thé vert...sans oublier de consacrer un quality moment aux enfants. Endless, la job list. Hopeless, sa life. L'existence lui sembla soudain si cruelle que ses yeux se gonflèrent de larmes qu'elle écrasa du coin de la langue. Ne pas craquer. Les enfants ne comprendraient pas. Allons, ma vieille, tu es une battante dans la tourmente, c'est tout.

C'est tout, mais c'est tellement beaucoup...

Le document tenait en quelques pages mais tout y était, du plus petit au plus gros composant, de la plus élémentaire à la plus complexe des opérations.

Elle fit un tirage papier qu'elle roula en cylindre dans le pied creux de son lit puis enregistra une sauvegarde du fichier en pdf sur la clé USB qui lui servait de piercing à la joue. Elle entreprit ensuite de fouiller le buffet de la cuisine. Le meuble contenait des assiettes, des verres, des couteaux, des fourchettes, des petites cuillères et des cuillères à soupe, des bols, trois casseroles, des serviettes de tables, trois nappes, des torchons de vaisselle, des torchons pour les mains, des poêles et des ustensiles de cuisine. Elle remarqua qu'il n'y avait ni raclette à fromage dans le tiroir, ni ce qu'elle cherchait. Elle reverrouilla son MacBook et s'apprêta à pénétrer à l'extérieur.

La rue Carnot à Courtonac. Quand je la descends aujourd'hui, je repense à ce qu'elle fut hier. Pourtant, hier, en la remontant, je ne pensais pas à ce qu'elle serait aujourd'hui. Si le temps a un sens, c'est donc toujours le même. Après vient toujours avant. Ensuite, il y a pendant. Enfin, il y a après. Le présent, lui, arrive plus tard. Trop pour être du passé. Pas assez pour être du futur.

Voilà ce que j'ai appris au cours de mes étés à Courtonac, à la terrasse du Café de l'Univers.


Le passé puis le présent mais jamais après le futur. Fût-il antérieur.


Mais au fait, que savons-nous du maigre ? Existe-t-il un universel du famélique ou, au contraire, des êtres qui, individuellement et singulièrement, sont grêles par nature ? Doit-on procéder par généralisations sémantiques pour parler de cachexie ou peut-on pénétrer des formes générales intangibles dont l'émaciation participerait de l'essence même, au sein d'une forme universelle, et qui ne seraient pas de simples regroupements langagiers arbitrairement regroupés par signifiants en fonction d'un consubtantiel signifié ? Autrement dit, quel est la nature ultime de la congruence secrète existant entre Françoise Hardy, Sandrine Kiberlain et une girafe ?

- Vous êtes aveugle ?

- N'est-ce pas nécessaire pour mieux voir ? De même qu'il faut être sourd pour mieux entendre, muet pour mieux chanter et manchot pour mieux toucher...


- Et cul-de-jatte pour mieux courir ?


Le vieillard dut s'asseoir sur un rocher tant il était secoué par l'hilarité.


- Tu es trop drôle, Louison. Si tu es aveugle, sourd, muet et manchot, dis-moi un peu à quoi te servirait de courir ?


- Combien valent vos images ? demandai-je pour me débarrasser de lui.


- Tu comptes trop Louison, car tu ne comptes pas assez.


- Faudrait savoir !


- Je te l'ai dit : je sais...Tu comptes les sous, les agios, les jours de RTT...mais tu ne comptes pas assez sur toi. Au lieu de compter sur ce que tu comptes, tu devrais croire à ce que tu sais.



Vous ne regrettez rien. Dans 1000 ans, on comprendra...Médiatique ? A cause des attachées de presse en petite robe noire. Bavard ? Uniquement s'il y a des micros, des caméras ou des journaux. Sinon, rideau. Et à l'Opéra : se taire. Et en dormant : silence. Intellectuel ? D'accord mais global. Inclassable ? Si vous le dites. Homme-monde ? A la rigueur. Sociétaire du Spectacle ? Définitivement ! Pour comprendre Debord de l'intérieur (mais qui se souvient que c'est vous qui l'avait lancé en 2006 ?). Bouc émissaire ? Book émissaire, plutôt.

- Bah, vos jeux de mots à la Delbourg...


- Je me suis déjà expliqué à ce sujet : les mots sont les pièces d'un jeu de l'ego. On les assemble. Clic ! On les perd, on en retrouve sous le lit. On marche dessus, pieds nus. Aïe ! Mais si on sait les assembler : alors on peut tout (dé)construire.



- Ce que je vais te dire va sûrement te sembler difficile à admettre, mais je te demande de me croire : dans le futur, tu vas me sauver la vie

- Dans le futur ? Mais quand ?


- En septembre 2001...Le 11, très précisément.


- Vous oubliez que j'aurai 80 ans en 2001 ! fit remarquer Gary.


- Et tu conduiras un autobus dans les rues de New York, compléta Madyson. Je sais que ça paraît invraisemblable, je t'avais prévenu, mais c'est comme ça...



Gary se demanda si la jeune femme se moquait de lui.

Mais bordel pourquoi aurait-elle fait tout ce voyage pour se payer sa tête ?


Madyson lui raconta alors en détails ce qui allait bientôt se passer au chapitre précédent et lui demanda de n'en parler à personne pour ne pas gâcher la surprise.



C'est vers 17h34, mais il y a comme un peu d'impatience que ce soit bientôt le soir. Ou qu'il fasse orage. Pour mystifier le temps, on a mis le rôti et les courgettes émincées dans un Tupperware au congélateur. En s'ouvrant, la porte de l'appareil à froidure a libéré ses frimas. Troublante évocation des dimanches d'hiver mouillés, des inhalations sous la serviette éponge, des décoctions aux baies de Goji, des cataplasmes. On a plongé la tête dans le rectangle froid, au plus près des cônes glacés, des sachets de girolles, des filets de colin...Sur les Forty d'Afflelou, une fine couche de bruine est venue se poser. Alors, soudain, en pleine chaleur, on a revu le monde en novembre.

Les réponses ici

dimanche 22 novembre 2009

♫ Y a des cigales dans la fourmilière, et c'est pour ça que j'espère ♫

Du côté de la vraie vie par contre c'est carrément mieux.

J'ai kiffé le ciel bleu qui m'a donné envie, en sortant de l'école, de traverser le grand parc, jaune-orange à la faveur de l'automne, (ça faisait un bail que j'avais pas vu de girafes) et de marcher longtemps en longeant les berges jusque chez moi.

J'ai kiffé le lendemain de refaire le trajet, en footing cette fois, et de constater que j'avais mis trois fois moins de temps.

J'ai kiffé de prendre une douche et de sentir mes cuisses (merde j'ai oublié les étirements), puis de ressortir au marché, toujours sous le soleil, acheter plein de légumes (je vais bouffer de la ratatouille toute la semaine).

J'ai kiffé de croquer dans le quignon prélevée sur la baguette de campagne.

Putain, c'est même pas le monde des bisounours, on se croirait carrément dans un bouquin de Philippe Delerm, là, ça craint. Attends je vais trouver autre chose.

J'ai kiffé d'être dissipée en classe (ah ben c'est le jeu, quand on t'infantilise, tu régresses volontiers à l'âge bête), j'ai kiffé que ce soit l'anarchie, que Truc sorte récupérer une impression perso dans le couloir, que Machin décroche son portable et s'absente une demi-heure, j'ai kiffé le fou rire crescendo pendant que le prof, seul avec son obsession d'énumérer toutes les combinaisons, aligne des 0 et des 1 au tableau (devine quel cours).

J'ai kiffé la soirée beaujolais, où on a rencontré les autres promos et où à la fermeture il restait cinq guerriers ; j'ai kiffé qu'on sorte des échanges guindés de l'école pour en venir à des sujets plus profonds (le cul bordel !), qu'on se donne des claques dans le dos parce qu'à 2 du mat on est tous des frères ; j'ai même kiffé la gueule de bois du lendemain quand la classe cuve et que le prof prend ça pour de la concentration.

J'appréhendais un peu cette nouvelle vie et les week-ends solitaires. Mais j'ai kiffé d'être seule, ça fait du bien, vraiment. T'sais c'est comme quand t'es célibataire, ça te met en éveil.

Je kiffe que monamour arrive mardi.

jeudi 12 novembre 2009

♫ Je n'ai pas peur de la route, faudrait voir, faut qu'on y goûte ♫

Avant de quitter la grande ville pour une ville un peu plus petite, j'ai dit au revoir aux Zamis, aux Zamours et aux Zamants, avec un grand Z de fin, quel beau symbole. En pratique j'ai fini sur les épaules de monamour pour rentrer à la maison à 6 du mat parce que là les talons j'en pouvais plus. Quand le réveil a sonné le lendemain, autant te dire que j'avais pas eu le temps de caser deux nuits en une et que j'ai lutté. Mais c'était la rentrée, j'ai vaguement dormi dans le train et après un discours de madame la directrice, on a commencé par trinquer au vin rouge histoire de pas être complètement déboussolé.

La version officielle, c'est qu'on est tous content et fier d'avoir réussi ce concours, content et fier d'être les élèves de cette école nationale supérieure, parce que c'est pas donné à tout le monde tu vois quoi. La version off tout court, c'est les cours justement. On m'avait prévenue mais tu sais bien, tant que t'as pas vu, t'y crois pas vraiment. Exemple d'un cours passionnant. Le monsieur se présente Je m'appelle Robert, j'ai participé à la rédaction de la loi Roberta, bim il envoie le power point et à la fin t'as qu'une envie, c'est lui décerner le ruban de la langue de bois et l'étrangler avec.

Mon cours préféré, j'ai oublié son nom parce que je l'ai autoritairement baptisé "Lecture du planning". On est donc tous là, en U (démocratie participative attends) et la dame, fort sympathique par ailleurs, projette le planning et nous le lit. Alors mardi matin de 9h30 à 12h, vous visiterez la bibliothèque de l'école. Youpi youpi. Et vas-y qu'elle déroule la semaine alors que, il faut le préciser au passage, ce planning elle nous l'a auparavant distribué sur papier et il est aussi consultable sur l'intranet. Mais on n'est jamais trop prudent...Et puis la journée de jeudi sera consacrée à la préparation à la prise de poste. Là tu te dis super chouette sans ironie car tu crois naïvement qu'on va enfin entrer dans le vif du sujet. Eh ben crois-moi que le jeudi en question t'es tout désappointé quand tu te rends compte que ça consiste à brasser du vent. On forme des trios et on brainstorme sur des questions aussi fondamentales que : quel professionnel souhaiterais-je être ? (ben une grosse nullasse bien sûr) ; quelle erreurs souhaiterais-je ne pas commettre ? (parce que y en a que je suis censée avoir envie de commettre ? baiser avec les collègues, ça compte ?) ; quelle serait ma devise ? mon logo ? (attends mais on monte une entreprise là ? je comprends rien).

M'en fous demain après-midi je sèche, c'est pas tout ça mais j'ai une vie je te rappelle.

lundi 26 octobre 2009

♫ It was very nice, candlelight and Dubonnet on ice ♫

Avant de quitter mon lieu de travail pour de nouvelles aventures provinciales, il a fallu sacrifier à la cérémonie du pot de départ. Petit comité ? Avec onze ans d'ancienneté, si tu veux ménager les susceptibilités, le grand comité s'impose. Parce qu'il faut bien voir qu'un pot de départ, c'est pour faire plaisir à ceux qui restent. Moi par exemple, j'aurais bien vu ça en soirée, dans un bar sympa. Mais non, faut que ça se déroule pendant les heures de taff, toujours ça de pris. Grand comité donc, en association avec une camarade de concours que là je lui trouve pas de nom ça va être un peu chiant pour la suite.

Une fois la date fixée, on brainstorme pour le carton d'invitation (l'email collectif quoi). Au bas mot deux heures, à peser les mots de la formulation, à choisir la police, la couleur et l'illustration. Eh oui car il faut une illustration, une image piquée ici ou là, un truc joyeux mais original (pas une bouteille de champagne), élégant et raffiné (pas un gros sandwich dégoulinant de ketchup), en rapport avec le sujet (pas la photo de Kim Phuc par Nick Ut). A la fin je disais oui à tout, elle aurait pu choisir du Verdana taille 26 marron avec un chaton anthropomorphisé que j'aurais validé. Bref après un temps incommensurablement long, on finit par arriver à un truc du genre : A l'occasion de notre prochain départ, nous vous invitons tel jour à telle heure (tu sens le travail en amont ?). Plus la reproduction d'un tableau sobrement gai d'un peintre fauviste (ça fait bien intello de gauche, nickel).

Deuxième étape : l'approvisionnement. Quels liquides, quels solides, en quelle quantité. La quantité c'est pas compliqué, comme tu sais pas, t'en prends trop, comme ça t'es tranquille. Chacune est chargée de concocter quelques bonnes petites choses de sa spécialité (du coup j'amène un fût de bière alors, c'est ça ? ah non à manger, ok ok, euh, des cacahuètes ?). On se partage les basiques : le pain, les chips, les olives. Ah et des tomates cerises, ça serait bien des tomates cerises non ? Oui oui c'est vachement bien les tomates cerises. Mais quand elle m'a dit : On n'a qu'à en prendre une bonne livre chacune, j'ai été obligée de demander : ça fait combien une livre ? et là elle m'a regardée avec une espèce de pitié étonnée, si, j'ai bien vu.

Troisième étape : la préparation. C'est le week-end, c'est le matin, tu es quasi à jeun et tu prépares un cocktail qui doit macérer, mariner, enfin t'as compris que j'ai pas le vocabulaire culinaire c'est bon. Tu prends donc tes grands saladiers. Tu coupes les citrons verts, tu verses les liquides. Tu as l'impression de travailler dans la restauration collective avec la grande louche qui mélange tout ça. Puis faut goûter. Pas dégueu hein. Allez rajoute un peu de sucre de canne. Vas-y goûte. Ouais c'est mieux. Mais quand même il te faut un deuxième avis. Monamour qui passait par là en avale une petite louche. Verdict : ah ouais, pas mal, mais ça manque pas un peu de vodka ? Fais voir ? Ouais t'as raison, j'en remets. Et maintenant ? Ah oui là c'est bien. Attends je vérifie. Et bizarrement, inexplicablement dirais-je, plus tu goûtes, plus t'es mort de rire. Quel mystère. Et plus tu te dis qu'on va bien s'amuser à ce pot. Dans l'immédiat amuse-toi à remplir les bouteilles en plastique à l'entonnoir. Eh ben je te prie de croire que dans cet état c'est pas de la rigolade. Comme si t'avais pas eu assez chaud, tu passes l'après-midi la tête dans le four à cuire des cakes (je te recommande tout particulièrement le coppa-roquette et le roquefort-poire-noix).

Le jour J. Des volontaires sont recrutés pour couper, piquer, tartiner, agencer. Et puis un peu avant midi, voilà qu'on t'offre discrètement une bonne bouteille de whisky. Ah ah ah mais on va s'en verser un p'tit godet alors hein. Ni vu ni connu, un petit coup de fouet avant le spectacle. D'autant qu'une rumeur court, selon laquelle les grands chefs ne seront pas là, on va pouvoir se lâcher. Et c'est parti. Plein de monde, dont des amis de l'extérieur en RTT spéciale pot, la classe. On vient te parler spécialement à toi vu que tu es la co-reine de la fête, je te rappelle, ce qui fait que tu n'as pas une minute pour manger. Par contre boire, je sais pas pourquoi, j'y arrive toujours. Le truc pratique c'est que tout le monde te pose les mêmes questions, faut juste pas se rater et éviter de répondre Un studio dans le centre-ville à la question Quel sera ton nouvel établissement d'affectation ? Puis le grand chef débarque, tu lui sers un cocktail qu'il appréciera puisqu'à la fin il en viendra à te mettre des coups de coude dans les côtes. Avant ça il dit : Je vais dire quelques mots, je pense que vous l'attendiez ? Ben écoute gars, pour tout te dire, on t'attendait même pas toi, alors bon, je vais me contenter de sourire.

Discours donc, fleurs, cadeau. Et re-questions-réponses, et présentation de monamour à quelques phénomènes dont je lui parle depuis si longtemps, et musique, et danse. Carrément. Milieu d'après-midi, première clope depuis une éternité. Ménage en buvant du vin rouge, départ en petit comité au bar d'à côté. Défilé des sorties de bureau, coucou coucou, c'est nous les alcoolos. Arrêt des festivités vers une heure du mat. Un peu comme dans la vraie vie quoi.

mardi 6 octobre 2009

Dernières séances avant l'auto-analyse

Pour moi c'est bientôt la rentrée des classes là-bas en province, alors l'analyse sur divan ça se termine.

Je me souviens de cet après-midi de 2003, en face à face pour commencer, et de ce que j'ai dit. Clouée dans le fauteuil par le poids de la faute. J'ai un copain et je le trompe.

Je me souviens de ce vendredi début de soirée, dans le métro, un homme une femme sur la banquette, enlacés bisous bisous, arrêt à la station, il se lève, se faufile et elle continue par dessus la foule Bon week-end mon amour, je t'aime, et passe une bonne soirée, je t'aime je t'aime tandis qu'il sort.

Pourquoi me suis-je imaginé qu'il s'agissait d'un couple "illégitime", qu'il allait retrouver sa régulière, qu'elle était seule de son côté et qu'elle l'aimait, mais lui moins, il rentrait à la maison, une autre vie et elle serait toujours seule ? Je ne sais pas...Parce qu'elle s'acharnait avec son amour empressé. Comme si elle voulait qu'il oublie pas. Que son amour noie l'autre et prenne le dessus. Parce qu'elle l'encourageait à affronter ce week-end qui ne serait dur que pour elle.

J'ai pensé, Arrête, il la quittera jamais pour toi, c'est sans issue. Je compatissais mais je m'identifiais à lui. J'ai pensé Jamais je ne serai cette femme, plutôt crever. J'ai quitté le copain et l'amant.

Sur le divan j'ai bossé les triangles. J'ai eu un autre copain, d'autres amants, des angines. Des phases fidèles et reposantes (ou rassurantes ?). Récemment monamour a dit J'aimerais qu'on vieillisse ensemble (et un autre truc aussi).

On dit qu'en analyse la guérison vient comme une cerise sur le gâteau. Ce ne serait pas une finalité. En gros après une analyse réussie, tu restes malade mais tu souffres plus. Ça se pourrait, au vu du grand sourire que j'affiche quand mon pote me demande : Alors ? toujours triandre ?

Ben ouais.

jeudi 24 septembre 2009

♫ Bleu bleu le ciel de Provence, blanc blanc blanc le goéland, le bateau blanc qui danse ♫

Je sais, Marcel Amont c'est pas de ton temps. Ça tombe bien, je vais pas non plus te parler de la Provence.

Le truc sympa avec Héphaïstos, c'est ses bons plans. Déjà la maison cubique blanchie à la chaux
elle te rend quasi fou de joie et tu veux plus la quitter. J'ai envie de dire ♫ Que la montagne est belle ♫. Tu te prends pour un botaniste à force de reconnaître les figuiers, le jasmin et la vigne du premier coup d'oeil (ouais ben eh). Tu croises pas grand monde, à part au bar-restaurant, coeur et unique organe social du village, et quand un soir, de retour d'ici ou là, te prend l'envie d'immortaliser ce paysage, tu luttes longtemps pour ouvrir la portière de la voiture à cause d'un vent violent. Au péril de ta vie tu te perches au bord du ravin et tu prends de misérables photos en bougeant au rythme des rafales, tandis que tout le monde (à savoir personne + tonamour) voit ta petite culotte.

(Sauras-tu retrouver la maison cubique parmi les maisons cubiques ?)

Mais Héphaïstos, ce n'est pas que la montagne. Héphaïstos, c'est aussi l'hôpital. Le matin où monamour se réveille avec les boules là, et qu'il lui demande l'adresse d'un médecin, Héphaïstos le prend par l'épaule et nous emmène à l'hôpital. Attends gars, qu'il lui dit monamour, moi je veux juste un rencard chez le médecin, j'ai pas de temps à perdre hein. Rien à faire, on va à l'hôpital. Et là c'est miraculeux : tu arrives aux urgences, tu dis que tu as mal à la gorge, personne ne rit de toi, personne ne te conseille de te jeter d'abord du troisième étage pour que le physio à l'entrée te prenne en considération. Non, on inscrit ton prénom sur un bout de papier (on ne te demande ni ton nom, ni ton adresse, ni ton matricule), tu attends, allez, 10 minutes dans un couloir, on t'ausculte, tu payes pas et tu vas acheter des médocs pour la gorge. Tu rêves pas.

Héphaïstos, c'est encore la mer. Précisons que ce voyage n'était pas prévu de longue date (autrement dit organisation zéro, free style impro) et que lorsque le susnommé nous proposa un séjour mi-montagne, mi-mer, nous acceptâmes avec soulagement afin de s'éviter la galère du vrai routard. Ainsi donc la mer.

Une petite crique très peu, voire pas, fréquentée. Où j'ai lu des livres et bien bronzé. Où une crevette (ou était-ce un petit poisson ?) venait nous mordiller les parties charnues. Où il s'est avéré que monamour est bien meilleur que moi en ricochets (c'est nul t'façon les ricochets).

Héphaïstos enfin, c'est le bon pote. Celui qui t'amène à son QG à la tombée de la nuit, petite plage de sable fin, parasol et lumière tamisée. Qui te dit Tu es ici chez toi, on va passer du bon temps ensemble. Qui te présente ses potes qui viennent s'attabler aussi. Qui raconte sa vie et qui te fait marrer. Qui aligne les pintes en veux-tu en voilà, non non non you're my guests, à tel point que le lendemain, que crois-tu ? Ben oui, t'es obligé d'y retourner pour mettre la tienne.

mercredi 2 septembre 2009

♫ Mais y a pas d'soupe ! Rien n'est parfait ♫

La base du régime crétois, c'est l'huile d'olive, tu savais pas ? T'inquiète, Héphaïstos nous a tout bien expliqué.

La première partie du séjour, on habitait dans une maison cubique sur la montagne dans un village pittoresque, à savoir en ruines.

Pourquoi donc en ruines ? Bonne question. Ce village très ancien, au temps de sa prospérité, abritait de nombreux cultivateurs d'oliviers. Mais voilà que l'olive, de nos jours mon bon monsieur, ça rapporte plus des masses. Parce que bon déjà faut les abreuver les arbres. Eh oui mais dans ces contrées où l'eau pousse pas sous le sabot d'un cheval, c'est compliqué parce que t'es aussi obligé d'arroser le monsieur qui ouvre le robinet sinon il te donne ta ration, basta, et tes oliviers mon pauvre c'est pas demain qu'ils te donnent des olives (par exemple lui Héphaïstos, il a 180 oliviers, qu'il ne traite pas au pschitt-pschitt, autant dire bio, ce qui engendre un fort taux de perte. Eh ben avec ses 180 oliviers, il obtient 80 litres d'huile par an). Bon mais admettons que t'aies de quoi arroser le monsieur. Tu sais combien tu le vends ton litre d'huile aux grossistes italiens qui après te mélangent tout ça comme des barbares ? 80 centimes mon petit, au moins 100 fois moins que le prix de revente dans ton supermarché. Si c'est pas l'arnaque. Alors dans ce village à un moment ils se sont dit faut arrêter de nous prendre pour des cons, on descend vers la mer louer des maisons aux touristes, on leur fait à manger et puis ça va bien. D'où les ruines.

Cela dit on a bien mangé.

Des tomates.

Du poulpe.

Mais pas de poisson. Ah non, le poisson au mois d'août, cherche pas, y en a pas. Ou plutôt il est accaparé par les grandes chaînes d'hôtels et de restaurants de la côte nord (la côte nord c'est le Saint Trop' de la Crète, c'est pourquoi nous étions au sud-est), que même si tu t'appelles Héphaïstos, ton poissonnier il te dit Désolé gars, reviens dans un mois, là c'est mort. Ou alors ça coûte très cher.

Le régime crétois, non mais laisse-moi rire. Et si je te disais que les Crétois sont obèses hein, ça te calmerait ? T'as beau te nourrir de greek salad ultra-diététique comprenant tomates-concombre-poivron (jusqu'ici c'est comme si t'avais rien bouffé hein) plus de la féta que quand même va falloir survivre, tu crois vraiment que ça intéresserait quelqu'un si ça baignait pas dans l'huile d'olive ? Et la moussaka ? faudrait pas que ça accroche au fond hé dis. Quant aux aubergines (je veux encore des aubergines frites, je veux encore de la salade d'aubergines, encore encore encore), c'est bien connu, c'est très absorbant, et ça se fait pas cuire à l'eau dis donc. Alors hein bon tu m'as compris. En plus chaque fois que tu commandes un apéro, ils t'amènent trois petites assiettes de trucs bons qui comptent pas t'sais (putain on a l'air de quoi avec nos cacahuètes rassises et nos pop-corn écorcheurs de gencives ?). Pour finir, et c'est là qu'on voit qu'il fait bon vivre dans ce pays, la pinte de bière est à 2 euros et le paquet de clopes à 3.

mercredi 26 août 2009

♫ Robinson Crusoe n'a plus un vendredi d'libre ♫

Alors cette année on est parti en Crète. Pendant le voyage aller j'ai découvert un nouvel aspect de monamour tout à fait étonnant : cet homme est anxio-extra-lucide.

Première transe anxieuse : qu'on reluque son passeport de trop près. Faut dire aussi qu'il a recollé lui même la photo qui ne tenait plus qu'à un fil (à Londres, contrairement à Madrid où ils s'en contrefoutent, ça rigole pas avec les photos décollées, ils te font la leçon tellement méchamment que t'es presque volontaire pour faire demi-tour). Eh ben crois-le, crois-le pas, ça passe beaucoup mieux comme ça. On pourrait donc supposer qu'il est préférable d'avoir de faux papiers pimpants que de vrais abîmés.

Transe anxieuse numéro deux : qu'on rate la correspondance à Athènes à cause du retard du premier vol. On a beau courir dans la galerie duty free, on arrive en avance pour l'embarquement du second vol, lui aussi en retard (ils font bien les choses faut reconnaître).

Et là, comme on commence à être un peu trop tranquille, à survoler de charmants paysages,


il active l'anxiété numéro trois : et les bagages ? seront-ils bien orientés ? va-t-on les retrouver entiers à destination ? Je le rassure en faisant valoir qu'au pire on ira dans un camp de nudistes et puis le tour est joué, tiens bois une bière.

Cependant à Héraklion, une fois qu'il a eu récupéré son sac, que tous les autres passagers ont eux-mêmes récupéré leurs sacs, que la dame de la compagnie m'a dit d'aller voir le tapis roulant d'à côté et que je n'ai toujours rien vu venir, la perspective du camp nudiste ne m'a plus beaucoup fait rire.

Oui mais bon eh oh, respect à monamour je te signale, dont l'anxio-extra-lucidité frappe là où ça fait le moins mal. Ben ouais regarde, si son passeport était retoqué, on partait pas ; si on ratait la correspondance, on perdait de l'argent. Là on perd mon sac : pff une broutille, on va retrouver les vraies valeurs contemplatives, loin du monde consumériste, pas un bouquin à lire, rien (je veux dire à part les siens de livres, mais moi La Grèce pré-classique j'avais pas trop envie). Franchement il assure.

C'est aussi à ce moment que j'ai pris conscience qu'il allait falloir gérer en anglais. Pas de problème puisque pour commencer elle me montre des photos de sacs et je dois sélectionner celui qui ressemble le plus au mien. Après elle ouvre l'armoire derrière, et là dans ton petit cerveau traumatisé qui fait un déni de réalité, tu te dis que obligé elle va en sortir l'objet du désir...mais non, elle prend juste un rouleau de PQ pour s'essuyer les mains. Ensuite elle dit : Well, when I'll have news, I'll send you an SMS, sorry, bye. Attends. Attends, tu vas pas me laisser comme ça en plein désarroi ? tu vas pas m'abandonner ? tu vas le retrouver mon sac hein dis ? I'll send you an SMS. Mais je m'en fous de ton SMS, je veux mon sac.

Bref on sort de l'aéroport et on tombe sur un monsieur qui tient une pancarte "Monamour", c'est le loueur de voiture. Je fume deux clopes d'affilée le temps de lui raconter la mésaventure et là, je ne sais pas comment il fait, mais avec deux trois mots genre Take it easy, you're on holidays, il me décontracte tout en douceur. Je prends le volant, en route pour le sud-est. Deux heures plus tard, on retrouve Héphaïstos, le propriétaire de la maison sur la montagne. Il nous amène chez son pote l'épicier qu'il a fait veiller (round midnight) exprès pour nous et là encore le simple fait d'acheter brosses à dents, dentifrice et gel douche (parce que qui porte la trousse de toilettes ? La fille, é-vi-dem-ment) me décontracte un peu plus (je suis rien qu'une petite bourgeoise).

Le lendemain je téléphone et la dame dit qu'ils ont retrouvé mon sac (et mon SMS ? il est où mon SMS s'il te plaît ?). En attendant qu'il arrive jusqu'à la montagne (you know, the taxi-driver has 4 bags to deliver in different places of the island...Mais t'as pas honte ? t'as pas honte d'en avoir perdu 4 des sacs ?), je me baigne en sous-vêtements, à la guerre comme à la guerre. Ils ont heureusement le bon goût d'être en coton noir, sans frou-frou ni trou-trou. Tu veux qu'j'te dise ? Vivent les culottes de mémère.

vendredi 21 août 2009

...

Comme l'année dernière, avant de te raconter mes vacances, une petite pause musicale :

samedi 8 août 2009

♫ Put on your red shoes and dance the blues ♫

Je suis sûre que dans ta petite tête tu associes certains moments de ta vie à une bande sonore particulière. Par exemple moi, la bamba ( para bailar la bamba, se necesita una poca de gracia tu vois) c'est la Californie. Bon mais c'est pas de ça que je veux te parler. Là il s'agit plutôt de savoir comment allier son état d'esprit à la danse de circonstance. Tout en conservant la grâce nécessaire (cf la bamba). Faut-il comme Robert Smith adopter la technique du déhanché enfantin qui consiste, si tu veux bien te donner la peine d'appuyer sur play, à faire semblant de jouer à la marelle en fixant le sol pour pas se tromper de case ?



Il y a quelques semaines, j'étais dans un taxi, en conversation téléphonique avec un ami (truc de ouf), je retrouvais le charmant charmeur chilien qui devait se produire en sound system un peu plus loin. Comme de bien entendu nous y allâmes en chemins de fer, et j'eus beau consommer moult champagne tout en relançant dans des toilettes qui fermaient pas à clé (prise de risque, risque d'être prise), tandis que le charmant tenait le micro et les platines, je ne parvins pas à me dandiner mollement au rythme du reggae sous un nuage de fumée de spliff. C'est bien là le problème, me disais-je, si tu t'étais étourdie aux végétaux, t'aurais été dans le move tandis qu'en l'occurrence t'as plutôt envie de faire des bonds survoltés. Mauvaise coordination (à noter que le charmant lui n'en était nullement gêné, tu dois apprendre à gérer tes montées, dit-il, ainsi que tes descentes. Ouais don Juan (pas Molière hein s'il te plaît, l'autre), mais moi sur la voie du guerrier j'en suis qu'au niveau 1) .

A contrario, une soirée sur l'Embarcation-close bien préparée en voies ferrées et voilà que tu ne quittes plus la piste électro-électrique.

L'exception qui confirme la règle : à la Nouba, il ne t'aura fallu que deux mojitos pour t'enflammer sur une musique de merde. Comme au bon vieux temps (qui précéda de peu l'époque des bières préparatoires au pogo bérurier), quand après un verre de Coca pur, tu te laissais enlacer par...qui déjà ?, au son langoureux du Careless whisper de George Michael.

La question qui se pose aujourd'hui, veille de mon départ en vacances : que faut-il prendre pour danser le pentozalis ?

vendredi 31 juillet 2009

♫ Des heures des heures de voltige à plusieurs ♫

Ça m'était arrivé une fois, le coup de l'ascenseur, mais pas à ce point-là quand même. Je te vois déjà imaginer tout de go qu'un beau gosse a appuyé sur le bouton d'arrêt d'urgence afin que nous nous livrions à des activités étroites et profondes. Eh bien non. Pourtant y avait tout ce qu'il fallait.

La première fois, lorsque je monte à bord, la directrice générale s'y trouve déjà. Nous échangeons des salutations polies et nous ne parlons pas. Cependant elle garde les yeux fixés sur, semble-t-il, la poche de mon jean. Sur le badge quoi. Où apparaît mon identité qu'elle tente, c'est ce qu'on peut supposer naïvement, de mémoriser afin de m'appeler par mon nom à notre prochaine rencontre, comme une bonne gestionnaire de petit personnel. Puis elle sort, je reste. Un je ne sais quoi me pousse à baisser les yeux. Et là...oh ça va hein ça arrive à tout le monde je te signale...j'ai la braguette ouverte.

La seconde fois (j'espère de tout coeur qu'il n'y en aura pas une troisième, si on pouvait m'épargner, merci d'avance), tout récemment, je suis seule dans l'ascenseur qui marque l'arrêt au premier étage. Monte une sous-chef pas fute-fute que j'aime pas mais c'est pas grave, c'est la fin de la journée, il fait beau, je vais bientôt me détendre en terrasse, la vie est belle. La sous-chef arbore un grand sourire à mon intention et se lance dans un discours de félicitation à propos du concours (la nouvelle n'est plus très fraîche mais elle connecte lentement). Je lui souris en retour et la remercie pour ses louanges tout en farfouillant à tâtons dans mon sac pour y pécho la bonne clope de la libération. Au moment où elle balance une expression dont elle ne maîtrise pas le sens , à savoir Dis donc Ada, depuis ton arrivée ici, t'as grimpé au cocotier* !, je me rends compte que j'exhibe dans la main gauche, en lieu et place du paquet de clopes, la boîte de douze préservatifs...J'aurais aimé lui dire que dans le contexte on dit plutôt grimper aux rideaux.

* D'après le Larousse, grimper au cocotier signifie se mettre rapidement en colère.

lundi 27 juillet 2009

VSD

Vendredi. Nourrir le chat pour la dernière fois, marcher tranquillement jusqu'au bar où on a rencard avec sonamour. Être en avance. Longer le quai pour visiter les aménagements de Paris-plage, s'arrêter devant le cours de salsa, hésiter à y participer, regarder l'heure. Être à la bourre. Le retrouver en terrasse devant une bière, comparer les mérites respectifs de Houellebecq, Mérot et Jaenada. Marcher tranquillement jusqu'à la table réservée dans le resto berbère, bien boire et bien manger. Rentrer à pied, faire l'amour, dormir.

Samedi. Manger un rouleau de printemps sur le quai en regardant les boulistes. Aller au cinéma. Marcher tranquillement jusqu'au bar où on a rencard avec son pote. Lui raconter des trucs de ouf. Trois bières plus tard, marcher tranquillement jusqu'au bar où on a rencard avec le charmant charmeur chilien. Faire les trois bars du quartier en se déplaçant par voie de chemins de fer. Se faire accueillir par le grand sourire du barman qui se souvient de la dernière fois. Rejoindre l'Embarcation-close, danser, relancer les chemins de fer dans les chiottes étroits, en traçant de belles lignes sur le bouquin récemment reçu. Se faire complimenter pour le blog par une lectrice insoupçonnée. Monter et descendre trop souvent et trop vite. Prendre un taxi dans une sorte de bad raide et électrique.

Dimanche. Se faire réveiller par un texto, sourire, se rendormir tranquillement jusqu'à une heure avancée de l'après-midi. Retrouver son amie chez elle pour un apéro espagnol. Lui raconter des trucs de ouf. Apprendre par téléphone qu'il ne faut pas s'étonner en rentrant de trouver deux inconnus dans son salon. Rentrer, boire du tit punch avec les cousins inconnus. S'exprimer en anglais car y a pas le choix. Se moucher trop souvent. À la question Tiou a une rhub ?, répondre : Oh but you speak french !

jeudi 16 juillet 2009

Esprit de corps

Tu sais, le concours ? On est une petite trentaine à l'avoir réussi sur le territoire national. Et il se trouve que le tiers travaille dans mon établissement. C'est pas trop cool ? Non.

Mais si, c'est cool oh. Depuis les résultats d'admissibilité, qui nous ont rassemblé en formation à l'oral (où y en avait, c'est pas pour balancer, qui pleuraient ou vomissaient de stress, ça crée des liens) on s'envoie dix mails par jour.

Au début on était seize, on partageait les révisions : avez-vous vu que le site du ministère ne donne pas de détail sur la restructuration en cours de l'administration centrale, c'est quoi cette bande de nases ? Ouais, vu, mais c'est un élément à exploiter justement ; en parler à l'oral, c'est montrer qu'on a cherché l'information et posé un regard critique. Quelqu'un a un synonyme pour "nases" ? Disons une certaine opacité dans la communication. Eh braves gens, n'oubliez pas de consulter l'Officiel pour faire semblant d'avoir vu plein d'expos. Alerte alerte, le Monde fait un dossier sur la LRU, achetez-le. Funky hot hein.

Après le groupe de mails s'est restreint, on n'était plus que huit, on se congratulait chaleureusement avec des FÉLICITATIONS en objet et des BRAVO !!! dans le corps du message, on s'aimait d'un amour pur, on aimait la terre entière, on était les lauréats.

Puis on est passé aux entretiens pour choisir son affectation, c'était un peu plus chacun pour sa peau mais quand même : on faisait tourner les fiches de poste pas toujours faciles à obtenir, on débriefait sévère sur les rendez-vous obtenus (alerte rouge, ils veulent un informaticien, n'y allez pas), on se retrouvait à la cafèt pour élaborer des stratégies. Quand les avis d'affectation sont tombés, y en avait des contents (moi par exemple, qui ai eu mon premier choix), on se complimentait à nouveau d'amour pur.

Après toutes ces émotions, on est fixé sur son sort, on peut enfin se détendre. Et aller boire un coup. Ben oui. Ce soir donc. Au delà du fait que j'ai l'intuition que boire plus de deux bières suscitera un étonnement discret (je veux pas préjuger hein mais je commence à bien les connaître et j'ai pas encore repéré le ou la débauché(e) du groupe) (ah ben forcément c'est moi, cherche plus), va se poser la question de la colocation dans la province ousqu'on sera à l'école. Et là non. Ces gens fort sympathiques au demeurant ne seront que des collègues, pas des amis, je le sais, ce sont des choses qui ne s'expliquent pas.

Oui c'est beau cette solidarité, bien sûr. Mais dans esprit de corps, y a un peu trop d'esprit. Et moi tu vois je veux pouvoir me retrouver en bonne compagnie nue dans la cuisine si ça me chante. L'amour pur ça va deux minutes, faudrait voir à pas oublier le sexe.

jeudi 9 juillet 2009

♫ It's the same old story ♫

Les vacances hein. Tu parles.

Elle devait me donner ses clés avant de prendre le train. Mais moi tu vois j'ai une vie quand même et ce soir-là le timing était serré. Il fut entendu qu'elle me cueillerait à la sortie de chez l'analyste, qu'éventuellement on boirait une bière vite fait et que chacune voguerait vers son destin. Mais ce n'est pas mon amie pour rien : à la bourre dans ses préparatifs, elle sortit le plan B (l'histoire se répète), à savoir l'intermédiaire (je te dis que si on supprimait les intermédiaires, la vie serait moins chère). Il me revenait donc de rencontrer le lendemain une certaine Machine, jamais vue, jamais entendu parlé, qui par un hasard miraculeux se rendrait sur mon lieu de travail. Bien.

Mais le destin est coquin, et le lendemain je réalise un peu tard que j'ai oublié le rencard. Et aucun moyen de joindre Machine. Ce n'aurait pas été si grave si, derrière la porte qu'ouvrent ces clés, ne se trouvait pas un chat, que j'étais censée nourrir et abreuver pendant trois semaines. On a passé la soirée à estimer combien de temps il pouvait tenir avant que j'aie sa mort sur la conscience et on en a déduit que par ces temps de grosse chaleur, il allait pas falloir trop traîner. Ouais mais on fait comment, t'es gentil toi. On va dormir déjà.

Heureusement, vers 8 heures du mat (et ça, tu vois, ça ne se fait pas), Machine appelle. Ah ben t'avais mon numéro et c'est maintenant que tu le dis, bravo. Mais je te pardonne car ainsi tout s'arrange.

Alors je rentre dans l'appart, le chat a survécu, il a même l'air plutôt enjoué, je lui donne ses croquettes, de l'eau fraîche et puis on tape la discut parce qu'il faut leur parler aux bêtes non ? (ah non je confonds avec les plantes)

lundi 29 juin 2009

♫ La joie qui nous inonde n'est pas feinte ♫

Bzzzz, fait la sonnette.


Depuis la terrasse ensoleillée où je sirote un cocktail aux couleurs fraîches et chatoyantes, vêtue d'ambre solaire et d'une mini-nuisette en mousseline transparente, j'actionne l'ouverture de la porte.


Bzzzz, fait la sonnette.

Depuis le couloir où je m'essuie les mains sur un torchon, vêtue d'un vieux pantalon retroussé façon pêche aux moules, les pieds dans l'eau, j'appuie sur le bouton de l'interphone.

C'est le plombier, dit une voix chaude et virile.


C'est le plombier, dit une voix entrecoupée des parasites électriques de l'interphone merdique.

Entre un homme au bronzage doré, aux muscles saillants et aux fesses rebondies, bien moulés dans son tee-shirt comme dans son jean.

Ah ben tout pareil là. Vraiment bien le plombier. Pas très grand toutefois. Cela dit, j'ai jamais rencontré un plombier grand.

Pour lui montrer la fuite je me mets à quatre pattes, lui tendant innocemment une croupe qu'il ne peut s'empêcher de flatter en disant : Laissez-moi faire, j'ai les choses bien en main.


Pour diagnotisquer les causes de la fuite, il s'accroupit et se tortille en tentant de passer la tête sous le placard du bas (et là tu comprends pourquoi les plombiers sont pas grands, c'est un peu des hôtesses de l'air inversées).

- Je vois de quoi il s'agit, tout va bien se passer.

- Il fait chaud, non ? Que diriez-vous d'un rafraîchissement avant de commencer le travail, lui dis-je, maintenant agenouillée à hauteur de son entrejambe turgescente.

- Vous me rappelez une souris verte, répond-il, une souris verte qui courait dans l'herbe.

Alors je l'attrape par la queue, il me tire les cheveux, et pas que.


Je vois c'que c'est, ma p'tite dame, mais croyez-moi que vous avez eu de la chance de pas vous faire arroser plus que ça, vous voyez ce gros tuyau ? c'était à deux doigts d'exploser (euh je crois que tu t'es trompé de réplique là, le porno, c'est le texte en couleur).

vendredi 26 juin 2009

♫ Mais aujourd'hui j'ai peur car l'horloge a tourné ♫

Les bonnes nouvelles, si elles les atténuent, ne suffisent pas à compenser les mauvaises. Et la mauvaise nouvelle, c'est que j'en ai marre de monamour. De ses attitudes fuyantes, de son immaturité, de ses indécisions. Je ne vais pas entrer dans les détails, mais il faut que tu saches quand même qu'après les grandes vacances et suite à la réussite du concours, je retourne à l'école pour un an. Une école en province. Je pense que ce sera l'occasion de prendre de sérieuses distances pas seulement physiques. Pas que ça m'enthousiasme mais à un moment, si t'as pas ce que tu veux, c'est pas une raison pour avoir ce que tu veux pas, tu comprends ? Et là je lâche l'affaire. Voilà c'est dit. C'est assez étrange de prendre ce genre de décision, je le fais à contre-coeur et en même temps ça s'impose.

Pour autant, on est censé partir en vacances ensemble en août. Est-ce vraiment une bonne idée ?

vendredi 12 juin 2009

♫ Ce sont des trucs qui ne s'expliquent pas, ces jolies choses qu'on se dit tout bas ♫

Tu veux que j'te dise ? La bonne nouvelle, c'est que j'ai réussi un concours. Eh oui, encore, ah la la, ça devient une habitude (cela dit en toute modestie, sans la moindre fierté ni prétention, je suis pas du genre à me mettre en avant ou à faire remarquer combien je suis brillante, non non non) (la preuve). Mais attends, comment ça déchire !

Et alors du coup faut fêter. Ben oui. Tout en passant des entretiens avec monsieur le directeur, madame la directrice et le saint esprit. Parce que c'est pas tout de réussir, après faut faire des voeux d'affectation, et pour que le choix soit parfaitement éclairé, faut aller sur le terrain, à savoir des bureaux où tu dois arriver bien coiffée, bien sapée (j'te raconte pas le boulot), faire la fille enthousiaste aux compétences tellement variées que bien sûr que c'est moi qu'il vous faut, tu rigoles. Mais bon, comme je te disais, faut fêter aussi, très important de fêter. Et donc, réfléchis deux minutes, ça paraît pas vraiment compatible.

Notamment quand, aux alentours de 5-6 heures du mat, tu décides d'enlever tes lentilles et que le charmant charmeur chilien te garantit que le flacon marqué d'idéogrammes est bien du nettoyant pour lentilles. Écoute je veux pas chipoter, mais après ça, mes yeux ont pleuré quarante-huit heures (et bien bien plus que ninety-six tears) (dis donc, ninety-six c'est le double de quarante-huit, c'est dingue) (et ne me dis pas que tu connais pas Question mark, je te l'avais mis en video). J'étais un peu énervée.

Surtout quand je suis arrivée chez monsieur le directeur, avec des yeux de lapin, les lèvres gercées et le nez qui pèle (bon d'accord on ne peut pas tout mettre sur le dos de ce nettoyant. Reconnaissons que d'autres produits du genre ferroviaire avaient fait leur oeuvre) et qu'il a fallu exposer mes motivations (alors écoute, gars, c'est bien simple, là moi je rêve que d'une chose, c'est de me recoucher, et éventuellement, ce soir, ressortir le champagne et ce qui va avec). Eh ben en fait nous avons établi un contact très satisfaisant et si ça se trouve, c'est là-bas mon nouveau boulot. Mais si ça se trouve, c'est pas là-bas, quel suspens...

Enfin toujours est-il que ça a sacrément déconné ces derniers temps. Quand le charmant susnommé demandait : Est-ce que vous m'aimez ? il fallait répondre : Oui je vous pépé, et quand monamour, de retour de vacances, disait : Tu m'as manqué, y avait juste à savourer. Pour te dire qu'on a atteint des sommets.

vendredi 5 juin 2009

Attends, man, transfert

Figure-toi le cabinet de l'analyste, moi étendue sur le divan, lui assis derrière sur un fauteuil, le téléphone sonne, il décroche et, oh mon dieu, le truc est en mode haut parleur :

Au bout du fil : Bonjour ! Comment vas-tu ?

L'analyste : Bien.

Moi (in petto) : Mais j'entends tout !

Au bout du fil : Tu finis de travailler à quelle heure ?

L'analyste : À 19h30.

Moi (in petto) : Petite journée dis donc...

Au bout du fil : Je pourrais passer alors ?

L'analyste : Oui oui, pas de problème.

Moi (in petto) : C'est un ami de l'analyste ! L'analyste a des amis !

Au bout du fil : J'amène quelque chose ?

L'analyste : Non ce n'est pas la peine, il y a tout ce qu'il faut.

Au bout du fil : Bon d'accord. Et comme ça je pourrais récupérer mon linge. Gros bisous papa !

L'analyste : Oui voilà.

Je suis traumatisée.

vendredi 22 mai 2009

♫ Let me whisper in your ear ♫

En ces temps où les marronniers des régimes avant l'été fleurissent, je te propose un slogan spécial week-end de l'Ascension en chemins de fer : Avec la cocaïne, tu gardes la ligne.

Quant à l'itinéraire, oui, il s'agit bien d'une bonne nouvelle. Mais laquelle donc ? Eh ben devine.

mardi 19 mai 2009

Entre Grands Boulevards et Strasbourg-Saint Denis

Dans la lignée d'un rêve récent où je prenais un bus-cheval...oui, il était vraiment à la fois bus et cheval, sans que ce soit le moins du monde incongru, comme dans les rêves quoi, ou à la limite comme dans les emportements parachutistes (cf MDMA) où tu ne t'étonnes pas une seule seconde que ta bière perde ses poils...et à la réflexion ce sont tous trois des modes de transport hein, mais je m'égare (routière), un bus-cheval, disais-je, qui avait pour terminus la station Chèvre-Poivre...dans la continuité de ce rêve donc, faisons une escale entre Grands Boulevards et Strasbourg-Saint Denis, sur la ligne 9 du métro parisien, mais tu peux aussi prendre la 8, c'est parallèle.

Et pourquoi donc ? Eh ben devine.

mercredi 6 mai 2009

♫ Les mots qu'on dit avec les yeux ♫ (oui mais tu louches chéri)

Après trois semaines de vie quasi monastique, j'étais bien contente que ce soit enfin l'heure de l'apéro. Sur la route, je devais être plutôt souriante quand un grand gars à capuche a manifesté son intérêt pour ma personne. Cela a décuplé ma bonne humeur,naturellement, mais je reste très déçue du point de vue de la forme.

Parce que bon, je veux bien que ça fasse une éternité que j'ai le nez dans les bouquins, les journaux et les rapports officiels (la France fonctionne sur des rapports, t'imagines pas à quel point...D'abord t'as un ministre qui se dit que tiens faudrait réfléchir au problème X. Alors il charge Untel d'écrire un rapport sur le sujet. Dans ce rapport Untel fait des propositions pour résoudre le problème X. Alors le ministre se dit que faudrait réfléchir à ces propositions. Du coup il charge Machin d'écrire un rapport sur la faisabilité des propositions d'Untel. Mais parfois, Untel dit juste que finalement le problème X n'est pas un problème, tout va bien merci. Et toi tu t'es tapé le rapport et t'as légèrement les boules mais c'est le jeu ma pauvre Lucette. Heureusement, rassure-toi, il arrive aussi que ces rapports se transforment en projet de loi, y a quand même une justice)...je veux bien, disais-je, m'être privée d'un peu tout ce qui fait le sel de la vie ces derniers temps, je veux bien que le simple fait de passer l'aspirateur, ou de descendre les poubelles me mettent en transe (enfin de la bonne vraie corvée pas intellectuelle), oui je veux bien, mais c'est pas une raison pour me draguer à la va comme je te pousse. Parce qu'à force ça déteint.

J'espérais quelque développement du genre : La réflexion que je m'apprête à vous faire ne s'inscrit dans aucune tradition. On chercherait en vain dans les rapports publiés antérieurement une référence similaire à celle que j'ai sous les yeux. Le groupe de travail Capuche a travaillé durant six mois et s'est réuni périodiquement à un rythme bi-hebdomadaire. Soucieux de l'intérêt général et au nom des principes communs qui fondent notre démocratie, en tant que rapporteur, je sollicite de votre bienveillance, mademoiselle, l'acceptation d'un hommage à votre aménité, je l'atteste par la présente.

Au lieu de quoi j'ai eu droit à : Vous êtes trop charmante, j'te jure.

samedi 18 avril 2009

Sex, drug and rock'n'roll

D'abord un peu de sexe : Il existe deux possibilités pour un fonctionnaire d'entrer dans un autre corps que le sien : le détachement (...), ou l'intégration (avec perte du lien avec le corps d'origine). On conçoit aisément la souplesse ainsi introduite...

Puis un peu de drogue :

Et pour finir, un peu de rock'n roll

mercredi 25 mars 2009

♫ If you got bad news, you wanna kick them blues...She don't lie, she don't lie, she don't lie ♫

C'est le piège classique tu me diras. Quand le moral est moyen, t'as tendance à avoir des idées moyennement bonnes. Là c'était le printemps, Bashung venait d'être enterré et un ami du charmant charmeur chilien aussi. Ça faisait trois prétextes pour faire une incursion dans mon ancien quartier. Grosso modo de 20h à 5h, avec point trop d'alcool mais beaucoup de chemins de fer. Dans le taxi je piquais du nez et une fois sous la couette j'ai trouvé le sommeil sans problème. Le lendemain, hormis une fatigue somme toute normale, rien à signaler. Enfin si, bien sûr, le nez qui coule, les lèvres gercées et les cheveux brillants (la coke me rend le poil soyeux qu'est-ce que j'y peux). Mais tout allait bien. Pas de gros bad, pas de déprime, non rien de tout ça.

Ah ben dis donc, elle devait être bonne pour que la descente se fasse aussi discrète. Ouais peut-être. Peut-être qu'elle était bonne, je sais pas, j'y connais rien. Certes elle ne m'a pas empêchée de dormir, elle ne m'a pas soumis à des problèmes digestifs d'ordres divers, elle ne m'a pas coupé l'appétit trop longtemps, elle n'a pas glacé mes sens, elle ne m'a pas fait serrer les mâchoires, j'ai kiffé. On peut donc en déduire qu'elle était bonne je suppose. Mais alors quand elle est bonne, ça veut dire aussi que la descente se fait à retardement. Et là ça rigole moins. Parce que telle que tu ne me vois pas, ça fait cinq jours que je descends. Ah ben oui, carrément. Cinq jours. Cinq jours que je me mouche (toujours de la même narine, avec un peu de sang en bonus mais pas toujours). Cinq jours que je me traîne sans pour autant atteindre le stade de la loque vautrée dans un semi-coma . Comme si j'évoluais dans un environnement gluant sans que ça m'empêche de bosser, juste ça rend la moindre activité pénible et laborieuse.

Le pire c'est que j'oublie les raisons d'un tel état. Hier dans le lit, alors que défilait sous mes yeux, dans sa quasi-intégralité, une émission de toute beauté, encore inédite pour moi. Les chapitres m'ont fascinée : de Ma femme m'insupporte (bon, pas très original) à Mon mec me néglige, il préfère ses tortues (attends, ton mec m'intéresse), en passant par Ma mère veut s'exhiber dans un bain de lait d'ânesse (une relation incestueuse magistralement interprétée par les protagonistes). Et donc de fil en aiguille je m'interroge : comment se fait-il que je tombe si bas, ça me rappelle certains moments de mon adolescence où le joint tournait du matin au soir, où la démotivation et l'inaction régnaient en maîtres. Et là par association d'idée, ça me revient : mais c'est bien sûr, tu t'en es mis plein les narines vendredi (ceci est la suite du morceau qui commence par "Hier dans le lit" et qui finit par un point mais qui n'est pas une phrase) (c'est bien de se relire mais ça sert pas à grand chose quand comme moi t'as la flemme de corriger et que tu préfères alourdir un style déjà en surpoids par des précisions dont tout le monde se fout) (cette façon d'écrire est toutefois, me semble-t-il, un bon plaidoyer contre la drogue).

mercredi 18 mars 2009

♫ Une rose de Picardie ♫

- Par la porte entrebâillée je te vois rêver...tu l'auras toujours ta belle gueule, dis-je à Monamour qui se pomponne dans la salle de bain, tu l'auras ta superbe...T'aimes tant qu'on t'aime, que tous les autochtones sortent leur totem.
- J'veux pas qu'on m'aime mais je veux quand même, répond-il.
- T'as mis des diams sur ta veste Hillbilly ?
- Ouais, j'suis comme un pape au volant de sa caisse (le garçon que j'aime fait peur à mes voisins). Je suis le roi des scélérats, à qui sourit la vie. Mais s'il suffisait de se faire une beauté pour retrouver grâce à tes yeux, ça se saurait hein.
- Aujourd'hui nos regards sont suspendus. Dans quoi tu te mires, dans quel étang ? je repars.
- Ben quoi ? Mes yeux sont dans le miroir où j'les ai laissés. Prends-moi dans tes bras.
Et mes doigts de palper, palper là cet épiderme. Comme de bien entendu, nous sommes interrompus par la sonnette :
- J'ai les mains prises, chérie va ouvrir, qu'il dit (mais c'est pas grave parce que tout au long de la soirée, nos corps ont joué, tellement joué à se toucher, à s'effleurer, personne n'a rien vu).

Ben oui, je t'ai pas dit mais c'est son anniversaire, donc on fait la teuf. Pour une occase, c'est une occase. À la centrale y a carnaval. Alors on convie les amis, on les invite à venir prendre un verre, ils disent d'accord. Rendez-vous sur la lande, à l'endroit où l'on s'est épris (dans l'appart de ses parents quoi, parce que c'est plus grand).

Moi, les anniversaires j'ai l'air dans la lune. Au self les elfes me sollicitent (buffet libanais (cuisine-moi kitsch et net, il avait dit Monamour) c'est fourré à quoi ces petits machins appétissants ? eh ben goûte tu verras bien) (ça se voit pas trop que j'en sais rien ?). Des érudits m'abreuvent de leurs fioles. Comment tu trouves mon calva ? Tu sais ce que c'est, on se noie dans des murmures. La fermer, se taire, l'ouvrir, ça va sans dire : est-ce que vous en avez ? du réseau, des rougeurs, des nerfs d'acier ? Si c'est pas malheureux notre monde qui part en brioche ouh la. Et puis les pluies acides décharnent les sapins. Sans aucun doute, l'homme de demain sera hors norme. Mais je me tue à te dire qu'on ne va pas mourir. Qu'en dit le héron ? Il en sait long. Et toi sais-tu qu'en Écosse des gosses écossent des chimères en chair et en os ? Et les mouettes se délectent de nos anecdotes (tous nos échanges coulaient de source).

Allez, tous à l'assaut de l'euphorie. Les fruits à portée de main, et les délices divers. Pommes d'or, pêches de diamant (ah zut, j'ai encore un bout d'paille dans l'nez)

Attends, remets l'champ' dans la glace, j'ai une question à te poser. Oui vas-y, je t'écoute. Hein quoi ? ah ok, fond du couloir troisième porte à droite (on aurait dû flécher).

À un moment c'est l'heure du gâteau...(alors c'est pas compliqué, pour la tarte aux pommes, deux ou trois goldens, un p'tit verre de rhum, un bâton de cannelle). L'heure du speech de monamour aussi : Les années immaculées circulent dans mes veines, mais sait-on où passent-elles ? Je veux quand même me souvenir de tout (pauvre caribou) (le blues il sent bon dans ta voix, je lui dirai en aparté).

Et puis alors que paisiblement j'plantais mes olives dans une pizza chaude, vlà que le musicien s'approche.
- Tu sais, j'ai des doutes sur la notion de longévité, ah la la, où l'acheter le courage...la vie d'artiste n'est pas rose, n'est pas sans tache...mais y a pas d'quoi faire un drame, sur l'prospectus ça disait provisoire.
C'est quoi cette histoire, ça cache quekchose, que je me dis, perspicace. Il se passe quoi, dis-moi.
- Tonamour m'a demandé de t'annoncer ça avec précaution alors voilà, sais-tu qu'la musique s'est tue ? finit-il par accoucher.
- Mais comment t'es au courant toi ? que je réponds, un peu sous le choc.
- Ah il sait tout mon petit doigt.
- Attends, y a oune dé ké pipé là...
Mais bon qu'est-ce que tu veux, l'heure c'est l'heure, on n'est pas d'humeur à verser des pleurs. Qu'on me presse une orange.

C'est pas tout ça mais
j'ai des faims de loop de loop, de shalala chaloupés, on va dans[er] sous des pluies diluviennes, même si les danses d'ici se différencient des danses du ventre. C'est fou c'que j'ai la banane, j'fais la noce avec Yasmina, à découvert le ventre à l'air, ça sent le cramé sous les projos. Y en a même qui en viennent aux choses sérieuses, genre Je veux te dominer aux dominos, je te veux nue sur l'avenue à chaud (la nuit draguait un vieux parfum de furie). Et mon corps de se vouer à des lunes surdouées. C'est l'heure où je glisse dans les interstices, où il vaut mieux balanc[er] les jumelles pour ne garder que le flou. Des heures, des heures de voltige à plusieurs, des kilomètres de vie en rose.

Après cinq babies, c'est l'heure de me zoner, mes circuits sont niqués, puis y a un truc qui fait masse. Où veux-tu qu'j'te dépose ? se demandent-ils mutuellement. Heureusement qu'on rentre à pied parce qu'à l'analyse il ressortirait que j'suis pas d'équerre, yé n'en pé plou. Dans les faubourgs je décante. En moi gronde une ville, grouille la foule dessaoulée. Oh tu sais, les capitales sont toutes les mêmes devenues (voyez-vous ces êtres vivants ?)

Après la colline j'y suis (chez moi). Éteins une à une les lumières que je dis à Monamour, j'ai fait un songe, une hypothèse, un projet de baise. Mais avant, glissé le carbone plus papier dans la machine et au travail, c'est ça oui c'est ça (j'écris un mot sur le blog quoi). Parce que quand même, j'sens comme un vide, remets-moi Johnny Kid. Alors bien sûr ses congénères crient au génie, évidemment. Putain les grands voyageurs laissent dans le coeur des ardoises.

Tout est redevenu étrangement calme, les fakirs traversent dans les clous (pour te dire). Oui, tout est si calme ce soir, puis-je être ému ?

[Il va de soi que seuls les textes en italiques sont de moi]

dimanche 15 mars 2009

Bashung est mort, les enfants (qui tombent du balcon). Je suis touchée

vendredi 20 février 2009

♫ Y a plus qu'à espérer qu'on n'arrache pas tous mes pieds ♫

Enfant, jadis ou naguère selon ta conception du temps, je chérissais un livre entre tous, d'une part parce qu'il me venait de l'institutrice (avec une dédicace À une petite élève bien sage, plus fière que moi tu mourais) mais aussi tout simplement parce qu'il était bon. Ce livre s'intitule Tistou les pouces verts.

Je sais pas toi mais moi ça marche jamais ces histoires. J'essaye pourtant. Je fais de mon mieux. Je prends exemple sur monamour qui s'en sort très bien lui. Une fois (disons jadis) il avait planté des carottes sur son balcon. Bon je dis pas qu'elles avaient le goût du terroir, mais le goût de carotte oui un peu quand même et on leur en demandait pas plus. Et plus récemment (naguère quoi) il a planté un noyau d'avocat. Déjà faut avoir l'idée. T'es là avec ta petite cuillère, tu kiffes ton avocat et tu te dis Tiens je vais planter le noyau. Mais admettons. Admettons que l'idée te traverse l'esprit. Après il faut la réaliser. À savoir : se procurer un pot, du terreau...Bref je ne te cache pas que rien que la deuxième étape pour moi c'est hors d'atteinte.

Et cet avocatier il prospère figure-toi. Oui parce qu'il faut te préciser qu'au début il était sur un balcon (le même que pour les carottes), et au bout de deux mois d'hiver rigoureux, monamour s'est dit que peut-être il se caillait les miches (ah bon ? mais qu'est-ce qui te fait penser ça ? il fait que moins 6 hein) et il l'a ramené chez nous. Au vu de ses feuilles noircies et de son allure générale de grand dépressif, je misais sur une espérance de vie plutôt très courte et j'avoue même avoir supputé qu'il était déjà mort, non mais tu te rends pas compte, c'est une plante tropicale ce truc, aucune chance de survivre au climat parisien, il a dû geler en plus, c'est foutu (je suis d'un naturel optimiste oui). Laissons-lui une chance, rétorqua monamour, grand humaniste (les plantes sont des hommes comme les autres). Eh ben il a ressuscité dis donc, ça tient du miracle.

Depuis, chaque jour, monamour l'arrose. Et attends, parfois il lui met de l'eau minérale et même, encore plus fort, les fonds de verres de jus de fruit, et du café et que sais-je encore, j'exagère à peine (à un moment j'ai failli proposer l'engrais naturel tant qu'à faire mais un je ne sais quoi m'a retenue) (la peur que cela lui agrée je pense). Ainsi donc l'avocatier croît et s'épanouit. Très bien.

Mais moi aussi je peux faire pousser des trucs si je veux, me disais-je en tripotant le petit sachet de graines qu'un sympathique agent de la Ratp venait de m'offrir. Oui alors je sais pas pourquoi, il devait sûrement y avoir une raison à cette action promotionnelle, toujours est-il que l'année dernière y avait retour vers la nature...enfin bon pas la jungle non plus hein, il s'agissait juste d'une dizaine de graines de marguerites. Situation idéale : même pas besoin de trouver l'idée puisque la bonne parole m'était apportée de l'extérieur ; quant à la réalisation rien de plus simple, j'avais tout sous la main : l'avocatier ayant été rempoté par monamour suite à son expansion fulgurante, je n'avais qu'à prendre l'ancien pot et le reste de terreau. En plus, continuais-je à me dire, c'est vachement mieux les marguerites parce qu'au moins ça fleurit, pas comme ce con d'avocatier qui fait rien qu'à étendre ses grandes feuilles vertes et qui est pas près de produire des avocats hein feignant ?

Pendant longtemps il ne s'est rien passé. J'arrosais consciencieusement. Monamour me rappelait à l'ordre en cas de relâchement. Je commençais à en avoir plus rien à foutre (je suis d'un naturel patient) quand sont apparues de petites pousses. Quelle émotion. Et puis y en a une, de ces pousses, qui s'est mise à se développer démesurément. Je trouvais ça bizarre mais monamour me rassurait T'inquiète tout va bien. J'insistais en lui disant que quand même ça ressemblait pas trop à des marguerites c't'affaire. Tu me diras : qu'est-ce que tu y connais en marguerites toi ? Rien, d'accord. Et c'est aussi ce que disait monamour Attend que ça fleurisse.

J'attends encore.

Et maintenant tu verrais la gueule que ça tire. T'en trouves dans ton jardin, tu l'arraches direct. Autrement dit, loin d'effeuiller la marguerite, je n'ai donné naissance qu'à de la mauvaise herbe. Ah ben bravo. Cela étant posé, tu peux m'expliquer pourquoi c'est toujours à moi qu'on demande d'arroser ses plantes quand on part en vacances ? Je sais pas arroser les plantes bon sang c'est pas compliqué, jusqu'ici c'est moi la belle plante qu'on arrose, faudrait voir à pas inverser les rôles.

Post scriptum : Que Tistou fasse pousser des fleurs à l'hôpital, sur les barreaux de la prison et autour des canons vendus par Monsieur Père, c'est symbolique, poétique, allégorique. Quand je te raconte que j'ai pas la main verte, c'est moins poétique mais je me rends compte à la relecture que le symbole de la copie qu'on forme est transparent, dès le premier mot.

lundi 9 février 2009

♫ Encore une belle journée ♫

Comment tu veux que j'y arrive si tout se ligue contre moi ? (si vis pacem paranoïa)

Je lutte pour me lever tôt, c'est pas nouveau, regarde ici ou si tu veux. Mais là tu m'aurais vue...

Trois jours avant j'y pense et j'y repense, l'angoisse monte, la peur de pas réussir tu comprends. Alors la veille...non mais tu m'aurais vue (j'insiste). Je mets le couvert avant que monamour n'arrive, genre soir de fête où tout il est prêt pour recevoir les invités, sauf que y a ni convives ni petit plat mijoté (mais des crêpes quand même oh), oui donc je dresse la table en avance pour gagner du temps. Mais du temps sur quoi ? va savoir.

A 21h30 dents brossées, je suis sous la couette comme si le fait de se coucher tôt allongeait le temps de sommeil, mon dieu quel naïf tu fais. Quand t'as l'habitude de t'endormir passé minuit, je vois pas bien comment tu pourrais ronfler à 22h tapantes. Je suis sous la couette, la la la, comme on est bien sous sa couette à 21h30 et tout.

Bon et maintenant qu'est-ce qu'on fait ? Eh ben on continue la mission. Surtout, ne pas lire, malheureux, ça tient éveillé, c'est contraire à l'objectif. Regarde plutôt une belle merde à la télé. Les infos allez, en plus y a le président qui a parlé, voyons ce qu'ils en disent. Eh mais hé, ils en disent rien...Attends je change de chaîne...hé mais eux non plus ils disent rien. Au bout de la troisième chaîne d'infos en continu (perso j'appellerais plutôt ça des chaînes d'info en boucle mais bon), ça me revient, c'est pas aujourd'hui qu'il doit parler, c'est demain. Pour te dire que je suis pas en possession de tous mes moyens.

Zapping sur une émission présentée non pas par Nikos Kokaïnos (alias je parle du nez) mais l'autre là, Gendre-Luc Idéal (mâchoires serrées pour les intimes, mais tu fais ce que tu veux de tes sinus mon garçon). Un truc sur le développement durable si j'ai bien compris. Y avait un gars, il venait chez toi et il te disait : alors pour bien faire, vous prenez plus l'avion hein, une fois par an c'est trop, ça suffit les vacances, et puis vous faites vos yahourts vous-mêmes, ça fait moins d'emballage d'accord ? (mais bien sûr que je vais faire mes yahourts, bien sûr. J'en mange pas des yahourts, qu'est-ce que tu m'emmerdes !?)

Idéal comme somnifère.

Ne te réjouis pas trop vite quand même parce qu'en ce genre de circonstances je me réveille toutes les heures, au bas mot. Attends ce serait pas l'heure de se lever ? Ah non c'est vrai je viens à peine de m'endormir. Etc etc. Très reposant comme nuit. Un sommeil vraiment réparateur. Même pas le temps de rêver...

Et là c'est le drame. Au énième réveil intempestif, je regarde l'heure sur le téléphone portable : 11h36. Alors d'abord ça te fait comme un gros blanc dans la tête. Après tu te redresses dans le lit et tu hurles : Putain il est 11h36 !!! Monamour est toujours là, à côté, lui aussi il s'est fait avoir par le complot mondial de la bourre mâtiné de grasse matinée, mon dieu la menace s'étend, chaque jour de nouvelles victimes, jusqu'à quand pourra-t-on tenir ? la fin est-elle proche ? En même temps tu sais pas à quelle heure il était censé se lever lui, autant le laisser dormir, surtout qu'il a pas l'air de s'en faire, il sera bien temps de lui apprendre la triste vérité, préservons-le encore un peu, ce pauvre innocent qui ne se doute pas de l'ampleur du désastre.

Bon on se calme, cherchons confirmation sur un autre appareil, la boîte à Internet par exemple. Alors voyons voir what time it is, je suis curieuse de le savoir, quel suspens et tout. Mais sans trop se presser hein parce que foutu pour foutu...Tiens donc la boîte à Internet affiche 6h02. Eh ben je vais te dire, vu qu'il fait nuit (indice que, dans ta panique, tu as négligé. Tu pourrais faire preuve d'un peu plus de réflexion quand t'es réveillé comme ça au milieu de la nuit, c'est pourtant pas compliqué) j'aurais plutôt tendance à lui faire confiance. Bon alors il est 6h02, c'est cool, encore trois quarts d'heure à dormir, ouh la la comme c'est cool...Si ce n'est que l'affolement t'a complètement réveillé, pauvre de toi, tu danserais presque la java dis donc...

Non mais non hein, vas-y, profite du peu de temps qu'il te reste. Allez, rendors-toi. Rendors-toi je te dis. RENDORS-TOI BON SANG !!! Tu penses bien que si tu le prends sur ce ton, ça marche pas. Attends, vérifie d'abord que le portable est reparti du bon pied. Oui c'est bon, il est 6h30, il fonctionne, toi tu te lèves et t'es même en avance alors de quoi tu te plains ?

mercredi 28 janvier 2009

♫ I am the eye in the sky, looking at yououou...♫

Rions un peu pendant la dépression (oui oh écoute j'exagère si je veux. J'aurais pu dire déprime mais il aurait manqué un pied au décasyllabe).

Le charmant charmeur chilien et moi on échange des mails parfois, par le biais d'un site de réseau social. Hier il annonçait dans ses humeurs : Le charmant charmeur chilien a mal à l'oeil.

Alors je lui écris : Tu connais le remède le plus agréable quand on a mal à l'oeil ? Il faut se rincer l'oeil (ah ah ah)

Il répond : pppffff...mééééé ! tjrs aussi drôle tuuuuaa ! :) j'ai vraiment mal, ça ressemble à une conjonctivite, c'est relou ! :( Jdois aller voir le médecin.

Entre temps ses humeurs changent et il affiche : Le charmant charmeur chilien get blind !

Je renchéris : Oui c'est courageux d'aller voir le médecin, tu n'as pas froid aux yeux toi hein (hi hi hi). Mais bon, si tu deviens vraiment aveugle, j'espère que pour autant on ne se perdra pas de vue (ouh ouh ouh)

Aujourd'hui je pense lui envoyer un truc du style : j'espère que ça va mieux et qu'il t'a soigné en un clin d'oeil (uh uh uh).

Je me demande combien de temps je peux tenir

(Faut-il déduire de ces facéties que ça va mieux ou que ça se dégrade ? J'hésite.)

vendredi 16 janvier 2009

Bon ben ça va être long c't'affaire...

Je pensais benoîtement que ça passerait comme c'était venu, vite. Qu'avec le temps ça diminuerait. Et c'est le cas en partie. Mais ça revient au moment où je m'y attends pas, en pleine nuit. Des rêves dont je me souviens même pas en plus, j'enrage, mais qui me laissent dans un état que je croyais dépassé. Ou en plein jour. Quand je me sens d'un seul coup tellement vide et indifférente à tout.

Ah on s'marre qu'est-ce que tu crois.

Mais ce n'est pas anodin ce que tu vis là, me dis-je en moi-même, tu as subi des pertes dont on ne se remet pas facilement (ah ben je constate en effet) et il n'est ni stupide ni honteux de prendre le temps d'en faire le deuil. Oui je me dis tout ça parce que dans ces cas-là, on a tendance à culpabiliser, à s'en vouloir de se laisser aller, à marteler des "reprends-toi" aussi inefficaces que dépréciatifs.

Paul Auster l'a dit hier à la télé.

Au journaliste qui lui demandait pourquoi, systématiquement, ses personnages perdaient un enfant, ou une femme, ou les deux, mais pourquoi ? hein pourquoi ?, il a répondu que la perte était selon lui la pire expérience que pouvait vivre un être humain. Ouais. Pire que de pas manger à sa faim tu vois. Enfin ça il l'a pas dit mais on peut imaginer. Donc moi là telle que tu ne me vois pas, je vis la pire expérience possible according to mister Auster. Qui parle bien français soit dit en passant. Mais ne change pas de sujet veux-tu.

Il a dit aussi que parfois ça va pas et il arrive pas à écrire. Et dans ces cas-là, il boit et fume beaucoup. Comme moi. Et il regarde plein de films et il lit plein de livres. Mais là, à mon avis, c'est le stade où ça commence à aller moins mal. Ou je dis ça pour me rassurer ? Non parce que je me remets doucement à lire, une histoire de la Guadeloupe, une histoire de l'empire romain et puis hier j'ai acheté le dernier Dennis Lehane ; il m'a l'air fichtrement bien foutu. J'ai vu, au théâtre, la Trilogia della Villeggiatura, trois heures qui passent comme l'éclair, tout en italien surtitré en français mais on s'en sort.J'ai fini par aller voir le film des frères Coen, pour faire contrepoids léger à Hunger, qui pourrait, ceteris paribus, invalider ce que j'ai dit sur la faim juste avant non ? (tu vois ce que c'est ? parce que sinon tu dois rien comprendre)

D'ailleurs tu te souviens de ce bouquin d'Auster, L'art de la faim ?

Un jeune homme arrive dans une ville. Il n'a pas de nom, pas de domicile, pas de travail. Il est venu dans cette ville pour écrire. Il écrit. Ou, plus exactement, il n'écrit pas. Il se laisse mourir de faim. (Dixit Paul Auster dans L'art de la faim sur La faim de Knut Hamsun)

Comme quoi hein, y en a qui cumulent.

mardi 6 janvier 2009

♫ Turn around, I'm by the window where the light is ♫




Y a tous les amis, les meilleurs et les autres, qui me payent des coups, qui m'écoutent parler ou me taire.

Y a ceux qui téléphonent matin et soir, alors que parfois on s'est vu dans la journée, pour voir comment ça va depuis tout à l'heure, ah t'as une meilleure voix, allez t'inquiète pas, vas-y pleure un bon coup ça fait du bien, je te rappelle, bisous. Ça dure quoi, deux à trois minutes, juste pour dire on est là, et puis aussi parce qu'ils s'inquiètent. Je les aime bien ceux-là, je les aime bien, vraiment hein.

Mais bon. Quand ils appellent à midi et que je me suis couchée pas longtemps avant, comment te dire, non seulement j'ai la voix éraillée clopes-whisky mais en plus il faut faire genre que j'ai pas la gueule de bois, sinon, je viens de te le dire, ils s'inquiètent. Alors ça va bien maintenant d'accord ? on se calme et on me laisse dormir.

Y a le charmant charmeur chilien, qui se manifeste à pic avec des cadeaux ferroviaires et qui susurre dans un demi-sommeil oh pauvre marmotte mais je serai toujours là moi, ce qui déjà, permets-moi de te le faire remarquer, est faux. Ben oui l'éternité, tout ça, on va pas y revenir. Mais j'aime beaucoup. Après il dessine des nuages sur les murs de mon nouveau quartier, un ici, et un autre juste là, je les vois tous les jours si je veux, mais des fois j'oublie et ça me fait comme une surprise.

Y a mon ami de mail, qui me raconte un peu sa vie et je lui raconte un peu la mienne, on se marre bien même quand c'est pas trop drôle, car mon ami de mail est profondément drôle (et drôlement profond, ça n'empêche pas).

Et puis y a ceux qui viennent ici, autant dire toi quoi, c'est bien aimable et réconfortant.

Comme tu vois je suis bien entourée, ce qui fait que globalement ça va.

Dans le détail je lutte un peu. T'as qu'à voir cette note, franchement c'est flagrant que je lutte. Et il en va de même au taff. Le problème majeur étant de m'extraire du lit le matin. C'est pas nouveau mais là j'atteins des sommets, je suis trop fatiguée tout le temps.

Alors je te vois venir évidemment. Entre l'un qu'on couche dans une fosse, et moi qui fais une fausse couche, y a de quoi avoir du mal à se lever. Certes. Cependant, comme je n'ai pas l'intention de prendre un congé maladie ni des vacances (en tout cas pas tout de suite), il va bien falloir trouver une solution. D'aucuns pourraient pernicieusement insinuer que je bosse déjà à mi-temps vu mes horaires d'arrivée. Mais ceux-là je les emmerde, comme à l'accoutumée. Et je n'ai pas non plus l'intention de réellement passer à temps partiel, même avec un enfant, pour te dire que là y a vraiment aucune raison. Donc pas d'autre possibilité que de se lever le matin, on est bien d'accord.

Alors hier soir je rentre sous la neige, humeur très médiocre, un petit coup d'oeil au nuage dans le recoin, fugace sourire intérieur, attente de l'ascenseur trop longue pour éviter la discussion de bonne année avec la voisine, entrée dans l'appartement. J'hésite à me coucher direct. Ben oui hein, on peut toujours tenter le couchage anticipé. Finalement j'entame une guerre contre les Mongols, ça défoule, ça vide la tête...

Au moment où je me dis que j'ai la flemme de faire chauffer la bonne soupe de légumes bio (surgelée, attends, tu crois quand même pas que je la fais moi-même ?) mais que bon, va bien falloir, arrive Monamour. Pleine d'espoir sur la possibilité, pas d'une île puisque les vacances : voir plus haut, mais d'échapper à la corvée, je m'enquiers :
- T'as acheté quelque chose à manger ?
- J'avais envie qu'on tire les rois alors j'ai acheté une galette...(il est d'une logique implacable)
- ... (j'ai comme l'impression qu'on ne pourra pas échapper à la soupe)
- ...et du champagne et du foie gras
- Ah cool ! Mais pourquoi ?
- Parce que la galette ça se mange avec du champagne, et que le champagne ça se boit avec du foie gras (eh ouais o-bli-gé, c'est mathématique)

Forcément d'un coup la soirée prend une autre tournure, surtout qu'il m'a choisie comme reine, tu te rends compte ? quelle surprise totalement inattendue ! Mais avant il dit Hey mange pas tout le foie gras, il faut qu'il en reste un peu pour demain. Pour demain ? Et en quel honneur ? Comme ça tu pourras en prendre pour ton petit déjeuner. Cet homme sait trouver les mots pour me faire sortir du lit.