vendredi 31 juillet 2009

♫ Des heures des heures de voltige à plusieurs ♫

Ça m'était arrivé une fois, le coup de l'ascenseur, mais pas à ce point-là quand même. Je te vois déjà imaginer tout de go qu'un beau gosse a appuyé sur le bouton d'arrêt d'urgence afin que nous nous livrions à des activités étroites et profondes. Eh bien non. Pourtant y avait tout ce qu'il fallait.

La première fois, lorsque je monte à bord, la directrice générale s'y trouve déjà. Nous échangeons des salutations polies et nous ne parlons pas. Cependant elle garde les yeux fixés sur, semble-t-il, la poche de mon jean. Sur le badge quoi. Où apparaît mon identité qu'elle tente, c'est ce qu'on peut supposer naïvement, de mémoriser afin de m'appeler par mon nom à notre prochaine rencontre, comme une bonne gestionnaire de petit personnel. Puis elle sort, je reste. Un je ne sais quoi me pousse à baisser les yeux. Et là...oh ça va hein ça arrive à tout le monde je te signale...j'ai la braguette ouverte.

La seconde fois (j'espère de tout coeur qu'il n'y en aura pas une troisième, si on pouvait m'épargner, merci d'avance), tout récemment, je suis seule dans l'ascenseur qui marque l'arrêt au premier étage. Monte une sous-chef pas fute-fute que j'aime pas mais c'est pas grave, c'est la fin de la journée, il fait beau, je vais bientôt me détendre en terrasse, la vie est belle. La sous-chef arbore un grand sourire à mon intention et se lance dans un discours de félicitation à propos du concours (la nouvelle n'est plus très fraîche mais elle connecte lentement). Je lui souris en retour et la remercie pour ses louanges tout en farfouillant à tâtons dans mon sac pour y pécho la bonne clope de la libération. Au moment où elle balance une expression dont elle ne maîtrise pas le sens , à savoir Dis donc Ada, depuis ton arrivée ici, t'as grimpé au cocotier* !, je me rends compte que j'exhibe dans la main gauche, en lieu et place du paquet de clopes, la boîte de douze préservatifs...J'aurais aimé lui dire que dans le contexte on dit plutôt grimper aux rideaux.

* D'après le Larousse, grimper au cocotier signifie se mettre rapidement en colère.

lundi 27 juillet 2009

VSD

Vendredi. Nourrir le chat pour la dernière fois, marcher tranquillement jusqu'au bar où on a rencard avec sonamour. Être en avance. Longer le quai pour visiter les aménagements de Paris-plage, s'arrêter devant le cours de salsa, hésiter à y participer, regarder l'heure. Être à la bourre. Le retrouver en terrasse devant une bière, comparer les mérites respectifs de Houellebecq, Mérot et Jaenada. Marcher tranquillement jusqu'à la table réservée dans le resto berbère, bien boire et bien manger. Rentrer à pied, faire l'amour, dormir.

Samedi. Manger un rouleau de printemps sur le quai en regardant les boulistes. Aller au cinéma. Marcher tranquillement jusqu'au bar où on a rencard avec son pote. Lui raconter des trucs de ouf. Trois bières plus tard, marcher tranquillement jusqu'au bar où on a rencard avec le charmant charmeur chilien. Faire les trois bars du quartier en se déplaçant par voie de chemins de fer. Se faire accueillir par le grand sourire du barman qui se souvient de la dernière fois. Rejoindre l'Embarcation-close, danser, relancer les chemins de fer dans les chiottes étroits, en traçant de belles lignes sur le bouquin récemment reçu. Se faire complimenter pour le blog par une lectrice insoupçonnée. Monter et descendre trop souvent et trop vite. Prendre un taxi dans une sorte de bad raide et électrique.

Dimanche. Se faire réveiller par un texto, sourire, se rendormir tranquillement jusqu'à une heure avancée de l'après-midi. Retrouver son amie chez elle pour un apéro espagnol. Lui raconter des trucs de ouf. Apprendre par téléphone qu'il ne faut pas s'étonner en rentrant de trouver deux inconnus dans son salon. Rentrer, boire du tit punch avec les cousins inconnus. S'exprimer en anglais car y a pas le choix. Se moucher trop souvent. À la question Tiou a une rhub ?, répondre : Oh but you speak french !

jeudi 16 juillet 2009

Esprit de corps

Tu sais, le concours ? On est une petite trentaine à l'avoir réussi sur le territoire national. Et il se trouve que le tiers travaille dans mon établissement. C'est pas trop cool ? Non.

Mais si, c'est cool oh. Depuis les résultats d'admissibilité, qui nous ont rassemblé en formation à l'oral (où y en avait, c'est pas pour balancer, qui pleuraient ou vomissaient de stress, ça crée des liens) on s'envoie dix mails par jour.

Au début on était seize, on partageait les révisions : avez-vous vu que le site du ministère ne donne pas de détail sur la restructuration en cours de l'administration centrale, c'est quoi cette bande de nases ? Ouais, vu, mais c'est un élément à exploiter justement ; en parler à l'oral, c'est montrer qu'on a cherché l'information et posé un regard critique. Quelqu'un a un synonyme pour "nases" ? Disons une certaine opacité dans la communication. Eh braves gens, n'oubliez pas de consulter l'Officiel pour faire semblant d'avoir vu plein d'expos. Alerte alerte, le Monde fait un dossier sur la LRU, achetez-le. Funky hot hein.

Après le groupe de mails s'est restreint, on n'était plus que huit, on se congratulait chaleureusement avec des FÉLICITATIONS en objet et des BRAVO !!! dans le corps du message, on s'aimait d'un amour pur, on aimait la terre entière, on était les lauréats.

Puis on est passé aux entretiens pour choisir son affectation, c'était un peu plus chacun pour sa peau mais quand même : on faisait tourner les fiches de poste pas toujours faciles à obtenir, on débriefait sévère sur les rendez-vous obtenus (alerte rouge, ils veulent un informaticien, n'y allez pas), on se retrouvait à la cafèt pour élaborer des stratégies. Quand les avis d'affectation sont tombés, y en avait des contents (moi par exemple, qui ai eu mon premier choix), on se complimentait à nouveau d'amour pur.

Après toutes ces émotions, on est fixé sur son sort, on peut enfin se détendre. Et aller boire un coup. Ben oui. Ce soir donc. Au delà du fait que j'ai l'intuition que boire plus de deux bières suscitera un étonnement discret (je veux pas préjuger hein mais je commence à bien les connaître et j'ai pas encore repéré le ou la débauché(e) du groupe) (ah ben forcément c'est moi, cherche plus), va se poser la question de la colocation dans la province ousqu'on sera à l'école. Et là non. Ces gens fort sympathiques au demeurant ne seront que des collègues, pas des amis, je le sais, ce sont des choses qui ne s'expliquent pas.

Oui c'est beau cette solidarité, bien sûr. Mais dans esprit de corps, y a un peu trop d'esprit. Et moi tu vois je veux pouvoir me retrouver en bonne compagnie nue dans la cuisine si ça me chante. L'amour pur ça va deux minutes, faudrait voir à pas oublier le sexe.

jeudi 9 juillet 2009

♫ It's the same old story ♫

Les vacances hein. Tu parles.

Elle devait me donner ses clés avant de prendre le train. Mais moi tu vois j'ai une vie quand même et ce soir-là le timing était serré. Il fut entendu qu'elle me cueillerait à la sortie de chez l'analyste, qu'éventuellement on boirait une bière vite fait et que chacune voguerait vers son destin. Mais ce n'est pas mon amie pour rien : à la bourre dans ses préparatifs, elle sortit le plan B (l'histoire se répète), à savoir l'intermédiaire (je te dis que si on supprimait les intermédiaires, la vie serait moins chère). Il me revenait donc de rencontrer le lendemain une certaine Machine, jamais vue, jamais entendu parlé, qui par un hasard miraculeux se rendrait sur mon lieu de travail. Bien.

Mais le destin est coquin, et le lendemain je réalise un peu tard que j'ai oublié le rencard. Et aucun moyen de joindre Machine. Ce n'aurait pas été si grave si, derrière la porte qu'ouvrent ces clés, ne se trouvait pas un chat, que j'étais censée nourrir et abreuver pendant trois semaines. On a passé la soirée à estimer combien de temps il pouvait tenir avant que j'aie sa mort sur la conscience et on en a déduit que par ces temps de grosse chaleur, il allait pas falloir trop traîner. Ouais mais on fait comment, t'es gentil toi. On va dormir déjà.

Heureusement, vers 8 heures du mat (et ça, tu vois, ça ne se fait pas), Machine appelle. Ah ben t'avais mon numéro et c'est maintenant que tu le dis, bravo. Mais je te pardonne car ainsi tout s'arrange.

Alors je rentre dans l'appart, le chat a survécu, il a même l'air plutôt enjoué, je lui donne ses croquettes, de l'eau fraîche et puis on tape la discut parce qu'il faut leur parler aux bêtes non ? (ah non je confonds avec les plantes)