lundi 12 décembre 2011

Smells like teen spirit

L'homme qui sent bon n'est pas rancunier. Juste un peu jaloux, c'est bien naturel. Je veux dire quand tu te pointes avec le charmant charmeur chilien. L'homme qui sent bon a bien essayé de me faire changer d'avis, ce soir-là mon choix était fait. Malgré tout, la semaine suivante, l'homme qui sent bon est tout sourire. Tu me diras il est marié, il ne peut pas vraiment exiger l'exclusivité.

En sortant de l'hôtel après une nuit acrobatique et sans sommeil, une de ces nuits qui te laissent les muscles endoloris et la position assise inconfortable (insère ici des points de suspension qui en disent long), en sortant de l'hôtel, échevelée et légèrement hagarde, j'ai toujours la crainte de croiser l'assistante maternelle qui s'occupe de mademoiselle A. Tu imagines, elle avec son cabas, en route vers le marché où elle s'approvisionne en primeurs pour mon enfant, et moi, une grosse trace de sperme sur le visage (insère ici des points de suspension très suggestifs). Il serait bien plus pratique que l'homme qui sent bon vienne chez moi. Oui, mais à de rares exceptions près, c'est le père de mademoiselle A qui joue le baby-sitter et bien que nous entretenions des relations plutôt cordiales, nous n'en sommes pas encore au stade où l'on peut baiser sous le même toît mais pas l'un avec l'autre. Je suis donc assez impatiente qu'il trouve un logement (actuellement il est retourné chez sa mère et je ricane, j'ai bien le droit) afin que mademoiselle A aille dormir chez lui de temps en temps et que je puisse ramener qui je veux à l'issue de mes sorties fiévreuses du samedi soir.

L'homme qui sent bon n'est pas rancunier, disais-je. Il a même de délicates attentions. C'est la mi-temps (environ 7h du mat), le lit est un champ de bataille pas du tout morne plaine (le drap du dessus est dessous, celui du dessous par terre, les oreillers je ne sais plus) (non, pas dans mon cul, ce n'est pas possible à ce moment-là) (oh là là tous ces points de suspension !).

L'homme qui sent bon : Je vais passer deux semaines à Alger pour les fêtes, je sais que tu y es déjà allée, je voudrais te ramener un cadeau. Qu'est-ce qui te ferait plaisir ?

Ada : Oh c'est gentil ça, je ne sais pas, qu'est-ce qu'il y aurait comme truc typique ?

L'homme qui sent bon : Ben justement, c'est le problème, y a rien à Alger en fait...

L'homme qui sent bon est drôle aussi donc je trouve.

Oh je t'entends d'ici : l'homme qui sent bon par ci, l'homme qui sent bon par là, et vas-y qu'il est drôle et vas-y qu'il est gentil, tu te serais pas entichée de lui par hasard ? Eh bien je t'arrête tout de suite car j'ai plusieurs casseroles sur le feu figure-toi, deux exactement, un grand moustachu d'une part et un éphèbe à la peau mate d'autre part, alors hein. Sans modération on t'a dit.

mercredi 7 décembre 2011

♫ Je les visite un par un Éric dans leur ordre alphabétique ♫

Laissons de côté mes états d'âme Éric et parlons plutôt de l'état de mon cul (oui oh ne joue pas ton prude allez allez).

Je disais à une amie l'homme qui sent bon, je ne me souviens pas vraiment ce qu'il vaut esthétiquement et comme elle répondait, le voyant arriver, mais il est beau en fait !, je n'ai pu faire autrement que lui donner raison. L'homme qui sent bon me met dans un état d'excitation assez rare. Résumé des épisodes précédents : on fréquente tous deux la même piste de danse, on s'y retrouve régulièrement, mais sans conclure, car chez lui il y a une femme et chez moi un bébé. En général, on se sépare au moment de la fermeture et la soirée alimente les plaisirs solitaires (j'ai envie de dire toi-même tu sais).

Et puis ce soir-là : Tu viens avec moi ? on va boire une bière à côté. À côté c'est un bar rebeu (t'ai-je dit que l'homme qui sent bon est d'origine algéroise et que mon séjour professionnel récent dans sa ville natale l'a mis en joie ?). Il est 5h (Paris ne s'éveille pas du tout en ce dimanche de novembre), il faut frapper et montrer patte blanche. Au rez-de-chaussée rien à signaler. Je suis intriguée par le sous-sol : l'homme qui sent bon m'explique que c'est une sorte de cabaret où l'on danse avec des filles de joie. Il ne manque plus que les chemins de fer alors ! m'exclamè-je innocemment. Ah mais y en a, y en a, et il en verse dans l'emballage d'un paquet de cigarettes qu'il me glisse dans la main.

Sur le trottoir, à la fermeture, nous décidons de partager un taxi. Je ne sais comment sa main s'est retrouvée dans ma culotte, sa langue dans ma bouche, dans mon oreille un murmure Viens on va à l'hôtel, partout son parfum, au taximan Vous connaissez un hôtel dans le quartier ?, à moi Tu es d'accord, on va l'hôtel ?, entre mes jambes toujours sa main, oui je suis d'accord, mon souffle dans son cou, bien sûr que je suis d'accord, que j'essaie de contenir, archi d'accord, ainsi que nos soupirs. Et toujours son parfum, sa bouche et encore sa main.

Quand l'heure est grave (je suis mère célibataire bordel), quand les jeux sont faits (je sais que ce blog a fait ses choux gras de nos atermoiements et revirements mais cette fois entre le père de mademoiselle A et moi, la rupture est définitive), en d'autres termes quand rien ne va plus comme prévu (j'avais quand même un semblant de projet à long terme avec cet homme-là, mine de rien), une bonne petite séance de baise, ça te renarcissise la carcasse. Bien sûr ça ne dure qu'un temps. C'est pourquoi j'ai l'intention de consommer sans modération.

vendredi 4 novembre 2011

♫ Tes désirs font désordre ♫

Le père de mademoiselle A ne voulant pas démordre de son mot d'ordre Décohabitation

(Poème Décohabitation, redis-moi ton nom :
Décohabitation, deux lieux,
L'un à lui, l'autre à nous
Et moi là dedans ?
Je crois qu'on s'en fout)

ça provoquait, tu as pu le constater, quelques désordres amoureux.

Procédons par ordre croissant de pain au chocolat (je suis bouleversée, ne m'en veux pas).

Je ne vais tout de même pas rentrer dans les ordres en attendant les visites du seigneur et maître. Etre décorée de l'ordre de madame Pénélope épouse Ulysse ne fait pas partie de mes ambitions (en plus je sais pas tricoter) (ou tisser, oui, si tu veux) (faire tapisserie quoi). Autant signer un ordre d'exécution.

Dans le même ordre d'idée, je ne vais pas non plus passer tout mon temps à faire régner seule l'ordre éducatif et ménager, pendant que le seigneur et maître prend du bon temps avec une sirène ou l'autre. Ce ne serait pas dans l'ordre des choses.

Alors j'ai remis à l'ordre du jour le mot Séparation. Même si je travaille depuis à mettre en place un service d'ordre qui canalise les débordements, ça n'a pas été sans occasionner quelques troubles à l'ordre public (boire, vomir, prendre les chemins de fer). Me voici donc, non mais tu le crois ça ?, célibataire.

J'aimerais tellement te dire même pas mal.

lundi 10 octobre 2011

♫ Now I'm ready to feel your hands and lose my heart on the burning sands ♫

Le couple survit-il à l'enfant ? J'ai d'autant moins de réponse qu'actuellement nous sommes en plein work in progress (WIP), formule bien commode pour faire passer une crise conjugale en sujet artistico-littéraire de blog, magie de l'Internet. Méfie-toi tout de même de ce faux ami car de progrès en tant que tel je n'en vois guère venir. Si le couple reste ouvert pendant les travaux, le WIP n'en risque pas moins de muter en RIP, ce serait la fin et donc le début. Mais de quoi ? (quel teasing de folie)

(et si tu te dis que j'emploie trop d'expressions et sigles anglos-saxons, tu te fourvoies, RIP doit s'entendre comme Requiescat in pace, alors tu vois bien)

L'enfant, non content de modifier radicalement ta représentation du monde, ton rapport à la vie, à la mort et à la lecture pour ne citer que l'essentiel (tu noteras que je ne parle même pas du sommeil), l'enfant, dont la venue et le développement redistribuent la part de l'important et du dérisoire (au bénéfice de ce dernier), l'enfant, qu'il ne faudrait donc pas non plus accuser de tous les maux, présente l'insigne avantage d'empêcher le couple d'avoir des activités de loisir communes. Ce qui n'est pas du tout avantageux si ton compagnon est aussi ton binôme à la contrée. Ce qui l'est beaucoup plus si tu aimes à sortir entre amis et plus si affinités.

Je commençais à penser que j'allais refiler la rhinopharyngite héritée de mademoiselle A (oxymore ?) à un nombre conséquent de personnes de sexe masculin, à force de baisers mouillés (oui ben mon couple est en crise, je suis fragile, j'ai besoin de réconfort), quand il est apparu en bordure de piste. Avec son sourire canaille et son regard grivois, comme cette première fois où le temps n'avait rien permis. Il m'ouvrait les bras, sûr qu'un élan naturel me porterait vers lui et j'ai pu vérifier qu'il n'avait heureusement pas changé d'eau de toilette. Il a dit Danse avec moi, on va exciter tout le monde. J'ai voulu ajouter Nous les premiers mais j'étais trop occupée à le renifler discrètement (et à penser que comme entrée en matière c'était vachement mieux que celui qui avait annoncé tout de go Je voulais passer le concours d'éboueur mais c'est trop difficile) (pas de rhino pour la peine) ( j'entends par là : si t'es pas hyper canon, essaye de mettre en valeur ton intelligence tant qu'à faire). Il a dit J'ai une femme. J'ai répondu Tu ne peux pas savoir comme ça me rassure. Il a dit des choses qui m'ont fait rire et d'autres que la pudeur me force à taire (et que j'ai oubliées oui bon ok ça va). Magie de l'alcool. C'était sensuel et animal. Il a dit Je t'appelle alors ?

Ça a l'air si simple. Mais j'ai envie de dire c'est quand qu'on va où ? Il ne t'a sans doute pas échappé qu'à la trentaine bien tassée, après la période adulescente de célibat et avant le divorce de la seconde moitié de vie, la tendance est à la vie en couple. C'est mon cas (jusqu'à preuve du contraire), c'est le cas de mes amants. Et ça n'est pas sans poser, de façon récurrente, des problèmes logistiques, étant entendu que les relations extra-conjugales doivent avoir lieu ailleurs que sous le toît commun. Du coup je m'interroge : la décohabitation serait-elle la solution ?

Du suspens encore et toujours.

lundi 26 septembre 2011

♫ And if you have a minute why don't we go talk about it somewhere only we know ♫

Un peu comme tout le monde et plus particulièrement comme le silex, monamour est biface.

Éclatant de rire en pleine lecture silencieuse, il répondra à ton regard interrogateur : Non rien c'est Epictète qui me fait marrer (tu me diras moi c'est Proust, chacun son genre). Par ailleurs il est capable de jugement aussi réducteur que : Finalement Le combat ordinaire (chef d'oeuvre de Manu Larcenet, ndlr), c'est rien d'autre que l'histoire d'un angoissé de la classe moyenne.

En même temps tu peux pas reprocher aux gens d'aimer les choses pour de mauvaises raisons (cf mademoiselle A qui, à la tête d'un vaste troupeau constitué notamment d'un chameau de Tamanrasset, d'un livre-tortue et d'une grosse vache, s'intéresse avant tout à leurs étiquettes de lavage).

Tu peux même pas reprocher aux gens de ne pas aimer, car ça ne se commande pas ces choses-là (cf Fred Vargas, Critique de l'anxiété pure, le passage sur les bleus, les rouges et les violets).

Alors monamour, dans son trip Janus, dit d'une part :
Je veux vieillir avec toi
et d'autre part :
Je veux qu'on décohabite.

Le suspens est à son comble.

lundi 29 août 2011

"Everybody be cool, this is a robbery !"

Oui, bon, d'accord, mais j'ai une excuse valide je te signale. Tiens au fait as-tu lu Jeux de mots d'Ed McBain ? Loin d'une diversion cette question nous mène au coeur du débat qui n'aura pas lieu quand je t'aurai démontré scientifiquement que j'ai une excellente raison pour n'avoir rien publié ici depuis bientôt trois mois. Et ça c'est une phrase bien trop longue pour quelqu'un qui n'a rien à se reprocher, penses-tu. Mais laisse-moi parler aussi !

Donc Ed McBain, dans l'opus suscité, révèle à nos yeux ébahis l'échelle des tailles de poitrine. Eh oui bien sûr, tu n'ignores pas qu'il y a des degrés dans les expressions quand on discute de taille de poitrine, n'est-ce pas ? Mais connais-tu la nomenclature exacte (car il faut arrêter de dire n'importe quoi à un moment) ? Reportons-nous si tu le veux bien à ce riant printemps dernier où mon congé maternité touchait à sa fin.

Jolis nénés
Ada : Pourriez-vous m'indiquer à combien s'élève le solde de mes congés annuels ?
Taff : 71 jours.

Beaux nichons
Ada (jouant l'ingénue) : Ah très bien, je pourrai donc m'occuper de ma fille tout l'été.
Taff (énervé) : Oui mais non parce que nous on vous attend en août ok ? ça fait 6 mois qu'on vous a pas vue alors va falloir songer à revenir illico presto, y a du boulot ici, surtout l'été où tout le monde se barre en vacances et après on est dans la merde alors merde à la fin !

Obus
Ada (ah tu veux jouer au con) : Alors déjà s'il me reste autant de jours de congés c'est bien parce qu'à un moment vous n'avez pas voulu que je les prenne, ou c'est moi qui délire ? Ensuite, tous ces jours là, faut bien les écouler sinon on ne fait que reporter le problème. Et surtout vous croyez que ma fille est en âge de se garder toute seule ? la crèche c'est pas avant septembre, par conséquent mon retour non plus.
Taff : Dans ce cas nous pouvons compter sur vous le 1er septembre ?

Super loches
Ada : Non parce qu'il y a la semaine d'adaptation. Ce sera mi-septembre ok ?
Taff : C'est entendu.

(Tu sais que mon fantasme sexuel numéro 1 c'est de négocier avec la police par téléphone pendant que je tiens en otages des braves gens terrorisés à l'intérieur d'une banque ?)

J'ai donc mis à profit ces mois de congés supplémentaires (et amplement justifiés) en prenant du bon temps de-ci (aux Antilles) de-là (en Provence) sans alimenter ce blog, ce que tu conçois maintenant aisément. Note cependant que physiquement, après grossesse, allaitement et sevrage (et même si au final tu n'es pas perdant, encore heureux) l'échelle des tailles de poitrine est inversée. Coïncidence ? Je ne pense pas.


vendredi 3 juin 2011

♫ Ecoute les orgues, elles jouent pour toi ♫

Ouh là là, mais oui dis donc t'as raison, ça fait un bail qu'il ne se passe rien ici, t'aurais dû me le signaler plus tôt. Surtout que non seulement je me faisais une gloire de pondre une petite note mensuelle nonobstant la ponte antérieure et très prenante du petit mammifère dont je t'ai déjà parlé (oui je suis un ornithorynque) mais en plus j'ai un vrai sujet, passionnant et tout : se pourrait-il que monamour et moi-même formions un couple de vieux cons ?

C'est la question qu'on aurait pu se poser ce soir de week-end où, endormis aux alentours de minuit, sous les rumeurs nous semblait-il assez lointaines d'un dîner entre amis, nous fûmes réveillés vers 2h par les cris hystériques (YOOOOOOOOOUUUUUUUUUHHHHHHHHHHOUUUUUUUUUUUU !!!!!!!!!!!! YYYYYYYYYIIIIIIIIIIIIIIIIII !) provenant de ce qui s'est avéré une grosse fiesta chez les voisins du dessus. Vérification faite, la chambre de mademoiselle A, par sa situation côté jardin, préservait l'enfant de l'agression sonore (cela dit quand elle a décidé de dormir profondément elle plaisante pas, tu peux passer l'aspirateur sous son lit elle bronche pas). La chambre parentale, quant à elle, profitait pleinement de l'ambiance musicale.

Comme deux djeuns à la cool on a commencé par se remémorer les soirées organisées dans le taudis où je vivais au début de notre relation et la tolérance incroyable des habitants de l'immeuble qui jamais ne vinrent se plaindre. Puis histoire de s'impliquer dans une démarche positive et active, pour ne pas dire carrément pro-active (je voulais faire une note entière sur ce mot mais j'ai oublié pourquoi et comment) (je suis aussi un poisson rouge) on a joué au blind test, toujours dans cet esprit si frais qui nous caractérise ah ah ah, et celle-là tu la connais ? ah ouais j'la kiffe trop, allant parfois jusqu'à fredonner et même esquisser un petit déhanché ou un hochement de tête en rythme. Jusqu'à ce que, le pic étant passé et profitant de l'accalmie, chacun reprenne son bouquin avant de sombrer rapidement dans un second sommeil.

Pour en être tirés, vers 4h, par une nouvelle poussée de volume accompagnée, comme il se doit, des cris de ces demoiselles qui, à cette heure avancée, auraient sans doute préféré en proférer d'autres, plus lascifs, mais que veux-tu, quand tu pécho pas, tu chantes très fort (en choeur, faux et avec les soulards) ta frustration. Monamour et moi, bien que nous appréciions le comique de répétition, avons trouvé ça moins drôle. On s'est un peu poussé l'un l'autre, allez va leur dire de baisser le son, mais vas-y toi, non toi...Un peu par flemme de se rhabiller, un peu par lâcheté, un peu par pas envie de passer pour le vieux con, on n'a rien fait jusqu'à ce que la sonnette sonne (comme souvent quand elle passe à l'action). On a hésité deux secondes avant de comprendre qu'elle sonnait chez nous, ben ça alors, et d'ouvrir la porte à un monsieur barbu et fort confus qui croyait que nous étions les responsables de ce boucan de tous les diables (un malentendant donc). De retour dans le lit, on a attendu, vaguement soulagé, que la sonnette sonne au bon endroit. Et ben crois-le, crois le pas, elle a pas sonné, la teuf a continué fort et un peu longtemps et force a été d'en déduire que le barbu honteux était reparti chez lui sans finir le boulot. Non mais quel con !

vendredi 29 avril 2011

♫ Je ne voudrais pas refaire le chemin à l'envers ♫

Un bébé, ça s'éveille chaque jour un peu plus et c'est tout à fait charmant. Après être tombée en amour du paravent de la chambre parentale (alias son confident le paravent), des spots du salon (alias ses potes les spots) et des jeux d'ombre et de lumière sur la paroi de son landau (alias mais qu'est-ce qu'elle peut bien mater avec ce regard extatique ??), mademoiselle A gratifie maintenant ses parents de grands sourires édentés.

Quand je dis "ça s'éveille", c'est aussi au sens littéral, ce qui laisse beaucoup moins de temps en journée pour vaquer. Là par exemple j'avais bien envie d'être un peu tranquille mais elle avait décidé que je devais la prendre dans mes bras tout en me déplaçant (ah ben oui, des fois tu crois que tu vas pouvoir la bercer gentiment en lisant le journal sur Internet, eh ben non, tu te bouges les fesses ok ?). Alors musique maestro je me dis tant qu'à faire. Je commence à lui chanter Du côté de chez Swann (je ne sais pas pourquoi il ne me vient que de la variété préhistorique dans ces cas-là) et réalisant que je ne connais que le refrain et que ça risque d'être un peu court jeune homme, j'envoie Deezer en suivant les paroles sur un site quelconque (karaoké fait maison). Et puis une chose en entraînant une autre, on se retrouve, moi à vocaliser sur Vanina ah ah ah, ah ah ah ah...et elle à excessivement kiffer (elle n'a apparemment pas l'oreille absolue) (ou elle aime vraiment beaucoup sa mère) (ou elle a des goûts de chiottes), du coup je me dis attends, on peut pas en rester là, on va s'envoyer du bon à un moment quand même, c'est parti pour Je t'emmène au vent. Je me donne à fond et là elle s'endort, va comprendre. Donc je la remise dans sa chambre et normalement on dispose d'une demi-heure, estimation basse.

Alors évidemment au moment où j'écris ça, je l'entends protester, j'enfourne la tétine pour faire taire la charmante enfant (qui va me laisser terminer cet article maintenant que j'ai commencé nom de dieu) et elle fait les yeux doux à son tour de lit (je crois qu'il y a quelque chose entre elle et le petit chien dans la voiture rouge).

Si tu veux bien on va parler un peu de moi maintenant. Parce que moi camarade, figure-toi que suite à la fabrication suivie de l'expulsion de mademoiselle A, je fais de la rééducation périnéale, parfaitement. Avec un représentant de la première entreprise de France, qui loin d'utiliser une sonde préfère travailler manuellement : nos séances commencent généralement par un Bonjour, ça va ? après quoi je m'allonge et sans plus de manière, l'artisan en question m'introduit deux doigts qu'il bouge avec dextérité, forcément, par ici ou bien par là selon le côté du muscle qu'il entend solliciter. Au début on se sent pas hyper à l'aise mais à force on s'habitue et finalement on y prend goût (ça t'excite hein) (alors tu te calmes parce que c'est une femme je te signale) (j'étais sûre que ça t'exciterait encore plus). C'est surtout que si je peux éviter de me pisser dessus dans quelques années, j'aime autant (la ménopause suffira, on va pas en rajouter).

L'autre jour j'en sortais en sifflotant, un peu de soulagement, un peu parce qu'il faisait beau, et je répétais dans ma tête les exercices qu'il faudrait réaliser à la maison (les portes battantes, dites aussi côté-côté, la pince de fête foraine et le pont-levis) (c'est très sexuel comme tu vois), tout en pénétrant dans le supermarché devant lequel s'activaient nos amis du samu, aux prises avec la victime d'un arrêt cardiaque. De la foule des badauds je surpris une voix pleine de regrets C'est madame Machin, on l'a bien connue, enfin on la connaît bien, ce qui laissait entendre à la fois que l'espoir de survie était mince et qu'on l'enterrait un peu vite. Plus tard, tandis que je composais mon code à l'abri des regards, la caissière se lamentait Vous vous rendez compte, elle est passée à ma caisse y a pas une demi-heure, elle était là, à votre place, ce qui cette fois me fit penser qu'aussi incroyable que ça puisse paraître, juste avant de mourir on est encore vivant. J'ai contracté le périnée pour m'en assurer. Tout allait bien.

mardi 5 avril 2011

Inactivité de plein air

Lundi 21 mars, dans un parc de l'Est parisien. Je pousse le landau quand un monsieur d'un âge certain se penche vers mademoiselle A. J'ai l'habitude. Autant quand tu prends le soleil en tenue légère, un des jeunes de la bande d'à côté vient te proposer une bière ou te demande ce que tu lis de beau, autant quand tu promènes bébé les vieux te parlent...Ce monsieur d'un âge certain équipé d'une prothèse auditive se penche donc sur le landau, classiquement le trouve si mignon (pas le landau hein) (quoique, il est pas mal dans son genre) et demande si c'est un garçon ou une fille. Puis son âge. Il s'extasie à nouveau sur le petit mammifère : Oh mais elle est encore toute petite alors ! et il termine par : Et maintenant je vous dis Mazel tov ! Je suis sûr que vous ne savez pas ce que ça veut dire Mazel tov. C'est là que l'expérience joue à plein car, pour lui faire plaisir, je feins d'ignorer le sens de cette expression qu'il se fait une joie de traduire avant que chacun poursuive sa route de son côté.

Ouvrons ici, si tu le veux bien, une parenthèse (et intitulons-la Observation du vieux en milieu urbain arboré, espace vert et paysage lacustre. Le vieux est en effet un sujet d'actualité (tu méditeras le paradoxe). Sache tout d'abord que le vieux est plus souvent une vieille, lois de l'espérance de vie obligent. Elle se déplace lentement parce qu'elle est usée, qu'elle a tout son temps et surtout parce qu'elle est à la recherche d'un banc non pas vide (ce en quoi vos aspirations divergent) mais le plus occupé possible. Attention toutefois : alors même que son chemin est jonché de bancs investis par des troupeaux de vieux, sa prédilection ira toujours vers les générations intermédiaires (à savoir toi, trop la chance) promesses d'un peu de fraîcheur dans la monotonie ambiante. La vieille se plante un moment devant toi (elle jauge ton potentiel) (tu es accompagné d'un enfant ? Ton score est multiplié par dix) avant de s'installer tout près sans respecter les distances de sécurité. Et là, contrairement aux chiens quand tu veux leur faire croire que t'as pas peur afin qu'ils oublient de te mordre, il ne faut surtout pas la regarder dans les yeux sinon c'est foutu, te voilà harponné pour une durée indéterminée, au point que tu en viens à envoyer des signaux télépathiques à mademoiselle A, qu'elle fasse diversion en se mettant à chouiner par exemple, mais tu parles, merci la collaboration. Il est hélas assez mal vu de ne pas répondre ou d'esquiver vite fait car, c'est bien connu, si tu es au parc en plein après-midi avec un enfant, c'est que tu n'as rien de mieux à foutre que de créer du lien social avec les troisième et quatrième âges. Tu devrais même t'estimer heureux et rester poli s'il te plaît. Par exemple lorsqu'une vieille dame s'exclame, tournée vers mademoiselle A : Mais qu'il est joli ce bébé ! Il est mignon tout plein tout plein ce joli bébé ! Puis vers toi : Il doit se demander qui c'est cette vieille folle qui lui parle, il est déconseillé de répondre : A vrai dire, y a pas que le bébé qui se demande. Mais fermons la parenthèse)

Lundi 4 avril. Hier quoi (non parce que du coup je suis plus trop sûre). Je pousse le landau dans ce fameux parc de l'Est parisien quand apparaît dans mon champ de vision le monsieur d'un âge certain équipé d'une prothèse auditive.
Lui : Qu'est-ce que c'est mignon les bébés ! C'est une fille ?
Moi : Oui c'est une fille.
Lui : Ah ! j'ai trouvé du premier coup !
Moi : (oui mais bon c'est un peu facile quand on sait déjà hein...) (mais admettons qu'il ait oublié) Bravo ! (il faut encourager le vieux et souligner ses réussites car trouvant satisfaction, il a tendance à te lâcher la grappe plus rapidement)
Lui : Elle a quel âge ?
Moi : (disons que la question est recevable dans la mesure où ça change tout le temps) Un peu plus d'un mois.
Lui : Oh mais elle est encore toute petite alors !
Moi : (légèrement moins que la dernière fois quoi) ...
Lui : Et maintenant je vous dis Mazel tov ! Je suis sûr que vous ne savez pas ce que ça veut dire Mazel tov.

Déjà que mes journées sont scandées par des tâches répétitives (changement de couche, tétée, mise au lit, changement de couche, tétée, tapis d'éveil, changement de couche, tétée, promenade, bain, tétée, mise au lit, j'en passe mais tu vois l'esprit), depuis ce dialogue pas vraiment inédit , je me demande si je suis pas Bill Murray dans Groundhog day...

mardi 29 mars 2011

♫ Time may change me but I can't trace time ♫

On m'avait dit : Tu ne peux pas comprendre, tu n'as pas encore d'enfant. On m'avait dit : Tu verras, quand tu auras un enfant plus rien ne sera comme avant. Avoir un enfant serait donc une expérience unique, qu'on ne peut partager qu'avec ceux qui sont passés par là, ceux qui savent (sourire entendu), un peu comme les camps de concentration ou la psychanalyse. Moi tu me connais j'ai tendance à dire non mais oh et puis quoi encore (ce qui signifie approximativement : c'est quand même pas un gosse qui va faire la loi). En réalité y a quand même deux trois trucs qui ont changé.

Le sommeil. Quoique ce soit légèrement biaisé car j'ai commencé à mal dormir, par tranches de 3-4 heures, deux bons mois avant l'accouchement. Selon une théorie d'origine inconnue la femme en fin de grossesse se prépare à morceler son temps de sommeil en vue de l'arrivée du nourrisson qui réclamera sa pitance à intervalles rapprochés. Franchement j'en sais rien. Les théories c'est pas hyper pratique. Ce que je sais en revanche c'est que depuis l'arrivée de mademoiselle A, quand je dors 6 heures d'affilée j'ai l'impression d'avoir fait la grasse mat. Et quand elle se met à dormir de minuit à 7 heures sans interruption (elle ne renouvèle pas encore l'exploit tous les jours mais crois-moi que je l'y encourage de toutes mes forces), quand donc elle fait une vraie nuit, je suis réveillée avant elle.
Pour mémoire je suis la fille qui arrivait au taff aux alentours de midi hein...

L'alcool. Là encore c'est biaisé car durant 9 mois la seule boisson alcoolisée que je me suis autorisée c'est le champagne à doses homéopathiques. Maintenant deux bières et une coupette et tu le crois que le lendemain je suis limite en gueule de bois ?
Pour mémoire je suis la fille qui passait sa vie au bar hein...

Le parc. Pas un jour sans que mademoiselle A et moi-même ne sortions en promenade au parc, elle en pleine sieste ou au contraire yeux grands ouverts, découvrant la sensation du soleil sur la peau et le chant des oiseaux (et accessoirement le bruit du marteau piqueur) (Paris est une fête, Paris est une fête, Paris est un chantier oui), et moi poussant le landau dans les côtes en guise d'exercice physique (crois-moi que c'est du sport avec tout l'attirail qu'il faut déplacer en même temps que le bébé pour parer à toute éventualité).
Pour mémoire je suis la fille dont la préoccupation majeure consistait à parfaire son bronzage dans ledit parc hein...

La lecture. Depuis que mademoiselle A est née, je suis toujours sur le même livre. Il est gros certes mais ça fait quand même un bon mois que je l'ai entamé. Pire (ça me coûte d'avouer une horreur pareille mais je te dois la vérité) : je ne lis pas tous les jours.
Pour mémoire je suis la fille qui lisait un livre par jour hein...

HEUREUSEMENT, dans ce monde en mutation, j'ai UN repère stable auquel me référer, un point d'attache qui n'a pas été balayé par l'arrivée de cet enfant bordel et auquel je m'accroche comme un machin à sa machine : enceinte jusqu'aux yeux ou jeune maman (jeune oui jeune, un problème ?), mon gynéco, ce brave homme (ah ça il sait y faire) continue de m'appeler, le ciel le lui rendra, ma petite demoiselle.
Et le fait que j'aille le voir pour des séances de rééducation périnéale n'a pas à être signalé hein.

mardi 22 mars 2011

♫ And I find it kind of funny, I find it kind of sad ♫

Lorsque l'enfant paraît, tout un tas de gens que tu apprécies plus ou moins trouve tout naturel de taper l'incrust. Bien sûr c'est réjouissant, le champagne coule à flots et tu es fier de présenter ta dernière création. Mais à la fin il faut passer l'aspirateur et faire la vaisselle. Sans compter les réflexions agréables qui, oui on sait, partent toujours de bonnes intentions (de celles dont l'enfer est pavé). Tous les exemples ci-après, positifs comme négatifs, sont tirés d'une expérience vécue, toute ressemblance avec la réalité n'est donc pas fortuite du tout.

J + 1 (à la maternité donc), tu as accouché il y a moins de 24 heures et tu n'as pas dormi depuis plus de 48 (tu as cru impressionner la sage-femme avec ce score mais, complètement blasée, elle s'est contenté de te signaler que toutes les parturientes enchaînent les heures de veille, ça n'a rien d'exceptionnel, tu peux remballer le Guinness World Records) : Eh bien maintenant il ne te reste plus qu'à retrouver la ligne. Car il faut savoir qu'une fois que tu as mis bas, tu as toujours l'air enceinte, merci de le souligner, on n'avait pas remarqué...A cette réflexion fort peu appropriée (à ce stade, ton corps tu t'en fous, tu n'as d'yeux que pour la merveille que tu as engendrée), on préfèrera le réconfortant : Tiens, je t'ai amené un demi-kilo de Jeff de Bruges, profite bien de ces douceurs chocolatées (pour une fois que c'est pas un cadeau pour le bébé, crois-moi que j'en profite oh que oui).

J + 3, retour à la maison, tu as l'enfant dans les bras et tu le couvres de baiser. Ah ben tu vas avoir du mal à reprendre le travail toi. Ici tu as le choix entre te laisser complètement aller (genre : mais pauvre conne je t'emmerde toi et ton travail, espèce de vieille dégénérée puante) (bon in petto ok) et te maîtriser complètement (genre faire comme si tu n'avais pas entendu). On préfèrera cent fois le débrouillard : Tu sais que tu as droit à un congé maladie post-natal qui peut durer jusqu'à un mois, tu devrais te renseigner, d'autant que tu n'as pas eu un accouchement facile.

J + je sais plus. L'enfant pleure fort, il vient d'être nourri, il est langé de frais, tu ne sais donc pas trop ce qu'il veut exprimer mais tu essayes tant bien que mal de le consoler. Il faut les laisser pleurer les bébés, ils en ont besoin, ça leur fait du bien (j'ai envie de dire : il faut les euthanasier les imbéciles comme toi, ça NOUS ferait du bien). On préfèrera mille fois le psychologue : Surtout n'écoute pas les conseils que chacun va s'empresser de te donner (oui parce que sous prétexte qu'ils se sont reproduits une ou plusieurs fois (y compris, et peut-être surtout, lorsque ça date de plus d'un quart de siècle), les gens se croient compétents et pensent que ça les autorise à te polluer avec leurs méthodes éducatives de pointe), la meilleure façon de faire c'est comme tu le sens toi.

Et très récemment : Mais c'est quoi ces couteaux, c'est des couteaux pour la viande ça, c'est pas adapté là (oui alors bon, déjà qu'on te nourrit, que si ça tenait qu'à moi, comment te dire, tu viendrais pas si souvent, parce que mine de rien ça fait déjà deux fois qu'on te voit cette semaine) (et puisque tu te manifestes hein, t'auras qu'à mettre le couvert la prochaine fois) (attends, j'ai dit prochaine fois moi ? non parce que c'est une erreur, entendons-nous bien) (connasse). On préfèrera ô combien le flatteur : Elles sont délicieuses ces lasagnes maison (t'entends connasse : maison, prends-en de la graine avec tes surgelés), je me resservirais volontiers.

vendredi 11 mars 2011

♫ A découvert le ventre à l'air, ancré dans la baie du bonheur ♫

Ariane la Belle du seigneur veille à ce qu'elle-même et son Solal jouissent de salles de bain et de toilettes séparées afin que chacun ignore la circulation des fluides corporels de l'autre et que soit préservée la magie du couple. On ne saurait mieux nier la réalité des corps. Point de cela chez nous. Depuis l'arrivée de mademoiselle A, monamour et moi on a de ces discussions :

Lui : Alors ?
Moi : Non rien.
(...)
Lui : Et là, toujours pas ?
Moi : Si, ça y est, elle a fait caca.
Lui : Ah nous voilà rassurés.

Sinon quand elle est couchée et donc hors de vue, nous passons notre temps à regarder (oui bon d'accord : à s'extasier sur) les photos prises pendant les périodes d'éveil. Le corps de mademoiselle A est partout depuis qu'il n'est plus dans le mien. C'est la vie...


Découvrez la playlist Ode à la vie avec Alain Bashung

lundi 28 février 2011

♫ Le premier jour du reste de ta vie ♫

En fait devenir mère, rien de plus simple. On oublie juste de te dire deux petites choses essentielles, genre c'est un rite initiatique, à toi de trouver la voie petit scarabée...Mais tu peux compter sur Ada pour te dévoiler ce que les livres de grossesse te cachent.

Petit 1 : deviens champion d'apnée et l'expulsion de ton nouveau-né sera une véritable partie de plaisir (sinon non). En effet on te demande de fournir le maximum d'effort (POUSSEZ POUSSEZ POUSSEZ ALLEZ ALLEZ ALLEZ ENCORE ENCORE ENCORE) (je ne suis pas sourde) avec un minimum d'air (NE RESPIREZ SURTOUT PAS !) (non mais c'est une blague ou c'est juste pour m'empêcher de gueuler ?).

Petit 2 : la tétine qu'on te suggère te mettre dans la valise pour la maternité, je cite, "si besoin", n'est pas du tout facultative à mon sens. Enfin bon c'est un peu comme la péridurale, c'est toi qui vois mais tu viendras pas te plaindre après.

Et donc mademoiselle A a fait son entrée (ou plutôt sa sortie). Quel moment hein. Je crois que Nicole Croisille l'a si bien exprimé : je me suis enfin sentie femme, femme, une femme avec toi. Non je déconne, je me suis sentie très mammifère, ce qui est beaucoup moins courant comme sensation, crois-moi.

mardi 22 février 2011

♫ Je suis le roi des scélérats à qui sourit la vie ♫

Y a des jours où il se passe des trucs. Et pas des petits trucs tu vois. Carrément du lourd. Genre tu publies une note sur le blog ET tu envoies un mail. Ou bien : en allant faire tes courses, tu croises un ancien ministre de la santé qui sort de la maison de retraite du quartier ET tu constates qu'on tourne un film dans ton supermarché (c'est du vécu, t'as vu ma vie de ouf !). Les jours fromage ET dessert quoi.

Non parce qu'à part ça depuis un certain temps (bientôt trois mois dis donc) on peut, sans prendre trop de risque, affirmer que je me la coule douce. Tu me diras, j'ai eu le temps de lire l'Encyclopaedia Universalis, mais question taff c'est un peu le niveau zéro. Alors certes très prochainement un certain travail va commencer pour expulser ce produit fini tant attendu (bien que fini, fini, c'est vite dit, t'as qu'à voir le temps de maturation du cerveau, les enfants sont plutôt cons dans l'ensemble, c'est pas pour rien qu'on les envoie à l'école). Mais à part ça hein...

Eh bien figure-toi que ça me convient très bien de ne rien faire. Prends les discussions à la con sur le loto par exemple. Admettons tu joues, admettons tu gagnes des millions, quelle est la première chose que tu ferais avec tout ce pognon ? Je ne fais pas partie de ceux qui achètent une belle maison pour leur chère mère et une pour eux, que toute la famille soit au chaud. Spontanément comme ça là allez sans réfléchir, la première chose que je fais c'est d'arrêter de travailler. Même pas je passe à mi-temps, histoire de transiter en douceur, non non, arrêt complet, et pas de bénévolat ou je ne sais quelle connerie du genre, j'arrête de bosser et basta. Parce que c'est quoi être riche, à part ne pas avoir besoin de travailler ? L'inactivité ne me fait pas peur tu crois quoi. Je sais maintenant que j'en suis capable.

Du coup j'appréhende un peu la reprise, après le congé maternité éventuellement suivi de quelques vacances bien méritées (non ?). Et je me demande même si je ne vais pas carrément changer de taff. Seuls les êtres faibles et irrésolus, ceux dont le bonheur dépend toujours du hasard peuvent supporter qu'une relation malheureuse pèse à jamais sur leur vie, écrivait Jane Austen dans Emma (tiens cette citation aurait aussi pu me servir pour cette note-là). Remplace relation par travail, ça fonctionne tout aussi bien. Non que le mien ne me plaise plus, d'autant qu'il a évolué assez récemment mais pourquoi pas en changer ? hein pourquoi pas ?

Ce qu'il me faudrait c'est un boulot qui rapporte un max de tune en un minimum de temps (alors je t'arrête tout de suite, pas pute, ni dealer) afin de pouvoir glander en toute sérénité. Le truc lucratif, pas chiant, dans un contexte agréable et dépaysant tant qu'à faire. Pour l'instant ce que j'ai trouvé de mieux, c'est aller vendre des crêpes en Australie. Tu rigoles mais c'est un super plan ça mon pote, un super plan.

mardi 1 février 2011

♫ Je prends mon baise en ville, j'me tire à Delta Ville ♫

Pendant que monamour se pose des questions à propos de l'occupant à titre gratuit : Tu crois qu'il sera gentil ? (et à mon ventre : Il faudra être gentil hein ?) ou, plus inattendu, Tu crois qu'il aimera le jambon ?, je suis censée préparer la valise.

Oui eh oh, la valise, la valise, c'est pas non plus les grandes vacances, le séjour à la maternité, un petit sac devrait suffire. Eh ben non. Ne crois pas que tu pourras te contenter du petit truc discret qui te sert pour les escapades de fin de semaine, non non, il te faudra bien le gros machin et tu auras même du mal à le soulever, sans déconner.

Déjà il faut trois serviettes de bain et trois de toilette. Parce que c'est pas la même chose ? Très bien, disons trois petites et trois grandes alors.

Six gants de toilette : mais pour quoi faire ? On coupe la poire en trois, deux ça sera parfait, je les ai achetés exprès je te signale.

Une tétine si besoin : c'est gentil mais comment on sait si on va en avoir besoin, gros malin ? Allez tiens, puisque c'est ainsi, je décide qu'on n'en aura pas besoin.

Après tu enrichis ton vocabulaire : une gigoteuse...??? Qu'es aquo ? Et une brassière...Autant une brasserie je vois bien...Alors tu cherches et dans ton encyclopédie libre, tu apprends qu'une brassière c'est un sous-vêtement féminin et qu'au Québec c'est synonyme de soutien-gorge. Oui mais on est dans la colonne Pour bébé là, ça paraît prématuré. En cherchant mieux tu découvres qu'une brassière pour bébé c'est en fait une chemise qui se ferme dans le dos. Tu peux pas dire camisole comme tout le monde non ? Et la gigoteuse, alors là, franchement, quand tu finis par comprendre que c'est une sorte de duvet qui empêche justement de gigoter, tu ne t'étonnes même plus qu'on l'appelle également turbulette (mais bien sûr).

Il y a aussi les éléments qui laissent perplexe : pour maman, des culottes jetables (tu as immédiatement des visions d'horreur...mais je vais me vider de mon sang, c'est ça ?) (je dirais même plus : et de quoi d'autre ?), même pas en rêve que j'investis là-dedans. Ou encore, pour bébé cette fois : six pyjamas...Au-delà du fait que six est manifestement un chiffre fétiche pour les gens qui établissent cette liste, soit les pyjamas parties ça commence hyper tôt, soit ils organisent la fashion baby week, c'est pas possible, attends on les fait défiler et tout ou quoi ?

Je te passe les questions existentielles dans les rayonnages du magasin au moment où tu te rends compte qu'entre les tailles naissance, 1 mois, 3 mois et 6 mois, ça se joue à quelques millimètres, sachant que ça grandit vite ces bestiaux...Du coup, je vois pas bien pourquoi on prend pas direct du 14 ans, que ça leur profite au moins.

lundi 10 janvier 2011

♫ Et tu sauras où l'acheter le courage ♫

Encore des récriminations.

Je ne supporte plus qu'on me réduise à mon état de femme enceinte. Certes mon activité principale, surtout depuis l'arrêt de travail suivi des congés pathologiques qui déboucheront prochainement sur le congé maternité officiel, mon activité principale donc consiste à fabriquer cet occupant à titre gratuit, ce qui demande des repas substantiels et beaucoup de repos (enfin, selon ma recette à moi). Mais gravide ne signifie pas forcément grave vide de tout autre sujet de conversation bordel.

Je ne supporte plus les envieux. Oui j'ai réussi un concours qui fait que je gagne mieux ma vie, oui j'ai un petit jardin en plein Paris et oui je suis enceinte. Et alors ? C'est une raison pour me considérer comme une riche qui trahit son camp (je te signale quand même que tous mes amis, sans exception, font, tout comme moi, partie de la classe moyenne (qu'ils en soient conscients ou pas, voire honteux), faut arrêter les fantasmes) ? C'est une raison pour énumérer les désagréments qu'il y a à entretenir la pelouse d'un jardin plutôt que les avantages d'y faire des plantations et des grillades carnivores ? C'est une raison pour pousser les hauts cris dès que je me touche le ventre, sous prétexte que je fais ma chochotte (figure-toi que ça bouge là-dedans et que j'aime bien y répondre par des caresses, je ne demande à personne d'y prêter un quelconque intérêt) ; ou de déclarer, soi-disant ironiquement, que c'est vraiment dégueulasse un aussi gros ventre (je te passe les réflexions qui ne manqueront pas d'arriver sur les pis à lait). Ces bandes de frustrés embourbés dans le marécage de leur incapacité à se mettre en mouvement me fatiguent.

Pour aller jusqu'au bout, je ne supporte plus les gens sous influence, ceux qui tiennent un double discours pour mieux s'aveugler, ceux (souvent les mêmes) qui, en toute lâcheté, n'assument pas leurs choix (et on ne peut que les comprendre, car leurs choix sont mauvais) mais n'en tirent pas non plus les conclusions qui s'imposent.

Mais aussi quelques louanges.

J'agrée ces amitiés nouvelles, celles qu'on n'attendait plus parce qu'on sait bien que c'est comme pour les langues vivantes et le sport, plus on avance en âge, moins on a de chances de réussir. Vivifiant sans aucun doute.

J'agrée aussi ces amitiés renouvelées, celles qu'on entretient avec des gens qu'on voit deux ou trois fois par an sans pour autant perdre en qualité, au contraire, mesurer combien on est réciproquement attaché les uns aux autres.

Je prends beaucoup de plaisir à observer à la dérobée, par la porte entrebâillée, monamour à sa toilette, quand il rentre tard de son cours de kung fu et que le miroir reflète juste la partie comprise entre le bas de son ventre et le haut de ses cuisses (il est beau, que veux-tu).

J'apprécie tout particulièrement que l'année commence par un coucher à 8h du mat, après le départ des derniers fêtards et un rangement sommaire, qu'on se blottisse et qu'il me dise Je t'aime, je t'aime, je t'aime, ad libitum.

Bonne année