lundi 10 janvier 2011

♫ Et tu sauras où l'acheter le courage ♫

Encore des récriminations.

Je ne supporte plus qu'on me réduise à mon état de femme enceinte. Certes mon activité principale, surtout depuis l'arrêt de travail suivi des congés pathologiques qui déboucheront prochainement sur le congé maternité officiel, mon activité principale donc consiste à fabriquer cet occupant à titre gratuit, ce qui demande des repas substantiels et beaucoup de repos (enfin, selon ma recette à moi). Mais gravide ne signifie pas forcément grave vide de tout autre sujet de conversation bordel.

Je ne supporte plus les envieux. Oui j'ai réussi un concours qui fait que je gagne mieux ma vie, oui j'ai un petit jardin en plein Paris et oui je suis enceinte. Et alors ? C'est une raison pour me considérer comme une riche qui trahit son camp (je te signale quand même que tous mes amis, sans exception, font, tout comme moi, partie de la classe moyenne (qu'ils en soient conscients ou pas, voire honteux), faut arrêter les fantasmes) ? C'est une raison pour énumérer les désagréments qu'il y a à entretenir la pelouse d'un jardin plutôt que les avantages d'y faire des plantations et des grillades carnivores ? C'est une raison pour pousser les hauts cris dès que je me touche le ventre, sous prétexte que je fais ma chochotte (figure-toi que ça bouge là-dedans et que j'aime bien y répondre par des caresses, je ne demande à personne d'y prêter un quelconque intérêt) ; ou de déclarer, soi-disant ironiquement, que c'est vraiment dégueulasse un aussi gros ventre (je te passe les réflexions qui ne manqueront pas d'arriver sur les pis à lait). Ces bandes de frustrés embourbés dans le marécage de leur incapacité à se mettre en mouvement me fatiguent.

Pour aller jusqu'au bout, je ne supporte plus les gens sous influence, ceux qui tiennent un double discours pour mieux s'aveugler, ceux (souvent les mêmes) qui, en toute lâcheté, n'assument pas leurs choix (et on ne peut que les comprendre, car leurs choix sont mauvais) mais n'en tirent pas non plus les conclusions qui s'imposent.

Mais aussi quelques louanges.

J'agrée ces amitiés nouvelles, celles qu'on n'attendait plus parce qu'on sait bien que c'est comme pour les langues vivantes et le sport, plus on avance en âge, moins on a de chances de réussir. Vivifiant sans aucun doute.

J'agrée aussi ces amitiés renouvelées, celles qu'on entretient avec des gens qu'on voit deux ou trois fois par an sans pour autant perdre en qualité, au contraire, mesurer combien on est réciproquement attaché les uns aux autres.

Je prends beaucoup de plaisir à observer à la dérobée, par la porte entrebâillée, monamour à sa toilette, quand il rentre tard de son cours de kung fu et que le miroir reflète juste la partie comprise entre le bas de son ventre et le haut de ses cuisses (il est beau, que veux-tu).

J'apprécie tout particulièrement que l'année commence par un coucher à 8h du mat, après le départ des derniers fêtards et un rangement sommaire, qu'on se blottisse et qu'il me dise Je t'aime, je t'aime, je t'aime, ad libitum.

Bonne année