lundi 26 octobre 2009

♫ It was very nice, candlelight and Dubonnet on ice ♫

Avant de quitter mon lieu de travail pour de nouvelles aventures provinciales, il a fallu sacrifier à la cérémonie du pot de départ. Petit comité ? Avec onze ans d'ancienneté, si tu veux ménager les susceptibilités, le grand comité s'impose. Parce qu'il faut bien voir qu'un pot de départ, c'est pour faire plaisir à ceux qui restent. Moi par exemple, j'aurais bien vu ça en soirée, dans un bar sympa. Mais non, faut que ça se déroule pendant les heures de taff, toujours ça de pris. Grand comité donc, en association avec une camarade de concours que là je lui trouve pas de nom ça va être un peu chiant pour la suite.

Une fois la date fixée, on brainstorme pour le carton d'invitation (l'email collectif quoi). Au bas mot deux heures, à peser les mots de la formulation, à choisir la police, la couleur et l'illustration. Eh oui car il faut une illustration, une image piquée ici ou là, un truc joyeux mais original (pas une bouteille de champagne), élégant et raffiné (pas un gros sandwich dégoulinant de ketchup), en rapport avec le sujet (pas la photo de Kim Phuc par Nick Ut). A la fin je disais oui à tout, elle aurait pu choisir du Verdana taille 26 marron avec un chaton anthropomorphisé que j'aurais validé. Bref après un temps incommensurablement long, on finit par arriver à un truc du genre : A l'occasion de notre prochain départ, nous vous invitons tel jour à telle heure (tu sens le travail en amont ?). Plus la reproduction d'un tableau sobrement gai d'un peintre fauviste (ça fait bien intello de gauche, nickel).

Deuxième étape : l'approvisionnement. Quels liquides, quels solides, en quelle quantité. La quantité c'est pas compliqué, comme tu sais pas, t'en prends trop, comme ça t'es tranquille. Chacune est chargée de concocter quelques bonnes petites choses de sa spécialité (du coup j'amène un fût de bière alors, c'est ça ? ah non à manger, ok ok, euh, des cacahuètes ?). On se partage les basiques : le pain, les chips, les olives. Ah et des tomates cerises, ça serait bien des tomates cerises non ? Oui oui c'est vachement bien les tomates cerises. Mais quand elle m'a dit : On n'a qu'à en prendre une bonne livre chacune, j'ai été obligée de demander : ça fait combien une livre ? et là elle m'a regardée avec une espèce de pitié étonnée, si, j'ai bien vu.

Troisième étape : la préparation. C'est le week-end, c'est le matin, tu es quasi à jeun et tu prépares un cocktail qui doit macérer, mariner, enfin t'as compris que j'ai pas le vocabulaire culinaire c'est bon. Tu prends donc tes grands saladiers. Tu coupes les citrons verts, tu verses les liquides. Tu as l'impression de travailler dans la restauration collective avec la grande louche qui mélange tout ça. Puis faut goûter. Pas dégueu hein. Allez rajoute un peu de sucre de canne. Vas-y goûte. Ouais c'est mieux. Mais quand même il te faut un deuxième avis. Monamour qui passait par là en avale une petite louche. Verdict : ah ouais, pas mal, mais ça manque pas un peu de vodka ? Fais voir ? Ouais t'as raison, j'en remets. Et maintenant ? Ah oui là c'est bien. Attends je vérifie. Et bizarrement, inexplicablement dirais-je, plus tu goûtes, plus t'es mort de rire. Quel mystère. Et plus tu te dis qu'on va bien s'amuser à ce pot. Dans l'immédiat amuse-toi à remplir les bouteilles en plastique à l'entonnoir. Eh ben je te prie de croire que dans cet état c'est pas de la rigolade. Comme si t'avais pas eu assez chaud, tu passes l'après-midi la tête dans le four à cuire des cakes (je te recommande tout particulièrement le coppa-roquette et le roquefort-poire-noix).

Le jour J. Des volontaires sont recrutés pour couper, piquer, tartiner, agencer. Et puis un peu avant midi, voilà qu'on t'offre discrètement une bonne bouteille de whisky. Ah ah ah mais on va s'en verser un p'tit godet alors hein. Ni vu ni connu, un petit coup de fouet avant le spectacle. D'autant qu'une rumeur court, selon laquelle les grands chefs ne seront pas là, on va pouvoir se lâcher. Et c'est parti. Plein de monde, dont des amis de l'extérieur en RTT spéciale pot, la classe. On vient te parler spécialement à toi vu que tu es la co-reine de la fête, je te rappelle, ce qui fait que tu n'as pas une minute pour manger. Par contre boire, je sais pas pourquoi, j'y arrive toujours. Le truc pratique c'est que tout le monde te pose les mêmes questions, faut juste pas se rater et éviter de répondre Un studio dans le centre-ville à la question Quel sera ton nouvel établissement d'affectation ? Puis le grand chef débarque, tu lui sers un cocktail qu'il appréciera puisqu'à la fin il en viendra à te mettre des coups de coude dans les côtes. Avant ça il dit : Je vais dire quelques mots, je pense que vous l'attendiez ? Ben écoute gars, pour tout te dire, on t'attendait même pas toi, alors bon, je vais me contenter de sourire.

Discours donc, fleurs, cadeau. Et re-questions-réponses, et présentation de monamour à quelques phénomènes dont je lui parle depuis si longtemps, et musique, et danse. Carrément. Milieu d'après-midi, première clope depuis une éternité. Ménage en buvant du vin rouge, départ en petit comité au bar d'à côté. Défilé des sorties de bureau, coucou coucou, c'est nous les alcoolos. Arrêt des festivités vers une heure du mat. Un peu comme dans la vraie vie quoi.

mardi 6 octobre 2009

Dernières séances avant l'auto-analyse

Pour moi c'est bientôt la rentrée des classes là-bas en province, alors l'analyse sur divan ça se termine.

Je me souviens de cet après-midi de 2003, en face à face pour commencer, et de ce que j'ai dit. Clouée dans le fauteuil par le poids de la faute. J'ai un copain et je le trompe.

Je me souviens de ce vendredi début de soirée, dans le métro, un homme une femme sur la banquette, enlacés bisous bisous, arrêt à la station, il se lève, se faufile et elle continue par dessus la foule Bon week-end mon amour, je t'aime, et passe une bonne soirée, je t'aime je t'aime tandis qu'il sort.

Pourquoi me suis-je imaginé qu'il s'agissait d'un couple "illégitime", qu'il allait retrouver sa régulière, qu'elle était seule de son côté et qu'elle l'aimait, mais lui moins, il rentrait à la maison, une autre vie et elle serait toujours seule ? Je ne sais pas...Parce qu'elle s'acharnait avec son amour empressé. Comme si elle voulait qu'il oublie pas. Que son amour noie l'autre et prenne le dessus. Parce qu'elle l'encourageait à affronter ce week-end qui ne serait dur que pour elle.

J'ai pensé, Arrête, il la quittera jamais pour toi, c'est sans issue. Je compatissais mais je m'identifiais à lui. J'ai pensé Jamais je ne serai cette femme, plutôt crever. J'ai quitté le copain et l'amant.

Sur le divan j'ai bossé les triangles. J'ai eu un autre copain, d'autres amants, des angines. Des phases fidèles et reposantes (ou rassurantes ?). Récemment monamour a dit J'aimerais qu'on vieillisse ensemble (et un autre truc aussi).

On dit qu'en analyse la guérison vient comme une cerise sur le gâteau. Ce ne serait pas une finalité. En gros après une analyse réussie, tu restes malade mais tu souffres plus. Ça se pourrait, au vu du grand sourire que j'affiche quand mon pote me demande : Alors ? toujours triandre ?

Ben ouais.