mercredi 28 janvier 2009

♫ I am the eye in the sky, looking at yououou...♫

Rions un peu pendant la dépression (oui oh écoute j'exagère si je veux. J'aurais pu dire déprime mais il aurait manqué un pied au décasyllabe).

Le charmant charmeur chilien et moi on échange des mails parfois, par le biais d'un site de réseau social. Hier il annonçait dans ses humeurs : Le charmant charmeur chilien a mal à l'oeil.

Alors je lui écris : Tu connais le remède le plus agréable quand on a mal à l'oeil ? Il faut se rincer l'oeil (ah ah ah)

Il répond : pppffff...mééééé ! tjrs aussi drôle tuuuuaa ! :) j'ai vraiment mal, ça ressemble à une conjonctivite, c'est relou ! :( Jdois aller voir le médecin.

Entre temps ses humeurs changent et il affiche : Le charmant charmeur chilien get blind !

Je renchéris : Oui c'est courageux d'aller voir le médecin, tu n'as pas froid aux yeux toi hein (hi hi hi). Mais bon, si tu deviens vraiment aveugle, j'espère que pour autant on ne se perdra pas de vue (ouh ouh ouh)

Aujourd'hui je pense lui envoyer un truc du style : j'espère que ça va mieux et qu'il t'a soigné en un clin d'oeil (uh uh uh).

Je me demande combien de temps je peux tenir

(Faut-il déduire de ces facéties que ça va mieux ou que ça se dégrade ? J'hésite.)

vendredi 16 janvier 2009

Bon ben ça va être long c't'affaire...

Je pensais benoîtement que ça passerait comme c'était venu, vite. Qu'avec le temps ça diminuerait. Et c'est le cas en partie. Mais ça revient au moment où je m'y attends pas, en pleine nuit. Des rêves dont je me souviens même pas en plus, j'enrage, mais qui me laissent dans un état que je croyais dépassé. Ou en plein jour. Quand je me sens d'un seul coup tellement vide et indifférente à tout.

Ah on s'marre qu'est-ce que tu crois.

Mais ce n'est pas anodin ce que tu vis là, me dis-je en moi-même, tu as subi des pertes dont on ne se remet pas facilement (ah ben je constate en effet) et il n'est ni stupide ni honteux de prendre le temps d'en faire le deuil. Oui je me dis tout ça parce que dans ces cas-là, on a tendance à culpabiliser, à s'en vouloir de se laisser aller, à marteler des "reprends-toi" aussi inefficaces que dépréciatifs.

Paul Auster l'a dit hier à la télé.

Au journaliste qui lui demandait pourquoi, systématiquement, ses personnages perdaient un enfant, ou une femme, ou les deux, mais pourquoi ? hein pourquoi ?, il a répondu que la perte était selon lui la pire expérience que pouvait vivre un être humain. Ouais. Pire que de pas manger à sa faim tu vois. Enfin ça il l'a pas dit mais on peut imaginer. Donc moi là telle que tu ne me vois pas, je vis la pire expérience possible according to mister Auster. Qui parle bien français soit dit en passant. Mais ne change pas de sujet veux-tu.

Il a dit aussi que parfois ça va pas et il arrive pas à écrire. Et dans ces cas-là, il boit et fume beaucoup. Comme moi. Et il regarde plein de films et il lit plein de livres. Mais là, à mon avis, c'est le stade où ça commence à aller moins mal. Ou je dis ça pour me rassurer ? Non parce que je me remets doucement à lire, une histoire de la Guadeloupe, une histoire de l'empire romain et puis hier j'ai acheté le dernier Dennis Lehane ; il m'a l'air fichtrement bien foutu. J'ai vu, au théâtre, la Trilogia della Villeggiatura, trois heures qui passent comme l'éclair, tout en italien surtitré en français mais on s'en sort.J'ai fini par aller voir le film des frères Coen, pour faire contrepoids léger à Hunger, qui pourrait, ceteris paribus, invalider ce que j'ai dit sur la faim juste avant non ? (tu vois ce que c'est ? parce que sinon tu dois rien comprendre)

D'ailleurs tu te souviens de ce bouquin d'Auster, L'art de la faim ?

Un jeune homme arrive dans une ville. Il n'a pas de nom, pas de domicile, pas de travail. Il est venu dans cette ville pour écrire. Il écrit. Ou, plus exactement, il n'écrit pas. Il se laisse mourir de faim. (Dixit Paul Auster dans L'art de la faim sur La faim de Knut Hamsun)

Comme quoi hein, y en a qui cumulent.

mardi 6 janvier 2009

♫ Turn around, I'm by the window where the light is ♫




Y a tous les amis, les meilleurs et les autres, qui me payent des coups, qui m'écoutent parler ou me taire.

Y a ceux qui téléphonent matin et soir, alors que parfois on s'est vu dans la journée, pour voir comment ça va depuis tout à l'heure, ah t'as une meilleure voix, allez t'inquiète pas, vas-y pleure un bon coup ça fait du bien, je te rappelle, bisous. Ça dure quoi, deux à trois minutes, juste pour dire on est là, et puis aussi parce qu'ils s'inquiètent. Je les aime bien ceux-là, je les aime bien, vraiment hein.

Mais bon. Quand ils appellent à midi et que je me suis couchée pas longtemps avant, comment te dire, non seulement j'ai la voix éraillée clopes-whisky mais en plus il faut faire genre que j'ai pas la gueule de bois, sinon, je viens de te le dire, ils s'inquiètent. Alors ça va bien maintenant d'accord ? on se calme et on me laisse dormir.

Y a le charmant charmeur chilien, qui se manifeste à pic avec des cadeaux ferroviaires et qui susurre dans un demi-sommeil oh pauvre marmotte mais je serai toujours là moi, ce qui déjà, permets-moi de te le faire remarquer, est faux. Ben oui l'éternité, tout ça, on va pas y revenir. Mais j'aime beaucoup. Après il dessine des nuages sur les murs de mon nouveau quartier, un ici, et un autre juste là, je les vois tous les jours si je veux, mais des fois j'oublie et ça me fait comme une surprise.

Y a mon ami de mail, qui me raconte un peu sa vie et je lui raconte un peu la mienne, on se marre bien même quand c'est pas trop drôle, car mon ami de mail est profondément drôle (et drôlement profond, ça n'empêche pas).

Et puis y a ceux qui viennent ici, autant dire toi quoi, c'est bien aimable et réconfortant.

Comme tu vois je suis bien entourée, ce qui fait que globalement ça va.

Dans le détail je lutte un peu. T'as qu'à voir cette note, franchement c'est flagrant que je lutte. Et il en va de même au taff. Le problème majeur étant de m'extraire du lit le matin. C'est pas nouveau mais là j'atteins des sommets, je suis trop fatiguée tout le temps.

Alors je te vois venir évidemment. Entre l'un qu'on couche dans une fosse, et moi qui fais une fausse couche, y a de quoi avoir du mal à se lever. Certes. Cependant, comme je n'ai pas l'intention de prendre un congé maladie ni des vacances (en tout cas pas tout de suite), il va bien falloir trouver une solution. D'aucuns pourraient pernicieusement insinuer que je bosse déjà à mi-temps vu mes horaires d'arrivée. Mais ceux-là je les emmerde, comme à l'accoutumée. Et je n'ai pas non plus l'intention de réellement passer à temps partiel, même avec un enfant, pour te dire que là y a vraiment aucune raison. Donc pas d'autre possibilité que de se lever le matin, on est bien d'accord.

Alors hier soir je rentre sous la neige, humeur très médiocre, un petit coup d'oeil au nuage dans le recoin, fugace sourire intérieur, attente de l'ascenseur trop longue pour éviter la discussion de bonne année avec la voisine, entrée dans l'appartement. J'hésite à me coucher direct. Ben oui hein, on peut toujours tenter le couchage anticipé. Finalement j'entame une guerre contre les Mongols, ça défoule, ça vide la tête...

Au moment où je me dis que j'ai la flemme de faire chauffer la bonne soupe de légumes bio (surgelée, attends, tu crois quand même pas que je la fais moi-même ?) mais que bon, va bien falloir, arrive Monamour. Pleine d'espoir sur la possibilité, pas d'une île puisque les vacances : voir plus haut, mais d'échapper à la corvée, je m'enquiers :
- T'as acheté quelque chose à manger ?
- J'avais envie qu'on tire les rois alors j'ai acheté une galette...(il est d'une logique implacable)
- ... (j'ai comme l'impression qu'on ne pourra pas échapper à la soupe)
- ...et du champagne et du foie gras
- Ah cool ! Mais pourquoi ?
- Parce que la galette ça se mange avec du champagne, et que le champagne ça se boit avec du foie gras (eh ouais o-bli-gé, c'est mathématique)

Forcément d'un coup la soirée prend une autre tournure, surtout qu'il m'a choisie comme reine, tu te rends compte ? quelle surprise totalement inattendue ! Mais avant il dit Hey mange pas tout le foie gras, il faut qu'il en reste un peu pour demain. Pour demain ? Et en quel honneur ? Comme ça tu pourras en prendre pour ton petit déjeuner. Cet homme sait trouver les mots pour me faire sortir du lit.