lundi 10 décembre 2007

♫ And we'll keep on fighting till the end ♫

Malgré mon âgé avancé, figure-toi que je porte des jeans et que je fréquente des djeuns.

Des jeunes quoi. Mais pas des jeunes relativement à moi, non, des jeunes dans l'absolu, des vrais de vrais, des qui vont encore à l'école et/ou qui ont des boutons. Tu me diras, y a des profs acnéiques. Ouais, t'en encore décidé de faire ta mauvaise tête. Quand je dis je les fréquente, pour te donner un exemple, ils m'invitent chez eux. Forcément j'appréhende, vu que le conflit des générations c'est écrit dans les livres je te signale. Mais j'y vais.

Ah oui parce que les jeunes des fois ça a un chez-soi. Pas toujours hein attention, bien souvent ça vit chez ses vieux un jeune. Ou alors en cité U, ce qui n'a rien à voir avec les supermarchés. Quoique. Cependant y a aussi les adeptes de la colocation, plus on est de fous moins on paye, voire les couples de djeuns qui vivent à la colle (alors ça, autant te dire que ça me dépasse : tu sais bien que j'ai attendu 84 ans avant de m'y mettre...Ouais eh ben je suis pas précoce, un problème ?) (non mais en vrai j'ai vécu avec d'autres hommes que monamour, je t'en parlerai peut-être un jour). Là c'était pendaison de crémaillère. En l'occurrence, ces djeuns, par je ne sais quel hasard, s'étaient équipés du sol au plafond dans un magasin suédois, mon dieu quelle faute de goût, ça sait pas vivre un djeun, toujours à faire des économies de bouts de chandelle, alors que se fournir chez les antiquaires, je voudrais pas dire mais c'est quand même autre chose. Moi par exemple je rêve de la table basse très originale que j'ai vu aux puces ce week-end (bon je sais pas encore par quels moyens je vais me la faire offrir mais là n'est pas la question) (tiens à ce propos, je trouve scandaleux qu'Arte ne diffuse pas les films en VO (ça fait bien intello de gauche, ça, comme remarque non ?). Alors oui, tu vas dire ça n'a rien à voir, mais si je précise que mon fantasme sexuel numéro 1, c'est de braquer une banque (bien sûr que si c'est sexuel) (surtout Al Pacino), tu peux deviner ce que j'ai maté hier soir à la télé). Enfin bon, faut croire que le djeun est globalement pauvre, le pauvre.

Ce qui ne l'empêche pas de te convier à de sympathiques agapes, car le djeun, non content d'être généreux, est un fêtard. Ouais ben facile de faire la fête quand on n'a pas de rhumatismes. Facile de faire la fête quand on peut enchaîner les nuits blanches sans fatiguer. Facile de faire la fête quand on n'a rien de mieux à faire, à part ses études mais bon hein hum. Non crois-moi, le djeun a beau être sacrément noceur, il a aucun mérite.

Laisse-moi maintenant t'introduire la bande de djeuns en présence : un centralien (et non pas un centriste, surtout que je suis pas sûre qu'il ait le droit de vote pour l'instant) (oui on m'apprendrait qu'il a sauté toute l'école primaire que ça m'étonnerait pas), deux polytechniciens (non, pas genre qui savent déboucher une bouteille de vin ET décapsuler une canette de bière, des vrais polytechniciens de l'X) (mais peut-être encore puceaux, c'est pas incompatible), un de l'école des Mines (à ne pas confondre avec un mineur, même si sans aucun doute une belle carrière s'ouvre à lui), deux agrégés de Physique et une agrégée de Lettres Classiques dont un normalien (quoi de plus normal ? à ce stade des présentations, rien ne t'affole).

J'te jure, y a plus de jeunesse.

Là où ça coince pas mais où, au contraire, ça coïncide, c'est que vlà peu de temps, je me suis inscrite à un concours. Ouais je sais, je fais des trucs de ouf parfois. Pour l'instant, dans ma longue vie professionnelle, j'en ai réussi 3 (arrête, tu vas me faire rougir), dont le dernier qui m'a fait faire un gros bond en avant niveau intérêt du travail et rémunération. Non parce que quand tu vois les perspectives d'évolution, tu te dis bon ben va pour le concours, ça ira plus vite...Et là, il m'en reste un à passer, un que j'ai jamais tenté, un qui me mènerait au faîte du sommet tu vois. Mais attention hein, quand tu sais que t'as autant de chance de réussir un concours que de gagner au loto...oui j'exagère oh ça va, en fait t'as plus de chance de gagner au loto (on peut s'apitoyer un peu merde...), puis je te signale que les postes offerts se réduisent comme peau de Balzac pour rester poli. Alors, n'étant pas née de la dernière pluie, je garde présent à l'esprit ce moyen mnémotechnique pour garder les pieds sur terre : dans concours, y a plantigrade, et dans plantigrade, y a se planter, se vautrer, se ramasser...Surtout que celui-là il est dur dur dur et que je suis loin d'être prête. L'idéal serait d'être opérationnelle pour cette session ; en pratique ce sera le cas au plus tôt pour celle d'après.

Endurance mon amie, viens m'habiter pour les mois et années à venir...Et autorise-moi au moins, en guise de distraction, les bals des grandes écoles...

jeudi 29 novembre 2007

♫ It was just to see, just to see...all the things you knew I've written about you ♫

Chhhhhhh...commence pas à te faire remarquer, je crois qu'on nous observe. Discret je te dis. Vas-y viens, planque-toi un peu mieux que ça, tu vas nous faire repérer, sans rire on voit que toi. Bon laisse tomber c'est mort. Ah je te jure ça va pas être simple. À vrai dire, ça pourrait même s'avérer impossible. J'y arrive déjà pas, t'as qu'à voir.

J'ai passé une soirée apéritive avec le charmant charmeur chilien de passage dans mon quartier professionnel pour une séance photo. Attends je reprends mon souffle. C'était très sympa. Non mais voilà ! Tu vois ? tu vois où ça mène ? c'était très sympa...Et pourquoi pas c'était chouette, tant qu'on y est ? Ouais enfin bon, comment te faire comprendre que d'habitude les ex, j'ai pas envie de les revoir ? Et donc, je les revois pas, logique. Ça me paraît plus sain, bien que la salubrité et moi, hein (ouais oh ça va, confonds pas hygiène et salubrité)...La vie communautaire, on est tous des frères, tiens je te présente ton successeur (id est celui qui a eu plus de succès que toi), quelle grande famille...non sincèrement j'y tiens pas. Alors certes, me dira-t-on, pourquoi couper tout lien avec des gens qu'on a aimés ? Eh ben parce qu'on les aime plus banane. Mais comment mais comment, s'indignera-t-on, l'amour est éternel, même s'il change de registre, il n'en demeure pas moins qu'il demeure (oui, j'ai choisi un contradicteur redondant, question de faire-valoir), et une fois passées la haine et la rancune éprouvées lors de certaines séparations, ou une fois passée une période de deuil indispensable, l'amour est toujours là, purifié et éclatant d'altruisme sans désir. T'emballe pas. Je suis désolée mais non. Tu fais ce que tu veux avec tes ex, moi je les revois pas. J'ai jamais transformé des liens d'amour en lien d'amitié, c'est pas demain la veille que ça va changer.

Sauf que là ça m'a fait plaisir. Mais je répète : t'emballe pas, c'est exceptionnel, je ferai pas ça tous les jours (et c'est tant mieux, vu que j'ai pas de tablier de ménagère) (si la référence t'échappe, eu égard à ton jeune âge...ben je sais pas moi, grandis un peu merde) (ou cultive-toi). Bref on passe une bonne soirée bien qu'on galère pour rejoindre le quartier et on finit au fond du bar en bas, là où y a l'ordi, il tape charmant charmeur chilien et sur quoi qu'il tombe ? Eh oui, t'as tout compris. Ah il est fier de lui. Grillée la fille. En même temps, n'étant plus un des sujets principaux de ce blog, il peut lire hein. Mais franchement j'aurais peut-être mieux fait d'accepter de monter chez lui non ?

En plus c'est pas fini. Dans la même lignée, mais pas tout à fait, vu qu'on a été ami avant d'être amant, j'ai revu l'Écrivain. Je t'en ai déjà parlé (ah tiens à ce propos, il se pourrait que je mette à nouveau à ta disposition les archives dissimulées, ce qui m'éviterait de contextualiser à tout propos) : on a cru pouvoir s'entendre à tous les niveaux alors que pas du tout, du coup y a eu comme qui dirait rupture, et pour le coup (je pèse mes mots) rupture à tous les niveaux. Et puis là, il m'envoie un SMS, on va boire des coups (ah, celui-ci est involontaire par contre), on parle de nos couples respectifs, des livres qu'on a lus...

J'insère ici, oh je sais que ça n'intéresse pas grand monde, je fais ça pour mémoire plus que pour t'inciter à lire, te casse pas va...j'insère ici, car je suis chez moi ok ? la rubrique "dernièrement en lecture chez Ada" : Les coulisses de la grande distribution, de Christian Jacquiau qui date un peu, mais point trop non plus, et qui m'en a appris de belles (et de très moches surtout) ainsi que L'interprétation des meurtres, de Jed Rubenfeld, polar psychanalytique où Freud en personne mène l'enquête.

On parle donc, de tout ça, et surtout d'écriture. Et là, crois-le ou non, je lui confie, dans le plus grand secret (il a dit que jamais au grand jamais il ne divulguerait cette information. Et je le crois. Car j'ai une infinie confiance en l'Écrivain), l'existence de ce blog, sans toutefois lui en révéler l'adresse ni aucun moyen d'y parvenir. Mais qu'est-ce qui m'a pris, tu peux me dire ?

mercredi 21 novembre 2007

♫ Tu portes un tee-shirt tour Eiffel et tu rêves de Paris ♫

Les journées pourries, elles commencent tôt en général.

Je vais pas non plus te faire croire que je me lève aux aurores. Non bien sûr. En tout cas je me suis retrouvée dans la cuisine avec une grosse fatigue due à l'absorption de moult verres d'un excellent vin rouge, sans sulfite et donc sans mal de crâne consécutif, ce qui est déjà pas mal - mais la fatigue si : j'allume une plaque et je pose la casserole sur l'autre pendant que le voisin décide de percer des trous (plutôt gros les trous, à vue d'oreille). Résultat : la soupe est pas chaude et la migraine guette. Monamour gémit sous la couette à cause du rhum. T'as beau boire du vin sans sulfite, si tu mélanges hein, tu sais où ça mène. Mais si tu penses que j'ai le temps d'aller le câliner par imposition des mains, pff tu rêves. Parce qu'à ce moment-là, y a tout qui disjoncte. À force d'empirisme, il s'avère que le problème vient des plaques chauffantes, bon très bien, organisons un périmètre de sécurité en déroulant les banderoles jaunes Crime scene (hors réunion : après entretien téléphonique avec un camarade calé en la matière, il ne s'agirait pas d'un décès de fusible, car sinon les plaques ne fonctionneraient plus du tout, or si, mais 30 secondes maximum et après ça disjoncte. Diagnostic : y a un court-jus quelque part). Bref. Je vais pas me résigner à boire du jus de pommes quand même merde...c'est bon pour la femme enceinte qui nous rend parfois visite mais y a des limites : je sors les vieilles plaques de dépannage, au son exaspérant de la perceuse en folie. Monamour a enfoui sa tête sous plusieurs oreillers. En contribution positiviste je fais valoir que le voisin a le bon goût de s'activer un jour de semaine, à l'heure où la France laborieuse est en route pour gagner sa pitance.

Parlons-en tiens, vu qu'il est grand temps de se fringuer. En ces périodes de longue marche, je chausse les baskets (sac au dos garni des autres). La bonne idée que voilà. Y a pas à dire, je suis tellement sportive que les chaussures de sport, elles m'ont fait une ampoule à force de jamais les porter. Évidemment ce matin-là il n'y a plus de pansements. Puis la rue. Ah là là, la rue les jours de grève (que je soutiens soit dit en passant). Tu sais que souvent le Parisien est incapable de se repérer dans sa propre ville ? qu'il l'arpente plan en main en demandant sa route toutes les trois rues ? Tu sais que les flics font la circulation pour réguler le trafic piéton dans le métro ? Et comme ils ferment certaines sorties, dans quel objectif, va savoir, j'ai pas pris le temps de m'en informer...tu sais que t'as l'air d'un con à piétiner au sein du troupeau dans l'espoir de sortir de la ligne 14 ?

Il te reste le Vélib, certes, mais le Vélib éclopé. N'imagine pas une seule seconde qu'aux heures de pointe il pourra te revenir autre chose qu'un truc sans frein ou qui roule sur la jante. À moins bien sûr de faire comme mon collègue, à savoir, tandis que la ville dort encore, se lever aux aurores. Mais on t'a déjà dit que non.

lundi 12 novembre 2007

Putain c'qu'il est pas blême, mon pas HLM

Victoire ! Alléluia ! Hosanna ! Je dirais même plus : Eurêka ! Nous avons trouvé !

Comme tu as pu le constater, on a mis le temps. Faut dire aussi qu'on avait des exigences, tu crois quoi ? Déjà, une vraie cuisine, pas un truc à l'américaine, que certes, ça te fait un très joli comptoir avec les tabourets de bar ♫ garçon y a marée basse, remets voir la p'tite soeur ♫, certes, mais en même temps ça te bouffe l'espace dans le salon, et au final ça s'appelle plus un deux-pièces l'affaire. Pas trop au sud, pas trop rive gauche si tu préfères, mais pas rive droite non plus (du moins au sens défiguré du terme) vu que les XVIè et XVIIè arrondissements moi ça me fout la trouille, et ça tombe bien j'ai dans l'idée que c'est réciproque. Pas trop au sud donc, mais donnant plein sud de préférence rapport à la luminosité de notre grise capitale. Une baignoire c'est mieux, à tous points de vue, que ce soit pour la sex-thalasso ou pour éviter la douche, multi-jets peut-être, mais dans un placard. Chauffage et eau chaude centralisés, histoire de passer l'hiver au chaud sans avoir le compteur qui démarre dans la tête dès que t'allumes un radiateur (non parce franchement, à 84 ans j'estime que j'ai passé l'âge d'empiler les couches de fringues à cause d'un chauffage électrique pourri qui te laisse, de toutes façons, le bout du nez tout froid) (si encore j'avais une truffe, je dis pas, mais on n'est pas des chiens merde). Des placards intégrés pour optimiser l'agencement. Et puis, petite cerise sur le gâteau, pas loin du canal. Eh bien, ces critères étant réunis, nous avons eu l'honneur de nous installer ce week-end. Ouais.

Alors bon, pour l'instant, à la nuit tombée nous vivons dans une ambiance très tamisée, sous la lumière douce de petites lampes de chevet, car les plafonniers sont absents des deux pièces principales ; on dort sur le clic-clac du salon, vu que dans la chambre le sommier attend d'être garni d'un matelas ; le matin c'est à qui atteindra l'unique casserole le premier, qui pour faire chauffer son lait, qui pour faire chauffer sa soupe (à 84 ans, j'estime que j'ai le droit de manger de la soupe le matin), oui tu as bien entendu, l'unique casserole, on ne sait pas s'il y en a d'autres dans les cartons encore fermés ou si les esprits frappeurs du déménagement nous ont joué des tours...Par contre on a trois poeles, y a quand même une justice. Pour finir, j'ai pris conscience, à mon grand désarroi, qu'en deux mois d'errance de plan B en plan C d'apparts vides amicalement prêtés, durant ces deux petits mois de rien du tout, j'ai eu le temps d'accumuler un volume impressionnant de volumes, au point qu'il faut, non mais c'est dingue (c'est d'autant plus dingue, j'insiste, que je n'ai pas cessé de me dire : c'est pas le moment d'accumuler les livres, tu vas bientôt déménager, ça va t'emcombrer), au point qu'il faut, disais-je, une bibliothèque supplémentaire pour les caser. Ce qui m'amène à la seconde partie de cette note, à savoir les livres de la quinzaine (enfin je crois, j'ai pas compté les jours).

Sujet Angot, de Christine Angot, je poursuis mon exploration du couple dans tous ses états, éclaté en l'occurrence. Qu'est-ce que tu veux que je te dise, j'aime Christine Angot, et qu'on vienne pas lui parler (ni à moi non plus) d'auto-fiction ok ?

Hannibal Lecter : les origines du mal, de Thomas Harris, bon ben je te le présente pas celui-ci, je crois que vous vous êtes déjà rencontrés. Écoute, ça fait passer le temps hein, genre à la laverie, ou quand tu fais la queue pour rentrer dans le musée (non mais je serais toi, j'achèterais un billet coupe-file, je dis ça pour ton bien, moi je paye pas).

Père-fille : une histoire de regard, de Didier Lauru, mouais, c'est pas pour dire mais il enfonce un peu des portes ouvertes le coco. Après c'est pas forcément des conneries, juste si tu vois à quoi correspond le complexe d'Oedipe au féminin, tu peux te l'épargner. Monamour, qui l'a lu de son côté et qui, je me dois de le préciser, dédaigne généralement toute littérature psychologisante, a appris des trucs lui, il va même jusqu'à dire que maintenant, sous ce nouvel éclairage, il arrive à deviner le père derrière la fille. Enfin bon, c'est toi qui vois.
L'élégance du hérisson, de Muriel Barbery. Je suppose que t'en as entendu parler, en ce moment tout le monde le lit, j'en vois plein dans le métro. La petite fille surdouée et la concierge autodidacte cultivée, non ? ça te dit rien ? C'est ce que Gavalda pourrait faire si elle travaillait son style. La philosophie en plus. Bref, ça m'a ni transcendée ni dégoûtée. Moyen quoi.

Les travers du docteur Porc : une enquête du docteur Porc, de Tran-Nhut, ah là là quelles délices ! Le docteur Porc vit au Dai-Viet, au XVIIè siècle, il est obèse, il pue de la gueule mais il a un visage magnifique et il mène l'enquête. Vas-y voir, franchement.

Chirac et les 40 menteurs...de Jean Montaldo, en lecture à voix haute avec monamour. J'ai pas lu celui sur Mitterrand (et les 40 voleurs). Là on se fade les mécanismes complexes des marchés truqués d'Ile-de-France, mais c'est intéressant, même si très redondant vu qu'il recoupe les témoignages pour les besoins de la démonstration. Montaldo a une plume très fleurie, ce qui ne gâche rien. Quant à savoir si c'est un extrêmiste de droite...?

Le choix de Sophie, de William Styron. Comment te dire ? je me suis laissée embarquer et je dévore. Pas vu le film, jamais rien lu de Styron et là, paf ! J'en suis à la moitié, je trouve ça parfois (rarement pour être exacte, mais quand même) mièvre, je ne saurais qualifier le style, pas foncièrement original à mon goût, mais je suis scotchée, va comprendre...J'oublie de dire que, malgré le sujet, c'est drôle. Non parce qu'un gars qui te cause camp d'extermination, esclavage et sudistes américains, et aliénation, et racisme - bon et amour ok c'est vrai - a priori tu te dis, ça va pas être drôle. Eh ben si.

Tu nous en veux pas, on a laissé Keynes de côté pour l'instant, ce qui fait de lui, en l'état actuel des choses, un adolescent attardé. Mais je te tiens au courant, comme promis.

vendredi 26 octobre 2007

Livres de la semaine

En entrée, En cas de bonheur de David Foenkinos, parce que bon hein, on l'aura compris, aujourd'hui, le couple, moi aussi ça me concerne. Et puis ce petit jeune qui monte, faut bien voir ce qu'il propose quand même à un moment, à force de voir les piles dans les librairies. Eh bien oui, oui, ça se lit. Et vite. Trop peut-être vu qu'il en reste pas grand chose après. Divertissant quoi.
En plat de résistance, Rendez-vous de Christine Angot. Parce que l'amour ça nous concerne tous, ben oui. Alors je sais ce que tu vas dire, c'est bon, pas la peine, t'as le droit de cracher dessus, tu seras pas le premier, quant à moi je dis respect, je me prosterne et je fais tchin tchin Bouddha.

En dessert, Camisoles de Martin Winckler, parce que le polar c'est bon pour la santé. Mais bon, je te le dis en confidence, j'ai préféré Mort in vitro.

Au rayon si j'aurais su, j'aurais pas lu, Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part d'Anna Gavalda (ouais ben on n'est pas obligé de les lire dès qu'ils sortent hein, y a pas de date de péremption), parce que l'erreur est humaine. Non mais franchement ça me soule ce genre de littérature, tu peux pas imaginer. Limite Hélène et les garçons c'est mieux.

En diagonale, Fragments d'une analyse de Donald Woods Winnicott, parce que le divan, normalement ça se partage pas, alors par curiosité quoi, vas-y fais voir qu'est-ce qu'il raconte le monsieur là...Ben déjà il y allait souvent chez son analyste lui, presque tous les jours (moi deux fois par semaine, petite joueuse à côté). Et sinon, ça se confirme, une analyse ça se partage pas.

En cours, Tout compte fait de Simone de Beauvoir, parce que quitte à se taper les quatre premiers volumes de ses mémoires, autant lire aussi le dernier. Surtout que c'est vachement bien (la preuve, on y découvre les dégoûts alimentaires de Sartre) et bientôt, je crois, elle va parler de la guerre du Vietnam, alors hein, et de mai 68 si ça se trouve.

En cours également mais en lecture à haute voix avec monamour cette fois, Une sorte de diable, les vies de John Maynard Keynes d'Alain Minc, parce que paraîtrait que je suis keynesienne moi. Et ouais qu'est-ce que tu crois ? Enfin j'en sais rien, mais comme on me l'a dit, maintenant faut que je vérifie tu comprends ? Alors pour l'instant on en est que le jeune John, il se la pète un peu, comme quoi il est vachement intelligent et qu'il a fait des grandes écoles mais par contre il est pas trop discipliné vu qu'il est plus mieux que tout le monde et homosexuel accessoirement. Ce qui m'avance guère sur ses théories économiques, tu t'en doutes. Je te tiens au courant.

lundi 22 octobre 2007

Panem et circenses

Tu m'excuses, il fait tellement beau en ce moment que j'ai pas vraiment la tête à te raconter ma vie. Pas non plus que je me dore la pilule (disons que ça m'aide à la faire passer, vu qu'on est toujours dans le studio de monamour) (mais ensemble) (mais dans le studio riquiqui) (mais ensemble) (ad libitum) (oh non hé, on va quand même emménager quelque part un jour, dis). Non j'aurais bien du mal à bronzer va. Cependant je ne dédaigne pas, dûment casquée à l'arrière du scooter, traverser Paris de long en large, par les quais déserts et les boulevards lumineux, quand tout le monde il est devant le match. Ou alors juchée sur un tabouret du carré VIP du pub, le mater en buvant de la Kilkenny. Voire déguster une entrecôte au nouveau bar en se demandant si l'expo Courbet a démarré (la réponse est oui, ce qui m'empêchera pas d'y aller dans les tout derniers jours, histoire de presque la rater, procrastination oblige). Et retourner au nouveau bar, encore et encore, à croire que ce quartier, je le quitterai jamais tout à fait. En plus, quand je sors ailleurs, sur qui je tombe ? je te le donne en mille...Le gars à la guitare, qui se délocalise à l'impromptu. Si tu ne viens pas au quartier, le quartier viendra à toi. Comme quoi, tu vois, c'est pas la peine de lutter. Sans oublier de faire grève quand même hein. Bon.

La vie de couple, je sais pas trop trop, mais on dirait que ça commence à venir. Une intuition comme ça...Non parce que là maintenant, et ce depuis plusieurs semaines, monamour et moi on passe toutes nos nuits ensemble. Et pas mal de notre temps libre aussi. Après je dis pas...par-ci par-là, on voit des potes chacun de son côté, attends, c'est humain. Mais au bout d'un moment de cette vie commune hein, y a pas d'autres mots, ben tu te dis, enfin moi, je me demande, mais qu'est-ce qui fait qu'on a une vie de couple au final ? pas une vie de coloc, mais une vie de couple, ce truc de ouf là que j'y suis dedans en plein. Eh ben je crois avoir une piste. Nom de code : Tâche T Dupin.

Ça a commencé par l'interphone. Avant il faut que je te dise que nous habitons au sixième étage (sans ascenseur évidemment), voilà qui est fait. Et vlà-ty pas que ça sonne, que je me saisis de l'appareil et qu'au bout du fil, monamour énonce : c'est moi (oui alors ça aussi, à la réflexion, ça pourrait être un signe de vie de couple. Qui ça toi ? Ben moi, voyons, le seul, l'unique), t'as acheté du pain ?

Et ouais. Sans déconner. On se retrouve plus jamais à avoir trop ou pas assez de pain. Car, ainsi que tu le constates, nous synchronisons notre approvisionnement de manière optimale. Moi depuis, je te jure, c'est ma blague préférée. Quand je sors de la boulangerie, je me précipite sur le portable : eh, monamour, j'ai acheté du pain. Et je me marre. Je crois que je ne m'en lasserai jamais. À moins qu'on passe au stade supérieur (mais là je suis pas sûre d'avoir le niveau tout de suite, je préfère m'entraîner encore un peu) : ouais c'est moi, dis, avant que je me tape tous les étages, t'as pensé à récupérer le petit à la crèche ?

mardi 9 octobre 2007

♫ Le ciel était couleur de pomme et l'on mâchait le même chewing-gum ♫

Ouais ben je taffe, qu'est-ce que tu crois ? Vu que tout était redevenu ordre et régularité, luxe, calme et studiosité, dans le bureau où je me retrouvais seule, j'ai pu travailler à loisir, travailler et mourir, au pays qui te ressemble (ça me fait penser que je partirai bien en voyage moi, je mérite quelques vacances je trouve). Taff à donf donc. Et y a de quoi faire mon coco, ouh la, je m'ennuie pas. D'autant qu'elle est (déjà) revenue de son arrêt maladie. Et je sais pas si je me méfie à outrance mais j'ai l'impression que ça sent l'alcool...M'est avis qu'on n'est pas sorti de l'aubergine (à prendre au sens défiguré évidemment). Mais bon, je viens te faire un petit coucou mon loulou, t'es content ?

Alors moi, du côté vie personnelle, j'en suis toujours à la case SDF, parce que, comme de fait exprès, monamour enchaîne les missions ultra-secrètes d'agent ultra-secret (et à vrai dire nous nous en réjouissons, car pour un agent secret, tu t'en doutes, c'est pas facile facile de faire son trou, ça serait même plutôt la loi de la jungle...alors si on veut bien de lui, nous on est content...sans compter que c'est en forgeant qu'on devient forgeron). Ce qui ne nous empêche pas de nous aimer avec fougue et passion, voire de comater toute la journée au lit quand on se refile (tendrement bien sûr) la crève à tour de rôle (eh mais dis donc, tu l'as pas eu le rhume toi hein ? allez tiens, prends ça, le ciment du couple c'est le partage). Non mais j'exagère. En tant que super-héros, monamour n'est jamais malade. Sans être informaticien, il teste de nouveaux virus, c'est pas pareil. Et en plus il a une résistance à toute épreuve qui lui permet toujours de missionner. Même la gueule de bois, il n'en fait qu'une bouchée. Par contre visiter des apparts, pas tout de suite...à moins que les agences immobilières aient la bonne idée d'étendre leurs amplitudes horaires genre nuit blanche.

Voilà donc pourquoi nous résidons présentement dans l'appartement de monsieur, ce qui, je ne te le cache pas, est assez éprouvant matériellement parlant. Mais pourquoi ? t'interroges-tu. Eh bien tout simplement parce que nous sommes passés, sans transition, d'une grande surface (gracieusement fournie par un camarade) à une épicerie de quartier, euh non, à un petit studio qu'il est vraiment mignon tellement il est minus. Ce qui, tu en conviendras, n'est pas des plus confortable, surtout pour moi. Oui mais pourquoi surtout pour toi ? t'interroges-tu derechef. Eh bien pour la raison toute conne que ce n'est pas chez moi. Car, vois-tu, lorsque monamour squattait dans mon studio à moi que j'avais dans mon quartier à moi, ce n'était certes pas plus grand, mais c'était chez moi. Que là non. Et ça change tout. Non mais bon, va pas croire non plus...il me met très à l'aise (je ne relèverai pas)...juste ça ira mieux quand on sera chez nous (ne serait-ce que parce qu'on aura (au moins) deux fois plus d'espace vital).

Et puis ça n'a pas que des inconvénients. Déjà on est revenu à la civilisation, non pas que le XVème arrondissement parisien soit peuplé de hordes barbares mais disons que nous sommes maintenant dans un lieu plus central et moins ravitaillé par les corbeaux, sans vouloir critiquer outre mesure. Enfin, monamour a déclaré, et je te jure que j'ai regretté de pas avoir le magnéto avec la touche record enclenchée, il a dit, écoute bien : c'est vrai que c'est pas des conditions idéales, mais c'est pas grave puisqu'on est ensemble. Et ça, fidèle lecteur, ça doit te parler, non ? Eh ben alors t'es pas un fidèle lecteur et puis c'est tout. Non mais souviens-toi...fut un temps, alors que je me désespérais de jamais m'en sortir avec un gars pareil, au point que je me distrayais par monts et par vaux, parce que quitte à être seule, autant être mal accompagnée...on se voyait occasionnellement, monamour et moi (ex-monamour, devrais-je dire) et ça se passait très bien, très très bien, à tous point de vue, sauf que, à chaque rencontre, invariablement, il psalmodiait : certes on a passé du bon temps, mais n'oublie pas : on n'est pas ensemble. Et je m'en allais en faisant la meilleure figure possible, mais le coeur gros.

Il semble que ce temps soit bel et bien révolu, youpi ! Et comme je trouve cette conclusion tout à fait foireuse, laisse-moi te dire qu'Alberto Giacometti portait la canne (moyen mnémotechnique pour ne pas laisser perdre cette information de première importance : Grand corps malade, la béquille - Giacometti la canne, les deux commencent par un G, ne me remercie pas, c'est tout naturel), Giacometti portait la canne, disais-je, tandis que Jean-Paul Sartre ne portait pas le chapeau. Dingue ! Par contre il détestait les tomates.

vendredi 28 septembre 2007

Dernière station avant l'autoroute

Elle est scotchée à l'écran, ses yeux vitreux lui sortent de la tête qu'elle tient mollement d'une main et moi, pendant ce temps, je vais en profiter pour te lancer un SOS. Parce que là j'en peux plus.

Y a déjà pas mal de temps, j'ai failli publier ce qui précède. Mais évidemment j'ai été interrompue, comme d'habitude. Interrompue par des gémissements, des larmes, des cris et de la morve, non mais je sais pas mouche-toi dans ta manche au moins.

Je croyais même ne plus avoir de compassion. Je me suis blindée comme jamais. Dès qu'elle ouvrait la bouche, je fermais les oreilles. J'acquiesçais (putain il est pas facile à écrire celui-là) vaguement, mmm mmm, je fuyais du regard, j'avais juste envie de lui dire de la boucler.

Non parce qu'au début, c'est vrai, ça fait de la peine. T'arrives au taff, t'as ta collègue kabyle aux tendances suicidaires mondialement reconnues, bon t'essayes d'assurer. Déjà je lui ai sauvé la vie, si on peut dire. J'étais pas obligée je te signale. Je veux dire j'aurais pu choisir de culpabiliser jusqu'à la fin de mes jours. J'aurais très bien pu. Il se trouve que j'ai pas fait dans l'originalité. C'est mon choix. Par contre, là, y a peu, elle m'aurait dit je vais me suicider, j'aurais répondu Ah ben si t'as besoin d'un coup de main, tu peux compter sur moi. Pour te dire à quel point j'en étais arrivée.

Mais bon, au début, tu t'investis, tu racontes des blagues et tout. Quand ça commence à sentir l'alcool dans le bureau, t'as peine à y croire, Oh ben non tu te fais des films arrête...Alors tu te voiles la face, dis donc ils utilisent des détergents vachement parfumés les gens du ménage. Puis quand elle passe son temps à ronfler dans le placard, tu te marres ok, mais tu commences aussi à soupçonner l'embrouille. Soi-disant qu'elle a des migraines. Des gueules de bois ouais.

Après tu trouves des bouteilles de sky sur ta chaise, environ une fois par semaine. Cadeau. Hé, dis, elle essayerait pas d'acheter mon silence des fois ? En plus je les oublie systématiquement les bouteilles, elles sont toutes dans le grand tiroir du bas, à la limite on pourrait croire que c'est moi l'alcoolique.

Je te passe la phase maniaque où elle danse dans le bureau au son d'un raï endiablé, pour en arriver à la phase dépressive où elle trempe mon épaule de ses fluides corporels en hurlant qu'elle est un boulet pour l'humanité (un boulet, certes, mais un boulet lucide, faut reconnaître). Bon ben du coup, comment tu veux que je blogue moi dans ces conditions ? dès que j'ai cinq minutes, je taffe.

Hier, elle arrive vers moi de toute sa masse corporelle, le visage décomposé, les bras ouverts pour que je l'enserre d'une accolade rassurante selon le petit rituel du Non Jeff t'es pas tout seul...Mais va savoir ce qui me passe par la tête, l'envie de mettre un peu de piment dans notre atmosphère délétère, le souci de conserver propres mes cheveux fraîchement shampooinés (tu peux pas acheter des mouchoirs nom d'un chien !), que sais-je encore, toujours est-il que je me raidis tout en énonçant : Tu sais, collègue kabyle, il faudrait que tu arrêtes de boire, ça peut plus durer là...

Immédiatement, les larmes cessent de couler, elle est la stupéfaction incarnée (ou alors elle imite vachement bien) : Mais tu sais ?! comment tu sais ? et y en a d'autres que toi qui savent ? t'en as parlé ? à qui ? quand ? qu'est-ce qu'ils ont dit ? Ouh la, on se calme. Évidemment j'en ai parlé, eh oh tu crois que je fais quoi sur le divan, déjà tu m'empêches de bosser mais en plus tu parasites mon analyse, alors ça va bien hein. Et puis faut bien que je relâche, de temps en temps, que je m'épanche, auprès de personnes de confiance, que je vide mon sac, parce que t'es vraiment un boulet ma pauvre, t'es la première à le dire. Bon ça c'est ce que je pense in petto, et tu sais bien que la parole est beaucoup plus lente, heureusement...Du coup verbalement ça donne : Les gens sont pas bêtes...si je m'en suis aperçue, je suppose qu'eux également, parce que ça se voit, tout simplement. Leçon n°1 : montrer à l'alcoolique qu'on n'est pas dupe, que son manège dissimulateur ne trompe personne. Ceci afin de le confronter à la réalité et tenter (eh ben bon courage) de lui faire admettre le problème.

Réaction : elle appelle son alcoologue. Pas de réponse. Crise de larmes. Je propose de l'accompagner à l'infirmerie. Elle accepte. Mais l'alcoologue rappelle. Incapable de lui parler, elle me le passe. Euh bonjour euh ben je suis une collègue hein et bon (chuchotements) elle est complètement bourrée là, mais rétamée de chez rétamée (oui parce que, pendant la discussion elle a descendu son mug cul sec, et figure-toi que ça sentait plus la vodka-orange que le thé au jasmin) alors bon ben rappelez plus tard ok ? on fait comme ça ? allez au revoir. Coup de fil au mari pour lui avouer la rechute. Et c'est là que je me dis que c'est pas gagné, vu qu'elle annonce deux jours alors que ça fait bien deux mois qu'elle est dans cet état. M'est avis qu'elle est pas tout à fait prête à avancer pour de bon. Mais ça se débloque gentiment, allez on y croit. J'ai droit aussi au mari, vu qu'elle s'allonge par terre les bras en croix (la tête lui tourne à la choupinette) : ne t'inquiète pas mari, elle est pas en train de mettre fin à ses jours, all is under control, je l'emmène à l'infirmerie et je te tiens au courant.

Le trajet jusqu'à l'infirmerie a vraiment été une partie de rigolade, j'te jure, elle tanguait comme un bateau ivre, j'ai eu peur qu'elle gerbe dans les escaliers et on s'est arrêté dix fois pour qu'elle se mouche dans mon cou (ah bordel beurk). On aurait presque pu chanter des chansons paillardes. Elle est prise en charge par le corps médical. Et moi, enfin, je respire.

Je respire tellement bien que j'ai comme des bouffées d'amour pour elle. Ben oui, on s'est toujours bien entendu, elle a pas une histoire facile, elle est cultivée, engagée du côté que j'aime, intéressante, drôle, chaleureuse...C'est marrant comme le jugement se reforme dès qu'on est "débarrassé" des gens. Prends les morts. On en dit jamais du mal, t'as remarqué ?

lundi 24 septembre 2007

Homme, sweet homme

Je suis revenue dans mon quartier.

Non mais pas définitivement hein. Hélas. Enfin je tiens pas spécialement à y habiter à nouveau. Juste, à défaut de les regagner, si je pouvais en avoir, des pénates, ben tu vois, je dirais pas non. Mais c'est une autre histoire dont tu sauras le fin mot en temps et en heure.

Là samedi, je me dirige tranquillement vers le nouveau bar. Je marche sur l'allée centrale du boulevard, comme avant. Au niveau du bar en bas, j'ai une pensée pour tu sais qui mais je regarde droit devant. Je sens qu'on court derrière moi tandis que le téléphone vibre dans ma poche et que je franchis le seuil du tabac. Tout en décrochant je tourne la tête : le charmant charmeur chilien coureur m'attend dehors, ce qui me fait rire dans le téléphone où mon pote s'inquiète de l'heure du rencard et du coup je montre deux doigts au commerçant, qui me fournit aussi sec deux paquets de ma marque favorite. Ah c'est bien, le quartier, on n'a pas besoin de parler pour se comprendre.

Le charmant et moi, on est content de cet heureux hasard, du coup on danse une ronde de la joie ; il dit que ça lui manque de plus entendre mes conneries (oui, je suis très forte en conneries diverses et variées) (mais lui aussi) ; et puis qu'on s'était promis une nuit d'amour mais que je fais rien qu'à dire non ou à pas répondre, alors quand est-ce qu'on se voit ? Ben voilà on s'est vu, que je dis (championne du monde de la connerie crois-moi). Non mais pas comme ça. Ouais mais là je vais au nouveau bar, c'est l'anniversaire du Chanteur et il joue avec son groupe, ça va déchirer. Oui, il sait mais il peut pas y aller, il mixe sur une péniche ce soir. Alors on verra bien ce que la vie nous réserve, je conclue. En tout cas moi je me réserve, qu'il ajoute. Mais viens avec moi, avant qu'on boive un verre, j'ai laissé ma porte ouverte...Ah ah ah, je suis pas analyste mais je me marre.

Au nouveau bar c'est la joie et le bonheur. Y a même la grande dame. On chante et on danse. Le patron paye des coups. Et à la fin on se sustente d'une excellente chorba que c'est pas parce qu'on fait pas ramadan qu'il faut se priver.

lundi 17 septembre 2007

"Dans un mois, dans un an"

C'est dingue comme le temps passe vite. (Oui j'en ai plein comme ça) (attends, laisse-moi réfléchir, oui tiens : on serait mieux en vacances) (ou alors : mouais, ça va comme un lundi) (mon préféré : mais dans quel monde on vit ?) Bien entendu, si tu te trouves présentement en prison ou en maison de retraite, je suis pas sûre d'emporter ta conviction. Mais moi, du fait que je tiens ce blog depuis...ben en fait je sais pas combien vu que j'ai pas compté et que j'ai pas les archives sous la main pour vérifier...mais peu importe...eh bien disons que j'ai des repères temporels liés à cette activité n'est-ce pas ? Je crois que je suis pas claire du tout, c'est pas grave t'as qu'à lire en diagonale.

Parce que le blog, bon ça dépend ce que tu y mets évidemment, si t'exposes les photos de ton voyage au bout de la nuit ou tes mille et une recettes pour accommoder les restes de la semaine passée, non, là ça marche pas vraiment. En revanche, si tu racontes ta vie comme, au hasard, moi...alors là, tu traverses les saisons n'est-ce pas...et en principe, ça suit son cours cyclique, les saisons reviennent ainsi que les événements y afférents. Je dis bien en principe hein, parce que des fois...sans vouloir être vulgaire, avec ce putain d'été pourri là (t'y crois que je suis presque pas bronzée ?)...ouais bon, mauvais exemple les saisons ok. Faut faire gaffe t'as vu, y a des pièges. Le coup des tournois par exemple, méfie-toi mon ami. Le foot a fait place au rugby. Même le mois de Ramadan ça tombe jamais pareil. Ah c'est pas simple...Mais on va y arriver. Prends Noël, la teuf. Ça oui, ça revient tous les ans le même jour. Ou alors, plus simple, ton anniversaire. Bien.

Ce genre d'occasion permet de faire des bilans, de mesurer le chemin parcouru, tout ça. Et aujourd'hui vois-tu, je me revois parfaitement, l'année dernière à la même époque, te rendre compte d'un week-end particulier. J'ai du mal à réaliser tellement j'ai l'impression que c'est encore tout proche. Franchement l'évolution (non parce qu'on va quand même pas s'avancer au point de parler de progression) l'évolution, j'insiste, est flagrante. À l'époque, pas bien stabilisée sentimentalement parlant, je misais sur un charmant charmeur chilien en pensant que la voie monamour s'avèrerait sans issue...alors qu'aujourd'hui je me suis engagée...à rien, attention, commence pas à me stresser...je me suis engagée, à rien donc, mais avec (nuance) ce même monamour. Tu m'aurais demandé : mais ça fait combien de temps ce week-end particulier ? (enfin bon, t'as remarqué que tous mes week-ends sont particuliers bien sûr, c'est façon de parler), tu m'aurais demandé, mais jamais de la vie j'aurais estimé le temps écoulé à 1 an, jamais de la vie. Et pourtant si. Déjà 12 mois.

Enfin c'est pas tout ça, il est peut-être temps de te révéler c'est quoi donc que je te racontais l'année dernière, qui s'est renouvelé récemment et qui déclenche cette prise de conscience. C'est quoi donc donc ? Il s'agit, camarade, de la Fête de l'Huma (ah ben chacun ses repères, que veux-tu). Comme je voudrais pas en faire un marronnier, je ne t'en dirai pas grand-chose. Pour pas trop te souler, j'aimerais mieux, à la manière de Grand corps malade, "m'arrêter d'un coup sec", sauf que bien sûr j'ai pas son talent, excuse-moi par avance si je précise quand même que les Ogres de Barback m'ont enchantée sur toute la ligne, notamment la dernière, en reprenant, de nos chers Bérus, le Salut à toi.

mercredi 5 septembre 2007

"Mon grand appartement"

Les cartons faits, normalement tu peux déménager. Sauf que là tout de suite, de par les fonctions d'agent secret de monamour...bon tu le répètes pas mais ouais, monamour il est agent secret, et franchement le commun des mortels se rend pas compte de ce que ça représente. Enfin moi, en tant que mortelle assez commune, si, hein, je vois à peu près. Disons qu'au niveau de la disponibilité, c'est plutôt flexible. D'ailleurs faudrait peut-être que je me demande pourquoi je m'attache toujours à des gars dans ce genre (oui ben ça va hein, j'ai des pistes, pas la peine de faire ton malin). Tu vois, le gars qui rentre du bureau tous les soirs à 19h30, qui s'installe avec un whisky devant le JT, qui prend un bain moussant d'une durée approximative longue, qui décide de confectionner des lasagnes ricotta-épinards en écoutant un concert de Pau Casals ? Eh ben pas du tout ce genre-là. Non, flexibilité je te dis. Le gars souple quoi (pour ta plus grande satisfaction, soit dit en passant). Qui peut jamais prévoir de quoi demain sera fait, car qui le peut hein ? qui ? Non parce que, je sais pas si t'es au courant, mais les lasagnes aux légumes du soleil, si t'as pas un peu anticipé l'achat des ingrédients, c'est pas à minuit que tu vas trouver une épicerie ouverte, surtout si on est lundi. Alors y a des fois oui, y a des fois non. Et là où c'est original c'est qu'il est même pas normand, tu vas pas le croire, il est antillais. Mais ça n'a rien à voir. Toujours est-il que ça facilite pas la recherche d'un logement.

Ah oui, enfin je veux dire ah non, on n'a pas perdu de vue l'objectif qui est, je te le rappelle, vivre ensemble dans un petit nid d'amour douillet. Mais là les circonstances sont pas favorables au niveau du dégagement de temps en vue de visitation (sache que trouver un logement, c'est mystique). Alors, puisque c'est ainsi, tes cartons, tu les mets dans un garde-meubles. Et après tu squattes un appartement dont le propriétaire est en vacances. Personnellement dans l'idéal, j'aurais choisi un autre quartier, car l'ouest parisien, je sais pas j'aime pas (lien de cause à effet, car finalement, à l'usage, c'est pas si mal, plus je connais, plus j'apprécie, à part les bars, qui laissent tellement à désirer que je les fréquente pas. Enfin bon, c'est pas dans ces quartiers qu'on fait la teuf, je ne t'apprends rien). Et puis quand on te propose, temporairement soit, mais t'en connais beaucoup des choses éternelles toi peut-être ? à part les neiges, et encore, on se foutrait de notre gueule que ça m'étonnerait pas...quand on te propose un appartement libre d'une superficie de 100 mètres carré juste pour toi et tonamour, tu dis oui. Ou alors tu te démerdes. On a dit oui. Et c'est pas désagréable la vue sur la tour Eiffel (dans cet immeuble, les étages ont deux chiffres, enfin sauf les premiers, sois pas stupide, et celui où je loge commence par un 2...), regarde elle a la tête dans les nuages, ah elle clignote, oh elle s'éteint. Et tous ces endroits spécifiquement dédiés à des activités particulières (redondance lourde afin que tu comprennes bien que y a l'endroit où tu cuisines, celui où tu manges, celui où tu dors, celui où tu lis, celui où tu bois l'apéro...Ouais ben j'ai pas l'habitude moi), sans parler de la diversité du décor pour les jeux sexuels en tous genres, ni des méga-teufs que tu peux organiser là-dedans...Autant te dire qu'on s'habitue vite à cette débauche (non d'accord je sais, ça c'est pas nouveau, laisse-moi finir quand même) de luxe (merci).

Toute bonne chose ayant une fin (alors les neiges, hein, qu'on arrête cinq minutes), le propriétaire va revenir, un jour ou l'autre mais prochainement. Cela dit, on a un plan B, dont je te parlerai en temps et en heure. Afin que je puisse conclure de façon originale et tellement drôle, il te suffit pour l'instant de savoir que ce sera un autre appartement squatté. Bien. Allons-y. Attention les yeux (la réverbération, ça je veux bien, ok. Mais déjà faut du soleil, et le soleil ça fait fondre les neiges si tu vois ce que je veux dire...). Je suis donc sans domicile fixe, on est bien d'accord ? Alors bon, comment dire, vous auriez pas un petit deux-pièces, m'sieurs-dames ? c'est pour vivre.

mercredi 29 août 2007

À la recherche du carton qui cartonne

Tu n'es pas sans savoir que l'élément de base pour déménager, c'est le carton. Un appartement où habiter aussi, oui, bien sûr, mais commence pas à m'énerver. Chaque chose en son temps. Donc le carton si tu permets. (Oui je fais des phrases courtes. Quand on commence à m'énerver, je fais des phrases courtes, sache-le). Et le carton figure-toi que ça se trouve dans le commerce. Non mais va pas croire non plus que j'ai acheté des cartons. N'importe quoi. Dans le commerce ok, mais gratuit.

1) Supermarché où je vais jamais.

- Bonjour, c'est possible de récupérer des cartons ?

- Ah c'est vous la dame qui déménage ? Vous êtes venue la semaine dernière c'est ça ?

Bon alors toi tu commences fort. Je veux bien que t'aies 15 ans à tout casser et que tu fasses ton premier petit boulot mais c'est pas une raison pour me traiter de dame hein, je viens tout juste d'avoir 84 ans. Pour la peine je vais dire oui, tiens, allez, je sais très bien que c'est pas moi la dame qui déménage, vu que je suis pas une dame, mais juste pour rigoler...

- Oui oui je déménage (non mais pour rire on te dit, je comptais pas la spolier de ses cartons la dame en question)

- Maman ! C'est la dame qui déménage.

Ouh toi...il te reste plus qu'une vie. Tu répètes encore une fois que je suis une dame et c'est game over.

- Mais non c'est pas elle.

Ben non c'est pas moi. Est-ce que j'ai une gueule de dame franchement ?

2) Supermarché où je vais parfois.

- Bonjour, c'est possible de récupérer des cartons ?

- Ah pas aujourd'hui, le lundi on a rien. Mais bon...

- Et vous êtes livrés quand ?

- Le mardi et le vendredi.

- Ah ben je peux repasser demain alors ?

- Oui...si vous voulez...mais bon...

Mais bon quoi exactement ? Mais bon quoi ? on peut savoir ? J'te jure les gens qui finissent pas leurs phrases, ça me...enfin bref. (Quoi ?)

- Vous pouvez les mettre de côté pour moi ?

- Oh mais vous savez y aura pas grand-chose hein. Mais bon...

Ok on sent que t'as vachement envie de rendre service toi, c'est sympa.

3) Supermarché où je vais souvent. - Bonjour, c'est possible de récupérer des cartons ?

- Mais bien sûr, y en a là, y en a là aussi, servez-vous, choisissez ceux qui vous plaisent !

Eh ben euh...du moment que c'est des cartons, ils me plaisent hein, je suis pas raciste. Mais bon (comme dirait l'autre), si tu y tiens, ceux des lessives sentent bon, disons que j'ai une préférence pour ceux-là.

- Vous voulez que je vous garde ceux de demain ?

J'en ai déduit que mieux vaut s'adresser aux commerces que tu fréquentes. En même temps, cette nana si avenante, c'était la première fois qu'on se voyait.

L'étape suivante c'est mettre en forme tous ces jolis cartons. Avec du gros scotch marron. Très sympa le gros scotch marron, j'adore, en plus j'ai le dévidoir qui dévide trop bien et qui coupe net que même pas t'as besoin de ciseaux. Bon ben là j'en suis à peu près à 200 mètres de gros scotch marron pour te donner une idée de comment je kiffe.

Puis tu remplis. Allègrement. Un fond sonore bérurier sur lequel tu chantes à tue-tête renforce l'efficacité et l'énergie. ♫ Allez allez les tribus du Vietnam ! Allez les Iroquois du macadam ! Géronimo ! GÉ-RO-NI-MO ! oh oh ! Apache ! Apache ! ♫ Allègrement les cartons tu remplis, te dis-je. Mais attention pas avec n'importe quoi. Il te faut de l'application et de la stratégie. Parce que le carton est fourbe, il a vite fait de devenir hyper lourd et après tes amis te maudissent (non parce que toi, déconne pas hein, le jour du déménagement, tu les portes pas les cartons, ben non, toi t'es posté dans l'appart et tu les agences, tu dis Ah ça c'est des livres, pose-le dans le salon...Ça ça doit être le four, la cuisine est par là...Etc, etc...Ça se passe bien comme ça un déménagement non ?)

Pour te donner un exemple, y en un j'ai mis cinq dicos plus la Bible plus la biographie de Mathusalem et, pour équilibrer avec un tant soit peu de légèreté, ce petit mot retrouvé au hasard du bordel ambiant : Paris, le 2 août 2005. Nous soussignés Ada, monamour, pote-de-monamour et nana-de-pote-de-monamour, nous engageons à partir vendredi 5 août 2005 à Vir(e) , en train, dos d'âne, de chèvre ou de Coco de Paris (cochon d'Inde alors en pension chez moi pou cause de vacances de ses maîtres), ou tout moyen de locomotion que nous jugerons bon. Fait pour servir et valoir ce que de droit. Nous nous réservons la possibilité de partir jeudi 4 août 2005, sous réserve que mademoiselle Ada soit libérée de sa mission de service public auprès de l'État français.

Maintenant que j'y pense, j'aurais dû conserver la caisse de whisky qu'on a descendue cette nuit-là, ça aurait pu servir...

lundi 27 août 2007

Saison 1, épisode 102/102

Normalement je devrais pas. Selon les nouvelles règles, je devrais pas. Disons que ce sera l'exception qui les confirme. Parce que là ça ressemble trop à l'épilogue d'une série TV pour que je ne m'autorise pas une petite entorse au règlement, en plus ça parle de fracture.

Samedi dans un bar du quartier, mais un où on va jamais, c'est l'anniversaire de ma copine ex-serveuse du nouveau bar. Mon pote et moi on arrive bien chaud, juste au moment de la bouffe. Nickel, la session apéritive ayant fait son office, je crève la dalle. Et puis le gars qui a mitonné tout ça a assuré, j'aurais bien repris une assiette à la place de la part de gâteau. Mais bon on s'adapte, buvons une bière.

Arrive le gars à la guitare. Pas invité. Par hasard. Depuis le voyage sur la terre de mes ancêtres, j'avais comme qui dirait pas donné suite. On s'était bien croisé sur le boulevard début juillet, et on avait bu des coups mais rien de plus. Et d'ailleurs, maintenant que j'y pense, ce même jour, en terrasse, était également venu s'attabler une personne avec qui j'avais fini la soirée, avec qui on en avait pas seulement bus, on en avait aussi tirés, tu suis ?

Bref ç'aurait pu me mettre la puce à l'oreille car voilà que quelques instants plus tard arrive, toujours pas invité, toujours par hasard, le charmant charmeur chilien. T'avoueras quand même que bon hein ça s'invente pas.

Je me retrouve donc sur la banquette, en face mon pote, de part et d'autre de moi-même, m'encadrant bien serrée, les deux susnommés, à gauche le charmant, à droite la guitare. Une situation comme on les aime, une position confortable, tavernier la même chose.

La gestion du gars à la guitare se fait tout en douceur, tu vas voir.

- Dis Ada, quand est-ce que tu me rends mon livre ? (Pirates et empereurs : le terrorisme international dans le monde actuel, Noam Chomsky)

- Ah oui c'est vrai, ben si tu veux je peux aller le chercher maintenant...

- Oh oui. Oui oui. Mais est-ce que ton nouveau fiancé va te laisser me le rendre ?

- ...Ben oui évidemment.

Là je me dis oh putain les nouvelles vont vite, car quelques jours auparavant, j'ai moi-même fêté mon anniversaire (85 ans) au nouveau bar, c'était aussi une espèce de soirée d'adieu au quartier et j'ai annoncé officiellement mon emménagement prochain avec monamour. Mais c'est pas de ça que me cause le gars à la guitare, j'y suis pas du tout. En fait il est persuadé que mon pote est le nouvel élu. Raté. Et que je l'invite à venir récupérer son livre dans mon pieu. Encore raté. Non mais je parle pas français ou quoi ?

- Dis Ada, tu voudrais pas me caresser la tête ?

- Non.

Précisons que pendant ce temps, de ma gauche, me parviennent des frôlements auxquels je ne réponds pas mais que je ne fais pas cesser.

- Dis Ada, tu voudrais pas me rouler un palot ?

- Non.

- Tu voudras plus jamais me rouler un palot ?

- Non, plus jamais.

Et voilà, exit le gars à la guitare.

Le côté gauche en profite pour se rapprocher encore plus si possible. Et de demander à mon pote : "Ça t'ennuie pas si on sort deux minutes Ada et moi, ça fait longtemps qu'on s'est pas vu, et j'ai une question à lui poser". Je me dis que c'est rapport au blog, vu que, selon son désir, je lui avais passé la plupart des notes le concernant. Il a trouvé ça vachement bien (tu m'étonnes, ça cause de lui, ça l'intéresse), vachement drôle, il a aimé les commentaires aussi et il veut que ça soit publié. Ben voyons. Mais c'est quoi la question ? Nous nous trouvons présentement dans l'encoignure d'une porte et tu te doute bien que y a pas de question hein évidemment y a pas de question, où ai-je la tête ? ah dans son cou t'es sûr ? Mais non, pas d'accord, pas d'accord du tout, que vient faire cette langue dans ma bouche ? je peux savoir ? Dans l'optique de nous offrir une session cage d'escalier, il tente un coup de poker en composant des numéros au hasard sur le digicode. Il va demander au serveur s'il connaît la combinaison. Non. Je préfère.

Quand on retourne dans le bar mon pote est sur le point de se barrer. Ça doit faire longtemps qu'on a disparu. Il reste boire des coups tandis que sous la table se déroulent des manoeuvres et manipulations à caractère excitatoire. Et puis je dis que je vais rentrer, que je vais pas les attendre. Alors le charmant sort du bar et attend que je dise au revoir à tout le monde. Je traîne. Il attend. Ça sert à rien, je suis déterminée à ce que ça serve à rien. Sur le chemin, je luis dis qu'on va pas passer notre vie à se dire au revoir. Oh ben lui il y verrait pas d'inconvénients hein. Mais moi si. Moi je déménage là, avec monamour. On se serre fort. Quand tu penses qu'il suffit d'une peau un peu trop douce pour basculer. Le charmant veut des bisous, des vrais. Mon dernier mot est Non. Et je remonte la rue.

Lui son dernier mot, c'était un SMS : Pötchõ pötchØ ?!

vendredi 17 août 2007

À la recherche d'un appartement pas trop perdu

- Bonjour monsieur, je vous appelle à propos d'une annonce parue sur sefaireniquer.com.
- Ah oui oui bien sûr.
- Peut-on prendre rendez-vous pour une visite ?
- Ah oui oui bien sûr.
- Demain par exemple ?
- Ah oui oui bien sûr.
- ...À quelle heure ?
- Eh bien (oh dis donc c'est pas une machine, c'est un vrai gars), quelle heure vous arrangerait ? (un gars arrangeant en plus)
- Dans la mesure où je travaille, l'idéal pour moi serait en fin d'après-midi.
- Quelle heure vous arrangerait ? (un gars un peu métissé avec une machine quand même)
- 18h30, 19h...
- Alors voyons voir, étant donné que j'ai plusieurs rendez-vous, je vais consulter mon agenda (oui très bonne idée). Ah, j'ai un rendez-vous à 15h30...Alors 18h30 ça fait un peu tard...
- ...
- Et si on se voyait entre midi et deux ? À 13h30 par exemple ?
- (ben à part que ça m'arrange pas du tout, vu que je taffe, comme je viens de te le dire...) disons 13h30 alors...

En sortant du métro je consulte le plan, je mémorise droite-droite-droite, facile. Mais ça paraissait pas aussi long sur le plan, si ? Oh puis après tout, c'est peut-être une question d'échelle hein, c'est vrai ça, on pense jamais à regarder les échelles et c'est comme ça que les accidents arrivent parce qu'après on te dit Attention je la retire, et toi tu regardes jamais alors bon. Bref. De toutes façons je me suis plantée, c'était gauche-droite-droite, eh ouais, j'étais pas rendue. Heureusement (je te rassure tout de suite avant que t'imagines que j'ai raté l'appart du siècle en errant comme une âme en peine), heureusement à un moment j'arrive devant le Sacré-Coeur et je me dis Tiens, ça c'est un indice duquel je peux déduire que je suis pas du tout dans la bonne direction. Allez demi-tour.

Heureusement bis (non parce que je te sens un peu inquiet pour moi là), heureusement bis j'avais prévu un petit quart d'heure de battement, histoire de faire le tour du quartier tu vois, genre où sont les bars, les restos, les trucs festifs et vitaux quoi...enfin ça c'est pour la version officielle. Sinon pour la version réelle, c'était plus pour avoir le temps de me paumer tranquillement et t'as vu...ça a parfaitement réussi. Connais-toi toi-même, ça c'est du conseil je te le dis.

Finalement j'arrive à l'heure. Ah vous êtes mademoiselle Ada ? Allons-y. Eh ben en fait non, enfin si, je suis bien mademoiselle Ada mais il faut qu'on attende monamour. Ah ben ça alors, figurez-vous que la jeune fille là-bas attend aussi son ami. Aujourd'hui c'est les dames qui sont à l'heure tandis que les messieurs se font attendre, c'est drôle ah ah ah. Oui ça me fait trop marrer, arrête...Heureusement ter, monamour descend élégamment du bus quelques secondes plus tard. Nous montons.

Il faut que je te dise que 35 mètres carré, ça fait pas grand. Je veux dire quand tu veux vivre avec un gars qui mesure 1m92, faut quand même un peu d'espace. Et puis la soufflerie façon hélicoptère qui se déclenche dès que t'allumes la lumière dans la cuisine et dans la salle-de-bain...bon ben faut croire que les proprios ils veulent chasser les mauvaises odeurs. Et puis t'es sûr qu'on fait rentrer un lit dans ce qu'ils appellent la chambre ? Ou il faudra choisir entre un lit et une armoire ? Non parce que le truc là, le placard oui admettons, euh comment dire, j'ai pas le compas dans l'oeil ni rien mais à mon humble avis, les étagères, en largeur (d'ailleurs je me demande si pour ce genre de dimension on peut encore parler de largeur ou de profondeur, doit y avoir un terme plus précis non ?) elles font 10 centimètres. Maximum hein...

Bien. Avec ces nombreuses qualités soulevant notre enthousiasme, que crois-tu que nous fîmes ? Eh ben on laisse un dossier au monsieur bien sûr.

lundi 13 août 2007

♫ Ah je trouve ça beau (de ch'val), génial, admirable (de lapin) ♫

Bon par exemple admettons t'es invité au mariage du cousin de tonamour. Tu fais quoi ?

Moi déjà je râle. Non mais c'est vrai quoi, c'est loin, ça te bouffe un week-end comme si t'avais que ça à faire dans la vie et puis ça me soule ces réunions de famille, sérieux, est-ce que j'ai une famille moi ? Alors.

Acte manqué I. Tu sais qu'en ce moment j'ai une voiture (et si tu sais pas je peux pas te renvoyer aux archives, merci à toi de faire comme si t'avais compris en hochant la tête avec un fin sourire). Du coup ben on décide d'y aller en voiture. Les beaux-parents à l'arrière (mon dieu, les beaux-parents, j'ai écrit les beaux-parents, tu te rends compte un peu ?) monamour en co-pilote et Ada au volant. Ouais. Sortie du garage : nickel. Arrêt à la station-service, remplissage du réservoir : nickel. Redémarrage : problème. Tu croyais quand même pas que ça allait être si simple ? Chacun y va de son diagnostic : t'es sûre que t'as mis le bon carburant ? (tout le monde) moi je suis sûre que c'est l'huile (belle-maman) regardons la notice de démarrage (monamour) c'est quoi ce bouton qui clignote ? Mais bien sûr que oui j'ai mis du SP95, bien sûr, et non c'est pas l'huile, mais si vous continuez à me gueuler dans les oreilles, ça va tourner au vinaigre. Au bout de très longtemps d'infructueux essais et d'appels téléphoniques à de supposés experts (ah c'est le démarreur ça ma p'tite, tu donnes un bon coup sur le moteur et ça repart. Euh...t'es sûr ? Non parce que c'est pas ma caisse hein, et puis le moteur le moteur, c'est bien gentil mais qu'est-ce que t'entends exactement par moteur ?), monamour et moi partons en quête d'un garagiste. On laisse les vieux dans la voiture mais t'inquiète, ils avaient de l'eau et les vitres ouvertes, et même des bonbons à la menthe au cas où ils auraient la gerbe, à l'arrêt oui, mais bon à c't'âge-là on sait jamais comment ça va réagir, t'as qu'à voir moi, 83 ans, bientôt 84, et quand j'ai pas envie, faut pas me forcer, sous peine de s'exposer aux représailles de mon inconscient et ce mariage tu vois bien que je veux pas y aller, sinon je ferais pas d'aussi splendides actes manqués.

Parce que oui, quand le garagiste examine le truc, il me regarde, il dit : elle est pas à vous la voiture hein ? Alors je réponds : Ben non je l'ai volée, vu que bon, oublie pas que je suis trop drôle. Et lui il appuie sur le petit bouton et hop ça démarre. Le coup de l'alarme là. Si c'est pas réussi comme acte manqué. Sauf que quand même je suis persuadée que le propriétaire de la voiture m'avait pas expliqué l'astuce (cependant je décline toute responsabilité quant à la mauvaise foi de mon inconscient) (oh mais si, j'assume, j'assume, en bonne analysante, ça te va comme ça ?). Rions en coeur.

Soulagement général et remerciements chaleureux au garagiste qui nous fait rien payer, même pas son déplacement, il y a encore des hommes bons sur cette planète (et des souris oui peut-être), on part avec deux heures de retard mais on part, on sort ♫ se joindre à l'affluence ♫, pile poil dans les bouchons hein étant donné que c'est le jour des départs en vacances, pourquoi se priver. Et quand on finit par arriver, on met trois plombes à trouver l'hôtel. Normal. "Alors ? on vient visiter le Puy du Fou ?", nous accueille le réceptionniste (quand je te dis que ça me disait rien ce plan).

Non monsieur, non, on vient pour un mariage et figurez-vous qu'il y a des gens qui ont l'idée de se marier à Cholet (sans vouloir trop préjuger, du peu que j'en ai vu, ça porte bien son nom comme ville, il fait chaud et c'est laid) (ah oui je suis hyper calée en étymologie), oui ça existe (pas Cholet non - encore que...moi j'ai découvert son existence y a peu finalement - les gens qui s'y marient je veux dire...et même maintenant que j'y pense, le truc de ouf, y a des gens qui y vivent) (tu me diras y a bien des gens qui vivent à Paris) (et je te dirais : truc de ouf !) (remarque, à la réflexion, on s'en fout, les gens vivent où ils veulent, tant qu'ils vivent, c'est déjà pas mal) (c'est vrai quoi, on se contente de peu de nos jours. Prends la météo. On est en plein mois d'août, tu vois qu'il fait gris mais qu'il pleut pas, eh ben t'es content).

Acte manqué II. Le lendemain je suis réveillée par les lamentations de monamour : oooooooh nooooooooon...non, non, nooooooooooooon, c'est pas vrai, mais quel con, quel con c'est pas possible ! Que se passe-t-il de si bon matin ? je me suis transformée en mur ou quoi ? Mais non t'es con, il se passe qu'il a oublié ses chaussures à Paris. Eh bien je vois que je suis pas la seule à y aller à reculons à ce mariage...Commençons la journée par un bon fou rire puis rationalisons : il est 9h30, on a rencard à 10h30 à la mairie, d'ici là on va dégoter une boutique de pompes, ce serait bien le diable. Sauf que faut déjà trouver le centre-ville dans ce bled. Des ronds-points, ça oui, y en a à la pelle, ce qui aide vachement à se repérer (j'ai l'impression d'être déjà passé par là...Dis on n'est pas en train de tourner en rond par hasard ? Ben c'est un peu le principe du rond-point...Ah j'te jure, c'est d'un pratique). On tombe sur un magasin de costards, on entre pour se renseigner (on se croirait pas trop dans l'émission du gars qui a disparu, tu sais, le truc au trésor là ?) et monamour en ressort avec une chemise. Logique hein, on cherche des chaussures, il achète une chemise, tout va bien, il nous reste 22 minutes, pas de souci. Il fait 30 degrés à l'ombre, c'est mieux pour courir.

Finalement on trouve, on n'est même pas en retard et on s'amuse en plus, vraiment hein la vie est pleine de surprises. Je te passe les cérémonies bien chiantes, en plus à l'église j'arrive jamais à chanter, le temps que je mémorise l'air, on passe au psaume d'après, c'est pas hyper convivial je trouve. Juste à un moment le curé nous fait une page de pub en brandissant le dernier opus de Benoît XVI...ça s'est vachement modernisé l'Église hein...Ça commence à devenir intéressant à partir du vin d'honneur, à part la boisson rouge qui pétille comme un kir royal mais ça n'en est pas (et je dois dire qu'on sait toujours pas). Plus tard, au resto, je suis à côté d'un gars qui a soigné la maîtresse d'un ancien ministre. Eh ben, j'en apprends de belles...mais point trop non plus, secret professionnel et psychiatrique oblige. Oh la la, merde, un psychiatre...va-t-il déceler ma névrose à l'oeil nu ? En tout cas il fait comme si de rien n'était. Et puis faut quand même préciser que je fais pas si folle que ça à côté de sa femme, toute en paillettes que tu croirais que c'est elle la mariée mais non pas du tout, elle aime juste se faire remarquer et quand je lui dis que le marié ressemble à un Jean-Luc Delarue noir, elle répond : oh ben la mariée je la trouve un peu froide. Mais elle ressemble à une jument et moi j'aime les animaux. Allez hue, circule.

mercredi 1 août 2007

Week-end à rhum

Oui. Je sais. Toi aussi tu m'as manqué. Mais bon tu connais les nouvelles règles.

Alors la question du jour, je te la livre directement sans transition et sans tourner autour du pot (de mousse) (oui c'est histoire que tu te perdes pas, vu que depuis l'effaçage des archives suite à tu sais quoi, sur ton moteur de recherche tu fais que taper "pot de mousse", même pas y a des trucs un peu drôles ou salaces, non tu veux du pot de mousse et rien que du pot de mousse. Eh ben t'en as) (eh ! tu sais quoi ? en tapotant sur mon clavier je me rends compte que je suis bien contente d'être là tranquillou avec toi qui va pas tarder, j'avais oublié comment c'est trop sympa, j'ai presque envie de t'embrasser dis donc), ah et puis ça faisait longtemps qu'on s'était pas paumé dans des parenthèses aussi, mon dieu que la vie est belle...Bien. La question du jour qui nous occupe aujourd'hui (quel hasard hein ! quand je te dis que c'est une journée particulière) : imaginons tu connais un jeune provincial qui vient fêter ses 30 ans à Paris, imaginons ; tu fais quoi ?

Moi, déjà, je sors du taff. Avec une idée fixe : faire le ménage. Ah non pardon, ça c'est toi. Bon disons que j'essaye de me motiver pour organiser un minimum le désordre. Sauf que, évidemment, au moment où je monte dans le métro, je tombe sur une copine du quartier. Alors on va se poser au nouveau bar, normal. Et là le temps passe fourbement jusqu'à ce qu'il ne reste plus qu'un quart d'heure pour atteindre la gare où débarque le provincial trentenaire. Ah. Je cours donc. Tandis que je gravis les escalators, le comité d'accueil posté en bout de quai s'inquiète par téléphone interposé : Hey Ada tu fous quoi là ? le train entre en gare ! J'arrive j'arrive, c'est quel quai ? Je dis C'est quel quai ? Mais si y a du réseau, c'est ma respiration que t'entends, je suis essoufflée, je cours dans les escaliers je te signale, alors c'est quel quai ?! Le numéro du quai c'est quoi ? J'épelle Q.U.A.I. Non toujours pas ? Bon laisse tomber, on va faire autrement : vous êtes où bordel ?!? Eh ben voilà...Au final, gestion parfaite du timing, le provincial arrive avec sa valise en carton et deux autres provinciaux, nous les accueillons en fanfare comme il se doit et nous migrons tous au nouveau bar (en réalité ça donne : Bon on fait quoi ? Ben je sais pas. Vous avez mangé ? Oui. Non. Moi j'ai pas faim. Vous voulez peut-être vous débarrasser des bagages d'abord, non ? Oh pas obligatoirement non, qu'est-ce qui est le mieux ? C'est là qu'il faut pas laisser passer l'occase et dire: On a qu'à aller boire un coup au nouveau bar).

Vers minuit, quand on est plein de bière, tout le monde va se coucher. Tout le monde ? Non. Une alcoolique mondaine accompagnée de sonamour et de sa copine du quartier ne résistent encore et toujours pas à l'appel du dernier verre. Qui en appelle un dernier. Qui lui-même...etc etc (tu viendras pas te plaindre d'avoir mal à la tête demain). J'atteins mon lit assez tôt matinalement parlant.

Réveil (un samedi non travaillé, j'te jure c'qu'on fait pas par amour). Non seulement la nuit a été courte, mais en plus c'est le moment de faire un peu de rangement. Alors je t'explique, le rangement c'est pas compliqué, tu fais des tas, des tas de livres, des tas de fringues, des tas de papiers, des tas bien symétriques et hop on dirait que c'est rangé. Après je cours (thématique du week-end. Marathon woman c'était moi) jusqu'au parvis Beaubourg ousqu'on a rendez-vous à 11h (du matin hélas) vu que les provinciaux ils sont quand même là pour visiter, eux. J'ai vingt minutes de retard et une gueule de bois de l'enfer (non mais je me plains pas : je t'informe).

Tourisme donc. À pied. Tout à pied. Des Halles au jardin du Luxembourg, en passant par les quais (aaaaaah les transats de Paris-Plage, je voulais plus me lever) (et pourtant tu vois à la base, Paris-Plage, en bonne snob, ça m'enthousiasme pas des masses. Après quand tu tiens à peine debout, tu révises tes jugements), puis la pyramide du Louvre et finalement, un éclair de lucidité, on prend le bus (s'asseoir par pitié s'assoir) (cinq minutes. Avec ou sans toi. S'assoir, quel pied) jusqu'à Montmartre, on boit un coup chez Amélie la pouliche (rue Lepic) (en plus, c'est pas pour faire la rabat-joie (ou la re-snob) (ou genre je lis les Inrocks) mais franchement j'ai pas aimé le film, non j'ai pas aimé) mais si ça peut faire plaisir hein, moi tant que je suis assise, tout me va.

Ensuite chacun va prendre une douche, je fais une sieste de 17 minutes et tout le monde débarque chez moi (oh comme c'est bien rangé...Moi-même j'ai du mal à me repérer) pour l'apéro. Champagne ! Au bout de la deuxième flûte ça commence à aller très bien. Allez joyeux anniversaire ! Resto, fiesta et tout le tralala ! Et demain on aura tous la gueule de bois, pas que moi, ouais, youpi ! grasse matinée générale !

En plus il pleut, c'est pas la peine de se lever. Je pourrais te raconter l'expo à la Villette si t'étais pas déjà tellement soulé. Y a que les pintes de bière qui t'intéressent, oh allez je te connais va, et puis c'est humain. Et c'est pas les moules-frites qui suffisent à éponger. Oh que non. D'autant qu'après on change de crèmerie et là ça dégénère en Cuba libre, Margarita, Mojito, Whisky, faites vos jeux, rien ne va plus. Non parce qu'ils sont bien adorables les camarades provinciaux, mais moi je taffe demain hein, enfin aujourd'hui...disons tout à l'heure quoi, ah merde je suis bourrée ou je suis déjà à la bourre ?

En rampant j'y vais au taff. En rampant vite, mais en rampant. Et eux ils débarquent, frais (moyennement) et pimpants, après une deuxième grasse mat. Et c'est qui le guide qui leur fait visiter mon-lieu-de-travail ? Après ils prennent le train en sens inverse. On va pouvoir envisager de se reposer. Oh oui oui oui, du repos, du dodo. Enfin.

Non mais je leur en veux pas, je les aime. Surtout celui qui a dit : "Ils la changent pas souvent l'image autour de la Géode quand même".

mardi 10 juillet 2007

Voici un message qui m'a laissée perplexe assez longtemps :

La vie...L'amour...


7.7.7


~ ¿


Puis j'ai compris. Et toi ?

jeudi 5 juillet 2007

Un gars, une pute

J'avais pas prévu de revenir te voir si tôt, mais là attention, va pas croire qu'il se passe des trucs de ouf genre des événements notables que je brûlerais de te confier, non, pas du tout en fait. J'irai pas jusqu'à dire que ça suit son cours tranquillement (non quand même pas, j'ai pas trop envie de passer pour l'incarnation de la loose non plus, genre la routine et tout, ouh comme c'est vilain, attends, ma vie à moi elle trépide) mais bon, ce que je veux te dire, c'est que ce matin, sur le chemin du taff (et voilà, merci hein, franchement depuis le temps qu'on se connaît toi et moi, je te dis Ce matin sur le chemin du taff, et faut que j'insiste pour que tu percutes, bonjour les encouragements...Degré 3 sur l'échelle des arrivées, un peu de respect ok ?), je marchais sur une voie pavée et tu sais comment c'est, la vie elle trépide, comme convenu ci-dessus, et les pensées elles vagabondent (solitaires comme des clochards célestes) (ah ça nous rajeunit pas tout ça ouh la, c'était le temps où tu voulais gravir la Sainte-Victoire avec un paquet de cacahuètes en guise d'énergie et de la weed en pagaille) (et puis tu t'aperçois que ta montagne là franchement elle est naine et les cacahuètes quand t'es en pleine croissance c'est un peu léger, surtout quand y a pas de bière, mais n'empêche j'suis une beatnik dans ma tête)

Bon écoute si je vais pas à la ligne on s'en sortira pas. Ce matin donc j'ai pensé à quelqu'un à qui je pense jamais, le genre de personne dont tu te dis Ah oui c'est vrai qu'elle existe celle-ci et d'un seul coup, comme si j'avais trempé une tartine dégoulinante de confiture dans un chocolat fumant, tout s'est désencombray (je peux t'expliquer, à nouveau, mais après je te fais une bibliographie pour les vacances), et bim je te présente "La pute".

La pute, c'est son nom hein, pas sa profession, j'y suis pour rien, on m'a dit Elle c'est une pute, j'ai fait comme on m'a dit. Un petit chef. À l'époque où j'étais en relation hiérarchique avec elle, j'étais jeune, j'avais un boulot de merde (aujourd'hui t'imagines même pas comment j'ai évolué. Patronne du camping Ada, attends) mais j'avais une vie qui trépidait tu vois, comme d'hab, des hommes par milliers etc. Tandis que la pute, elle était déjà vieille et toute moche, et son mari aussi, en plus elle l'aimait plus, ça se voyait trop qu'elle en était au degré zéro de la vie. Et quand on en est là, on devient aigri, normal.

Bon moi au début elle m'aimait bien surtout qu'il y avait eu une grande grève et qu'on se retrouvait souvent au piquet, genre on est tous des frères en lutte tout ça tout ça. Ouais ouais. Juste elle gagnait trois fois plus que moi et y avait la lumière du jour dans son bureau, à elle. Et elle se la jouait condescendante, comme quoi elle était pas payée pour faire le sale boulot, contrairement à moi. Mais à part ça elle était solidaire. La pute.

Mon bureau du trente-sixième sous-sol, je le partageais avec un gars : délégué syndical à mi-temps, glandeur l'autre moitié (enfin si, il lisait la presse quand même). Bon. Il se trouve que le gars en question est tombé fou amoureux de moi. Un mec normal quoi. Jusqu'à ce que ça devienne relou de trouver des mots d'amour et de désespoir partout, on a réussi à bien s'entendre.

Un jour où j'étais seule, la pute débarque et commence à me reprocher un truc. Je te passe les détails mais sache que j'étais parfaitement innocente car je travaillais consciencieusement (non mais à l'époque j'avais un toxicomane à charge aussi, alors boulot de merde peut-être, mais boulot. Cosette m'a un peu copiée) (oh ça va détends-toi, je te rappelle juste à quel point ma vie trépide). D'habitude ces accès d'aigreur à la pute, ils me passaient largement au-dessus (bon sauf la fois où elle avait dit : oh là, moi je suis propriétaire mais jamais de la vie je louerai à des asiatiques, ça pue trop quand ils font à manger). Cette fois, j'étais mal lunée, j'en avais marre, va savoir, je me mets à gueuler plus fort qu'elle. Peu impressionnée par ma tentative de rebellion, elle renchérit c'te sale pute. Ben moi aussi, y a pas de raison. Je me disais même Dis donc Ada, de mémoire comme ça, il semble que tu n'aies jamais gueulé aussi fort. Mais ça me soulageait pas trop et ça la calmait même pas l'aut' vieille pute. Alors je suis passée au cran supérieur. J'ai été à deux doigts de la taper. Je t'assure. C'est à moi que ça a fait le plus peur mais comme elle était pas dans ma tête, elle pouvait pas deviner, elle s'est arrêté net.

Le lendemain elle organise une fouille de mon bureau (ah oui moi aussi j'ai halluciné) (non mais c'est ça les mal-baisés, quand y a un sens qui travaille plus, les autres se développent et niveau connerie elle cartonnait). Je suis fortement incitée à balancer le gars amoureux (bravo Hercule Poirot, tu avais trouvé le coupable, quelle perspicacité), mais chacun son taff hein, si t'as peur du délégué syndical, c'est pas mon problème, tu te démerdes, j'ai rien à déclarer, moi je suis au top sur le contexte géopolitique international grâce à lui, je vais pas me plaindre. Plus tard elle fait son mea culpa (tu noteras qu'à aucun moment elle n'a parlé de mes esquisses de menaces physiques) mais c'est bon, moi je m'arrache dans un service plus accueillant, parce qu'entre un gars amoureux et une pute, ça commence à faire trop pour moi. Aujourd'hui elle est à la retraite et peut-être elle a les oreilles qui sifflent mais c'est rien à côté de ce qu'elle a failli prendre.

lundi 2 juillet 2007

Secrets et mensonges, c'est trop bien comme film, alors je trouve que c'est pas mal comme titre, sauf que là, la vérité si je mens

Théoriquement, je te préviens, je suis contre ce genre de choses. Ada ne s'abaisse pas à tant de facilité. Ada vaut mieux que ça. Ada, c'est la création à l'état pur, l'inspiration toujours renouvelée, hors cadre et hors contrainte, de l'original en version intégrale. En pratique, Maud me refile sa chaîne, c'est la première fois que ça m'arrive...oui, une sorte de dépucelage. Et là, me connaissant, tu vois venir le truc : la virginité c'est pas ma pinte de blonde, donc bon hein, bien obligée.

Au début j'ai pensé te la faire façon septivium (trivium plus quadrivium) (le compte est bon) mais déjà que ça risque d'être chiant, je vais pas en rajouter tout de suite.

La paresse. Ouais bon c'est pas un scoop, je sais. Sauf que là je t'explique pourquoi. Longtemps je me suis levée de bonne heure. En fait, toute ma scolarité, et particulièrement en classe de cinquième (5° L) (non mais t'imagines combien y avait de classes dans mon bahut ?) car j'avais cours tous les jours, sauf le dimanche. Tous les jours je me levais à...bon je sais plus exactement, mais une chose est sûre, je devais impérativement partir de chez moi à 7h15 (ante meridiem) (oui ben je suis frustrée de mon septivium que je voulais même te le faire intégralement en latin, mais t'es pas drôle), 7h15 pour choper le ramassage scolaire. Cette année-là je me suis jurée que dès que je serai une femme libre et libérée, ça se passerait autrement, non mais oh. Je tiens parole, j'arrive à la bourre au taff. Équilibrons avec la vertu opposée, l'ardeur : Ada aime beaucoup Nabokov, n'en déplaise à Houellebecq (je sais, ça n'a rien à voir).

L'orgueil. J'ai longtemps été persuadée que je chantais juste, vu que y avait quelqu'une vachement douée dans mon entourage (comme quoi l'imprégnation du milieu ne joue pas sur moi). Même je trouvais que j'avais une belle voix. Encore aujourd'hui je me dis parfois qu'elle est pas dégueu. Mais y a aucune raison, vraiment aucune. Vertu opposée, l'humilité : en CM1 (oh putain j'ai l'impression d'être chez l'analyste, là. En plus tu dis rien), quand je me suis entendue sur le magnéto, j'ai cru que c'était un garçon. Et sur mon répondeur plus tard, t'aurais cru une fillette. Bon ben faudrait savoir hein. Du coup j'ai remplacé par une petite musique, mais c'est pas moi qui chante je te rassure. Après j'ai fumé plein de clopes et bu plein de whisky pour obtenir la raucité des femmes fatales. Faut juste pas se rater, on a vite fait de confondre avec un cancer de la gorge.

La gourmandise. Je crois que je suis vraiment alcoolique (non mais sans rire, on est sérieux là, je m'appelle Ada, bonjour Ada, j'ai 83 ans et je suis malade alcoolique abstinente depuis trois heures et douze minutes, bravo Ada), mondaine peut-être mais je vois pas ce que ça change. Vertu opposée, la modération : je ne mange pas d'aliments sucrés. Parce que j'aime pas ça. Les jeux sexuels avec moi, c'est plus mayonnaise que confiture, ah ben il en faut pour tous les goûts.

La luxure. Alors là si tu veux c'est un peu ma spécialité j'ai envie de dire. Je suis hantée, le rut le rut le rut le rut ! Tournée générale de mayonnaise ! Vertu opposée, la chasteté : j'aime aussi Mallarmé (si tu ne comprends pas, je peux t'expliquer).

L'avarice. Bon ben tu n'es pas sans savoir que c'est vachement lié au déroulement de ton stade anal hein...Vertu opposée, la générosité : je fais caca.

La colère. Dernièrement je m'en suis beaucoup voulu de publier des choses que je voudrais pas mettre entre toutes les mains. Faut quand même être con t'avoueras, la nana elle veut que ça reste un peu secret mais elle le dit à tout le monde. Vertu opposée, la joie (la tienne hein) : je continue (non mais de rien va).

L'envie. À 83 ans, bientôt 84, quand je vois toutes ces grands-mères là, je me dis que c'est pas juste, et moi alors ? Vertu opposée, la charité : je t'épargne le récit de ma mise en couple avec monamour (cf la colère) mais plus pour très longtemps vu que c'est un peu mon fond de commerce, alors tremble.

vendredi 22 juin 2007

♫ Désormais vous êtes invités à laisser l'État dans les WC où vous l'avez trouvé en entrant ♫

Je suis fatiguée fatiguée fatiguée et c'est pas spécialement le gars psychopathe de mon taff qui dit jamais bonjour et qui ce matin m'a doublé sur le trottoir en faisant des sauts de cabri (pas parce qu'il était pressé, juste histoire de me passer devant puis de ralentir tout à son aise, les gens sont cons qu'est-ce que j'y peux, on fera pas leur bonheur malgré eux), en plus il arrêtait pas de se gratter la cheville ou de remonter sa chaussette je sais pas, et en montant les marches il s'est retourné furtivement, genre j'ai l'impression d'être suivi, ben oui ducon, on travaille au même endroit, à la fin j'en ai même ri...bref c'est pas ce psychopathe ni les crêpes de gerbe de nos joyeux congénères fêtards de la musique mais malades qui m'ont mis la pêche.

La fête de la musique en fait c'est un barbecue géant et si tu te poses dans un bar, t'es obligé de gueuler comme dans une boîte de nuit, avec queue pour accéder aux chiottes en option. À ce propos, suite à quelques tâtonnements empiriques, j'ai mis au point une technique pour pisser en toute sécurité, notamment dans le bar où la porte ferme pas à clé, je te la livre dès fois que ça t'arrive (si tu es un homme, ça te concerne beaucoup moins, bien que je ne connaisse pas ta position préférée en la matière) (et après ça tu pourras pas dire que la vie est simple) :

Alors avant toute chose tu prends quelques feuilles de PQ, c'est important de pas oublier, ça peut tout compromettre. Ensuite tu procèdes au déshabillage de la partie basse de ton corps, dans un premier temps en tournant le dos à la porte, pour ce qui concerne la phase dégrafage de braguette, ainsi en cas d'ouverture intempestive de la porte, ton intimité est préservée. Tu opères ensuite un retournement assez inattendu et très rapide où d'un geste sûr tu saisis, disons de la main gauche, la poignée de la porte, tandis que ta main droite (celle-là même qui tient les feuilles de PQ, oui) s'occupe de baisser ton pantalon et ta petite culotte. Bien, à ce stade tu es au comble de la fragilité, alors je te conseille de faire vite. Je ne sais pas si tu visualises bien la scène : tu es actuellement accroupi (non pas assis, les filles ne s'assoient pas sur les chiottes, sauf chez elles et chez les gens qu'elles aiment beaucoup), une main sur la poignée et, détail qui tue, sur la pointe des pieds, car étant donné la salubrité du lieu au fur et à mesure de l'avancée de la soirée, si tu te la joues pas danseuse, ça trempe dedans...eh oui c'est crado. Après c'est facile tu fais tout pareil mais dans l'autre sens, en lâchant la poignée de la porte le plus tard possible. Variante moins discrète : crier à tue-tête pendant toute la session CÉTOKUPÉ, CÉTOKUPÉ, CÉTOKUPÉ. Et puis si t'es pas satisfait, t'es pas remboursé, vu que l'efficacité du système dépend un peu (ne nous leurrons pas, nous visons ni plus ni moins à limiter les dégâts) de ta capacité à résister en cas d'attaque et de forte poussée de l'autre côté. T'es un sportif ou bien. Et si tu portes une jupe, je te conseille plutôt de demander à ta copine de te tenir la porte comme au bon vieux temps. Et puis tu te laves les mains, t'es gentil, ou alors t'arrêtes de bouffer les cacahuètes.

Franchement t'as vu, j'ai de quoi être crevée. En plus, avec monamour, on a tout bien fait, on s'est inscrit partout, on a activé des alertes, comme quoi ils nous préviennent trop vite, à n'importe quel moment du jour et de la nuit, direct ça s'affiche et ça clignote, ils t'envoient un mail qui fait sonner ton portable, c'est moderne, je crois même qu'on est en lien direct avec le commissariat, ou la maison blanche, je sais plus trop, et ils te disent : ah tiens y a un taudis minuscule et hors de prix, ça rentre peut-être dans vos critères. Enfin toujours est-il que hier c'était notre première visite d'un deux-pièces, on était trop mimi avec nos petits dossiers sous le bras et le paquets de photocopies nécessaires, on arrive devant le bon numéro et là y a la queue dans tout l'escalier, on estime l'attente à environ la moitié de la nuit et on se casse direct. C'est prometteur moi j'dis.

Bref je suis cuite et je vais de ce pas passer quelques jours au soleil, pour un repos bien mérité oui tu peux le dire. Tu as donc quartier libre jusqu'au 2 juillet.

lundi 18 juin 2007

Tout est bien qui finit bien (sauf que ça commence)

Je te dois quand même quelques explications, c'est la moindre des choses. Comme dans les ruptures amoureuses quoi, sinon tu restes comme un con sans savoir pourquoi, sans un mot de réconfort, avec tes questions qui résonnent dans le vide, tu te heurtes à l'écho du silence, après t'es tout traumatisé et c'est pas comme ça que tu vas soigner ton angoisse d'abandon. Ben non. Alors je t'explique.

C'est une nuit où je suis tranquille chez moi et où je dors profondément. Tellement profondément que j'entends pas mon téléphone qui bipe et rebipe à qui mieux mieux. Au réveil j'ai 4 SMS et 1 appel en absence en provenance du charmant charmeur chilien : quelqu'un l'a reconnu dans un bar ! et comment ça j'ai un blog !? L'avantage de ce genre de message, c'est que ça réveille en deux-deux, monamour a pas encore posé le pied par terre que j'ai déjà pris une douche et son lait songe tout juste à frémir que me voilà dans le métro. Pour synthétiser : je suis en état d'urgence.

Je fais une arrivée au taff très remarquée. Sur l'échelle de mes arrivées au taff, y a le degré 1, entre 11h30 et 14h, le plus courant, ça n'étonne personne...y a le degré 2 entre 10h et 11h30, bel effort mais toujours à la bourre...puis y a le degré 3, avant 10h, sous les applaudissements. Tu t'en doutes, c'est degré 3, faudrait presque inventer un degré 4 pour ce jour-là. Face à l'écran, la touche "Supprimer ce blog" me tente. Mes tendances suicidaires sont pas assez fortes et puis je veux mettre deux trois petits mots d'adieu, alors je m'autodafe (oui ben maintenant ça existe puisque je l'invente).

Ensuite je réfléchis plus en profondeur. Je viens de parer au plus pressé. Et maintenant ? Est-ce qu'on en reste là ? Je prends

- mes renseignements à gauche à droite pour savoir ce qui s'est précisément passé.

- conscience que si les gens dont je parle sont reconnaissables, c'est parce que je fais en sorte qu'ils le soient.

- mes jambes à mon cou et non ce n'est pas pornographique.

Au plus profond de l'intérieur de moi j'ai pas trop envie d'arrêter. Comme toutes ces filles tu sais (ben oui, j'ai constaté ça chez les filles, j'en fais pas un théorème, ni au jasmin, c'est juste ce que j'ai vu), toutes ces filles qui écrivent plus dès qu'elles ont trouvé un amoureux...comme si le temps qu'elle consacrait au blog, maintenant c'est tout pour lui, bonjour la créativité, l'indépendance et tout le bazar...et si t'es une copine, estime-toi heureuse qu'elle veuille bien déjeuner vite fait avec toi une fois tous les 6 mois. Et elle s'est pas encore reproduite, t'as pas tout vu. Bon ben moi rien ne dit que j'ai trouvé l'amoureux hein, même si je t'accorde que le faisceau d'indices est assez probant. Non sérieux je vais être un peu plus originale que ça, merde.

En même temps, je ne peux plus écrire de la même façon, je vais être obligée de me censurer puisqu'il y a une probabilité, même faible, que je sois lue par quelqu'un qui me connaît. Me censurer ? Tu rigoles...Eh non, soit je fais ce compromis, soit je fais rien. La seule solution, c'est de ne plus parler de ce quelqu'un. Et puis ce beau SMS, reçu une fois les esprits calmés, fait pencher la balance : Je tiens à te dire que je ne t'en veux pas, j'étais sous le choc (...) Je ne veux pas t'empêcher de t'exprimer ni de partager. Je trouve même ça beau. Je sais à quel point les livres sont pour toi ce que sont les disques pour moi, je ne les apprécie que si je les partage.

Alors c'est décidé. Tu es sur un nouveau concept de blog, un blog dont la "première" note t'annonce que c'est la dernière, j'te jure on s'marre trop. Oh tu peux cacher ta joie, je sais que t'es content. Par contre t'es gentil, pour la sécurité de tous, si tu me croises dans la rue, fais comme si tu m'avais pas vue.

jeudi 7 juin 2007

Je ne t'en dis pas plus

Sois fort, il le faut, cette fois c'est vrai.
(Eh ! c'est pas la peine de télécharger 20 fois la page, y a pas d'erreur d'affichage. Je sais, tu as du mal à accepter la réalité, je sais)

vendredi 1 juin 2007

♫ Je fume pour oublier que tu bois ♫

T'es bien d'accord qu'il y a des tonnes de raisons pour arrêter de fumer hein ? C'est mauvais pour la santé, ça coûte cher, faut presque se cacher en ces temps de prohibition. On en est déjà à trois là.

Alors tu peux m'expliquer pourquoi tous ces messieurs-dames Je-Sais-Tout sont tellement persuadés que je vais me reproduire ? J'ai grossi ou quoi ? Ah ben oui tiens, c'est possible, on dit que le fumeur est toujours deux trois kilos en deça de son poids "normal"...pourquoi pas moi ? Mais je suis pas en train d'optimiser le terrain pour une fécondation ok ? commence pas à me stresser.

Et d'abord, tu veux que je te dise ? J'ai pas arrêter de fumer. Ah.

Ce qui se passe en fait, c'est qu'un jour je tombe malade (juste après avoir sauvé l'humanité en la personne d'une collègue maniaco-dépressive, tu te souviens ?) (parce que moi oui ♫ c'est là à jamais sur le bloc-note de ma mémoire ♫). J'ai une fièvre de cheval et la gorge à l'agonie vu qu'il s'agit d'une angine blanche (ça revient ni plus ni moins à une angine rouge pour ne rien te cacher), à tel point que même avaler un médoc t'appréhendes tu vois ? Alors fumer dans ces conditions, c'est gâcher, surtout que t'es dans le coma à 80 %. Bien (oui je dis bien parce que je somatise toujours au niveau de la gorge, enfin je suppose que ça t'a pas marqué mais moi ça me rassure) (cherche pas).

La première fois que j'ai arrêté de fumer, à l'automne 2005, je me suis réveillée avec une telle gueule de bois que y avait pas moyen non plus. Bon j'ai repris trois mois après mais, sans vouloir le déresponsabiliser ni rien, ça a coïncidé avec le moment où monamour a mis quelques distances entre nous, et comme je suis contre le cumul des mandats, manque de nicotine + manque d'amour, c'est anticonstitutionnel, enfin personnellement ma constitution, aussi robuste soit-elle, a tendance à se désintégrer dans ces cas-là et j'ai comblé comme j'ai pu...

Tu commences à saisir le topo ? L'arrêt du tabac chez Ada s'origine dans l'impossibilité physique d'allumer une clope. Aucune préparation psychologique consciente, aucune date butoir (symbolique ou pas) arrêtée longuement à l'avance, aucune prise de décision (comme pour tout quoi, c'est ça que tu te dis ? Alors écoute, je te dispense de toute remarque en la matière), aucun substitut. Ça arrive et puis c'est tout. Mais moi j'ai pas à tenir parole ni rien puisque j'ai rien dit. CQFD. Si ça se trouve, tout à l'heure j'aurai envie d'une bonne clope. Eh ben pas de problème. Pas de contrainte. Même pas mal.

Donc là ça fait un mois. Ouais je fais genre je m'en fous mais je compte. Et je suis confiante. Non parce que je veux dire on me cherche aussi. Y a pas longtemps au taff, Machine m'intercepte pour savoir quand je vais passer dans son bureau. Ah ben pas tout de suite, mais plus tard, je passe, c'est sûr. Et elle de rétorquer : T'en as pour un moment alors ? je peux aller acheter mon journal ? Là franchement avoue y avait moyen de se véner à bon compte, j'aurais très bien pu lui dire : ah tiens prends-moi un paquet de clopes au passage. J'aurais pu. Eh ben non.

mardi 29 mai 2007

"Un break par rapport à quoi Elisabeth ?"

Ah ben ça fait du bien une petite pause comme ça, tranquille pépère, franchement je te conseille.

Au départ je me suis demandée si j'allais pas réaliser ces trucs de ouf pour lesquels je manque toujours de temps, genre faire un ménage de printemps dans la cuisine, ou classer tous les papiers qui s'empilent sur le bureau, voire (carrément dingue) trier des fringues. Au final force est de constater que c'est pas de temps que je manque mais d'envie. Au diable les trucs de ouf, allez, n'écoutant que mon courage, j'ai décidé de rien faire. Carrément.

Eh ben crois-le ou pas, j'y suis pas arrivée. Qu'est-ce que tu veux, je suis hyper active moi, l'oisiveté c'est pas mon truc, je tiens pas en place, faut toujours que je m'agite, que je travaille, que je me rende utile...c'est plus fort que moi. Alors là, ça a été 1 ciné par jour, 1 livre par jour, 1 terrasse par jour, 1 resto par jour, 1 grasse matinée par jour, 1 sieste par jour. Tu vois le programme, pas trop un truc de feignasse quand même.

Je suis tombée là-dessus (je te le mets en italique des fois que tu sois pressé, tu peux zapper) : On pourrait l'accuser de lâcheté, bien sûr, mais on pourrait tout aussi bien le décrire comme un homme en plein conflit. Peut-être n'était-il pas tout à fait sûr de vouloir épouser Saint John. Peut-être n'était-il pas prêt à renoncer à O'Fallon. Peut-être se sentait-il déchiré entre les deux femmes, ayant besoin de l'une et de l'autre. Le remords peut entraîner quelqu'un à agir contre son intérêt, mais le désir aussi peut faire cela, et quand remords et désir se mêlent à parts égales dans le coeur d'un homme, celui-ci est susceptible de se conduire de façon étrange. Bon, point de vue style, c'est pas l'extase ok, mais quand même hein, j'aime bien quand on me dit que non, je suis pas lâche, je suis juste étrange. Oui donc oui. Oui oui oui. Je développe pas, je pense que tu vois à peu près.

Je suis aussi tombée (retombée est plus juste) (de sombrero) sur le facétieux charisme de Louis Garrel. Ah oui tiens, encore un triangle t'as vu ? (sinon tu peux y aller, c'est bien)

J'ai noté que le deuil, la mort, la perte sont des thèmes très à la mode en littérature et en cinéma d'aujourd'hui. Mais j'ai pas poussé l'analyse plus loin, attends, j'avais pas que ça à faire non plus, c'était l'heure de l'apéro.
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Une semaine loin du taff. Une semaine loin de toi aussi, pauvre chou. Sept jours de réflexion. Et aujourd'hui j'ai informé mon propriétaire que dans trois mois..