samedi 2 octobre 2010

♫ Show me the way to the next whisky bar, oh don't ask why ♫

Vient un moment où ça commence à se voir que t'as le bide en expansion. Le problème c'est qu'au début ça fait plus bedaine d'alcoolo tendance abdo kro (c'est quand même un comble, pile au moment où tu es entrée en abstinence, merde alors) qu'épanouissement et féminité. Ce qui fait que non seulement personne ne te cède la place dans les transports en commun, mais personne non plus n'ose te demander si tu attends un heureux événement dans la crainte de passer pour un malotru, non je suis juste grosse du bide étant une réponse potentiellement très traumatisante j'imagine. Certes tu as les seins qui contrebalancent en partie, mais c'est sans compter sur les troubles du système pileux (ton poil disparaît de certaines zones pour proliférer sur d'autres totalement improbables) (et heureusement peu visibles). Du coup je me suis empressée d'informer mon chef de mon nouvel état afin de travailler une heure de moins quotidiennement, on va quand même pas se priver des rares avantages que ça procure. Quant aux inconvénients...

Je deviens une véritable pisseuse. T'imagines même pas. Il paraîtrait que la réorganisation interne se fait un peu au dépend de la vessie qui, se voyant toute comprimée, se rappelle à ton bon souvenir au moins une fois par nuit, mais en réalité plutôt deux, voire trois la chienne. C'est pire la journée où je bénéficie d'une autonomie d'environ trois quarts d'heure. Exemple : je sors du taff, je prends le métro pour rentrer chez moi. Me vient-il l'idée d'acheter, je sais pas moi, pas du fromage au lait cru, pas de la charcuterie, pas des fruits de mer, pas de l'alcool, pas des sushis, pas plein de trucs que la femme enceinte est censée éviter de consommer, enfin bon, mettons des yahourts et des pâtes (trop super), me vient-il l'idée folle de passer au supermarché du coin pour acquérir toutes ces bonnes choses, que je dois différer sa réalisation et passer au préalable par mes toilettes personnelles afin d'éviter de me pisser dessus lors d'une éventuelle attente aux caisses. Oui c'est très pratique.

Je ne te dirai pas que le corollaire c'est que la femme enceinte va très peu à la selle pour cause de constipation chronique car, en tant que princesse asiate de pur esprit, je ne suis pas concernée par ces trivialités.

Après tu as la catégorie des inclassables. Revenons-en à l'arrêt de l'alcool par exemple (non c'est pas obsession, pourquoi ?). A priori ça paraît plutôt pas mal, surtout si ça constituait ton loisir de plein air favori, c'est l'occasion de discipliner ton hygiène de vie. Oui mais bon, tes amis eux ils en ont rien à cirer de l'hygiène de vie et tu te rends vite compte à quel point c'est barbant de passer trois heures à boire l'apéro...Disons qu'à la longue tu finis avec une carafe d'eau, ce qui n'est pas hyper psychotrope pour se mettre au diapason de cette bande de pochtrons. Sans alcool la fête est plus molle, je te garantis.

Le truc chiant aussi, c'est les gens qui s'inquiètent pour toi, comme si t'avais une maladie grave. C'est gentil et attentionné bien sûr, mais putain lâchez-moi deux minutes, j'ai réussi à survivre jusque là, je crois que je vais continuer à gérer. Et là tu te rends compte que c'est pas tellement toi dont il s'agit, mais du locataire de tes entrailles, qu'il faut en prendre en soin et tout, genre j'espère que tu manges équilibré pour l'enfant (ouais ben va manger équilibré avec tous les trucs interdits et après on en reparle) ou encore, très récemment, je n'invente rien, tu devras acheter un berceau, il va quand même lui falloir un lit à ce petit. Sans déconner ? je pensais plutôt lui aménager une niche dans le jardin (ah oui dis, j'ai déménagé dans un trois pièces avec jardin, c'est pas trop la classe ?). J'te jure, on n'est pas aidé. Heureusement monamour n'a pas ce travers. Sa blague favorite c'est A priori il est de moi...Et l'autre jour, alors qu'on parlait des envies, mythiques ou réelles, va savoir, mais saugrenues des femmes enceintes, il a déclaré : J'espère que tu ne seras pas aussi conformiste. En gros ça signifie que si je suis prise d'une irrépressible envie de choucroute garnie au milieu de la nuit, faudra pas trop compter sur lui (par contre, le connaissant, si c'est un truc à base de fromage fondu, y aura moyen de négocier). Enfin bon, actuellement la seule envie irrépressible qui me taraude, je te le rappelle, c'est l'envie de pisser.