mardi 10 juillet 2007

Voici un message qui m'a laissée perplexe assez longtemps :

La vie...L'amour...


7.7.7


~ ¿


Puis j'ai compris. Et toi ?

jeudi 5 juillet 2007

Un gars, une pute

J'avais pas prévu de revenir te voir si tôt, mais là attention, va pas croire qu'il se passe des trucs de ouf genre des événements notables que je brûlerais de te confier, non, pas du tout en fait. J'irai pas jusqu'à dire que ça suit son cours tranquillement (non quand même pas, j'ai pas trop envie de passer pour l'incarnation de la loose non plus, genre la routine et tout, ouh comme c'est vilain, attends, ma vie à moi elle trépide) mais bon, ce que je veux te dire, c'est que ce matin, sur le chemin du taff (et voilà, merci hein, franchement depuis le temps qu'on se connaît toi et moi, je te dis Ce matin sur le chemin du taff, et faut que j'insiste pour que tu percutes, bonjour les encouragements...Degré 3 sur l'échelle des arrivées, un peu de respect ok ?), je marchais sur une voie pavée et tu sais comment c'est, la vie elle trépide, comme convenu ci-dessus, et les pensées elles vagabondent (solitaires comme des clochards célestes) (ah ça nous rajeunit pas tout ça ouh la, c'était le temps où tu voulais gravir la Sainte-Victoire avec un paquet de cacahuètes en guise d'énergie et de la weed en pagaille) (et puis tu t'aperçois que ta montagne là franchement elle est naine et les cacahuètes quand t'es en pleine croissance c'est un peu léger, surtout quand y a pas de bière, mais n'empêche j'suis une beatnik dans ma tête)

Bon écoute si je vais pas à la ligne on s'en sortira pas. Ce matin donc j'ai pensé à quelqu'un à qui je pense jamais, le genre de personne dont tu te dis Ah oui c'est vrai qu'elle existe celle-ci et d'un seul coup, comme si j'avais trempé une tartine dégoulinante de confiture dans un chocolat fumant, tout s'est désencombray (je peux t'expliquer, à nouveau, mais après je te fais une bibliographie pour les vacances), et bim je te présente "La pute".

La pute, c'est son nom hein, pas sa profession, j'y suis pour rien, on m'a dit Elle c'est une pute, j'ai fait comme on m'a dit. Un petit chef. À l'époque où j'étais en relation hiérarchique avec elle, j'étais jeune, j'avais un boulot de merde (aujourd'hui t'imagines même pas comment j'ai évolué. Patronne du camping Ada, attends) mais j'avais une vie qui trépidait tu vois, comme d'hab, des hommes par milliers etc. Tandis que la pute, elle était déjà vieille et toute moche, et son mari aussi, en plus elle l'aimait plus, ça se voyait trop qu'elle en était au degré zéro de la vie. Et quand on en est là, on devient aigri, normal.

Bon moi au début elle m'aimait bien surtout qu'il y avait eu une grande grève et qu'on se retrouvait souvent au piquet, genre on est tous des frères en lutte tout ça tout ça. Ouais ouais. Juste elle gagnait trois fois plus que moi et y avait la lumière du jour dans son bureau, à elle. Et elle se la jouait condescendante, comme quoi elle était pas payée pour faire le sale boulot, contrairement à moi. Mais à part ça elle était solidaire. La pute.

Mon bureau du trente-sixième sous-sol, je le partageais avec un gars : délégué syndical à mi-temps, glandeur l'autre moitié (enfin si, il lisait la presse quand même). Bon. Il se trouve que le gars en question est tombé fou amoureux de moi. Un mec normal quoi. Jusqu'à ce que ça devienne relou de trouver des mots d'amour et de désespoir partout, on a réussi à bien s'entendre.

Un jour où j'étais seule, la pute débarque et commence à me reprocher un truc. Je te passe les détails mais sache que j'étais parfaitement innocente car je travaillais consciencieusement (non mais à l'époque j'avais un toxicomane à charge aussi, alors boulot de merde peut-être, mais boulot. Cosette m'a un peu copiée) (oh ça va détends-toi, je te rappelle juste à quel point ma vie trépide). D'habitude ces accès d'aigreur à la pute, ils me passaient largement au-dessus (bon sauf la fois où elle avait dit : oh là, moi je suis propriétaire mais jamais de la vie je louerai à des asiatiques, ça pue trop quand ils font à manger). Cette fois, j'étais mal lunée, j'en avais marre, va savoir, je me mets à gueuler plus fort qu'elle. Peu impressionnée par ma tentative de rebellion, elle renchérit c'te sale pute. Ben moi aussi, y a pas de raison. Je me disais même Dis donc Ada, de mémoire comme ça, il semble que tu n'aies jamais gueulé aussi fort. Mais ça me soulageait pas trop et ça la calmait même pas l'aut' vieille pute. Alors je suis passée au cran supérieur. J'ai été à deux doigts de la taper. Je t'assure. C'est à moi que ça a fait le plus peur mais comme elle était pas dans ma tête, elle pouvait pas deviner, elle s'est arrêté net.

Le lendemain elle organise une fouille de mon bureau (ah oui moi aussi j'ai halluciné) (non mais c'est ça les mal-baisés, quand y a un sens qui travaille plus, les autres se développent et niveau connerie elle cartonnait). Je suis fortement incitée à balancer le gars amoureux (bravo Hercule Poirot, tu avais trouvé le coupable, quelle perspicacité), mais chacun son taff hein, si t'as peur du délégué syndical, c'est pas mon problème, tu te démerdes, j'ai rien à déclarer, moi je suis au top sur le contexte géopolitique international grâce à lui, je vais pas me plaindre. Plus tard elle fait son mea culpa (tu noteras qu'à aucun moment elle n'a parlé de mes esquisses de menaces physiques) mais c'est bon, moi je m'arrache dans un service plus accueillant, parce qu'entre un gars amoureux et une pute, ça commence à faire trop pour moi. Aujourd'hui elle est à la retraite et peut-être elle a les oreilles qui sifflent mais c'est rien à côté de ce qu'elle a failli prendre.

lundi 2 juillet 2007

Secrets et mensonges, c'est trop bien comme film, alors je trouve que c'est pas mal comme titre, sauf que là, la vérité si je mens

Théoriquement, je te préviens, je suis contre ce genre de choses. Ada ne s'abaisse pas à tant de facilité. Ada vaut mieux que ça. Ada, c'est la création à l'état pur, l'inspiration toujours renouvelée, hors cadre et hors contrainte, de l'original en version intégrale. En pratique, Maud me refile sa chaîne, c'est la première fois que ça m'arrive...oui, une sorte de dépucelage. Et là, me connaissant, tu vois venir le truc : la virginité c'est pas ma pinte de blonde, donc bon hein, bien obligée.

Au début j'ai pensé te la faire façon septivium (trivium plus quadrivium) (le compte est bon) mais déjà que ça risque d'être chiant, je vais pas en rajouter tout de suite.

La paresse. Ouais bon c'est pas un scoop, je sais. Sauf que là je t'explique pourquoi. Longtemps je me suis levée de bonne heure. En fait, toute ma scolarité, et particulièrement en classe de cinquième (5° L) (non mais t'imagines combien y avait de classes dans mon bahut ?) car j'avais cours tous les jours, sauf le dimanche. Tous les jours je me levais à...bon je sais plus exactement, mais une chose est sûre, je devais impérativement partir de chez moi à 7h15 (ante meridiem) (oui ben je suis frustrée de mon septivium que je voulais même te le faire intégralement en latin, mais t'es pas drôle), 7h15 pour choper le ramassage scolaire. Cette année-là je me suis jurée que dès que je serai une femme libre et libérée, ça se passerait autrement, non mais oh. Je tiens parole, j'arrive à la bourre au taff. Équilibrons avec la vertu opposée, l'ardeur : Ada aime beaucoup Nabokov, n'en déplaise à Houellebecq (je sais, ça n'a rien à voir).

L'orgueil. J'ai longtemps été persuadée que je chantais juste, vu que y avait quelqu'une vachement douée dans mon entourage (comme quoi l'imprégnation du milieu ne joue pas sur moi). Même je trouvais que j'avais une belle voix. Encore aujourd'hui je me dis parfois qu'elle est pas dégueu. Mais y a aucune raison, vraiment aucune. Vertu opposée, l'humilité : en CM1 (oh putain j'ai l'impression d'être chez l'analyste, là. En plus tu dis rien), quand je me suis entendue sur le magnéto, j'ai cru que c'était un garçon. Et sur mon répondeur plus tard, t'aurais cru une fillette. Bon ben faudrait savoir hein. Du coup j'ai remplacé par une petite musique, mais c'est pas moi qui chante je te rassure. Après j'ai fumé plein de clopes et bu plein de whisky pour obtenir la raucité des femmes fatales. Faut juste pas se rater, on a vite fait de confondre avec un cancer de la gorge.

La gourmandise. Je crois que je suis vraiment alcoolique (non mais sans rire, on est sérieux là, je m'appelle Ada, bonjour Ada, j'ai 83 ans et je suis malade alcoolique abstinente depuis trois heures et douze minutes, bravo Ada), mondaine peut-être mais je vois pas ce que ça change. Vertu opposée, la modération : je ne mange pas d'aliments sucrés. Parce que j'aime pas ça. Les jeux sexuels avec moi, c'est plus mayonnaise que confiture, ah ben il en faut pour tous les goûts.

La luxure. Alors là si tu veux c'est un peu ma spécialité j'ai envie de dire. Je suis hantée, le rut le rut le rut le rut ! Tournée générale de mayonnaise ! Vertu opposée, la chasteté : j'aime aussi Mallarmé (si tu ne comprends pas, je peux t'expliquer).

L'avarice. Bon ben tu n'es pas sans savoir que c'est vachement lié au déroulement de ton stade anal hein...Vertu opposée, la générosité : je fais caca.

La colère. Dernièrement je m'en suis beaucoup voulu de publier des choses que je voudrais pas mettre entre toutes les mains. Faut quand même être con t'avoueras, la nana elle veut que ça reste un peu secret mais elle le dit à tout le monde. Vertu opposée, la joie (la tienne hein) : je continue (non mais de rien va).

L'envie. À 83 ans, bientôt 84, quand je vois toutes ces grands-mères là, je me dis que c'est pas juste, et moi alors ? Vertu opposée, la charité : je t'épargne le récit de ma mise en couple avec monamour (cf la colère) mais plus pour très longtemps vu que c'est un peu mon fond de commerce, alors tremble.