vendredi 20 février 2009

♫ Y a plus qu'à espérer qu'on n'arrache pas tous mes pieds ♫

Enfant, jadis ou naguère selon ta conception du temps, je chérissais un livre entre tous, d'une part parce qu'il me venait de l'institutrice (avec une dédicace À une petite élève bien sage, plus fière que moi tu mourais) mais aussi tout simplement parce qu'il était bon. Ce livre s'intitule Tistou les pouces verts.

Je sais pas toi mais moi ça marche jamais ces histoires. J'essaye pourtant. Je fais de mon mieux. Je prends exemple sur monamour qui s'en sort très bien lui. Une fois (disons jadis) il avait planté des carottes sur son balcon. Bon je dis pas qu'elles avaient le goût du terroir, mais le goût de carotte oui un peu quand même et on leur en demandait pas plus. Et plus récemment (naguère quoi) il a planté un noyau d'avocat. Déjà faut avoir l'idée. T'es là avec ta petite cuillère, tu kiffes ton avocat et tu te dis Tiens je vais planter le noyau. Mais admettons. Admettons que l'idée te traverse l'esprit. Après il faut la réaliser. À savoir : se procurer un pot, du terreau...Bref je ne te cache pas que rien que la deuxième étape pour moi c'est hors d'atteinte.

Et cet avocatier il prospère figure-toi. Oui parce qu'il faut te préciser qu'au début il était sur un balcon (le même que pour les carottes), et au bout de deux mois d'hiver rigoureux, monamour s'est dit que peut-être il se caillait les miches (ah bon ? mais qu'est-ce qui te fait penser ça ? il fait que moins 6 hein) et il l'a ramené chez nous. Au vu de ses feuilles noircies et de son allure générale de grand dépressif, je misais sur une espérance de vie plutôt très courte et j'avoue même avoir supputé qu'il était déjà mort, non mais tu te rends pas compte, c'est une plante tropicale ce truc, aucune chance de survivre au climat parisien, il a dû geler en plus, c'est foutu (je suis d'un naturel optimiste oui). Laissons-lui une chance, rétorqua monamour, grand humaniste (les plantes sont des hommes comme les autres). Eh ben il a ressuscité dis donc, ça tient du miracle.

Depuis, chaque jour, monamour l'arrose. Et attends, parfois il lui met de l'eau minérale et même, encore plus fort, les fonds de verres de jus de fruit, et du café et que sais-je encore, j'exagère à peine (à un moment j'ai failli proposer l'engrais naturel tant qu'à faire mais un je ne sais quoi m'a retenue) (la peur que cela lui agrée je pense). Ainsi donc l'avocatier croît et s'épanouit. Très bien.

Mais moi aussi je peux faire pousser des trucs si je veux, me disais-je en tripotant le petit sachet de graines qu'un sympathique agent de la Ratp venait de m'offrir. Oui alors je sais pas pourquoi, il devait sûrement y avoir une raison à cette action promotionnelle, toujours est-il que l'année dernière y avait retour vers la nature...enfin bon pas la jungle non plus hein, il s'agissait juste d'une dizaine de graines de marguerites. Situation idéale : même pas besoin de trouver l'idée puisque la bonne parole m'était apportée de l'extérieur ; quant à la réalisation rien de plus simple, j'avais tout sous la main : l'avocatier ayant été rempoté par monamour suite à son expansion fulgurante, je n'avais qu'à prendre l'ancien pot et le reste de terreau. En plus, continuais-je à me dire, c'est vachement mieux les marguerites parce qu'au moins ça fleurit, pas comme ce con d'avocatier qui fait rien qu'à étendre ses grandes feuilles vertes et qui est pas près de produire des avocats hein feignant ?

Pendant longtemps il ne s'est rien passé. J'arrosais consciencieusement. Monamour me rappelait à l'ordre en cas de relâchement. Je commençais à en avoir plus rien à foutre (je suis d'un naturel patient) quand sont apparues de petites pousses. Quelle émotion. Et puis y en a une, de ces pousses, qui s'est mise à se développer démesurément. Je trouvais ça bizarre mais monamour me rassurait T'inquiète tout va bien. J'insistais en lui disant que quand même ça ressemblait pas trop à des marguerites c't'affaire. Tu me diras : qu'est-ce que tu y connais en marguerites toi ? Rien, d'accord. Et c'est aussi ce que disait monamour Attend que ça fleurisse.

J'attends encore.

Et maintenant tu verrais la gueule que ça tire. T'en trouves dans ton jardin, tu l'arraches direct. Autrement dit, loin d'effeuiller la marguerite, je n'ai donné naissance qu'à de la mauvaise herbe. Ah ben bravo. Cela étant posé, tu peux m'expliquer pourquoi c'est toujours à moi qu'on demande d'arroser ses plantes quand on part en vacances ? Je sais pas arroser les plantes bon sang c'est pas compliqué, jusqu'ici c'est moi la belle plante qu'on arrose, faudrait voir à pas inverser les rôles.

Post scriptum : Que Tistou fasse pousser des fleurs à l'hôpital, sur les barreaux de la prison et autour des canons vendus par Monsieur Père, c'est symbolique, poétique, allégorique. Quand je te raconte que j'ai pas la main verte, c'est moins poétique mais je me rends compte à la relecture que le symbole de la copie qu'on forme est transparent, dès le premier mot.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Je suis JUSTEMENT en train de faire pousser des marguerites-pâquerettes (je pense que c'est la même chose en fait) et je suis trop morte de trouille à l'idée que ça va pas marcher.

Je me suis juste mis la pression en en faisant un reportage photo quotidien sur mon blog mais à part ça je gère la fougère.

("Je gère la fougère" est la nouvelle expression à la mode chez l'ado branché, je viens de l'apprendre).

Anonyme a dit…

Salut c'est l'anonyme!!! ben je persiste et signe t'écris vraiment bien et puis tu déchire, démonte déflore... comme fille!!! vraiment hein c'est pas ironique j'aime beaucoup ta maniere de voir les choses et tout itou, menfin il a de la chance tonamour voila toujours dans le bête et gentil...bonne continuation

Anonyme a dit…

Oui... la marguerite est une fleur plutôt grande... Et belle souvent que dans les prés.
Cela dit le coup de l'avocatier, nous on l'a fait avec un ananas. Ben ça marche aussi.