jeudi 28 décembre 2006

♫ Je vise juste et j'suis pas près d'lâcher l'affaire mec ♫

Vu qu'on arrêtait pas de me tanner pour que je m'en occupe vite fait, selon le bon vieux dicton qui voudrait nous faire croire qu'il n'est jamais trop tôt pour bien faire...

Vu que bon, je suis un peu du genre à laisser traîner jusqu'à ce qu'il soit trop tard...

Et vu que là c'est important de pas se rater...

J'ai pris les choses en mains.

D'abord j'essaye de les joindre par téléphone. Je tombe sur un message vocal, d'abord en français, puis dans la langue de mes ancêtres. Je réitère plus tard, et encore plus tard, et encore après. Toujours pareil. Au moins je saurai parfaitement prononcer : désolé, le service n'est pas disponible, veuillez rappeler ultérieurement. En même temps y a peu de chance que ça me serve...je sais pas...peut-être dans les moments de gueule de bois, ou autres, où faudra pas me déranger, je pourrai sortir cette formule en guise de va te faire foutre. Ouais faut savoir adapter ses connaissances, c'est signe d'une intelligence vive, qu'ils disent.

Bon à un moment ça me soule d'appuyer sur la touche bis (non parce que moi, ma préférée, c'est la touche étoile quand même) (tiens, ça me fait penser, j'ai lu récemment un bouquin d'Albert Cossery, ça vaut le détour, surtout, truc de ouf, que j'en reste comme deux ronds de flan vanille-caramel, le truc trop stylé, c'est son usage parcimonieux de la virgule. Ça a l'air de rien et pourtant ça fait tout) (tandis que moi, tu vois, j'en use et j'en abuse de la virgule. Eh ben je sais pas comment faire autrement) (et je te parle même pas de la parenthèse), et donc j'arrête (la touche bis) et je remets au lendemain.

Le lendemain ça continue. Mais quand est-ce qu'ils bossent exactement là-dedans ? On va pas me faire croire qu'ils ont pris des vacances non plus ? Alors je décide que tant pis, puisque c'est ainsi j'y vais carrément. Y a risque de cassage de nez sur porte close mais oh je vais pas squatter le téléphone jusqu'à épuisement. Avant de partir, dernière tentative, et là, miracle, quelqu'un au bout du fil. Si c'est pas merveilleux. Un véritable conte de Noël. J'obtiens les renseignements nécessaires puis je trace.

Forcément c'est situé dans le XVIème arrondissement (de Paris), ce coin de désert où perso je me sens pas hyper en sécurité, ça manque de racaille...Je marche le long d'avenues sans vie. Et je pense. Donc je suis. Suis-je ce que je pense ? Non bon attends, je raconte n'importe quoi et toi t'essayes de répondre aux questions, pff, arrête ton cinéma tu veux ? En fait je pense que je pense beaucoup à ex-monamour ces derniers temps, ce qui me fait penser que j'aimerais qu'il pense à moi lui aussi, là-haut sur sa montagne...D'façons je lui ai donné un sachet de tisane d'artichaut et il a dit qu'il penserait à moi au moment de s'en servir. Et tu sais bien que la tisane ça met longtemps à infuser, et après c'est long à boire tellement c'est chaud. Alors forcément il va beaucoup penser à moi. Obligé. Et quand il reviendra je vais le chauffer, mais sans tisane, je te dis que ça.

J'entre. C'est bas de plafond. Une majorité d'yeux bridés. Je me présente au guichet 1 : on me donne le formulaire en deux exemplaires. Je le remplis tout en m'intégrant à la queue du guichet 2. À ce moment une dame me demande si elle est au bon endroit. Oui oui, c'est bien ici pour les dépôts.

Puis elle revient à la charge pour savoir s'il faut prendre un ticket. Déjà, pourquoi elle ne s'adresse qu'à moi ? c'est d'autant moins compréhensible qu'à chaque fois elle perd sa place dans la queue et elle se replace en dernière position...alors qu'elle pourrait demander à son voisin, tu vois ? Eh ben non, elle vient jusqu'à moi. Pourquoi ? y a écrit Accueil du public sur ma gueule ? Ensuite, vois-tu un distributeur de tickets quelque part mmm ? vois-tu des gens avec un ticket à la main ? vois-tu un écran où défilent des numéros ? Non hein ? Alors ? Alors je lui réponds : non non, il faut juste se mettre dans la file (allez zou).

Là c'est mon tour. Je fournis les pièces demandées. Elle revient. T'y crois à ça ? Elle re-vient. Et s'enquiert : les gens qui font la queue de l'autre côté, c'est pour quoi ? C'est pour faire parler les curieux, j't'explique : c'est des gens, ils se mettent les uns derrière les autres dans le but que d'autre gens, toi par exemple, qui m'a l'air d'avoir sacrément du temps à perdre, que d'autres gens donc se demandent avec curiosité ce qu'ils peuvent bien faire, alignés ainsi devant un guichet...Quel mystère...

Bon je comprends que ça puisse être stressant les formalités administratives, mais pourquoi je dois me taper le seul cas social de l'assemblée ? Et rester polie en plus...Alors tu vois, je pense qu'ils en sont à l'étape suivante, vu que les guichets sont numérotés, on peut supposer qu'il y a une progression, un peu comme un jeu de l'oie, tu saisis p'tite dinde ?

Je passe au guichet 3 pour payer. Ça y est, c'est fini, je me dirige vers la sortie. Et devine qui m'alpague avant de franchir le seuil ? Gagné. Vous l'aurez dans combien de temps ? m'interroge-t-elle. Désolé, le service n'est pas disponible, veuillez rappeler ultérieurement. Ça l'aurait fait non ? Mais ça m'est pas venu. Dommage. À la place je réponds : une semaine, c'est le délai.

Voilà, dans sept jours j'ai mon visa pour la terre de mes ancêtres. Et tu sais ce qu'elle me dit, avant de me laisser partir ? À la semaine prochaine alors !

Aucun commentaire: