lundi 14 mai 2012

♫ Tu n'es pas dans l'angle, pas dans le triangle ♫

Mes premières impressions suite au point final mis à l'histoire Titus : un gros soulagement, une sortie d'apnée, le genre de respiration que tu prends après une longue vie de couple pesante, jonchée de prises de tête et de conflits plus ou moins latents.

Étonnant car l'épisode a été court, entre deux et trois mois, et jamais nous ne nous sommes affrontés, sur aucun sujet, même les plus futiles, nous étions toujours d'accord. Une sensation de liberté retrouvée alors que nous n'étions pas en couple, que nous nous voyions assez peu, de façon aléatoire, distendue, improvisée...

Mais logique aussi. Mon collègue-pote m'a régulièrement fait remarquer que Titus lui semblait très possessif, très attentif à qui m'approchait sur la piste de danse, sans arrêt collé à moi même lorsque nous discutions séparément (Titus a par erreur flatté la croupe de ce pote-collègue au comptoir de la piste de danse). Je crois qu'il reproduisait, toutes choses égales par ailleurs, le couple qu'il forme avec sa compagne, très fusionnel, sans réelle vie sociale ou amicale, où chacun est tout pour l'autre. Nous nous sommes envoyés plusieurs dizaines de SMS par jour pour combler nos vides respectifs.

De mon côté j'ai projeté sur son couple celui que je formais avec le père de mademoiselle A, en endossant cette fois le rôle de la maîtresse perturbatrice du fleuve déjà en crue et largement sorti de son lit. Je me suis lancée à corps perdu dans cette fusion, le temps d'oublier quelques temps que je suis seule, intrinsèquement et fondamentalement, mais aussi amoureusement. J'ai voulu nier la rupture avec le père de mademoiselle A. Un déni de réalité. Le chagrin que j'ai ressenti au moment où j'ai verbalisé la prise de distance (d'abord par texto puis par mail, donc à l'écrit, mais la figure était imposée), ce chagrin n'était rien d'autre qu'une étape de plus dans le processus de deuil d'une vie de couple classique avec enfant et barbecue le dimanche.

Comme le dit Titus dans son dernier mail, se recaser tout de suite serait une bêtise, pour lui comme pour moi. En plus ça valide ma théorie selon laquelle celui qui vient juste après une histoire importante n'est pas le bon. Et je ne te cache pas que j'adore voir mes théories confirmées.

Samedi soir je suis allée sur la piste de danse et j'en suis repartie avec du sang neuf et beaucoup de légèreté. La moyenne d'âge m'a parue bien basse par rapport à d'habitude et je me demandais : Mais où sont les hommes ? Je n'avais aucune intention particulière, je ne me sentais ni belle ni moche, je pensais rentrer seule. Et puis il dansait pas très loin, je le trouvais largement au dessus du lot plastiquement et virilement parlant. Il s'est approché, il m'a dit Ça fait un moment que je te regarde, tu bouges bien. On a échangé très rapidement les informations de base : origines, âges, professions, lieux de vie, nombre d'enfants. On s'est embrassé au comptoir, whisky pour lui, gin tonic pour moi. Chez moi, en préambule aux préliminaires chacun a montré à l'autre des photos de sa progéniture. Il a dit Mais qu'est-ce que tu mets sur ta peau pour qu'elle soit si douce ? Rien, j'ai répondu. J'en étais sûr, il a dit. On a ri pour des bêtises. J'ai aimé qu'il dise T'as un joli corps en allongeant les syllabes puis, le troisième préservatif dûment rempli, Je te veux encore.

Dimanche 13 mai Salut p'tite fleur, je suis bien arrivé. Je suis ravi d'avoir fait ta connaissance, t'es quelqu'un de très agréable. J'espère te revoir dès mon retour. Sur ce, repose-toi bien, je crois que je vais faire de même. Gros bisou à ta fille. Big kiss. À bientôt

3 commentaires:

Cristophe a dit…

C'est ce qu'il me manque avec une maman : ne pas avoir de photo de ma progéniture à lui montrer.
Il faut que je fasse un enfant pour mieux séduire les mamans.

Anonyme a dit…

Tu y crois vraiment quand tu évoques le barbecue du dimanche? Je veux dire, ok, le barbecue, c'est bon, c'est sympa, tout ça. Mais ce que tu sous-entends par là, c'est un concept de vie allez, lâchons le mot, rou... non, j'ose pas... si, allez, rou..ti-nier. Aïe, ça y est, je l'ai dit...
Longtemps (je me suis couché de bonne heure bien sûr) (mais là non). Longtemps, donc, je me suis dit que ma vie - que la vie - c'était forcément, à 30 ans, femme, enfants, maison, jardin, chien. C'était la norme. C'était ce qui est bien. Bon. Beau.
Aujourd'hui, non. Evidemment, hein, bien sûr, faut peut-être aussi y voir le fait que j'ai dépassé cet âge fatidique sans rien avoir de tout ça (et sans m'en rendre compte aussi)... Tout cela pour dire quoi? Ben j'en sais trop rien, tiens.
Ah si. Ce concept de vie de couple classique, après lequel on court plus ou moins, ça fait rien qu'à nous emmerder, tous, je crois, non?

Nononyme

Ada a dit…

Cristophe, ta stratégie me semble imparable.

Nonoyme, non je n'y crois pas vraiment vraiment, c'est une image forte pour symboliser le couple classique, et routinier par définition oui. Aussi étonnant que ça puisse paraître, j'ai pris conscience en analyse qu'une partie de moi aspirait réellement à ce genre de vie petit-bourgeois, plus brunch que barbec' mais tu vois quoi...
Aujourd'hui je commence à réapprécier la vie de célibataire et c'est cool aussi bien sûr.
Sauf qu'à un moment, ça manque, forcément, même si à d'autres, et ils sont nombreux, je me félicite d'avoir éviter l'écueil de la peur de la solitude, qui, à mon avis, est le point crucial, bien plus que l'amour et toutes ces billevesées