mercredi 25 avril 2007

♫ Play blessures ♫

Ça n'a l'air de rien mais je suis plutôt fière (pas spécialement d'être française non. C'est pas une honte évidemment. De là à s'en glorifier, non, vraiment je ne vois pas).

Je t'en ai pas beaucoup parlé. Pas beaucoup ça veut dire un peu, on est d'accord ? Mais bon je te connais, tu vas encore faire genre j'suis tout perdu-ça va trop vite (ah pour ça t'es champion) et donc je te donne des indices : fidèle client du nouveau bar que fréquente Ada, à qui j'envoie depuis peu pleins de doux SMS, j'organise la programmation musicale du lieu tout en poursuivant une carrière prometteuse au sein d'un groupe qui assure, je suis, je suis, je suis...

Le Chanteur. Eh ben c'est laborieux hein.

Alors lui ça fait une éternité qu'il me défie à ce jeu de lettres tu sais, où tu dois faire des mots, de préférence long et sur les cases colorées. Historiquement, ça part du fait que le charmant charmeur chilien jouait aux échecs et le Chanteur s'inquiétait beaucoup de moi, si je m'ennuyais pas trop, alors que y avait pas de quoi, j'étais bien occupée avec le gars à la guitare (entre autres, tu sais bien que je suis pas sectaire). Bref, il me défie.

Au départ on n'arrête pas de se rater ; après on n'a pas le jeu ; ou alors il essaye de passer outre en devenant plus direct dans ses propositions. Exemples de SMS : non mais on sait tous les deux que le jeu n'est qu'un prétexte...je viendrais bien te faire des bisous (ah c'est tout ?) si t'es déjà au lit et si la forteresse n'est pas gardée (ben oui on a des vies assez chargées faut dire). Je coorige en postulant la règle de base : on joue. Point barre. Éventuellement un jour (ça je le garde pour moi) mais rien n'est sûr, on s'amusera (tu saisis la nuance ?)

Là, ça y est, on joue. Et je comprends mieux pourquoi il tient tant à ce que ce soit ce jeu et pas un autre. Il est trop fort l'enfoiré. Non mais quand je dis fort, c'est limite pro, truc de ouf...La première partie, il aligne TOUTES ces lettres à CINQ reprises, t'imagines comment j'ai aucune chance de rattraper le retard ? En plus je suis dans un champ lexical j'te jure : premièrement BAISÉE, deuxièmement JOUIRA...Peut-on lire l'avenir dans le Scrabble ? Je suis bien larguée au final, avec une bonne centaine de points dans les dents.

Après, vers 2h du mat, le patron est obligé de nous virer. On se fume une dernière clope sur le trottoir, en attendant qu'un taxi passe, on se quitte d'un plus ou moins chaste baiser, il monte dans la voiture, je remonte la rue. Voilà comment ça se passe jusqu'à présent.

Sauf que là, ah ah ah, ça va moins rigoler, c'est moi qui te le dis, parce que je suis pas du genre à me laisser piétiner longtemps ok ? Le score est de plus en plus serré. Ouais. J'y crois. À fond. Motivée la fille. Pour la prochaine on a décidé de mettre un enjeu. Je suis chargée de le choisir, vu qu'à ce qu'il paraît les probabilités sont fortes pour que je perde (alors ça c'est petit). Si t'as une idée pas trop compromettante...

Et puis hier, après une trève de plusieurs jours, le charmant appelle, il est au bar en bas. Il me fait partager l'ambiance sonore (le groupe sur scène fait des reprises qui nous rappellent des choses, un peu comme la petite phrase de Vinteuil chez Proust) puis : tu me rejoins ? Là je pèse mes mots et ça donne : ben là je suis loin du quartier. Il accuse le coup. Comme quoi il comprend parfaitement tout ce qui se cache derrière ces mots. Et même si ça le rend triste, son Ben oui entérine la situation. De tout ça je suis fière, j'aime les transitions en douceur.

C'est pas la peine de ricaner, genre ouh là, avec le Chanteur comment qu'elle va trop craquer Ada. Parce que je me suis engagée à rien. Donc j'ai le droit de rien faire ou pas. Déjà. Ou alors façon ouais c'est ça, elle va encore nous faire croire que le charmant c'est fini, on la connaît l'histoire, on nous la fait plus. Tu peux douter mais moi je sais.

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